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Gaza -

La situation d'urgence humanitaire à Gaza : "Une situation choquante et honteuse"

Par

John Ging, Directeur des opérations de l’UNRWA à Gaza s'adressant au Comité de Développement International, Chambre des Communes, le 30 avril 2008

Bien que l'emprisonnement et l'appauvrissement de la population civile de Gaza ne soient pas un objectif politique déclaré publiquement, ce n'en est pas moins son principal effet.
La solution pour inverser la tendance actuelle de misère humaine et de violence à Gaza, c’est l'ouverture des passages.

La situation d'urgence humanitaire à Gaza : 'Une situation choquante et honteuse'


Photo Mohamed Omer : En avril dernier, les Palestiniens font la queue avec leurs bidons devant une station-service de Gaza pour obtenir quelques gouttes d'essence.

Monsieur le Président,

Je vous remercie de me donner l’occasion de présenter des preuves à la Commission sur la situation humanitaire à Gaza.

Les deux principaux problèmes responsables de la situation humanitaire choquante et honteuse à Gaza sont la violence et l’impossibilité pour les gens et les marchandises d’entrer et de sortir de la bande de Gaza.

Quand à la violence et au sentiment de peur que cela a créé dans chaque foyer, les statistiques parlent d'elles-mêmes. Le nombre de victimes pour 2008 dans la bande de Gaza est de 344 Palestiniens tués et de 756 blessés. Ces chiffres comprennent les 60 enfants incontestablement innocents ainsi que les 175 enfants blessés.

Le danger de mort qui est une réalité quotidienne pour la population civile de Gaza est clairement démontré par le nombre de morts; aussi, l'absence de mécanismes crédibles tenant pour responsable ceux qui utilisent la force meurtrière alimente de plus en plus une perception d'impunité, de mauvaise foi et un sentiment de désespoir.

Il est également très important lorsque l'on se réfère aux problèmes de sécurité rencontrés par la population civile à Gaza, nous condamnions les tirs de roquettes presque quotidien depuis Gaza sur Israël. Ces roquettes terrorisent la population civile qui se trouve à portée de tir. Cette année, plus de 2647 roquettes et des mortiers ont été tirés en direction d'Israël. 3 civils israéliens ont été tués et 20 ont été blessés par des tirs de roquettes.


Le deuxième problème responsable de la misère humanitaire de la population de Gaza, ce sont les graves restrictions qui limitent l'entrée et la sortie des personnes et des marchandises de la bande de Gaza.

L'ensemble de la population civile est touchée par ces sanctions et chaque famille se retrouve donc dans une crise personnelle. La pathétique situation humanitaire était bien visible le 23 Janvier lorsque des dizaines de milliers de Palestiniens désespérés ont renversé le mur frontière entre Gaza et l'Égypte.

Ils l'ont fait, en grande partie pour acheter de la nourriture, des médicaments et d'autres produits de base et vitaux pour les ménages. Les mises en garde répétées de l'imminence d'une explosion sociale n'ont pas été entendues et la malheureuse population n'avait pas d'autre choix que de prendre ces mesures spectaculairement désespérées.

Mais le répit n'aura été que de courte durée et la bande de Gaza vit maintenant sous des sanctions encore plus dures que jamais, les livraisons de diesel et d'essence, en baisse constante depuis des mois, sont maintenant complètement épuisées.

Aucune goutte de diesel ou d'essence n’est entrée dans la bande de Gaza depuis le 10 avril. Avant cela, la quantité de carburant entrant dans la bande de Gaza a été réduite de mois en mois et encore une fois les chiffres parlent d'eux-mêmes

En Mars de cette année, 3,8 millions de litres de diesel et 340.000 litres de benzène ont transité entre Israël et la bande de Gaza. Comparez cela aux plus de 9.1 millions de litres de diesel et 1,4 millions de litres d'essence qui ont été fournis en août 2007.

Ainsi, en Mars, Gaza n'a reçu que 23% du benzène et un peu plus de 40% du diesel qu'elle recevait il y a quelques mois.

Ce que cela signifie, ce sont, en réalité, des difficultés insupportables et une crise de santé publique imminente.

Aujourd’hui, les rues de Gaza sont pratiquement vides de voitures, les quelques véhicules qui circulent sont ceux qui ont fait une dangereuse transformation pour fonctionner au gaz de cuisine. Ce n'est pas une gestion de la crise, c'est la réalité des 1,5 millions d'habitants de Gaza.

Les gens ordinaires paient le prix, les médecins et les enseignants, les enfants et les malades marchent tous, bien sûr à condition qu’ils soient en mesure de marcher jusqu’aux cliniques et aux écoles.
20% des ambulances ne répondent pas aux situations d'urgence parce qu’elles sont à court de carburant, les autres fonctionnent extrêmement peu.

Même la fourniture de carburant à l’UNRWA a été réduite ce qui l’a forcée à arrêter pendant 3 jours, ce qui est sans précédent, ses opérations de distribution de nourriture à plus de 650.000 réfugiés, mais heureusement, l'Agence a reçu lundi une livraison de 55.000 litres de diesel, permettant la reprise de nos distributions de nourriture, cependant notre situation continue d'être très précaire parce que nous manquons d'essence aujourd'hui.

Les services publics de base, notamment ceux de la santé, de l'eau et des services sanitaires sont dans un état pitoyable. Aujourd'hui, il n'existe pas de collecte d’ordures dans plus de 50% des municipalités de Gaza car il n'y a pas de carburant pour les camions à ordures.

