Gaza - 26 août 2011

Iftar à la Maison de l'Ezkadenia

Par ISM-Gaza

24 août 2011 - La dernière série d'attaques sur Gaza rendent dangereuses les manifestations dans la zone tampon. Mais les gens de Beit Hanoun ne manifestent pas parce qu'ils veulent mourir, ils manifestent parce qu'ils veulent vivre. Ils veulent vivre dans la dignité, ils veulent pouvoir s'occuper de leurs terres, ils veulent pouvoir revenir sur la terre de leurs ancêtres. Mardi, nous n'avons pas marché vers la zone tampon. Nous avons pris Iftar dans la Maison de l'Ezkadenia. L'ezkadenia est un petit fruit que je n'ai jamais vu ailleurs qu'à Gaza. C'est là que je me souviens avoir vu Vittorio avant qu'il soit tué. Il était dans un hamac, fumant sa pipe, buvant le thé et essayant de se protéger du soleil. Nous préparions notre retour dans la zone tampon, jurant que nous n'abandonnerions pas. Vittorio, nous sommes revenus dans la zone tampon, nous n'avons pas abandonné.

Nous ne nous sommes pas rassemblés là juste pour Iftar, mais pour nous organiser, pour nous rappeler pourquoi nous luttions. Les fermiers locaux de la zone tampon avaient été invités, pour qu'ils puissent nous rencontrer, nous, le Mouvement International de Solidarité, et l'Initiative locale de Beit Hanoun, qui est le fer de lance des manifestations contre la zone tampon à Beit Hanoun. Autour d'un plat de poulet et de riz, nous leur avons expliqué ce que nous avions fait, et ils nous ont parlé de leurs vies.

Abu Alaa nous a raconté comment les Israéliens ont détruit trois fois ses arbres, ses récoltes. Chaque fois, il replante. Il n'abandonnera pas, c'est sa terre, dont la plus grande partie est trop dangereuse pour qu'il puisse y travailler, ou même s'y rendre, mais néanmoins, c'est sa terre et il ne l'abandonnera pas. Il m'a demandé de palper sa tête, il y a un pli dans le crâne, là où il a reçu une balle israélienne. En fait, il a été blessé par trois fois par les Israéliens. Pourtant, il ne part pas. Il a dix enfants, ils doivent manger, il doit payer les mariages et l'université. Et pour ça, il a besoin de sa terre. Et pour ça, il a besoin que la zone tampon disparaisse. Nous avons rencontré son fils, Hussein, étudiant en anglais à l'université. Depuis le balcon, nous avons regardé au loin, vers la zone tampon, et la lumière la plus lointaine que nous pouvions voir est la maison d'Abu Alaa.

Notre lutte contre la zone tampon est une lutte pour la dignité, pour le droit d'un peuple à vivre et à travailler sur sa terre. Personne à Gaza ne veut vivre de la charité ; ils y sont forcés par le siège, par l'occupation, par la Nakba. La plupart des Gazaouis sont des réfugiés, expulsés de chez eux en 1948, ils ne veulent pas de la charité, ils veulent revenir dans leurs maisons, dans les oliveraies et les orangeraies de leurs grands-parents, dans les magasins et les usines de leurs grands-parents. C'est pour cela que nous luttons, pour le droit d'un peuple à vivre dignement sur sa terre.

Source : Palsolidarity

Traduction : MR pour ISM