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Jénine - 25 mars 2004
Par Phyllis
Et puis les plus jeunes, des mini-scouts, dont un très petit avec un keffié enroulé autour de sa tête, et un jouet dans les bras. Il se tenait à l'avant pendant que les 2èmes et 3èmes niveaux chantaient la nécessité de protéger leur patrie, leur désir de paix, leur désir d’avoir une vie.
Ce sont les Indiens... quand nous jouions aux cowboys et aux Indiens lorsque nous étions gosses.... ils sont ceux qui, parce qu'ils jettent des pierres, sont tués. Ils sont ceux qui n'ont jamais eu de chance avec un arc et une flèche, avant que nous les cowboys les attachions puis les tuions.
Aujourd'hui j'ai visité Baka El Sharkia, un village coupé en deux par le mur.
Au lieu d’une manifestation, la ville s’est réunie et a ouvert un "marché" au sujet du mur. Je me suis assise à côté du gouverneur régional qui me l'a traduit un peu. Tout était naturellement en arabe. En fait, je n'ai pas eu besoin de traduction. J'ai entendu ce que les gens disaient et j’aimerais vous l’expliquer.
Une jeune femme, Ayshi, étudiante d'une femme appelée Inshirah agissait en tant que maître des cérémonies.
Elle a parlé avec une telle puissance et une telle ostentation qu'elle m’a fait penser à moi lorsque j’étais dans la même classe qu’elle à la Trinity High School lors de débats ou des cours d'éloquence. J'étais bonne, mais je parlais du sujet qui m’avait été attribué.
Là, dans une langue que je ne pouvais pas comprendre, elle a partagé avec moi, ses yeux bruns atteignant le plus profond de mon âme pendant qu'elle racontait son amour de la terre, son lien avec la terre, ses peurs d’enfant (pas des habituels épouvantails), de cette occupation et de la terreur, des ses espoirs et de ses rêves.
Elle a parlé de l'abandon mais non du désespoir de son peuple. Elle a parlé de façon éloquente, pendant qu'elle lisait et récitait des exposés écrits par ses camarades de classe, de la perte prématurée de l'innocence, car les soldats ont pénétré chez elle par effraction et ont emmené son frère. Elle a parlé les gémissements de son grand-père et de son arrière grand-père dont les vies ont été données pour son pays. Elle a pleuré les cris des mères et des grands-mères, les craintes de ses amis, les rêves et la connaissance qu'elle a de cette terre.
Dans un roulement de tambour, elle a présenté les jeunes garçons qui, suite à la bénédiction d'ouverture et de la prière, ont marché : des scouts comme nous avons aux Etats-Unis, ceux qui veulent apprendre (en tant qu’Américain) à faire leur devoir pour Dieu et pour le pays. Leurs chants rhythmés voulaient la fin du mur qui les sépare de la famille, de la ferme, des amis, de l'éducation, des services de santé et de la vie.
Des choses que nous, en tant qu’enfants, prenions comme admis. Nous l'espérions. Ce n'était rien de désiré ou d’attendu. C’était à nous.
Les poèmes parlaient des points de contrôle, des fouilles de soldats et de leur dédain de l’humanité, de leur dignité.
Et puis les plus jeunes, des mini-scouts, dont un très petit avec un keffié enroulé autour de sa tête, et un jouet dans les bras. Il se tenait à l'avant pendant que les 2èmes et 3èmes niveaux chantaient la nécessité de protéger leur patrie, leur désir de paix, leur désir d’avoir une vie.
Ce sont les Indiens... quand nous jouions aux cowboys et aux Indiens lorsque nous étions gosses.... ils sont ceux qui, parce qu'ils jettent des pierres, sont tués. Ils sont ceux qui n'ont jamais eu de chance avec un arc et une flèche, avant que nous les cowboys les attachions puis les tuions.
Les petites filles dans leurs jupes rouges, leurs chemises blanches, leurs chaussettes blanches et leurs couronnes vertes sur la tête sur lesquelles sont écrit : "le mur doit tomber". Elles ont chanté leur patrie, la terre de leurs pères et de leurs frères dont les vies ont été prises. La terre qu'ils ont aimée, la terre pour laquelle ils sont morts.
C'était un jour d'espoir. C'était une célébration de la communauté. J'ai peur de ne pas pouvoir vous donner la saveur de ce rassemblement. Il n'a pas été cerné par les soldats. S’ils l’avaient su, ils auraient bloqué la route de sorte que les gens ne puissent pas se réunir pour ce projet.
Je me rappelle que dans les années 50, il faillait acheter des titres d'emprunt de guerre et craindre les Soviétiques, nos ennemis. Ces personnes que j'ai rencontrées aujourd'hui, Asyshi, Inshirah, Hanon, Suhael et tellement d’autres sont, selon les médias traditionnels, nos ennemis.
Et puis, je suis entrée dans la pièce voisine et j’ai été immédiatement frappée par l'énormité de ce qui arrive à ces personnes.
Au mur, il y avait des dessins d’enfants, pratiquement tous avec des tanks et des armes, des jeeps et des Hummers... toujours les soldats israéliens qui tuent, qui bloquent, qui passent le bulldozer. Des petits garçons qui jetent des pierres sur les tanks. J'ai presque pleuré quand j'ai vu un bulldozer Caterpillar dessiné par un enfant en bas âge, qui démolissait sa maison. Son interprétation de quelque chose qu'il a éprouvé.
Mon père est retraité après 36 ans passés cher Caterpillar à East Peoria. Il nous a nourris.
Des bulldozers, des tracto-pelles, des niveleuses de route... pour moi ce sont tous des engins de construction, pas de destruction.
Les paroles des enfants :
" Donnez-moi un enfance heureuse."
"Je suis un enfant. Laissez-moi rêver et laissez-moi vivre."
"Enfants du Monde ! Notez que mon enfance a été tué et mes jouets ont été endommagés"…
… et encore et encore.
Il y avait des photographies du mur, 8 mètres de béton au-dessus d'un enfant palestinien âgé de 4 ans, quelqu'un que les médias appelleraient terroriste parce que et seulement parce qu'il est Palestinien.
Les photos d'une femme en costume traditionnel palestinien assise dans son champ de pommes de terre, un bulldozer en arrière-plan pendant qu'elle commence à arracher ses plants sur la terre que sa famille a possédé pendant des générations.
Les photographies des oliviers que quelques familles appellent "grand-père" parce qu'ils ont plus de 700 ans.
"Je mourrai pour cette terre” disent ces enfants. Est-ce différent de ce que nous, Américains, avons chanté et avons dit pendant des années.
J'ai signé le livre d’honneur, en demandant de pardonner la population des Etats-Unis de ne pas savoir.
Source : www.palsolidarity.org
Traduction : MG pour ISM-France
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