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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Les blessés de Beit Hanoun à l'Hopital Ichilov

Par

Imad Abu Amara me conduit dans les couloirs de la tour Ted Arison de l'hôpital d'Ichilov, jusqu'aux blessés du massacre de Beit Hanoun.
Imad, 50 ans, ne fait pas partie des blessés de Beit Hanoun.
Il est de Rafah, et est déjà très au courant des admissions de l'hôpital.
Pendant 16 ans, il s'était occupé de son épouse qui a été traumatisée dans un bombardement près de leur maison qui a tué deux personnes et blessé des dizaines d'autres.

Mais maintenant, un nouveau massacre a éclipsé les victimes du dernier bombardement. Mais qui se souvient maintenant de ce massacre ?


Au cinquième étage, nous rencontrons Nahil Athamneh et Abed el-Hakim Athamneh, deux résidants de Beit Hanoun d'une quarantaine d'années.

Le mercredi 8 novembre, à 5h10 du matin, ils se sont réveillés terrorisés au bruit assourdissant du bombardement. "Auparavant, ils n'avaient jamais bombardé notre secteur. L'armée bombarde Gaza depuis deux ans déjà, mais jamais près de nous," dit Abed el-Hakim.

"La veille, ils avaient patrouillé dans notre secteurs, ils étaient entrés dans les maisons à la recherche de roquettes Qassam, et ils avaient même plaisanté avec nous et fumé le narghile [le hookah]"
Il cesse brusquement de parler et regarde fixement le mur.


Cinq minutes, vingt blessés

"La première est tombée à 5h10," continue Nahil là où Abed el-Hakim s'est arrêté.

"Quelques secondes plus tard, nous avons entendu des cris. Je suis sorti et j'ai vu une autre bombe tomber et j'ai couru pour voir ce qui était arrivé aux gens qui vivaient là. Ce sont tous des membres de ma famille. Je les ai vues descendre les escaliers en courant pour s'échapper, mais alors une bombe les a rattrapés, laissant un chaos de sang et de morceaux de corps."

« J'ai pris mon cousin Muhammad Jamal Athamneh de 12 ans et j'ai vu que sa main avait été tranchée. Je l'ai mis dans une voiture qui allait au nouvel hôpital de Beit Hanoun, ouvert il y a juste quatre mois. Alors je suis revenu pour chercher quelqu'un d'autre, et j'ai vu la main de mon cousin sur le sol. J'ai couru jusqu'à la voiture pour y mettre la main.

"Il y a eu une minute de silence, avec seulement les bruits des blessés et la poussière dans l'air. J'ai couru en bas du passage entre les maisons endommagées avec deux amis, Sagar Adwan et Muhammad Athamneh, pour sortir les blessés.

Sagar et Muhammad avait déjà atteint l'entrée de la maison quand j'ai soudainement entendu le bruit strident d'un obus derrière moi. Je me suis tapi contre le mur et l'obus a touché l'entrée de la maison, tuant neuf personnes qui essayaient de s'échapper, y compris mes deux amis.

"Il y avait beaucoup de poussière et de fumée. Il était impossible d'entrer dans les maisons. Alors la première ambulance est arrivée. Les bombes continuaient à tomber.

Le bombardement a duré cinq minutes et a tué 19 personnes [un autre est décédé à hôpital d'Ichilov - N.N.]…

Maintenant personne ne veut vivre dans ce secteur. Ils ont peur qu'il y ait d'autres bombardements. Le quartier est vide : les gens sont allés s'installer chez d'autres membres de leurs familles," ajoute Nahil.


Une visite à Tel Aviv

Abed el-Hakim Athamneh est venu à l'hôpital d'Ichilov avec son neveu Ahmed Masound Athamneh, 21 ans, qui s'est récemment fiancé. Il dormait quand la première bombe est tombée. Avant que la seconde bombe tombe, il ne pouvait pas s'échapper avec les autres et un mur s'est effondré sur lui.

