Gaza - 20 juillet 2011

Beit Hanoun, 63 ans et 300 mètres après

Par ISM Gaza

La Nakba, le nettoyage ethnique de la Palestine, a eu lieu il y a soixante-trois ans. Le vol de la terre palestinienne se poursuit encore aujourd'hui. Tous les mardis, ces trois dernières années, les gens de Beit Hanoun protestent contre l'occupation et les trois cent mètres de "zone tampon" qu'Israël a déclarée sur la terre palestinienne près de la frontière de Gaza.

Nous nous sommes rassemblés aujourd'hui [mardi 19 juillet], comme tous les mardis, près du collège agricole à Beit Hanoun. Des fermiers du secteur nous avaient avertis que ces derniers jours, les forces israéliennes avaient installé un camp dans les maisons abandonnées près de la frontière. Tout comme leurs grands-parents avaient été chassés de leurs maisons par la violence sioniste, ces fermiers étaient eux aussi expulsés de leurs maisons par la violence sioniste. Quelquefois, plus les choses changent, et plus elles restent les mêmes. Pendant le week-end, six de ces fermiers ont été blessés à Beit Hanoun quand Israël a bombardé un puits en plein milieu d'un quartier résidentiel.

Vers 11h du matin, nous sommes partis vers le mur, vers la terre d'où ont été expulsés leurs grands-parents. Un drone bourdonnait au-dessus de nous et nous pouvions voir les nuages de poussière soulevée par les manœuvres des chars israéliens de l'autre côté du mur. La terre agricole de la "zone tampon" a été récemment profanée, à nouveau défoncée par les bulldozers, un secteur où il y avait jadis des champs et des vergers, puis réduites à quelques mauvaises herbes résistantes, et maintenant dépourvue même des mauvaises herbes. Le drapeau palestinien que nous y avions planté lors de manifestations précédentes est enterré. Etant donné les avertissements des soldats israéliens depuis les maisons abandonnées et le bombardement du week-end, nous étions tous plus nerveux que d'habitude. "Bella Ciao" a retenti au mégaphone, mais peu d'entre nous ont chanté, chacun plongé dans ses pensées, dans son inquiétude.

Nous avons passé le dernier arbre toujours debout, un bel arbre couvert de fleurs roses odorantes. Nous sommes entrés dans la "zone tampon" à nouveau récemment défoncée, nous nous sommes arrêtés, avons planté de nouveaux drapeaux, rêvé de planter de nouveaux arbres, de voir cette zone morte revenir à la vie. Certains regardaient au loin, imaginant les arbres de leurs grands-parents, des arbres que beaucoup d'entre eux n'ont jamais pu voir, leurs fruits volés par les petits-enfants de ces mêmes gens qui avaient chassé leurs grands-parents de leur terre. Nous avons chanté pour une Palestine libre. Une manœuvre d'un char israélien a soulevé la poussière rose. Nous sommes revenus à Beit Hanoun, mais au moins nous avons laissé derrière nous un drapeau qui montre que nous étions là, que les petits-enfants de ceux qui ont été ethniquement nettoyés sont toujours vivants.

Source : Palsolidarity

Traduction : MR pour ISM