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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

La Palestine n’est pas à vendre !

Par

Jamal Juma’ est Coordinateur de la Campagne Populaire Palestinienne contre le Mur de l'Apartheid,

Jusqu'à 1,2 milliards de dollars ont été promis à l'Autorité Palestinienne.
Cependant, en dépit des calculs minutieux des experts financiers les plus importants au monde, et de la "générosité" de la communauté donatrice, les Palestiniens ne mettent pas leur terre et leurs vies en vente.
La résistance populaire palestinienne a répondu à ces développements par une intensification de la mobilisation populaire dans divers endroits.

Suite aux reportages de la résistance palestinienne pendant les mois de février et mars, on ne peut que remarquer deux points importants :

Premièrement, qu’il y a eu une large progression de la résistance populaire contre l’occupation et l’Apartheid israélien, qui s’est plus que jamais intensifiée et a concerné toutes les régions de la Cisjordanie . Hebron, Beit Surik, Saffa, Ni'ilin et en particulier Budrus, ont fait preuve d’une intense résistance ces derniers semaines.

D'ailleurs, la manifestation de Ramallah le 14 mars a reflété le niveau important de la mobilisation contre le Mur d’Apartheid qui se produit actuellement à travers toute la Cisjordanie .

Deuxièmement, la lutte palestinienne s’est développée contre un contexte de développements politiques, conçus pour rendre les Palestiniens des sujets passifs tandis que la colonisation raciste du projet du mur d’Apartheid reste inchangée sur le terrain.


Résumons ces développements :
• la conférence de Sharm al-Sheikh;
• l'annonce par les Forces de l’occupation qu'ils procédaient à des "modifications" du Mur d’Apartheid;
• la conférence de Londres
• et l'attitude de plus en plus évidente des Nations Unies qui a choisi de traiter la question du Mur d’Apartheid en termes "humanitaires".


Il n'y a aucune coïncidence dans cette série d’événements récents.

Comprendre pourquoi la lutte s’est intensifiée nécessite d’examiner le facteur prédominant qui imprègne tous les discours et développements politiques récents.
C'est la tentative d’étouffer l'opposition palestinienne au Mur, et de façonner sa "normalisation" dans le tissu démographique de la Cisjordanie .


La question du mur a été désavouée lors des réunions de Sharm el-Sheikh, à peine abordée dans un complaisant rapport commun, la relevant comme étant "une question controversée".

En outre, les résultats de la conférence ont souligné le besoin d’une période de "calme" dans la résistance et les actions palestiniennes.


On s’attendait à ce que cela se produise tandis que le Mur d’Apartheid et les colonies continuaient de se développer.
En effet, les forces de l’occupation ont utilisé l'impasse De-facto pour engager la "troisième phase" du mur, qui a démarré dans le sud en novembre 2004.
Une ferveur toute particulière a été donnée à la construction du Mur d’Apartheid autour de Jérusalem et de Bethlehem.

La rhétorique de "l’accalmie" et du "cessez-le-feu" (qui suppose que les Palestiniens et les Sionistes sont en guerre, et que les Palestiniens ne ne sont pas un peuple sous occupation), qui ne traite pas le Mur d’Apartheid et la construction des colonies en tant qu'élément de la violence israélienne n'a aucune signification.

L'application de la décision de la CIJ - le démantèlement du mur - n'est pas une question négociable ou controversée mais représente la base du droit international.


En affaiblissant la décision de la CIJ, et en consolidant les désirs Américano-Européens de voir la modification du tracé du mur, le gouvernement d’occupation a annoncé un plan "modifié".

Bien que quelques changements du tracé du mur aient été faits dans différents villages, le mur et son réseau de colonies et de routes pour Juifs-seulement et les zones militaires continuent comme avant dans le reste de la Cisjordanie , annexant environ 47% de sa surface.

Cela laissera les Palestiniens dans des ghettos ou des semi-ghettos, reliés entre eux par des tunnels et des ponts sous le contrôle de l’occupant.

Ce qu'il y a de neuf dans le nouveau tracé du Mur est qu'il est fait sous le titre du "Plan de Désengagement" approuvé par les Americains et les Européens qui semblent le considérer comme un élément de la "Feuille de Route".


Les Palestiniens avaient été alertés sur les fausses impressions que les Forces de l’Occupation tenteraient de créer autour de leur projet colonial, qui cherchent à leur imposer un Apartheid.

Ils se sont rendus compte de la façon dont le mur dessinait les mécanismes de la colonisation définitive avant même que les négociations commencent. Ils rejettent totalement la notion que des ghettos isolés créés dans toute la Cisjordanie fassent référence à toute sorte "d'état viable".

Que le mur soit le bulldozer et le catalyseur du projet colonial expansionniste sioniste en Palestine, n’est pas difficile à discerner, pour des Palestiniens qui ont expérimenté des décennies de colonialisme et de la destruction de leurs moyens d’existence, de leur dignité et de leurs communautés.

Il y a maintenant plus d’un an que la session d'ouverture de la CIJ a eu lieu, et plus de 8 mois sont passés depuis sa décision : le Mur devrait être stoppé et démantelé.

Alors qu'on s'attendait à ce qu'Israël rejette la décision (il n'a été jamais préparé à respecter le droit international), il était plus étonnant que l'appel pour l'application de la décision de la CIJ ait commencé à se dissiper dans le discours officiel de l’Autorité Palestinienne.

Le mur a été poussé en arrière-plan comme s’il était juste une illusion dans la conscience palestinienne.

Pour les Européens et les Américains, la question était le tracé du mur et non le mur en lui-même.

