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Ramallah - 8 mars 2005
Par Université de Birzeit
Nous publions la Lettre ouverte du Président de l'Université de Birzeit, Dr H. Nasir, qui exprime ses préoccupations concernant l'Accord de Coopération Scientifique entre la Communauté Européenne et Israël.
"L'Université de Birzeit a appris qu'un projet d'Accord de Coopération Scientifique et Technique entre la Communauté Européenne et Israël va être soumis à l'approbation du Comité pour l'Industrie, le Commerce extérieur, la Recherche et l'Energie du Parlement européen puis à l'ensemble du Parlement.
Dans la perspective de relations positives et productives avec l'Union Européenne, l'Université de Birzeit souhaite faire partager ses préoccupations concernant cet Accord.
Nous espèrons que l'Accord prévu avec Israël sera évalué non seulement dans le cadre habituel de tout accord de coopération mais aussi dans le contexte de la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés.
La poursuite de la politique du gouvernement israélien, faite d'enfermement, de couvre-feux, de constructions de colonies illégales, de la construction d'un « mur » d'apartheid, conduit à la division des territoires palestiniens, en isolant complètement des villages, des villes et des camps de réfugiés et en interdisant à des milliers de Palestiniens d'accéder à leur lieu de travail, aux services d'éducation et de santé.
C'est une grave violation des droits de l'homme. Selon la loi internationale et les conventions de Genève, la puissance occupante a des responsabilités précises à l'égard des populations sous occupation.
Il appartient aussi aux gouvernements ayant signé les conventions de Genève, non de coopérer, mais de condamner tout gouvernement qui viole les droits humains d'un peuple sous occupation.
L'université de Birzeit, comme toutes les organisations de la société civile palestinienne, a subi de terribles préjudices du fait de l'interminable occupation israélienne et des mesures inhumaines dues à la violence et à la terreur qu'exerce cet Etat. La justification de ces mesures donnée par l'Etat israélien est qu'elles répondent à la violence et à la terreur Palestiniennes. L'Autorité Palestinienne, alors qu'elle cherche à faire diminuer la violence autant qu'elle en a la capacité, a constamment condamné la violence de quelque côté que ce soit et pour quelque raison que ce soit.
Mais disant cela, nous savons que l'occupation s'est installée sur cette terre bien avant que la violence Palestinienne ait débuté et cette violence est réellement la réponse malheureuse à une occupation qui persiste et refuse de diminuer depuis des décennies.
Il faut aussi rappeler qu'après les accords d'Oslo, une étape importante pour une possible fin du conflit, la population palestinienne a rencontré les soldats israéliens non avec des pierres, mais avec des rameaux d'olivier, symbole de paix et geste d' importance pour établir un contact avec l'occupant.
La réponse a été : davantage de colonies, et davantage de confiscations de terre ! C'est avec en toile de fond la permanence de l'occupation que la violence et la contre-violence ont surgi.
La seule solution c'est que l'Etat d'Israël comprenne que l'occupation militaire doit prendre fin.
C'est ce que les occupants tout au long de l'histoire ont appris malheureusement après nombre d'atermoiements. Peu importe que la situation soit passionnelle pour l'occupant et peu importe que l'occupant soit habitué à la gloire et aux butins de l'occupation, la meilleure solution est d'en finir avec l'occupation. En mettant fin à l'occupation, la solution du conflit devient possible ou du moins s'en rapproche-t-on.
Israël a continuellement affirmé que la fin du conflit ne pourrait être trouvée qu'à travers un règlement négocié. C'est une affirmation qui paraît bonne de prime abord. Mais avec la supériorité de la puissance militaire d'Israël comparée à celle des Palestiniens, aucun accord négocié n'a pu être conclu. Israël a imposé son veto à toute solution qui ne lui convenait pas. C'est pourquoi aucune solution n'a été possible jusqu'ici.
Un moyen correct serait de laisser cette question à l'arbitrage d'un troisième partenaire impartial comme les Etats-Unis ou l'Europe qui pourraient intervenir en médiateurs et définir des frontières en termes de légalité plutôt que de laisser une telle question se décider par l'équilibre de la force. C'est parce que cet équilibre est en faveur d'Israël que la résolution de ce conflit est restée inaccessible.
Si Israël avait accepté l'intervention de la communauté internationale, alors la solution aurait été à portée de main et la vie et les souffrances de tant de Palestiniens et d'Israéliens auraient été épargnées.
