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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

Le fiasco d'Amman

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Il semble bien que les discussions sous modération jordanienne entre les négociateurs sionistes et palestiniens à Amman ne mènent nulle part. Certains observateurs soutiennent qu'elles étaient vouées à l'échec depuis le début parce que le régime israélien d'apartheid continue de refuser le gel de l'expansion coloniale. Les rencontres, qualifiées d'"exploratoires" par certains responsables de l'Autorité palestinienne, n'ont jamais eu la moindre chance de succès, étant donné le refus obstiné et têtu d'Israël de mettre fin à son occupation militaire de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de Jérusalem Est, ainsi que de permettre le rapatriement, dans leurs domiciles et leurs villages dans ce qu'on appelle aujourd'hui "Israël", des millions de Palestiniens déracinés.

Le fiasco d'Amman

Saeb Erekat (au fond) et Yitzhak Molcho (en face de lui) lors d'une des rencontres "exploratoires" à Amman, janvier 2012
C'est le minimum des exigences palestiniennes les plus élémentaires qui doivent être remplies si un accord de paix est un jour conclu.

Il est cependant évident que les soi-disant pourparlers de paix se tiennent non pas dans le but de parvenir à une paix véritable, mais plutôt pour maintenir occupés à quelque chose les deux côtés, et aussi pour satisfaire les exigences du Quartet qui aimerait avoir l'impression, même fausse et malhonnête, que quelque chose bouge et que le train de la paix n'est pas désespérément coincé dans la gare.

C'est ce que disent les négociateurs palestiniens, éternellement et à juste titre frustrés, à savoir qu'Israël, qui n'a jamais cessé de voler la terre palestinienne et de démolir les maisons des Palestiniens, ne cherche pas réellement un accord de paix digne mais essaie plutôt de liquider la cause palestinienne.

Et c'est le message qu'a envoyé Yitzhak Molcho, représentant en chef sioniste aux discussions, aux Palestiniens, quand il leur a fait part de la vision israélienne d'un "compromis" territorial final en Cisjordanie . Des sources palestiniennes ont dit que les idées de Molcho étaient inacceptables. Cependant, le seul fait que des représentants de l'AP, des gens comme Sa'eb Erekat, soient prêts à écouter Molcho peut suggérer une certaine volonté de la part de l'AP d'abandonner l'exigence centrale de se retirer du dernier centimètre de Cisjordanie . Le retrait de toute la Cisjordanie et de Jérusalem Est a toujours été une constante palestinienne qui jouit d'un large consensus national.

Selon Molcho, Israël garderait et annexerait toutes les colonies juives et les avant-postes colonialistes établis depuis 1967. Quant à Jérusalem Est occupée, la ville ferait partie de la capitale "éternelle et indivisible" d'Israël. Cependant, si les Palestiniens faisaient preuve d'un peu de "bonne volonté", Israël, dans sa grande bonté, permettrait aux Arabes et les Musulmans un accès limité aux lieux saints musulmans du Haram el-Sharif de Jérusalem.

C'est grosso modo l'essentiel de la position israélienne et il est hautement improbable que le gouvernement Netanyahu, qui est de loin le plus fasciste et le plus opposé à la paix qu'a jamais eu l'entité sioniste, fasse des "concessions" sérieuses qui pourraient donner à l'AP et aux chasseurs de mirage arabes désespérés, comme le Roi de Jordanie ou les membres du Quartet, un minimum d'espoir de conclure un accord.

Les Israéliens savent que le Quartet n'est pas en position de faire pression sur Israël pour qu'il fasse de vraies concessions pour la paix. De plus, l'administration des US(a) est entrée dans une année électorale au cours de laquelle les candidats à la présidentielle sont obligés de choisir entre deux choix peu attirants concernant Israël : soit ils se transforment délibérément en véritables prostituées politiques qui doivent satisfaire les désirs et les caprices d'Israël, soit ils se suicident d'un point de vue politique.

