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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Interview d’un docteur qui a servi de bouclier humain

Par

L'exécution de cinq membres de la résistance armée, du meurtre d'une fillette de 11 ans et les blessures sérieuses de plus de 35 personnes non-armées à Naplouse le 15 septembre, n'a reçu aucune couverture significative dans la presse traditionnelle.
Le Docteur J, un Cardiologue dont la maison se situe à côté du jardin où les soldats israéliens ont abattu les cinq hommes, nous apporte maintenant un témoignage supplémentaire sur ce qui s’est passé.

Tôt ce matin-là, l'armée israélienne a occupé la maison du docteur, obligé sa famille à rester dans une pièce et les snipers ont pris position aux fenêtres afin de tuer les cinq hommes. Plus tard un commandant israélien a utilisé le docteur comme bouclier humain, le forçant à aller sur le site où ont eu lieu les meurtres afin de fouiller les poches des morts et pour traîner leurs corps mutilés jusqu’aux soldats.

L'utilisation des boucliers humains est illégale en vertu du droit international. Il est interdit à une armée d'occupation de forcer des civils à participer à toute action militaire. Le Dr J nous a indiqué qu'il n'avait jamais imaginé que lui et sa famille auraient à subir une expérience aussi traumatisante.


Le Dr J. est un Cardiologue qui a travaillé dans des hôpitaux privés et publics en Cijordanie et en Europe. Il vit avec son épouse et ses enfants dans une jolie villa dans le secteur de Rafidia à Naplouse.

Il nous a dit qu'il n'avait jamais eu auparavant de problèmes avec des soldats dans le secteur, et que même pendant les incursions majeures à Naplouse, il n'avait pas été directement affecté par des soldats jusqu'à ce mercredi 15 septembre.



Vers 4h45, les soldats ont pris d’assaut la maison du docteur. Son épouse a dit aux soldats que leurs enfants dormaient dans une autre chambre et elle leur a demandé si elle pouvait aller les réveiller et leur expliquer ce qui arrivait. Les soldats ont fait irruption dans la chambre des enfants pour les forcer à aller dans la cuisine avec leurs parents sous la menace de leurs armes. Elle ajoute que les tirs ont commencé presque immédiatement.


Au début, la famille pouvait entendre des tirs de réponse mais, peu de temps après, ce fut terminé et la famille n’a plus entendu que des tirs continus des snipers israéliens qui s’étaient placés non seulement dans leur maison, mais dans au moins quatre autres maisons autour et une église.



Pendant ce temps, l'épouse du docteur nous a dit, que les soldats ont échangé des grenades entre eux, devant leurs enfants. Elle était vraiment bouleversée que ses enfants avaient vu cela. Ils étaient effrayés par les soldats, mais quand ils ont demandé combien de temps ils resteraient dans leur maison, un soldat a répondu : "Juste quelques minutes" puis il a ajouté : "Ne vous inquiétez pas, nous sommes les bons et nous vous protégerons."



Vers 6h30 - 7 h, quand les tirs se sont tus, un commandant a emmené le docteur hors de sa maison et lui a donné l’ordre d’effectuer plusieurs actions pour lui.

Pendant quelques heures, le docteur devait être utilisé comme bouclier humain. Le docteur nous a dit qu'il s'est senti obligé de suivre les ordres du commandant, parce que son épouse et ses enfants étaient retenus sous la menace des armes et que ses parents également étaient détenus dans une autre maison.


Le commandant a dit au docteur qu'il y avait un sixième Palestinien blessé qui se cachait dans dans la maison voisine. Il a donné l’ordre au docteur d’entrer dans cette maison et de la fouiller. Il a donné au docteur des ordres stricts pour entrer dans la maison par la porte arrière et puis de ressortir par la porte avant.

Le docteur a été forcé d’y aller seul, osous la surveillance des snipers israéliens qui cernaient la maison. Le docteur n'a trouvé personne à l'intérieur. Quand il l’a expliqué au commandant, le commandant est devenu très en colère et a hurlé au docteur d’y retourner et de fouiller chaque pièce de la maison.

Au cours de la seconde fouille, le docteur a indiqué qu’il n’avait trouvé que les roquettes de l’IDF qui avaient été tirées sur la maison et qu’il n’y avait personne à l'intérieur. Quand il a exposé cela au commandant, le commandant lui a dit : "Vous mentez, et pour cette raison nous allon démolir la maison maintenant, et vous en êtes responsable."



