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Naplouse - 14 avril 2012
Par ISM
Témoignage de Sylvia, activiste d'ISM (son nom a été changé)
“Nos âmes ne sont pas abattues, nous tenons bon"
Le 7 novembre 2011, le fondateur de Tanwer (Palestinian Cultural Enlightenment) et maître de conférences à l'Université An-Nahah de Naplouse, le docteur Yousef Abdul Haq, a été arrêté à son domicile à 2h du matin. Le docteur Yousef a 70 ans et son état de santé est fragile à cause des conditions déplorables d'incarcération. Il est connu pour sa nature calme et pacifique, et sa fille affirme que son père "soutiendra toujours son peuple en disant la vérité. Beaucoup de gens vivent dans la pauvreté parce qu'ils sont sous occupation. Quand mon père dit la vérité, tout le monde comprend."
La détention administrative est juridiquement incompatible avec les normes internationales des droits de l'homme, et Israël s'en sert pour séquestrer le soi-disant "accusé" sans inculpation ni procès, pendant de longues périodes. Les preuves de son "délit" sont secrètes et ni le détenu ni son avocat n'y ont accès. Le dossier de preuves est préparé par le service israélien du renseignement, qui les rassemble par des moyens illégaux.
La famille du docteur Yousef n'a donc aucune idée de la raison pour laquelle il a été kidnappé en pleine nuit et emprisonné depuis 6 mois. "Personne ne nous a rien dit," raconte Shayma, 21 ans, la fille de Yousef, étudiante en troisième année à l'Université An-Najah.
Le docteur Yousef est maître de conférences en économie et droits de l'homme, et sa participation à la création du Projet des Lumières palestiniennes a fait de lui un symbole de liberté intellectuelle.
Shayma décrit la nuit de l'enlèvement de son père, les coups contre la porte de leur maison et les cris en hébreu. Elle se souvient distinctement de l'avoir vu se fondre dans l'ombre des jeeps, devant leur domicile.
"C'est étrange," dit-elle. "Mon père riait. Il est aussi fort que l'acier ou le fer. Lorsque nous lui parlons, c'est lui qui nous encourage, quand cela devrait être l'inverse."
Cette nuit-là, la famille a pensé qu'il serait interrogé puis relâché, et elle l'a attendu jusqu'à 6h du matin avant de lire dans un journal qu'il serait maintenu en détention administrative pendant 4 mois.
Shayma, la fille du docteur Yousef, devant un portrait de son père
C'est l'absence d'informations qui rend cette expérience si douloureuse pour les familles des prisonniers palestiniens. Aujourd'hui dans son 6ème mois de détention administrative, la perspective d'une libération du docteur Yousef s'éloigne à chaque reconduction de son ordre de détention, sans explication ni audience juridique.
Interrogée sur ce qui va arriver ensuite, Shayma dit, "Nous espérons que quelque chose se passe. Ma mère est déprimée, elle s'inquiète et n'arrive pas à dormir parce qu'elle sait de quelle manière ils torturent les détenus."
Bien que la famille n'ait que de rares permissions d'aller le voir à la prison Ofer, dans le territoire 48, le docteur Yousef les en dissuade. Le trajet est humiliant et long, avec quelquefois des attentes de plusieurs heures dans des conditions inconfortables comme moyen supplémentaire d'ajouter à la souffrance du peuple palestinien. "D'un point de vue émotionnel, ça sera pour nous encore plus dur," explique Shayma.
Que la détention du docteur Yousef prive toute une classe de jeunes Palestiniens de leur enseignant en droits de l'homme n'est pas une coïncidence. L'utilisation par Israël de la détention administrative pour réduire au silence des personnalités politiques et intellectuelles est une pratique dénoncée par des groupes militant pour les droits de l'homme, dont Amnesty International, qui a déclaré que les prisonniers de conscience n'étaient emprisonnés "que parce qu'ils exercent de façon non violente leur droit à la liberté d'expression et d'association."
"Nos âmes ne sont pas brisées, nous tenons bon," dit Shayma. Tandis que la lutte pour la libération de son père continue, elle se souvient de son appel à l'unité et la liberté intellectuelle.
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Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM
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