La conséquence de cette situation politique est que les institutions éducatives palestiniennes, et les universités en particulier, ne fonctionnent pas normalement sous l'occupation militaire. A certains moments, les universités palestiniennes sont fermées, ou bien on en refuse l'accès aux étudiants, les universitaires et les étudiants sont harcelés, humiliés et même emprisonnés pour avoir voulu continuer à travailler et à étudier.
Malheureusement, l' « establishment » universitaire israélien est resté singulièrement silencieux face à cette occupation qui s'éternise et aucun groupe académique israélien ni aucune association professionnelle ne s'est désolidarisé de l'occupation et de ses pratiques.
Au contraire, plusieurs membres illustres des universités israéliennes ont servi – sans aucune critique de la part de leurs collègues – et à des postes de haut niveau – de conseillers du gouvernement militaire, ou de consultants auprès des services de renseignements et du gouvernement.
En même temps, à chaque fois que des universitaires israéliens ont essayé individuellement d'affirmer fortement leur opposition à l'interminable occupation, leurs pairs les ont discrédités et rejetés.
Ainsi, la ratification de l'Accord prévu entre la Communauté Européenne et Israël sera perçue comme un soutien de plus à Israël et pourrait encourager Israël à poursuivre son occupation militaire et ses continuelles violations des droits de l'homme. Il faudrait aussi rappeler comment le boycott international du régime d'apartheid en Afrique du Sud a permis de trouver une solution équitable au conflit dans ce pays.
En même temps, sans le vouloir, nous pourrions laisser supposer qu'un tel accord, s'il était ratifié, bénéficie aussi aux universités Palestiniennes qui pourraient coopérer avec des universités Israéliennes. Mais il faut souligner que la coopération entre universités Israéliennes et Palestiniennes est, soit impossible, soit réduite au minimum absolu.
Cette absence de coopération est le résultat direct de la situation politique et nous espèrons que la communauté internationale comprendra la dynamique des relations entre l'occupant et ceux qu'il maintient sous occupation.
Dans le cadre de cette dynamique, la coopération n'est ni encouragée, ni bienvenue.
Ce n'est ni dogmatisme, ni préjugé, mais une position dictée par les terribles réalités de l'occupation militaire.
Ce n'est pas une position prise seulement par les Palestiniens. Dans tous les exemples historiques d'occupation militaire, les populations sous occupation se sont détournées de toute coopération avec l'occupant ou ses institutions, qu'elles aient été civiles ou gouvernementales. C'est dans ce contexte que l'Université de Birzeit et la majorité des universités Palestiniennes ne trouvent pas souhaitable la coopération avec les institutions Israéliennes.
C'est contre cette perspective d'étranglement politique que cette lettre est écrite. Mais pour ceux qui ne connaissent pas l'université de Birzeit, il convient de souligner que l'Université est leader dans le développement de programmes universitaires novateurs qui encouragent les droits humains, l'enseignement du droit et le droit des femmes. Elle est reconnue internationalement comme une institution tournée vers les valeurs démocratiques, le pluralisme et la libre circulation des idées et comme un partenaire dans la production de services à la communauté.
Cette université a de nombreux accords de coopération avec des organismes et institutions internationaux. Cette coopération a contribué à faire connaître Birzeit et sa communauté. L'impossibilité de l'Université de Birzeit à fonctionner normalement affecte de façon négative le développement d'une société palestinienne saine et viable et le développement d'un administration (Etat), de même que la possibilité d'une paix future et d'une réconciliation.
Tandis que l'Université favorise des accords de coopération internationale, elle espère que la fin du conflit permettra que la coopération entre institutions palestiniennes et israéliennes devienne une activité normale.
Les problèmes politiques dans cette région sont graves et ont malheureusement des ramifications globales qui s'opposent en permanence à la stabilité de cette région à moins qu'une solution juste et équitable ne soit trouvée.
C'est dans ce contexte que l'Université de Birzeit souhaite exprimer ses préoccupations quant au renouvellement de l'Accord de coopération scientifique et dire combien un tel accord contribue à repousser encore plus loin la solution politique.
En même temps l'Université invite tous les membres du Parlement Européen, ainsi que tout responsable dans le domaine de l'éducation en Europe, à soutenir l'université de Birzeit dans son travail d'éducation libérale et ouverte, éducation qui sera, espérons-le, la pierre angulaire de la paix et de la prospérité dans le futur."
Source : www.monabaker.com/
Traduction : CS
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