Le docteur a alors reçu l’ordre d’aller dans le jardin où deux corps gisaient et de récupérer leurs armes et de fouiller leurs poches pour prendre leurs téléphones portables et leurs papiers d’identité. Le jardin, qui comprenait plusieurs niveaux murés était couvert d’arbres, ce qui signifie que les corps n'étaient pas visibles immédiatement au docteur.


Quand il les a trouvés, on lui a demandé de retourner les hommes sur le dos et de rammener leurs corps aux soldats. Le docteur a indiqué que les hommes étaient trop lourds pour les porter, le commandant lui a alors crié qu'il devait traîner les corps avec les jambes dans leur direction.

Quand le docteur a retourné l’un des corps, il a vu que la moitié du crâne de l'homme avait disparu et alors qu'il traînait le corps, le cerveau de l'homme est tombé sur l'herbe. Le docteur nous a dit qu'il n'avait jamais eu de telle vision dans sa vie, malgré le fait qu’il soir cardiologie et qu’il effectue régulièrement des opérations à cœur ouvert.
Les soldats ont alors procédé à la vérification des visages des morts avec des photos qu'ils avaient en leur possession, apparemment pour les identifier.



Pour les deux corps suivants, ils ont dit au docteur qu'il devait faire attention et marcher soigneusement sur l'herbe. Ils lui ont dit qu'il y avait une bombe non-explosée à côté des hommes. Le docteur a plus tard vu la bombe, mais en dépit du danger, il a été obligé de vérifier les corps et de les traîner vers les soldats.

Il a ensuite reçu l’ordre d’aller jusqu'au cinquième homme, qui avait été tué une courte distance de la route. Lorsqu’il a trouvé l'homme, le docteur décrit avoir vu du sang éclaboussé sur la partie haute du mur au-dessus du corps de l'homme.



Les soldats ont alors utilisé le docteur pour tenter de trouver à nouveau le sixième homme, lui ordonnant d’entrer dans une maison voisine. Quand le docteur n'a trouvé personne d’autre que les propriétaires à l'intérieur, un homme âgé et sa soeur, il a reçu l’ordre de les faire sortir dehors pour interrogatoire.

Après qu'aucun sixième homme n'ait été trouvé, les soldats ont fait venir un bulldozer blindé jusqu'à la maison où les hommes avaient été tués dans le jardin, et l'ont dirigé directement vers la maison pour détruire plusieurs pièces et la démolir à moitié.


Un homme âgé de 80 ans vivait dans cette maison. Sa fille a expliqué que quand les soldats ont tiré très tôt le matin, le vieil homme courait d'une pièce à l'autre alors que les balles entraient à travers les fenêtres et les murs.

Le vieil homme a téléphoné à sa fille pour lui dire qu'avec les tirs, il ne pourrait pas tenir dans sa maison plus longtemps, et il pensait qu'il allait mourir. Quand les tirs ont cessé, les soldats lui ont dit par l'intermédiaire d'un haut-parleur de sortir de sa maison et d'aller à la maison de sa fille. Plus tard, il a été admis à l'hôpital pour être soigné pour anxiété et commotion.

L'équipe d'ambulanciers a été empêché d'entrer dans le secteur jusqu'à environ 11 h. Ils n'ont reçu aucune information quant à l’endroit où étaient les corps et ils ont donc dû chercher dans les jardins tout autour – une femme a commencé à hurler et a perdu connaissance en voyant l'état des corps.

Environ 5 - 10 minutes après l'équipe d'ambulanciers, les internationaux et des Palestiniens sont entrés dans le jardin; on entendait le bruit de balles fendant l'air.
Plusieurs témoins confirment maintenant que ce fut à ce moment que Maryam âgée de 11 ans a été abattue d’une balle dans le visage. Les balles semblaient venir d'une maison occupée voisine. Il n'y avait alors aucun échange de tirs dans le secteur et Maryam a été tué plusieurs heures après que l'opération initiale soit terminée.


Selon des informations israéliennes, l'armée israélienne a d’abord indiqué qu’ils avaient tué six combattants. Cependant, en dépit de l’ordre donné par les soldats au docteur de fouiller le secteur, le sixième homme n'a jamais été retrouvé.


Le meurtre de Maryam pendant un moment de calme alors que les équipes médicales et les Palestiniens rassemblaient les corps des morts, changé le nombre de mort pour cette journée de cinq à six.



A lire aussi, le témoignage de Kole au sujet de ces assassinats

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France

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