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Israël -

L’illusion Livni

Par

> amayreh@p-ol.com

Avec la succession de Tzipi Livni à Ehud Olmert au poste de prochain Premier Ministre d’Israël, après une victoire mince sur l’ancien Ministre de la Défense Shaul Mofaz le 18 septembre, la plupart des Palestiniens ne nourrissent que peu d’espoir sur la capacité du « nouveau » gouvernement israélien à faire une réelle différence dans les relations.

L’illusion Livni


T. Livni et A. Sharon, le 18.01.2006 à la Knesset.

La victoire de Livni a généré d’abord un léger enthousiasme, en particulier parmi les observateurs qui ne sont pas très versés dans les politiques israéliennes. Cependant, une analyse plus sobre des réalités politiques en Israël suggère que Livni ne sera pas capable de faire grand-chose pour parvenir à un accord de statut final avec l’Autorité Palestinienne sans le soutien d’une majorité solide au parlement israélien, la Knesset.

Un écrivain israélien remarquait, après la victoire de Livni, que “le coeur veut espérer, mais le cerveau ne peut pas". Quelques observateurs tant du côté palestinien qu’israélien ont déjà prédit que le gouvernement que Livni va former ne va pas durer longtemps, et que des élections générales anticipées devront être tenues en Israël plus tôt que prévu.

Le chef du parti d’opposition Likud, Benyamin Netanyahu, passe déjà son temps à se gausser de Livni au motif qu’elle n’a été élue comme Premier ministre qu’avec moins de la moitié du pourcentage des votants israéliens éligibles.

Livni elle-même a reconnu les “immenses difficultés” qu’elle allait devoir affronter pour former le prochain gouvernement, disant qu’elle ne demanderait pas d’élections générales anticipées, à moins que ses efforts pour former un gouvernement stable et fort arrivent à une impasse.

Livni a courtisé les membres des autres partis de la Knesset, en particulier le Haredi Shas, qui représente les Juifs d’origine moyenne-orientale. Cependant, jusqu’à maintenant, elle affronte une lutte acharnée pour former le gouvernement étant donné le manque d’unité au sein de son propre parti et les appels très larges pour des élections anticipées.

Mofaz, qui a reçu l’appui de près de la moitié des membres de Kadima, a décidé de prendre son temps, avec quelques déclarations non confirmées selon lesquelles il pourrait envisager de revenir au Likud. Ce qui signifie que le prochain premier ministre israélien n’aura pas son propre parti solidement arrimé derrière elle, ce qui pourrait bien raccourcir la durée de son mandat.

Kadima, le parti formé par l’ancien premier ministre Ariel Sharon, n’a jamais été homogène, d’un point de vue idéologique et politique. De plus, les élections internes au parti de la semaine dernière, que Livni a gagnées avec une petite majorité de 400 voix, illustrent les divisions âpres entre les extrémistes de droite au sein du parti, qui ont voté pour Mofaz, et les jabotinskytes pragmatiques, qui ont voté pour Livni.

En public, l’Autorité Palestinienne a accueilli l’élection de Livni comme un moindre mal, étant donné le caractère "fauconnier " de Mofaz.

Saeb Ureikat, négociateur de l’Autorité Palestinienne, a dit qu’il espérait que Livni s’engagerait plus profondément dans le processus de paix, conduisant à un accord de statut final qui mettrait fin à 41 ans d’occupation militaire israélienne.

Toutefois, étant donné le profil de Livni, les remarques d’Ureikat avaient plus à voir avec des civilités diplomatiques qu’à la conviction réelle que Livni est la bonne personne pour faire avancer la paix.

"Sharoniste" convaincue, Livni est fermement opposée au démantèlement des colonies juives en Cisjordanie ainsi qu’au retour aux frontières de 1967. Comme elle refuse avec véhémence le rapatriement des réfugiés palestiniens qui ont été déracinés et expulsés de leurs maisons lorsqu’Israël a été créé il y a plus de 60 ans.

Mahmoud Muhareb, professeur d’Etudes israéliennes à l’université Al-Qods, dit qu’il est imprudent de mettre tous ses espoirs sur Livni pour faire avancer le processus de paix. "Livni appartient essentiellement à l’école Sharon. Sa stratégie globale est d’annexer la plus grande partie possible de Cisjordanie , en particulier Jérusalem, et d’imposer le fait accompli aux Palestiniens".

Muhareb dit que Livni continuera à judaïser les territoires occupés, en particulier Jérusalem Est, et en même temps à maintenir en vie artificielle un processus de paix, dans le but d’empêcher la restauration de l’unité palestinienne. "Les déclarations et ses positions en tant que Ministre des Affaires Etrangères montrent qu’elle est une véritable extrémiste". Elle soutient que les Palestiniens "doivent reconnaître Israël comme Etat pour les Juifs".

Muhareb argue que l’engagement d’Israël dans le processus de paix n’est pas imputable à un authentique désir de paix et de justice. "En ce qui concerne Israël, le facteur moteur derrière le processus de paix est le problème démographique. Israël veut le plus possible de géographie palestinienne, et le moins possible de démographie palestinienne".

Un autre intellectuel palestinien, Hani Al-Masri, a traduit le sentiment prévalant parmi la plupart des Palestiniens, lorsqu’il dit qu’il n’y a aucune différence fondamentale entre les dirigeants israéliens. "Ils sont tous d’accord pour qu’Israël ne revienne pas aux frontières de 1967, pour que les réfugiés ne soient jamais autorisés à rentrer chez eux, pour qu’Israël garde le contrôle des frontières palestiniennes et des carrefours frontaliers et pour que toute entité palestinienne soit asservie à Israël d’une manière ou d’une autre".

Al-Masri a souligné que les négociations prolongées entre le négociateur de l’Autorité Palestinienne Ahmed Qurei et Livni, qui durent depuis plus d’une année, n’ont virtuellement mené à rien. "Ces discussions stériles donnent l’impression qu’un processus de paix est en cours, alors qu’il n’y en a aucun. C’est pourquoi le monde ne fait aucun véritable effort pour forcer Israël à mettre fin à l’occupation."

Al-Masri indique que tout gouvernement formé par Livni devra apaiser les extrémistes juifs, sinon elle perdra la confiance du Parlement. "Pour que Livni soit en mesure de former un gouvernement durable, elle devra garder Jérusalem comme partie d’Israël. C’est pourquoi nous ne devons placer aucun espoir sur Livni ni sur aucun autre dirigeant israélien. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes en restaurant notre unité nationale et bâtir notre propre force."

Néanmoins, Livni va vraisemblablement poursuivre les pourparlers de paix avec l’Autorité Palestinienne. Selon les observateurs, la future nouvelle premier ministre va faire pression sur la direction palestinienne pour qu’elle montre sa volonté de faire un compromis et qu’elle ne "manque pas cette opportunité".

Selon l’écrivain israélien Uri Avnery, Livni est convaincue que la seule façon de maintenir Israël comme Etat juif est la création d’un Etat palestinien. Cependant, il est aussi vrai que Livni croit que la création d’un Etat palestinien offrirait une solution pour les citoyens israéliens qui ne sont pas juifs.

En d’autres termes, la solution à Deux Etats envisagée par Livni entraînera l’expulsion ultime de la minorité palestinienne d’Israël à un moment quelconque dans l’avenir, ce qui la place dans le camp de l’extrême droite.

Source : Exposing Israel

Traduction : MR pour ISM

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