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Palestine occupée -

En ce 72e anniversaire de la Nakba, l'annexion israélienne hâte l'effacement de l'histoire palestinienne

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Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'est rendu en Israël mercredi de cette semaine, deux jours avant le 15 mai, date à laquelle les Palestiniens commémorent un nouvel anniversaire de la Nakba de 1948. L’anniversaire de cette année est exacerbé par les plans d'annexion américano-israéliens. Alors que les Palestiniens se souviennent du nettoyage ethnique sur lequel l'État colonial d'Israël a été fondé, les États-Unis et Israël vont consolider leurs plans pour étendre le Plan Dalet initial, par des moyens qui violent le droit international.

En ce 72e anniversaire de la Nakba, l'annexion israélienne hâte l'effacement de l'histoire palestinienne

Février 2020 – Les Palestiniens protestent à Gaza contre le « deal du siècle » américano-israélien.
Pourtant, de tels plans ne soulèvent guère d'objections en raison de la normalisation constante de l'expansion des colonies par la communauté internationale.

Parlant de transfert forcé lors d'une réunion avec l’Agence juive en 1939, le leader sioniste et fondateur de l'Israël colonial David Ben Gurion a déclaré : "Je n'y vois rien d'immoral". Non seulement Ben Gourion ne voyait rien d'immoral dans la planification du déplacement forcé des Palestiniens, mais ses paroles ont également lancé la tendance à la normalisation que la communauté internationale a adoptée depuis la Nakba.

L'accent est maintenant mis sur les plans américano-israéliens d'annexion de parties de la Cisjordanie occupée - la dernière phase d'une série de tactiques de déplacement colonial que l'ONU a tacitement toléré les années précédentes en refusant de sanctionner Israël. Selon l'ambassadeur américain en Israël, David Friedman, les États-Unis reconnaîtront 30 % de la prochaine annexion entreprise par Israël.

En effet, depuis que Donald Trump a été élu président des États-Unis et s'est ouvertement engagé dans une série de décisions politiques visant à faciliter le concept sioniste du Grand Israël, la communauté internationale s’est vue offrir l’occasion de cultiver une plus grande impunité vis-à-vis Israël. En opposant le paradigme des deux États à ‘l'accord américain du siècle’, l'ONU a amorcé une tendance à se concentrer sur la politique américaine, laissant Israël en récolter les bénéfices en toute impunité.

Cette déformation intentionnelle du scénario politique actuel est dangereuse pour les Palestiniens. En 1948, le monde a assisté au premier déplacement forcé de la population palestinienne auquel l'ONU a prétendu remédier en publiant la résolution 194 - le droit au retour, dans une formulation imparfaite qui favorise la colonisation au détriment des droits de la population indigène.

En partie, l'article 11 de la résolution stipule "Les réfugiés qui souhaitent rentrer chez eux et vivre en paix avec leurs voisins devraient être autorisés à le faire le plus tôt possible". Pourquoi les réfugiés palestiniens, victimes du sionisme, sont-ils contraints à un compromis pour rentrer chez eux ? En outre, la formulation exonère la violence coloniale sioniste en espérant que les Palestiniens vivent en paix avec les intrus européens qui affirment maintenant leur présence sur la base d'une histoire d'appartenance fabriquée de toutes pièces.

Les Palestiniens ont largement fait référence à cette résolution comme une affirmation leur droit au retour. Cependant, la rédaction de la résolution est également un outil commode pour que l'ONU s'abstienne de tenir Israël pour responsable. D'où l'accent mis par la communauté internationale sur les "colonies" comme obstacle à la paix, alors que les déplacements forcés des Palestiniens sont isolés dans des statistiques et des préoccupations humanitaires.

Les plans d'annexion américano-israéliens prolongent la Nakba comme un grand geste après des décennies de dépossession progressive. En retour, le refus de la communauté internationale de s'attaquer à toutes les formes d'expansion coloniale israélienne, y compris l'annexion, témoigne du mépris de ce que le peuple palestinien continue d'endurer.

Comme l'écrit l'historien palestinien Nur Masalha dans son livre La Nakba palestinienne (1), "La paix restera insaisissable tant que l'approche d'Israël à l'égard des réfugiés palestiniens consistera à les effacer de l'histoire".

Avec les plans de l'administration Trump qui finiront par modifier la définition des réfugiés palestiniens - l'objectif étant d'éliminer toutes leurs revendications – l’effacement en tant que forme de violence doit être expliquée à la fois en termes de politique et de mémoire.

La solution prétendument pragmatique du conseiller principal américain Jared Kushner pour les droits des réfugiés palestiniens est d'éliminer leurs demandes légitimes en proposant et en mettant en œuvre l'intégration des réfugiés palestiniens dans les pays d'accueil arabes.

L'adhésion de l'ONU au compromis de deux États fait également partie de l'effacement des Palestiniens. Tout au long des précédentes négociations diplomatiques, le droit au retour des Palestiniens n'a jamais fait l'objet d'une attention autre que symbolique. Le retour lui-même est devenu lié au symbolisme - le nombre de réfugiés qui seraient autorisés à vivre dans un futur État palestinien selon le paradigme international représenterait une fraction des réfugiés palestiniens ayant le droit de retourner en Palestine historique.

L'annexion est la dernière forme d'éradication palestinienne. En créant de nouveaux réfugiés palestiniens et en jetant en même temps les bases de leur oubli, les États-Unis et Israël tentent de continuer la Nakba tout en modifiant le langage politique. Comment la prochaine vague de Palestiniens déplacés de force sera-t-elle évoquée au sein de la communauté internationale et en termes de négociations futures ? Les Nations unies vont-elles s'aligner sur les États-Unis et Israël en maintenant la politique de déplacements forcés tout en encourageant une plus grande fragmentation du peuple palestinien en distinguant entre 1948 et aujourd'hui à cet égard ?

En politique internationale, on considère que les États-Unis ont abandonné le consensus des deux États. Cependant, les États-Unis et la communauté internationale sont tous deux les architectes de la politique qui vise à expulser le territoire et le peuple palestiniens.

Pour le peuple palestinien, d'autre part, la Nakba est un processus d'expulsion en cours. L'annexion fait également partie de la Nakba permanente des Palestiniens. Tant en termes de politique que de mémoire, les plans d'annexion sont une continuation de la dépossession palestinienne antérieure.

La communauté internationale, en revanche, a traité l'annexion comme une simple violation du droit international, qui attirera suffisamment l'attention diplomatique sur la politique des deux États, au lieu de se concentrer sur les réfugiés créés par Israël depuis 1948.

Si cette tendance se poursuit, le discours sur les réfugiés et le souvenir de la Nakba seront isolés au sein de la société palestinienne. Cependant, en termes d'action politique, l'écart entre la préservation de la mémoire palestinienne et les références opportunistes de la communauté internationale à la Nakba continuera de croître.

Pourtant, les Palestiniens ont prouvé leur résilience et ne renonceront pas à leurs droits historiques sur leurs terres, même si la communauté internationale continue à restreindre leurs chances d'affirmation politique en exploitant les souvenirs de la Nakba tout en donnant la priorité à ceux d'Israël pendant le reste de l'année. Si la réponse collective de l'ONU aux plans d'annexion d'Israël reste inscrite dans le paradigme de deux États, la communauté internationale doit assumer son rôle dans l'effacement de la mémoire et de l'histoire palestiniennes.


(1) The Palestine Nakba: Decolonising History, Narrating the Subaltern, Reclaiming Memory, Nur Maslha, 2012.

Source : Inside Arabia

Traduction : MR pour ISM

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