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Hébron -

Une coopérative de femmes tente de faire revivre la vieille ville d’Hébron

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A la périphérie d’Hébron, dans le village d’Idnah, se trouve un grand entrepôt dans lequel des femmes se rassemblent chaque jour, luttant pour joindre les deux bouts. Ce sont les quartiers généraux de la coopérative de commerce équitable "Women in Hebron" [Femmes d’Hébron]. Dans une ville où le taux de chômage atteint 35%, "Women in Hebron" emploie 150 femmes, apportant de l’espoir là où il n’y en a aucun. A l’intérieur, sur les murs de l’entrepôt recouverts de toile de jute, sont suspendus des robes, sacs et foulards richement brodés. Les femmes, assises en cercle, cousent et brodent des pièces de tissus délicats. Les pièces brodées sont ensuite collectées et vendues dans un magasin situé au cœur du vieux souk d’Hébron, le marché traditionnel de la ville.

Une coopérative de femmes tente de faire revivre la vieille ville d’Hébron

(MaanImages/Sheren Nassir)
La plupart des femmes qui cousent et brodent sont divorcées, veuves, ou leurs maris sont emprisonnés depuis longtemps en Israël. Pour certaines d’entre elles, l’argent gagné avec leurs broderies est la seule source de revenus de leur famille. Environ 75% de la population palestinienne du centre-ville d’Hébron vit en-dessous du seuil de pauvreté. Ecoles et éducation médiocres, accès difficile à l’eau et aux soins médicaux sont évidemment des problèmes rencontrés, entre autres, par la population d’Hébron.

"Women in Hebron" a été créée par Nawal Slemiah, peu de temps après son mariage en 2005. Au lieu d’acheter des bijoux avec l’argent qu’elle avait reçu, comme le veut la coutume, Slemiah a rassemblé ses 700 shekels (194 $) – tout ce qu’elle avait – et a acheté des fournitures servant à la broderie. « J’ai pensé, je peux dépenser tout cet argent en une fois pour des choses qui ne sont pas utiles, ou bien je peux acheter ce matériel qui aura une utilité sur une longue période, » a raconté Slemiah à l’agence de presse Ma’an News. Elle ne se doutait alors pas que sa décision la conduirait à créer une entreprise qui viendrait finalement changer sa vie et celles de nombreuses personnes de son entourage.

Slemiah a aussitôt commencé à fabriquer des pièces ornées de broderies palestiniennes traditionnelles. S’il lui était facile d’assurer la fabrication, elle n’avait en revanche aucun moyen de vendre sa marchandise. Le souk n’était déjà plus le marché animé et sûr, au cœur de la ville.

Après le Protocole d’Hébron signé en 1997, la ville a été divisée en deux secteurs, H1 et H2. H1 est placé sous contrôle palestinien tandis que H2 est sous contrôle palestinien. La Mosquée Ibrahimi, la vieille ville historique d’Hébron et le vieux souk ont tous été inclus dans le périmètre du secteur H2. En 2005, Israël a obligé la plupart des échoppes situées dans le vieux souk à fermer.

Slemiah a décidé de tenter sa chance. Elle s’est rendue dans le vieux souk déserté et a exposé ses pièces de broderie à même le sol, bien déterminée à écouler le fruit de son travail. « C’était une ville morte, il n’y avait personne et j’avais peur, » confie Slemiah. « Ce que l’occupation a fait à la vieille ville [d’Hébron] est pire que ce qu’il a fait à la totalité de la Palestine. » Slemiah a tout d’abord fait face à des obstacles orchestrés par les deux bords du conflit.

Les colons du secteur H2 sont connus pour leur idéologie radicale. Hébron est la seule ville de Cisjordanie où ils résident en plein centre de la ville. 1500 soldats israéliens sont présents pour garder les 600 colons vivant dans le H2, et les heurts entre les deux populations sont courants.

Slemiah était également une étrangère aux yeux de la population locale d’Hébron. Elle raconte que nombre d’entre eux l’ont accusée d’être une collabo, travaillant pour les colons israéliens, mais Slemiah ne s’est pas laissée découragée. « Beaucoup de personnes me demandaient ce que je faisais là. J’ai des enfants, j’ai un mari. C’était dur, je pleurais… je peux vous dire que ces 4 années ont pris 40 ans de ma vie, » raconte Slemiah. A l’époque, le souk était devenu une sorte de ville fantôme, mais des efforts étaient en cours pour ramener de la vie dans cette zone. Slemiah a poursuivi en disant qu’elle avait été approchée par la police de l’Autorité Palestinienne qui, après lui avoir dit qu’il ne lui était pas possible de vendre sa marchandise ainsi étalée au sol, du fait que l’endroit n’était pas sûr, lui avait offert la possibilité d’utiliser d’une échoppe, sans avoir de charges à payer.

Photo
(MaanImages/Sheren Nassir)


Aujourd’hui, près de 2000 magasins sont toujours fermés, en application d’une ordonnance du gouvernement israélien. Slemiah indique que le souk n’est toujours pas un endroit sûr. Le quartier arabe du secteur H2 est une zone de non-droit. La police de l’Autorité Palestinienne n’a aucune autorité légale pour arrêter qui que ce soit dans le souk du fait qu’il réside sous autorité israélienne, mais la police israélienne n’y assure pas de patrouille. « L’Autorité Palestinienne a tenté de s’organiser pour pouvoir s’y rendre, mais les Israéliens ont refusé, » a ajouté Slemiah.

Il y a huit ans que Slemiah a ouvert pour la première fois son petit magasin. Depuis lors, elle a parcouru le monde, s’adressant à divers auditoires sur cette initiative de coopérative gérée par des femmes, et de l’occupation israélienne de la Palestine. L’an dernier, en 2012, "Women in Hebron" a bénéficié de subventions des consulats belge et britannique, afin de lui permettre d’accroître son activité.

Slemiah espère pouvoir laisser la gestion de la coopérative à d’autres femmes, dans l’année à venir, et débuter un nouveau projet. Elle a l’intention d’ouvrir un centre destiné aux femmes et aux enfants du village, et travaille à la collecte des fonds nécessaires au projet. L’objectif de ce centre serait de donner aux femmes et aux enfants des outils leur permettant d’améliorer leurs vies. Slemiah espère pouvoir organiser des cours de langue, ainsi que des ateliers pratiques enseignant des compétences utiles aux femmes et aux enfants. « Je veux faire quelque chose pour les femmes et les enfants de mon village, » a conclu Slemiah. « Je veux donner une chance à toutes les femmes qui n’ont pas de chance. »


Source : Maan News

Traduction : CR pour ISM

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