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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Choc et crainte universitaires

Par

L'auteur est maître de conférences en sciences politiques à l'Université Américaine du Caire

L'empereur israélien ne porte maintenant que les vêtements de l'Apartheid. Beaucoup de gens le remarquent et en parlent. Certains ont pris des mesures pour boycotter ce, peut-être dernier, Etat d'Apartheid.
La vague inclut un large éventail de participants : des syndicats d'universitaires et de travailleurs aux auteurs, aux artistes, des églises et des groupes d'étudiants et d'autres.

Choc et crainte universitaires

Ensemble ils parlent du boycott, du désinvestissement et des sanctions.
Certains de ceux qui sont à la tête de cette campagne sont juifs, dont le critique d'art, Peter Berger, Steven Rose de l'Open University et l'historien israélien, Ilan Pappe.

L'archevêque Desmond Tutu d'Afrique du Sud, qui a qualifié le système israélien de pire que l'ancien régime d'Apartheid de son pays, a approuvé le désinvestissement.

Cependant, ce qui a attiré le plus la colère d'Israël et du lobby pro-israélien, est une résolution votée par le Syndicat des Universités et Collèges Universitaires de Grande-Bretagne (UCU) lors de son congrès le 30 mai.

La résolution de l'UCU encourage ses membres à "étudier les implications morales des liens existants et proposés avec les institutions universitaires israéliennes", et à forger des relations plus étroites avec les universités palestiniennes.

Le lobby pro-israélien a réagi à l'initiative de l'UCU en Grande-Bretagne par une opération "choc et crainte" universitaire.

Je fais référence à la page de publicité parue dans le New York Times le 8 août, payé par le Comité Juif Américain (AJC).

L'AJC a rassemblé pour la pub les signatures de plus de 300 présidents d'universités et de collèges américains approuvant un communiqué de Lee Bollinger, le président de l'université de Colombia, qui se prononce pour une identité d'intérêts entre les universités américaines et israéliennes : "Nous n'avons pas l'intention de faire des distinctions entre notre mission et celle des universités que vous (l'UCU) cherchez à punir".

Il prend alors de façon menaçante une mesure logique : "Ajoutez Colombia à la liste du boycott. "
De cette façon, la bataille est déplacée sur le territoire ennemi : si vous boycottez les universités israéliennes, nous vous boycotterons -- un oeil britannique (et palestinien comme dommages collatéraux) pour un oeil israélien.

La pub place le communiqué de Bollinger à l'intérieur d'un cadre au centre de la page, flanqué des noms des présidents de tous les côtés. Le concept, ainsi que l'utilisation par Bollinger de la première personne dans la déclaration, intensifient la puissance du message et lui donnent un sentiment d'urgence.

Le texte est court, laconique et déclaratif. Il n'indique pas les raisons qui ont mené l'UCU à voter la résolution après un long échange ouvert, donnant l'impression que ceux qui l'ont soutenue sont des extrémistes habitués de la marijuana

La contestation est le sang de la démocratie et du progrès intellectuel, mais les huiles ne semblent pas penser qu'ils doivent un contre-argument rationnel à qui que ce soit.

Pire, il ne mentionne pas du tout les Palestiniens; à la différence de l'UCU qui formule sa résolution à la lumière "des 40 ans d'occuption israélienne (qui) ont sérieusement endommagé le tissu social de la société palestinienne", le "refus du droit à l'éducation des Palestiniens", et "la complicité du milieu universitaire israélien dans l'occupation".

Ainsi tandis que l'annonce est visuellement encadrée, elle manque délibérément et durement de contexte.

Et tandis qu'il évoque des principes à caractère noble, il prend, dans le dos du le lecteur, le parti du puissant contre le faible.

Qui mérite alors d'être qualifié de "sale partialité intellectuelle et politique", l'UCU, comme le prétend Bollinger, ou lui et ses collègues ?

L'UCU a discuté de la motion pendant deux ans. En fait, sa résolution était un appel pour davantage de débat sur le boycott, un point clé omis par Bollinger.

Le syndicat abordait des questions comme :
Pourquoi choisir Israël quand il y a tant d'autres mauvais états dans le monde ?
Quel est le rôle des universitaires israéliens dans les pratiques de leur état ?
Est-ce qu'un boycott empiète sur les droits de l'homme de ceux qui sont sujets au boycott ?

En revanche, les 300 Présidents d'universités, comme des dirigeants autocratiques, ont évité le débat sur le sujet dans leurs campus. En fait, si le lobby pro-israéliens sent qu'il doit répondre avec une telle force et sans délibération, en fait, démonte une faiblesse morale et non une force.

Comme n'importe quel système totalitaire, le lobby craint que toutes les fissures engendrées par une liberté de parole mènent à l'effondrement de l'édifice de mensonges qu'il a construit au sujet d'Israël et des Palestiniens. Les structures rigides s'effondrent soudainement.

Ce qui est en jeu pour l'académie, ce n'est pas simplement la question du boycott ; mais c'est également le problème de qui a la "parole".