Ainsi, la décision de la CIJ semble avoir été annulée par toutes les parties, excepté par les Palestiniens (les personnes affectées), qui utilisent toutes les occasions possibles pour réclamer le respect du droit international, et la pleine application de la décision de la CIJ.

Le processus de normalisation du Mur d’Apartheid - au mépris du droit international - a été un discours de plus en plus évident à l’ONU qui préfère le traiter en tant que question "humanitaire", et non politique.

Lors de sa visite en Cisjordanie , Kofi Annan a réitéré les annonces précédentes de l'ONU qu'un Bureau de Registre des Dommages serait créé pour ceux qui sont affectés par le mur.

Cette action est fortement alarmante dans un contexte où la pression de l'ONU sur Israël pour arrêter le Mur d’Apartheid est totalement absente.

Est-ce que l'ONU cherche à donner de l’argent aux Palestiniens à la place du respect du droit international ?

D'ailleurs, les abondants rapports et déclarations des officiels des Nations Unies soulignent tous les implications humanitaires, en ignorant la véritable question de l'existence du mur, et servent ainsi à légitimer la construction De-facto du Mur d’Apartheid.



Les ramifications concrètes de la vente des Palestiniens, de leur terre et de leur lutte ont commencé à la conférence qui s’est tenue à Londres le mois dernier.

Les ministres des Affaires Etrangères, la Banque Mondiale et Annan ont rencontré des membres de l'Autorité Palestinienne pour parler des "réformes internes", des "questions de sécurité" et, surtout, d'argent.
Jusqu'à 1,2 milliards de dollars ont été promis à l'Autorité Palestinienne.

C'est légèrement plus que la somme minimum (900 millions de dollars) calculée par la Banque Mondiale dans son rapport de décembre 2004 qui semblait être un livre du type "Faites-le vous-même" sur la façon d’administrer un peuple entier dans une prison à ciel ouvert avec une analyse détaillée des besoins financiers pour la vie derrière le Mur d’Apartheid.

Le plus difficile dans l’étude de faisabilité la Banque Mondiale - les portes de haute-technologie dans le Mur d’Apartheid - a été résolu par la Banque qui a offert de donner l'argent et rivalise maintenant avec une proposition américaine pour financer le projet.


Cependant, en dépit des calculs minutieux des experts financiers les plus importants au monde, et de la "générosité" de la communauté donatrice, les Palestiniens ne mettent pas leur terre et leurs vies en vente.

La résistance populaire palestinienne a répondu à ces développements par une intensification de la mobilisation populaire dans divers endroits.

À Jérusalem, les habitants de Beit Hanina, Beit Surik, Biddu, Dahya et Ram luttent contre le Mur qui est construit pour isoler Jérusalem de la Cisjordanie .

La terre a été confisquée pour l'expansion de la colonisation et la Judaisation de Jérusalem dans une campagne systématique de nettoyage ethnique.


La troisième phase du Mur a mené à plus de destruction et plus de saisie de terres à Hebron, Yatta et dans la Vieille Ville, et de ce fait a catalysé les habitants dans la lutte contre le Mur d’Apartheid.

A l’ouest de Ramallah, à Saffa et à Bil'in, des clashs se sont produits quotidiennement au cours des deux dernières semaines avec des Palestiniens qui ont reçu des balles et ont été blessés, détenus et arrosés de gaz.

La manifestation du 14 mars 2005, organisée par la Campagne contre le Mur d'Apartheid, était le couronnement d’un "mois de lutte continue".
La présence énorme de gens dans la manifestation, venant de toutes les régions de Cisjordanie , a reflété le mouvement populaire contre le Mur.

Les slogans et les déclarations ont révélé la colère profonde du peuple face à la construction persistante du Mur d’Apartheid, et la large opposition aux développements politiques conçus pour démobiliser et pacifier la résistance à l’occupation.


Le rejet des "modifications mensongères du mur", a été souligné dans les appels pour la restauration du droit international et le démantèlement du mur. La critique était également dirigée vers la position et le discours officiel de l’Autorité Palestinienne qui n'a pas cherché à utiliser la décision de la CIJ.

Cependant, Ce fut Annan, et les bureaux de l'ONU en Palestine, qui ont reçu la part du lion de la colère de la population le 14 mars. Annan n'a pas dit un mot sur la nécessité de respecter le droit international, et son insistance sur le Bureau de Registre suggère que la question est humanitaire et peut être résolue avec quelques dollars.

D'ailleurs, le récent rapport d’OCHA est arrivé à la même conclusion.
L'incapacité à traiter le Mur d’Apartheid en tant que question politique - politique qui est intrinsèquement liée au projet colonial sioniste en Cisjordanie - est un développement profondément troublant pour les Nations Unies.


Ce qu’ont déclaré Annan et les Nations Unies reflète tout simplement la rhétorique des Sionistes.
Ils considèrent la question comme "humanitaire", et montrent de la "compréhension" pour la traiter !

Ils agissent aussi au mépris de la décision de la CIJ de même qu’Annan et le rapport de l’ONU.
On peut se poser la question : Quelle est exactement la responsabilité du Sécrétaire Général des Nations Unies?

Est-elle d’adopter la position Israélo-Américaine face aux décisions de l'ONU, fondée sur la base de deux poids deux mesures?

Ou est-ce de faciliter l'application du droit international, et soutenir les Palestiniens dans leur lutte légitime pour la justice, la souveraineté et la liberté.

Source : http://stopthewall.org/analysisandfeatures/878.shtml

Traduction : MG pour ISM

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