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Cisjordanie occupée -

« Une sorte de terrorisme » : des groupes israéliens de défense des droits de l'homme jettent un regard glaçant sur les raids nocturnes des forces israéliennes dans les maisons palestiniennes (vidéos)

Par

30.11.2020 – Terroriser des civils est un fait universel et immuable d’une occupation militaire, comme l'affirme un rapport sur les raids nocturnes israéliens sur les maisons palestiniennes publié la semaine dernière.
« Le processus implique la déshumanisation de toute une société. Il s'agit de briser leur esprit humain. » - Dr. Jumana Milhem, Médecins pour les droits de l'homme Israël

« Une sorte de terrorisme » : des groupes israéliens de défense des droits de l'homme jettent un regard glaçant sur les raids nocturnes des forces israéliennes dans les maisons palestiniennes (vidéos)

Raid nocturne des soldats d’occupation à Nabi Saleh, le 24 novembre 2011
Le rapport intitulé « Une vie exposée - invasions militaires des domiciles palestiniens en Cisjordanie - 2020 » (1) - proposé par les groupes Breaking the Silence, Yesh Din, et Physicians for Human Rights Israël, contient des témoignages de première main poignants de familles palestiniennes soumises à de fréquents raids nocturnes des Forces de défense israéliennes [Forces d’occupation israéliennes – FOI, ndt]. En outre, le rapport inclut les voix de dizaines de soldats des FDI [FOI] qui ont exécuté ces opérations et des médecins qui traitent les hommes, les femmes et les enfants qu’ils ont traumatisé.

« Presque chaque nuit, les soldats israéliens armés font des raids dans les maisons, réveillent les femmes, les hommes et les enfants et mènent différentes actions à l'intérieur des maisons des résidents palestiniens », explique le rapport. « Selon les chiffres de l'ONU, ces invasions se produisent plus de 200 fois chaque mois. Au-delà du préjudice subi par les individus et les familles du fait de l'intrusion dans leurs maisons, cette pratique sert effectivement de moyen d'opprimer et d'intimider la population palestinienne et d'accroître son contrôle sur elle ».

Le rapport identifie et explore quatre types d'invasions de domicile perpétrées par les forces israéliennes en Cisjordanie illégalement occupée : la recherche d'argent, d'armes ou d'autres objets ; les raids d'arrestation ; la "cartographie" des maisons pour en connaître la disposition et l'identité des résidents et la saisie de maisons pour un usage militaire.

« L'invasion commence généralement par des cris et des coups sur la porte, suivis par l'entrée agressive et violente de soldats armés et parfois masqués dans la maison », indique le rapport. « Dans environ un quart des cas documentés, les soldats n'ont pas attendu qu'un membre du ménage ouvre la porte, mais l'ont forcée en l'endommageant ou en l’enfonçant. »

« Une fois à l'intérieur de la maison, dans la plupart des cas, les soldats ordonnent à tous les membres de la famille, y compris les enfants, de se rassembler dans une pièce où ils restent sous surveillance, sans défense et incapables de se déplacer librement », poursuit le rapport. « Dans certains cas, les soldats eux-mêmes réveillent les membres de la maison, y compris les enfants ».

Selon le rapport, les forces israéliennes affirment avoir toute autorité pour mener des raids à leur guise et se dispensent des formalités d’obtention des mandats judiciaires avant d'envahir les maisons palestiniennes. « La conduite des soldats pendant les invasions est basée sur l'agression, la démonstration de force et l'intimidation », indique le rapport, ajoutant que les raids servent de « moyen d'opprimer et d'intimider la population palestinienne et d'accroître son contrôle sur elle ».


Le 14 mai 2018 à 23h40, des soldats sont entrés au domicile de la famille élargie Da'na (40 personnes au total) dans le quartier d'al-Hariqah, à Hébron, et ont réveillé les habitants. Ils ont exigé que les enfants soient réveillés et ont affirmé qu'ils cherchaient des lanceurs de pierres. Les soldats sont partis à minuit. Environ une heure plus tard, d’autres soldats sont arrivés et ont pris position sur le toit de la maison jusqu'à 6 heures du matin. (vidéo BTselem)


Lufti Ahmad, un homme de Silwad, a raconté comment les envahisseurs israéliens « ont complètement détruit notre sentiment - que tout le monde a - que notre maison est l'endroit le plus paisible et le plus sûr. Ce qu'ils ont fait, c'est une sorte de terrorisme ».

Une femme a raconté comment les soldats de l'armée israélienne ont pénétré de force dans sa maison Einabus à 1h30 du matin.