Les éducateurs britanniques organisés disent aussi, qu'il n'y a pas simplement que les chefs de leurs établissements qui peuvent prendre l'initiative dans la création de relations avec d'autres.
Après tout, ils ne sont pas les chefs mais ils sont les professeurs, les formateurs, les chercheurs et les collaborateurs.

Est-ce que les membres du corps enseignant et les étudiants dans les universités américaines -- même ceux qui sont opposés au boycott -- demandent que la question soit présentée pour délibération et est-ce que tous ceux qui sont concernés ont une chance d'exprimer librement leur opinion ?

Ou accepteront-ils le décret de leurs présidents en silence ?

Les universitaires britanniques qui se sont opposés à la résolution se sont sentis au moins obligés d'exprimer, dans un message à l'UCU, leur sympathie concernant la situation difficile des Palestiniens et l'étranglement chronique qu'Israël a imposé à leur développement éducatif.

On peut douter que de nombreux signataires de la pub américaine soient au courant du côté sombre de la conduite d'Israël. Jusqu'où, par exemple, Susan Hockfield, la présidente du MIT, là où j'ai fait mes études, et neurologiste, connaît-elle le sujet ?

N'aurait-elle pas dû consulter, avant de signer une position politique aussi importante, des membres de sa propre faculté, dont parmi eux Noam Chomsky ?

Si elle lui avait parlé ou à d'autres intellectuels de la région, elle aurait appris beaucoup sur la dépossession systématique des Palestiniens par Israël ; sur les nombreuses fermetures prolongées des universités palestiniennes ; sur les milliers d'étudiants qui ont été emprisonnés et banis dans l'exil ; sur l'interdiction faite ces dernières années aux universitaires avec une double nationalité d'entrer en Cisjordanie et à Gaza pour reprendre l'enseignement. Elle aurait pu être informée de cela, et de bien d'autres choses.

Heureusement, il n'est pas trop tard pour Hockfield de s'instruire. Elle peut s'aventurer en Cisjordanie et à Gaza et découvrir la vérité de ses propres yeux.
Et si elle n'a pas le temps, elle peut visiter des sites internet tels que celui de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d'Israël (www.pacbi.org) et de l'UCU (www.ucu.org.uk).

Mais encore, le manque de connaissance seul n'explique pas suffisamment la mobilisation de 300 présidents d'universités. Bollinger lui-même doit comprendre quelque chose au sujet du conflit Palestino-Israélien.

Il s'est servi de plusieurs accusations fabriquées par des médias pro-israéliens et des activistes contre des professeurs palestiniens et arabes à Colombia, dont le défunt Edouard Said, Joseph Massad et George Saliba.

Nous pouvons seulement conclure, d'autant plus que le coût de la publicité a été prise en charge par l'AJC, que Bollinger et au moins certains de ses collègues sont tombés sous l'influence du lobby pro-israélien.

Dans le London Review of Books, du printemps 2007, les professeurs John Mearsheimer et Stephen Walt -- qui ont écrit un livre sur le lobby pro-israélien qui vien de paraître – ont cité les témoignages des plusieurs personnes de Washington très bien informées sur la portée du Lobby.

L'un d'eux, l'ancien sénateur Ernest Hollings, a déclaré en quittant le bureau, 'Vous ne pouvez pas avoir une politique israélienne autre que celle que l'AIPAC (Comité aux Affaires Politiques Américano-Israéliennes, le lobby pro-israélien à Washington) vous donne ici.'
Les 300 présidents ne pouvaient-ils pas forger d'autre politique sur la résolution de l'UCU autre que celle ditée par quelques intrigants juifs américains ?

Leur position porte un fardeau moral. En se positionnant aux côtés des puissants, et en tentant d'avorter l'effort de boycott, ils aident à priver les Palestiniens du seul cours non violent viable de résistance à l'occupation israélienne de leur terre.

Le boycott international du système d'Apartheid de l'Afrique du Sud Blanche a par la suite mené à l'effondrement de ce système.

Une chose importante aussi, mais souvent oubliée, c'est que le boycott a renforcé la position de Nelson Mandela et d'autres au Congrès National Africain qui préconisaient des moyens pacifiques pour arriver à la démocratie. Sinon, il y aurait eu bien plus de bain de sang, et peut-être aucune réconciliation entre les Noirs et les Blancs.

Le gouvernement américain a été l'un des derniers a se joindre au boycott contre l'Afrique du Sud, après une poursuite prolongée "engagement constructif" hypocrite. (Israël n'y a jamais adhéré et a maintenu ses liens historiques forts avec l'Apartheid d'Afrique du Sud.).

Cependant quand le boycott s'est répandu, des universitaires américains et d'autres étaient fiers, à juste titre, de participer et de s'engager dans la désobéissance civile devant les missions diplomatiques et les bureaux de l'Afrique du Sud.

Quelle est la différence entre l'Afrique du Sud et Israël ? Le lobby pro-israélien ? Peut-être.

Mais en fin de compte, Bollinger et ses pairs devront accepter la responsabilité de leur tentative unilatérale et politiquement partiale pour s'approprier le débat.

Le début de la nouvelle année universitaire est un bon moment pour le corps enseignant et les étudiants concernés de demander la parole.


Source : http://weekly.ahram.org.eg/

Traduction : MG pour ISM

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