"C'est ce qui l'a sauvé" dit Abed El-Hakim. Le père et les trois soeurs d'Ahmed ont été tués. Sa mère Jamila est hospitalisée dans la chambre voisine.

Il continue : "Avant le bombardement, Beit Hanoun était sous couvre-feu depuis cinq jours. Près de 2000 hommes de plus de 16 ans ont été arrêtés rien que dans notre quartier. Ils ont été menottés et ont eu les yeux bandés, puis emmenés pour être interrogés dans la cour d'école. Pendant cinq jours, ils les ont questionnés les uns après les autres et ont libéré seulement ceux dont l'interrogatoire était terminé."

Abed el-Hakim Athamneh a travaillé pendant 14 ans dans le bâtiment en Israël, mais depuis le début de l'Intifada, il n'a pas travaillé : six ans sans travail. "

Ils nous ont enfermés et ils refusent d'ouvrir la porte. Nous vivons outre des contributions de l'ONU. Une fois par mois, nous recevons quelques produits de base. Israël affirme qu'il bombarde en raison des Qassams, mais ce n'est pas nous qui tirons les roquettes. À cinq du matin, nous sommes au lit. Ils bombardent des personnes innocentes pendant leur sommeil." dit Abed El-Hakim.

"Ce sont les ouvriers qui payent. Non seulement, ils nous laissent sans travail mais ils nous bombardent. J'ai travaillé sur de nombreux bâtiments à Tel Aviv. Je connais la ville mieux que je connais Gaza. J'avais l'habitude de me lever à 4h du matin et à rentrer à la maison à 8h du soir. Je n'ai pas été à Tel Aviv depuis six ans. Je n'avais jamais pensé que je reviendrais dans ces circonstances. »

Derrière le lit d'Ahmed, il y a le vieux quartier nord de Tel Aviv, et au loin, on peut voir la Méditerranée. Ces ouvriers de Beit Hanoun, que les circonstances ont plongé dans la pauvreté, sont coincés dans la bande de Gaza et punis par des ordres les interdisant d'acéder à leurs lieux de travail. Maintenant, le même état qui les bombarde, les tue et les blesse leur donne l'occasion d'apercevoir l'une des villes les plus riches du Moyen-Orient.

"Il veut que nous l'emmenions faire un tour dans la ville." confie Abed El-Hakim en jetant un coup d'oeil vers Ahmed. "Nous lui avons dit d'être patient, d'attendre qu'il aille mieux : vous ne pouvez pas quitter votre lit comme ça," lui avons-nous répondu.

« Il y a beaucoup de personnes instruites et beaucoup d'ouvriers à Beit Hanoun," continue Abed El-Hakim. Aujourd'hui ils sont tous chômeurs et ils veulent seulement travailler. Mais il n'y a pas de travail.

Les gens qui travaillaient avant pour l'Autorité Palestinienne pour 1500 shekels par mois se contentent de 400 shekels quand ils le peuvent…

Je vis sur mon épargne. J'ai ouvert un magasin de vêtements il y a trois ans, mais il y a une semaine et demi, l'armée a cassé les fenêtres et a jeté des grenades à main à l'intérieur du magasin. Tout a été détruit.

Il y a sept ans, quand mon enfant me demandait un shekel pour acheter des sucreries, je lui donnais cinq shekels. Aujourd'hui quand il me demande un shekel, je dis lui que je lui donnerai un plus tard et j'espère qu'il oubliera.

"Je ne peux pas penser à une solution. Et il n'y a personne que nous pouvons poursuivre ou contre qui manifester.
Il n'y a pas d'Autorité Palestinienne, pas de Hamas, pas d'Abu Mazen. Nous ne savons pas où tout cela nous mènera. Nous nous sommes habitués à vivre sans gouvernement, sans travail et sans solution."


télécharger le power point ci-dessous sur le massacre de Beit Hanoun


Read this document on Scribd: BeitHanoun

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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