Je me suis mise à crier : « Accepteriez-vous que quelqu'un s'en prenne à votre mère, à votre sœur ? », se souvient-elle. « Les hommes soldats ont quitté la pièce pour me laisser m'habiller. J'avais tellement peur que je ne trouvais pas mes vêtements. »

Un traumatisme durable est une conséquence inévitable de telles actions, qui se déroulent et sont vécues comme des cambriolages - mais avec des "cambrioleurs" appartenant à l'une des armées les plus puissantes du monde. Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et d'autres problèmes de santé mentale sont largement signalés par les adultes et les enfants victimes des raids.

Le Dr Jumana Milhem, psychologue qui travaille avec Médecins pour les droits de l'homme Israël, a déclaré à l’Observer que « ce qui me vient à l'esprit est que le processus implique la déshumanisation de toute une société... [le] but est de briser leur esprit humain. »

Les soldats israéliens qui se livrent aux raids sont aussi parfois traumatisés par ce qu'ils sont obligés de faire à la poursuite d'une "sécurité" insaisissable qui est minée par les actions mêmes qu'ils mènent. Le fait que les troupes de l'IDF [FOI] disent qu'il n'y a souvent aucune bonne raison pour ces invasions ajoute à la confusion.


Pendant la pandémie Covid, le monde entier est sur pause, mais pas l'armée israélienne, qui poursuit sa violente routine d'occupation dans toute la Cisjordanie . Du 1er mars 2020 au 3 avril 2020, les forces de sécurité israéliennes ont fait un raid sur 100 maisons en Cisjordanie et ont arrêté 217 Palestiniens, dont 16 mineurs. Quarante pour cent des personnes détenues, et 60 % des mineurs, ont été arrêtés entre le 12 mars et le 3 avril 2020 - après qu'Israël et l'Autorité palestinienne aient renforcé les restrictions à la circulation en Cisjordanie . (vidéo Btselem)


« Il y a rarement une motivation opérationnelle à cela », a déclaré un vétéran de l'IDF [FOI] à propos des raids. « Souvent, la motivation est la pratique, par exemple nous avons pour la première fois une perceuse ; personne ne sait s’en servir, donc on décide de pénétrer par effraction dans une maison ».

Un autre soldat a raconté son premier raid nocturne. « Nous entrons dans une maison, nous rassemblons tous ceux qui sont à la maison, c'est-à-dire principalement une tonne d'enfants et de femmes, dans le salon.... C'est ma première arrestation, et je pointe l'arme sur eux, sur une mère et des enfants, je pointe juste mon arme sur eux, et les enfants pleurent de manière hystérique là-dedans ».

Une femme soldat a déclaré à l’Observer qu'elle s'était portée volontaire pour participer à un raid parce que cela lui semblait excitant :

« Je pensais que c’était cool. J'avais 19 ans et je jouais à la guerre. Je voulais en faire partie, voir comment ça se passait de l'intérieur. Au final, ce fut un tournant pour moi. Quand je suis entré, le commandant m'a dit : ‘Vous devez fouiller les femmes’. La famille était vraiment effrayée. J'ai cette image forte de cet autre soldat que j'aimais vraiment. Il avait une petite mitrailleuse. Il la tenait devant ce mignon petit garçon de trois ans. Il porte un masque facial, il l'enlève et sourit au gamin. Et je me dis que c'est vraiment n'importe quoi. C'était comme si, peu importe à quel point ce soldat est gentil. J’avais cette conviction forte que puisque je suis gentille, je vais faire autrement. Mais la seule chose qui compte, c'est que tu es dans une maison à trois heures du matin. Nous ne pouvons pas y être sans détruire leur vie et créer la terreur qui se répercute sur nous plus tard. »

Souvent, les Israéliens partent les mains vides. D'autres fois, ils arrêtent une ou plusieurs personnes dans une maison - parfois des enfants - et les emmènent avec des menottes et un bandeau sur les yeux.

Certains Palestiniens ont subi tellement de raids de l'armée israélienne qu'ils en perdent le compte. Fadel Tamimi, l'imam de 59 ans d'une mosquée de Nebi Salih qui dit que sa maison a probablement été attaquée plus de 20 fois, a déclaré à l’Observer que « la raison pour laquelle ils font cela est pour effrayer tout le monde, pour montrer qui commande ».

« Une fois, je me souviens que je suis allé à la mosquée pour les premières prières du matin », se souvient Tamimi. « Quand je suis revenu, les soldats étaient chez moi. Ils avaient mis toute ma famille dans la cuisine. Quand je suis allé dans ma chambre, j'ai trouvé trois soldats qui se reposaient sur le lit. »

« Les conséquences sont psychologiques », a-t-il ajouté. « Vous avez l'impression que votre vie privée est envahie. C'est horrible pour une famille conservatrice et une société traditionnelle. Le but est de contrôler et d'humilier. »


(1) A LIFE EXPOSED - Military invasions of Palestinian homes in the West Bank November- 2020.




Source : Commondreams

Traduction : MR pour ISM

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