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Gaza -

Lettre ouverte à Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations Unies

Par

à l'occasion de la visite de Ban Ki Moon à Gaza le 21 mars 2010.

Votre excellence,
Vous connaissez déjà très bien la situation humaine en constante détérioration à Gaza suite aux attaques militaires dévastatrices et au siège d’Israël. Vous déclariez, pas plus tard que le 27 décembre 2009, que le blocus de Gaza était « inacceptable ». Alors que cette affirmation est certainement valide, elle constitue un euphémisme choquant par rapport à la situation réelle, qui revient à un lent génocide. Le recours à une telle figure de rhétorique suggère que vous expurgez votre langage pour satisfaire la politique pro-israélienne des Etats-Unis.

Lettre ouverte à Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations Unies

Nous vivons un siège israélien continu, illégal, paralysant, qui a fracassé toutes les sphères de nos vies, et que le Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme, Richard Falk, a décrit comme « le prélude à un génocide. » Votre propre mission d’enquête sur le conflit de Gaza, dirigée par le juge sud-africain hautement respecté Richard Goldstone, a conclu qu’Israël était coupable de « crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité, » comme l’ont fait de grandes organisations internationales pour les droits de l’homme comme Amnesty International et Human Rights Watch. Le rapport Goldstone a conclu que la guerre d’Israël contre Gaza fut « destinée à punir, à humilier et à terroriser une population civile, à diminuer radicalement sa capacité économique locale tant pour travailler que pour se suffire à elle-même, et à la contraindre à une situation toujours accrue de dépendance et de vulnérabilité. »

M. Ban,

La Convention contre le Génocide de 1948 dit clairement qu’une des composantes d’un génocide est « d’infliger délibérément des conditions de vie calculées pour apporter la destruction physique de tout ou partie d’une population. » C’est ce qui est fait à Gaza depuis l’imposition du blocus par un Etat-membre des Nations Unies, à savoir Israël, et le massacre de 1.434 Palestiniens, dont 90% étaient des femmes civils, et parmi eux 434 enfants.

Lors de votre seconde brève visite à Gaza depuis la fin de l’attaque israélienne de 2008-2009, vous trouverez ce que le Professeur Sara Roy, une experte sur Gaza, décrit comme « une terre déchirée en morceaux et balafrée, la vie de sa population anémiée. Gaza est en train de pourrir sous le poids d’une dévastation continue, dans l’impossibilité de fonctionner normalement… » Le Professeur Sara Roy conclut que « le déclin et la paralysie de l’économie et de la société de Gaza ont été délibérément provoqués et ils sont le résultat d’une politique d’Etat consciencieusement planifiée, appliquée et mise en œuvre… Et exactement comme la mort de Gaza a été consciemment orchestrée, il en est de même pour les obstacles empêchant son redressement. » Israël est déterminé à détruire Gaza parce que les organes officiels et les dirigeants du monde choisissent de ne rien dire et de ne rien faire.

En tant qu’organisations de la société civile basées à Gaza, nous en appelons à vous pour que vous utilisiez votre position de Secrétaire Général des Nations Unies, l’organe mondial chargé de faire rendre compte à tous les gouvernements pour la sauvegarde des droits humains de tous les peuples conformément au droit international, de peser de tout votre poids sur Israël pour qu’il ouvre les frontières de Gaza pour autoriser l’importation des matériaux de construction ainsi que tous les autres produits vitaux pour que nous, les Palestiniens assiégés de Gaza, ayons des conditions de vie décentes.

Nous comprenons que vous venez à Khan Younis pour inspecter un projet de l’UNRWA destiné à fournir un logement à des Palestiniens dont les maisons ont été démolies par la machine de guerre d’Israël et qui attendent depuis plus de cinq ans d’être relogés. Il est évident que le projet de construction ne pourra pas être terminé à cause du blocus, même si c’est un projet UNRWA.

L’insolent refus d’Israël de coopérer avec la décision de la communauté internationale de reconstruire Gaza, et pour lequel plusieurs milliards de dollars ont été promis, ne devrait pas être toléré. Les attaques d’Israël ont endommagé ou complètement détruit beaucoup d’édifices publics et, selon le propre rapport d’OCHA de l’ONU du 30 avril 2009, ont gravement endommagé ou complètement détruit quelques 21.000 demeures familiales. Les moyens pour reconstruire leurs maisons et les écoles été également promis à beaucoup d’autres Palestiniens, qui ont passé ces deux derniers hivers sous des tentes inadéquates, et à ce jour, rien n’a été fait pour atténuer leurs souffrances.

En plus du très visible manque d’abris, nous, à Gaza, souffrons aussi de la contamination de l’eau, de l’air et du sol, depuis que les égouts ne peuvent plus fonctionner à cause des coupures d’électricité dues au manque de combustible nécessaire aux principaux générateurs de la centrale électrique de Gaza. Les cas médicaux des blessés au phosphore blanc et autres armes illégales israéliennes, comme la contamination de l’eau, ne peuvent être traités à cause du siège. En plus de l’interdiction des matériaux de construction, Israël empêche aussi que soient importés de nombreux articles de base : ampoules électriques, bougies, allumettes, livres, réfrigérateurs, chaussures, vêtements, matelas, draps, couvertures, thé, café, saucisses, farine, vaches, pates, cigarettes, combustible, crayons, stylos, papier, etc.

Monsieur le Secrétaire Général,

Lorsque vous visiterez Khan Younis, gardez à l’esprit qu’un immense entrepôt des Nations Unies a été directement visé par les bombes israéliennes au phosphore il y a seulement un an, détruisant des tonnes de nourriture vitale et autres produits essentiels. A l’époque, le chef de l’UNRWA John Ging a parlé d’obstacles massifs empêchant l’aide humanitaire de parvenir à la population civile de Gaza : ces obstacles doivent être levés. La Croix Rouge a dit que l’attaque israélienne « était complètement et hautement inacceptable selon tous les standards connus du droit humanitaire international et les principes et valeurs humanitaires universels. »

Nous espérons sincèrement que vous prendrez vos responsabilités et parlerez, au nom de la population de Gaza qui souffre, à ceux qui détiennent les clés qui pourraient facilement mettre fin au blocus barbare, comme première démarche vers l’application de toutes les résolutions de l’ONU en Palestine.

Gaza,
21 mars 2010

Signataires :
University Teachers’ Association in Palestine
General Union for Health Services Workers
General Union for Public Services Workers
General Union for Petrochemical and Gas Workers
General Union for Agricultural Workers
Union of Women’s Work Committees
Union of Synergies—Women Unit
Union of Palestinian Women Committees
Women’s Studies Society
Working Woman’s Society
Arab Cultural Forum
Palestinian Students’ Campaign for the Academic Boycott of Israël
One Democratic State Group
Al-Quds Bank for Culture and Information Society


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