Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 2548 fois

Grande Bretagne -

Envoyez-les plutôt à Gaza : Éducation et Poudre aux yeux

Par

Le leader conservateur britannique David Cameron est à la peine, ces jours-ci. Après avoir qualifié de « poudre aux yeux » le subventionnement, par le gouvernement, de visites scolaires dans le camp de concentration nazi d’Auschwitz, il est confronté à des exigences d’excuses.

Au cours d’un discours, vendredi dernier, Cameron a accusé le gouvernement du Premier ministre (travailliste) Gordon Brown d’être « obsédé par de la poudre aux yeux à court terme », avec, notamment, sa recommandation, adressée aux écoles, d’effectuer des « voyages d’étude en Pologne ».

Le gouvernement a en effet annoncé, dans le courant du mois, qu’il consacrerait 4,65 millions de Livres à la Fondation Educative de l’Holocauste [Holocaust Educational Trust] créée en 1988 afin de former les jeunes en matière d’Holocauste. Inutile d’être un génie pour deviner que les institutions politiques juives de Grande-Bretagne ont été très promptes à faire des confettis avec Cameron, après cette sortie.

Henry Grunwald, président du Board of Deputies of British Jews, l’équivalent britannique du Crif, a ainsi déclaré : « Le Board of Deputies ne s’immisce jamais dans la politique partisane, mais nous sommes surpris, et scandalisés, car nous n’imaginions pas que David Cameron s’abaisserait un jour à employer l’expression « poudre aux yeux » à propos de visites du camp de concentration d’Auschwitz… »

Karen Pollock, présidente de l’Holocauste Educational Trust, a dit, pour sa part : « Nous ne voulons pas être impliqués dans les querelles politiques. Mais il est inadmissible de se servir de la question des visites au camp d’Auschwitz simplement pour marquer des points, sur le plan politique. »

Apparemment, tant Pollock que Grunwald ne veulent pas être impliqués dans la « politique partisane ». Il est vrai qu’à cette fin, ils ont des agents très dévoués, tels que Lord Levy, David Abrahams, les Amis Conservateurs d’Israël [Tory Friends of Israël] et les Amis Travaillistes d’Israël [Labour Friends of Israël].

Le parti conservateur a été très prompt à saisir le message. Immédiatement, il a capitulé devant ces pressions « apolitiques ». Quelques heures après, le porte-parole travailliste déclara : « Les visites de scolaires à Auschwitz sont une idée brillante, très judicieuse ».

S’efforçant de calmer la tempête, le porte-parole conservateur a dit : « Cameron ne critiquait pas ces visites en tant que telles, mais bien plutôt le fait que le financement que leur consacre le gouvernement n’en couvre pas totalement le coût… »

Tout à fait à l’instar de Grunwald et Pollock, je me garderai bien d’interférer dans la politique britannique. Pourtant, je souhaite préciser que Cameron avait absolument raison : les visites à Auschwitz, de fait, ne sont rien d’autre que de la poudre aux yeux. Plus je les examine, et plus je constate que ces visites sont contre-productives, du point de vue éducatif.

Contrairement à Karen Pollock, de l’Holocaust Educational Trust, qui a déclaré que « les étudiants se servent de leur expérience (personnelle) afin d’élever le niveau de conscience dans le cadre des cours consacrés à la Shoah dans leurs écoles et dans leurs quartiers, défiant ainsi les préjugés et le racisme régnant de nos jours », je suis convaincu que les visites d’Auschwitz ne servent qu’à détourner l’attention de crimes perpétrés quotidiennement, sous nos yeux et en nos noms. Les visites à Auschwitz ont pour fonction d’étouffer la conscience morale, de couper court à toute possibilité de réflexion autonome.

Il est vraiment très expédient, pour le gouvernement britannique, de dépenser un peu de fric pour essayer d’enseigner à de jeunes étudiants à quel point les nazis étaient abominables, il y a, de cela, soixante-trois ans. En revanche, il serait bien plus difficile, pour le gouvernement et les institutions éducatives britanniques, d’examiner les abominations britanniques, passées, et actuelles.

Au lieu d’envoyer des jeunes visiter Auschwitz, je suggérerais de consacrer des fonds gouvernementaux à l’organisation de voyages d’étudiants dans le camp de concentration de Gaza. Cela aurait une valeur éducative incommensurablement plus grande, en ce qui concerne la lutte contre « le racisme et les préjugés ». Clairement, c’est à Gaza que des millions de Palestiniens sont en train d’être affamés par l’Etat juif, tandis que l’Occident regarde, et ne dit rien.

La Grande-Bretagne est comptable d’une part de responsabilité directe dans la tragédie palestinienne. Tout d’abord, le désastre palestinien a été causé par l’Empire britannique. Il a sans doute débuté avec la Déclaration Balfour, mais il a surtout abouti à une épuration ethnique dévastatrice, en 1948, soit trois ans, seulement, après la libération du camp d’Auschwitz. Ensuite, quelle que soit l’analyse que nous ayons du conflit israélo-palestinien, les Palestiniens sont les ultimes victimes d’Hitler et le génocide perpétré à Gaza est une Shoah en cours de déroulement.

Si Karen Pollock est sincèrement préoccupée par le « racisme et les préjugés », Gaza est vraiment l’endroit où envoyer les gamins britanniques, afin qu’ils demandent à leurs grands-parents, à leur retour chez eux : « Pépé, qu’est-ce que tu as fait, quand tout ça s’est produit, il y a soixante ans ? » Nous devons envoyer nos gamins à Gaza, pour qu’ils puissent rentrer chez eux et demander à leurs parents : « Maman, qu’est-ce qu’on peut faire, pour aider les Palestiniens ? »

Si Karen Pollock veut toujours augmenter le niveau de conscience éthique de nos gamins, mais qu’elle n’est toujours pas convaincue que c’est Gaza, l’endroit le plus indiqué pour ce faire, elle peut toujours envisager d’envoyer nos jeunes à Bassora, ou à Bagdad. Après tout, le génocide des Irakiens, qui a causé la mort d’un million et demi d’entre eux, à ce jour, est un crime de guerre perpétré, lui aussi, par le gouvernement britannique actuel…

Mais, tout bien réfléchi, inutile d’envoyer de jeunes étudiants britanniques à Bagdad ; ils risquent fort d’y aller, dès qu’ils auront fini leurs études. Ils pourront alors participer et contribuer à cet Holocauste on ne peut plus contemporain, perpétré par la Grande-Bretagne et l’Amérique au nom de la démocratie et de l’idéologie néoconservatrice ; il leur suffira, pour ce faire, de s’enrôler dans l’armée britannique…

Source : Peacepalestine

Traduction : Marcel Charbonnier

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Grande Bretagne

Même sujet

Même auteur

Gilad Atzmon

Même date

27 février 2008