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Cisjordanie -

La quête de l'eau pour les Palestiniens de la Cisjordanie

Par

"Tous les jours, je dois apporter de l'eau pour ma famille". Jour après jour, Khaled harnache son âne et se rend à la source à la sortie de son village de Cisjordanie, où le tiers des localités palestiniennes ne sont pas reliées au réseau. "Je fais une dizaine d'allers-retours chaque jour", confie le jeune homme de 18 ans. La bête peine sous le poids de quatre gros jerricanes gorgés d'eau attachés à ses flancs. "Il n'y a pas d'eau à la maison depuis la mi-mars", explique Khaled Nachaat. La température extérieure dans le village de Qarawat Bani Zeid, en Cisjordanie, frôle les 35°C.

"Chaque été, on manque d'eau, la population s'en plaint. C'est le plus grand problème de Qarawat Bani Zeid", (1) confirme Fouad Hassan Arar, le président du conseil de ce village de près de 3.000 habitants.

Selon la Banque mondiale, les Palestiniens ont un accès limité à l'eau potable, en fait le plus limité au Proche-Orient, en particulier en Cisjordanie , où elle estime la consommation moyenne quotidienne à 50 litres par personne, parfois 20 litres dans les cas extrêmes.

"Ces niveaux de consommation extrêmement bas placent la majorité des communautés de Cisjordanie en dessous des standards internationaux, environ 100 litres par jour et par personne," écrit-elle dans un rapport publié en avril.

Mekorot, la compagnie israélienne de distribution d'eau, couvre 90% de la population de Cisjordanie , mais un tiers des localités palestiniennes ne sont toujours pas reliées au réseau, précise la Banque mondiale. Elle ajoute qu'Israël prélève jusqu'à 1,8 fois la part qui lui revient selon les accords d'Oslo II, en 1995.

Selon le recensement de 2007, la population palestinienne de Cisjordanie s'élève à 2.350.500 habitants.

"Les localités comme Qarawat Bani Zeid souffrent beaucoup", confirme Susan Koppelman, dont l'organisation LifeSource se consacre à la question de l'eau dans les territoires palestiniens occupés.

"Au cours des mois d'été, Qarawat Bani Zeid fait face à une chute drastique de la quantité d'eau qu'elle reçoit", poursuit-elle, même si au total, Mekorot a augmenté ses livraisons.

"La priorité pour l'Autorité israélienne de l'eau est de s'assurer que les quantités d'eau parvenant aux colonies soient suffisantes", explique-t-elle.

"Ce qui reste est affecté aux localités palestiniennes. La conséquence est que l'eau ne parvient pas à tous."

Pour Férial Farid, 34 ans, cela se traduit par des voyages incessants chaque semaine à la source du village, où elle remplit autant de jerricanes et de bouteilles que possible.

"Il faut bien boire, cuisiner, laver les gosses, nettoyer la maison", explique cette secrétaire intérimaire en remplissant un bidon d'eau. "On économise la vaisselle pour pas trop salir et pas avoir à trop laver."

Située sous une route en contrebas à la sortie du village, la source est constituée de deux robinets d'où l'eau s'écoule sans pression. Des femmes et des enfants remplissent les bouteilles en pataugeant dans une eau sale et boueuse.

"On sait que l'eau n'est pas potable mais on la boit quand même", explique Férial dans une moue. "On la fait bouillir, c'est tout. J'ai vécu 12 ans en Jordanie. C'est dur de vivre au village", lâche-t-elle.

"Je suis obligée de réveiller les enfants à 5 heures du matin pour les mettre à contribution et venir chercher de l'eau. On est fatigués. Mais, se reprend-elle, j'ai de la chance, j'ai le permis de conduire alors je peux venir en voiture."

L'alternative, c'est d'acheter de l'eau en citerne, mais à près de 40 shekels (NIS) le m3 (7,5 euros), l'addition est vite faite. "On achète parfois de l'eau en citerne, mais cela nous coûte 120 NIS pour 3 m3, c'est cher", indique Férial, alors que son mari gagne 1.800 NIS (335 EUR) par mois.


(1) Qarawat Bani Zeid est situé au nord-ouest de Ramallah (note ISM).

Source : Al Manar

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