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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

La solution des routes séparées d'Israel

Par

> fred@schlomka.com

Fred Schlomka (fred@schlomka.com) est le directeur de www.ToursInEnglish.com et se déplace quotidiennement sur les routes de Cisjordanie

Il y aura donc deux populations, israélienne et palestinienne, qui utiliseront le même espace simultanément et séparément. Ils circuleront comme des métros, chacun sur sa propre voie, à des niveaux différents, sans ne jamais se rencontrer. La présence éphémère de 2,5 millions de Palestiniens finira par n’avoir aucun impact sur les valeurs d’un demi-million de colons juifs.
L'objectif aura été atteint, un environnement sans Arabes.

La solution des routes séparées d'Israel


Carte de la Route 443 - cliquez ici pour agrandir la carte

Alors que les yeux du monde se portent sur les bateaux de la Liberté s’approchant de Gaza, un massif projet de routes séparées dans la grande région de Jérusalem est tranquillement en cours d'achèvement. Israël est sur le point de dévoiler la réalisation du rêve de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon : une «contiguïté» routière au lieu d’une contiguïté territoriale pour les Palestiniens.

La route n° 1, qui actuellement partagée avec les Palestiniens, relie Jérusalem à l’est de la colonie de Ma'ale Adumim (35000 habitants). Cette route à quatre-voies conduit à la mer Morte et permet aux colons d’arriver à Jérusalem en vingt minutes via la zone de développement "E1".

Comme l’ultime objectif de Sharon était de supprimer la circulation des Palestiniens sur les routes des colons, il a eu l'ingénieuse idée de construire un réseau routier pour une utilisation exclusive des Palestiniens, n'ayant aucun lien avec les routes de colons, sauf par des ponts et des souterrains.

Le joyau de ce cauchemar orwellien, rebaptisé «tissu de la vie des routes», est actuellement presque terminé et achèvera la séparation territoriale entre le nord et le sud de Cisjordanie .

Plusieurs nouvelles routes raides et étroites partant des enclaves palestiniennes d’Azariya (Bethany), Abu Dis et des villages voisins serpentent à travers les collines situées au sud de E1. Elles se rejoignent toutes en une seule route à deux voies qui plonge sous la route n° 1, contournant la pointe nord de Jérusalem. La route sera bientôt prolongée jusqu’à Ramallah, complétant l'ensemble du réseau routier séparé de la zone E1.

L’ensemble du trafic palestinien venant du sud de la Cisjordanie sera forcé d'utiliser ces routes pour se rendre vers le nord de la Cisjordanie . Cela sera accompli par la simple action du blocage physique de l'accès à la route n° 1 à Azariya, qui est actuellement l’entonnoir du trafic palestinien vers le nord.

Les Palestiniens vont se réveiller un matin pour constater que le trajet de 15 minutes entre Azariya et Ramallah s'est transformé en un trajet long et pénible de 1 à 2 heures.

Aller de Bethléem à Ramallah pourrait prendre 3 à 4 heures en fonction du retard imposé au checkpoint du Containeur et de la densité du trafic. Les touristes ou les Israéliens peuvent se rendre de Bethléem au checkpoint de Ramallah à Qalandia, en une vingtaine de minutes en passant par Jérusalem si la circulation est fluide.

D'autres tronçons de routes séparées ont déjà ouvert au sud et à l'ouest de Ramallah, pour des villages «coincés» du côté ouest du "Mur de Séparation» d'Israël. La zone de Bir Naballah est maintenant coupée de Jérusalem, forçant les habitants à sortir de l'enclave vers le nord par une route passant sous la route 45 qui mène à Ramallah.

La route 443, allant du nord de Jérusalem à Modi'in a séparé de nombreux villages palestiniens de l'Ouest. Un autre réseau de routes séparées relie maintenant ces villages à Ramallah par les souterrains de la route 443.

Au sud de Jérusalem, un réseau routier identique est également en cours de construction afin de dégager la circulation des Palestiniens sur la route 60 et permettre aux colons du bloc de Gush Etzion un usage exclusif de la route. Au nord de Jérusalem, la route 60 est la principale route menant aux colonies d'Ofra, Shilo et au-delà. Elle pourrait bien être la prochaine cible dans l’initiative d'Israël visant à éliminer les Palestiniens des routes de colons.

Plus au nord, il y a une route à quatre voies, la route n° 5, qui va de Tel-Aviv à la colonie d’Ariel (25.000 habitants), au centre de la Cisjordanie , qui permet aux colons de se rendre à Tel-Aviv en vingt minutes. La construction a commencé récemment sur le prochain tronçon de la route n°5, allant de l’est d’Ariel à la route n° 60 et qui pourrait éventuellement rejoindre la route n° 90 dans la vallée du Jourdain.

L'achèvement de la route n° 5 séparera de façon permanente le nord de la Cisjordanie par une bande contrôlée par les Israéliens et permettra aux colons du centre vallée du Jourdain de se rendre à Tel-Aviv en quarante-cinq minutes, un voyage qui prend maintenant plus de deux heures.

Il y aura donc deux populations, israélienne et palestinienne, qui utiliseront le même espace simultanément et séparément. Ils circuleront comme des métros, chacun sur sa propre voie, à des niveaux différents, sans ne jamais se rencontrer. La présence éphémère de 2,5 millions de Palestiniens finira par n’avoir aucun impact sur les valeurs d’un demi-million de colons juifs. L'objectif aura été atteint, un environnement sans Arabes.

Le regroupement simultané des réseaux routiers des colons et des Palestiniens sera achevé dans les prochaines années. Toutefois, le réseau routier dans le Grand Jérusalem est maintenant en place et pourrait devenir opérationnel dans quelques mois. Cet Etat à deux couches, Israël/Palestine sont comme un Rubik's Cube sans solution. Peu importe la façon dont vous tourner, il ne peut y avoir de résultat rationnel.

Les ramifications politiques de cette situation sont profondes. Le cœur de la Palestine, Jérusalem-Est, disparaitra pour toujours en tant que capitale d'un futur État palestinien, colonisé par plus de deux centaines de milliers d'Israéliens et une augmentation de plus de 5% par an. Les quartiers palestiniens restant à Jérusalem-Est, séparés par des murs de 8 mètres de haut et des colonies toujours en expansion, ont déjà perdu leur âme communautaire.

Sans une Jérusalem-Est palestinienne dynamique, une intégrité territoriale entre le nord et le sud de la Cisjordanie , et un renversement de la saisie de terres par Israël, il ne peut y avoir d’État palestinien viable.


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