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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Israël impose des manuels scolaires censurés à Jérusalem Est

Par

Jalal Abukhater habite Jérusalem Est et est en fin d'études secondaires à Ramallah. On peut le suivre sur twitter @JalalAK_jojo

Alors qu'on retrouve les grands titres de l'actualité dans tous les médias, d'autres informations passent pratiquement inaperçues. Pour exemple : l'Administration israélienne de l'Enseignement à Jérusalem (JEA) a récemment décidé d'imposer l'utilisation de nouveaux manuels scolaires censurés dans toutes les écoles privées de Jérusalem Est. La JEA est un organe paritaire de la municipalité de Jérusalem et du ministère israélien de l'Enseignement. Jusqu'à présent, les écoles publiques de Jérusalem Est gérées par la JEA sont déjà contraintes d'utiliser les manuels scolaires censurés publiés par Israël, et la JEA essaie d'obliger les écoles privées à faire de même, en dépit du fait qu'elle n'a sur elles aucune autorité.

Israël impose des manuels scolaires censurés à Jérusalem Est

Manuels scolaires censurés à Jérusalem Est (Photo: Jalal Abukhater)
La décision vient d'une initiative d'un membre de la Knesset, Alex Miller, du parti Yisrael Beiteinu, qui dirige aussi la commission Education de la Knesset. Miller a déclaré (en hébreu) qu'à Jérusalem Est, "l'ensemble du programme devrait et doit être israélien."

Au début de l'année scolaire 2011-2012, des étudiants et des parents ont protesté contre la décision d'imposer les nouveaux contenus scolaires censurés à leurs écoles. Ils ont menacé d'amplifier leurs protestations si la JEA continuait à faire pression et ont dit qu'ils ne fréquenteraient plus les écoles dont l'administration appliquerait la décision de la JEA. Cette initiative du ministre israélien de l'Enseignement est complètement illégale en vertu du droit international, qui considère Jérusalem Est comme un territoire occupé ; en tant que telle, la démarche est une nouvelle violation directe de la Quatrième convention de Genève et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, en particulier l'Article 13 du Pacte. La démarche vise à éradiquer l'identité palestinienne ; les changements dans les manuels scolaires sont dangereux et ne peuvent être ignorés.

Je me suis procuré une copie d'un rapport qui met en lumière les modifications faites par la JEA dans les livres scolaires palestiniens en usage depuis la signature des Accords d'Oslo en 1993. Le rapport liste la plupart des changements faits aux manuels scolaires utilisés du cours préparatoire à la seconde.

1. Le logo de l'Autorité palestinienne, qui était imprimé sur toutes les couvertures des livres scolaires, a été enlevé et remplacé par celui de la municipalité de Jérusalem.

2. Dans les manuels censurés, toute mention à ou photo d'un drapeau palestinien ont été enlevés, même dans les livres de coloriage des enfants de 6 ans.

3. De même dans les manuels du cours préparatoire, l'histoire d'une prisonnière qui rentre chez elle et un poème sur "l'aube de la liberté" ont été retirés des versions censurées.

4. Toutes les mentions du terme Nakba (la catastrophe, en référence à la dispersion et à l'exode palestiniens en 1948) et du droit au retour palestinien ont été enlevées, y compris des poèmes de poètes palestiniens exilés exprimant leur nostalgie de leur belle patrie. Des poèmes et des chants sur la beauté du paysage palestiniens ou des poèmes qui mentionnent les checkpoints israéliens ont aussi été gommés.

5. L'histoire antérieure - d'il y a des centaines d'années - est censurée elle aussi. Dans le manuel de CM1, l'histoire de Saladin et la Bataille de Hattin ont disparu. De même une histoire sur le Siège d'Acre pendant l'invasion napoléonienne a été supprimée.

6. En fait, toutes les mentions à la ville d'Acre ont été retirées, y compris un poème qui appelle Acre "la fiancée de la mer", ainsi qu'un récit d'étudiants visitant la ville pour la première fois. De plus, toutes les mentions de Jérusalem en tant que "Al-Quds" ont été gommées, et dans le livre de CE1, le récit d'un voyage à la Vieille ville de Jérusalem a lui aussi disparu.

7. Toutes les mentions d'Israël en tant que force occupante, ou Jérusalem Est en tant que ville occupée, ont été enlevées, pour affirmer le contrôle israélien sur les terres palestiniennes occupées derrière les lignes d'armistice de 1967. De plus, il n'est plus fait aucune référence aux Palestiniens en Israël en tant que Palestiniens, nulle part.

8. Tous les récits, chants et poèmes sur le premier ou le second soulèvements palestiniens ont été effacés. Voici un exemple que donne le rapport sur une chanson censurée que la JEA accuse d'inciter à la violence : "Jérusalem attend que la sombre occupation dépérisse et que le jour lumineux de la liberté arrive." C'est la seule partie du chant cité par le rapport.

9. Dans les livres de géographie de 4ème, le problème de la pollution de l'environnement palestinien aborde le déversement des eaux usées des colonies sur les villages palestiniens de Cisjordanie ; ce cours a entièrement disparu. De même dans tous les manuels de géographie, des faits sur la crise palestinienne de l'eau - comme dans la Vallée du Jourdain, où les 8.000 colons reçoivent 20 fois plus d'eau que les 2,5 millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie - ont été entièrement gommés dans les nouveaux livres scolaires censurés.

10. Les livres d'histoire de 3ème et de 2nde ont été presque entièrement censurés ; les cours qui traitent de la question palestinienne depuis la Déclaration Balfour (1917) jusqu'à la Nakba (1948) ont disparu, et les élèves n'ont plus que des pages blanches à regarder.

Photo

David Ben-Gourion a dit un jour, dans une conversation avec Nahum Goldman : "[…] C'est naturel : nous avons pris leur pays, […] pourquoi accepterait-il cela ? Peut-être oublieront-ils, dans une ou deux générations, mais pour le moment, c'est impossible."

Nous n'avons pas oublié, et jamais on ne nous obligera à oublier.

La question est dangereuse au-delà de toute description, et il ne faut pas que des actes aussi illégaux passent inaperçus. Il faut agir rapidement et soutenir les écoles qui ont refusé de travailler avec des manuels scolaires aussi falsifiés. La JEA a déjà menacé de couper toute subvention à ces écoles, et elles ont besoin de soutien.

Chacun a le droit de préserver son identité, son patrimoine et son histoire. Chacun a le droit de recevoir un enseignement adéquat dans l'école qu'il fréquente ; personne ne mérite de recevoir une propagande censurée, politisée, qui vise à contrôler les esprits des jeunes, en aucune façon. On ne nous obligera pas à oublier, ni à ignorer notre propre identité.



Source : +972mag

Traduction : MR pour ISM

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23 octobre 2011