60000 mètres cubes d’eaux usées non traitées et partiellement traitées sont déversés en mer tous les jours, tout simplement encore une fois parce que les usines de traitement sont à court de carburant.

15 puits d'eau fonctionnant au diesel ont fermé complètement, laissant 70.000 personnes sans eau dans leurs foyers.

Les services publics des eaux de la bande côtière indiquent maintenant qu’en raison des coupures d'électricité régulières et du manque de diesel pour les groupes électrogènes de secours, 30% des habitants de Gaza n’ont de l'eau courante que pendant quatre à huit heures par semaine, 40% une fois tous les quatre jours et les 30% restants tous les deux jours.


Les égouts à Cheikh Redwan, dans le nord de la ville de Gaza et dans le camp de Jabalia débordent dans des bassins des zones résidentielles qui ont été conçus pour les eaux de pluie. Depuis lundi, à Jabalia, la quantité d’eaux usées non traitées représente trois millions de litres.

La liste est sans fin, la misère est incommensurable et, pour le moment, il n'existe pas de réelle raison d'espérer que la situation ne va pas continuer à décliner.

L'économie s’est également effondrée car aucun matière première pour la fabrication ou pour la construction n’a été autorisée à pénétrer dans la bande de Gaza depuis Juin 2007, ce qui a fait perdre à près de 80.000 personnes la dignité du travail et maintenant le nombre de gens dépendant de l’aide alimentaire des Nations Unies représente plus d'un million.

Des projets humanitaires et de développement des Nations-Unies d’une valeur de 213 millions sont suspendus parce que les matériaux de construction ne peuvent pas entrer à Gaza.

De même, en raison de l'interdiction imposée à l'importation du papier d'impression, 200.000 enfants sont revenus dans les écoles de l’UNWRA sans leurs manuels scolaires pendant presque tout le mois de Septembre et au début du deuxième semestre, en Janvier.

Trop souvent, les solutions aux besoins humanitaires les plus pressants, les plus basiques et les plus évidents, quand elles sont livrées, sont livrées en retard et seulement après que se soit produite la crise inévitable.

90% des 3900 entreprises industrielles de la bande de Gaza ont fermé depuis Juin 2007, et maintenant 80% des habitants de Gaza vivent sous le seuil de pauvreté.

Les graves restrictions imposées à la liberté de circulation pour les personnes qui entrent et sortent de la bande de Gaza ont créé un sentiment aigu d’emprisonnement qui a des effets dévastateurs et omniprésents sur la psychologie de la population. La douleur, l'angoisse et le désespoir pour les familles touchées ne peuvent être décrites de façon suffisante par des mots, que ce soit les malades, les étudiants ou les travailleurs immigrés, leurs souffrances illustrent le fait certain, que ces sanctions sont collectives dans leur impact et contreproductives à leur objectif déclaré.

Dans les conditions de vie défavorisées qui sont maintenant la réalité quotidienne pour les habitants de Gaza, les parents perdent leur bataille personnelle pour protéger leurs enfants de développer une façon de voir les choses et un point de vue reflétant leur environnement. La diminution considérable du niveau d’instruction et l’absence de perspective réaliste d'emploi ébranlent fatalement leurs efforts.

Bien que l'emprisonnement et l'appauvrissement de la population civile de Gaza ne soient pas un objectif politique déclaré publiquement, ce n'en est pas moins son principal effet. L'histoire nous enseigne que la paix est le fruit du bien-être économique, tandis que la pauvreté et le désespoir sont un terrain fertile pour l'extrémisme et le conflit.

La solution pour inverser la tendance actuelle de misère humaine et de violence à Gaza, c’est l'accès.
C'est la conclusion considérée avec soin des auteurs de l'accord sur la circulation et l'accès de 2005, et ses auteurs étaient Israël, l’Autorité Palestinienne et l'Égypte, aidés par les États-Unis d'Amérique.

La solution qu’ils ont identifiée ensemble est simple : c’est l’ouverture des passages.

Toutefois la mise en œuvre n'est pas simple du fait que les risques sont très réels, comme l’a montré de façon très imagée l’attaque terroriste du 9 avril contre le dépôt de carburant de Nahal Oz, où deux civils israéliens innocents ont été tués. Néanmoins, les risques doivent être pris pour redonner une existence digne et humaine à la population de Gaza, c'est leur droit de l'homme fondamental inscrit dans les conventions internationales.

Abandonner la responsabilité de faire respecter les droits de la population civile de Gaza, signifie concéder la loi des armes à la règle du droit.

Une action urgente est donc nécessaire tout de suite, la réalité sur le terrain dans la bande de Gaza est en train d'évoluer rapidement. A ce jour toutes les mises en garde ont été ignorées et encore en dépit des preuves croissantes des conséquences négatives annoncées et prévisibles des politiques actuelles, il n'y a pas eu de changement dans l'approche. Gaza a besoin de réelles interventions humanitaires basées sur des principes.
En substance, cela signifie les protections inscrites dans le droit international humanitaire et les conventions des droits de l'homme.

L'absence de mécanismes efficaces et crédibles pour tenir responsables les décideurs de leurs actes devant les standards juridiques internationaux, alimente de plus en plus, d'une part, un sentiment d'injustice et de désespoir, et d’autre part, un sentiment d’impunité arrogante.

Si la règle de droit n'est pas rétablie de façon crédible et effective dans sa position prédominante légitime concernant la définition de l'action dans ce conflit, alors selon quels autres critères les actions devront-elles être jugées?

La situation humanitaire à Gaza est choquante et l'échec politique à y répondre efficacement et humainement est honteux.


Source : http://www.reliefweb.int/

Traduction : MG pour ISM

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