Un exemple de cette dépravation politique est arrivé récemment, lorsque le candidat républicain Newt Gingrich a qualifié les Palestiniens de "peuple inventé". Le candidat à la présidentielle désespérément ignorant a oublié que comparé au peuple palestinien, le peuple des États-Unis (à l'exception des indigènes) est bien plus qu'inventé puisque la plupart des Étasuniens sont des immigrants venus des quatre coins du monde.

Le rival de Gingrich, Mitt Romney, devrait également s'adonner à une diarrhée verbale similaire pour plaire à Israël et aux cercles pro-israéliens puissants et riches des États-Unis.

La même chose s'applique à Barack Obama, qui ne manque jamais une occasion d'encenser Israël, un État qui mérite d'être traité de crime contre l'humanité pour la douleur extrême et l'oppression monumentale qu'il a infligées et inflige à un peuple sans défense, dont le seul crime est de ne pas faire partie de la sainte tribu, la "race supérieure", autrement dit le peuple élu.

Il est donc vain d'espérer que l'administration américaine traite un jour les Palestiniens avec un semblant de justice. La culture politique des États-Unis est simplement trop machiavélique pour produire des présidents guidés par des principes moraux, qui prendraient le train de la moralité plutôt que celui de l'opportunisme.

Quant à l'Union européenne, il est évident que le maximum qu'elle peut faire ne serait pas encore suffisant pour obliger Israël à accéder aux exigences internationales ou tenir compte du droit international. Cela signifie que l'Union européenne ne peut que jouer un rôle complémentaire au rôle américain. En outre, certains États européens comme l'Allemagne sont toujours accablés et paralysés par l'héritage de l'holocauste et ne peuvent pas réellement adopter, vis-à-vis du régime sioniste, une politique sérieuse qui pourrait conduire à une paix véritable.

Le rôle joué par les Russes au sein du Quartet est lui aussi secondaire et symbolique, malgré la rhétorique pro-palestinienne que nous continuons d'entendre de la part des diplomates russes parlant l'Arabe et qui apparaissent sur les écrans des chaines de télévision arabes et russes.

En clair, il est vraiment difficile de penser à une quelconque chance raisonnable d'un authentique accord de paix qui répondrait au minimum des aspirations palestiniennes et qui obtiendrait l'agrément d'une majorité de Palestiniens, au pays ou en diaspora.

Au lieu de cela, on assiste à un travail israélien concerté et acharné pour imposer aux Palestiniens des faits accomplis. Selon ces faits accomplis, qu'Israël cherche à perfectionner en bâtissant toujours plus de colonies et en développant celles qui existent, tout éventuel État palestinien ne couvrirait que des morceaux du territoire occupé, mais pas sa totalité, avec la plus grande partie de Jérusalem Est restant sous occupation.

Quant au droit au retour, il est probable que les deux côtés seront d'accord pour être en désaccord sur cette question primordiale, mais il reste à voir si ce dossier épineux entravera un éventuel accord partiel.

A l'évidence, les Palestiniens n'ont pas beaucoup d'alternatives à partir desquelles faire un choix.

Il est cependant vital que la direction et les dirigeants palestiniens ne sacrifient pas les constantes nationales palestiniennes pour des faveurs et un soutien financier des Américains et des Européens.

En dernière analyse, la direction de l'AP devrait être capable de "jeter les clés" et d'abandonner l'objectif de construire un État. Je dis ceci parce qu'édifier un État en soi n'a jamais été un objectif primordial ou central.

Bien sûr, dans les diverses phases de leur lutte, les Palestiniens ont toujours voulu libérer leur terre usurpée des griffes illégitimes du sionisme international. Mais la dernière chose qu'accepteraient les Palestiniens, au pays ou en exil, ce serait d'établir un État sur une petite partie de leur patrie ancestrale, en échange de la liquidation de leur cause et de la décapitation de leurs droits historiques, dont le droit au retour.

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