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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Le lexique renégat au sujet d'Israel et du sionisme

Par

> debmail@alum.barnard.edu

Deb Reich est auteur et traducteur en Israel/Palestine.

En fait, à ce jour (en mars 2008), la Palestine est vivante et même bien vivante, même si elle extrêmement maltraitée et assiégée, juste sous la surface d'Israël, elle est en train d’apparaître un peu partout, à travers les fissures des trottoirs, de la façon la plus irrésistible que l’on puisse imaginer.
La Palestine ne disparaitra pas. Que nous soyons pour ou contre, la Palestine ne peut pas disparaître.

Le lexique renégat au sujet d'Israel et du sionisme


Caricature de Carlos Latuff : "Juste un jeune petit Etat qui cherche à vivre en paix avec ses voisins."

Israël/Palestine

Les gens continuent à faire référence à Israël en tant qu’Israël, peu importe à qui appartiennent les terres sur lesquelles il s’agrandit ou dans quelle mesure, comme si la Palestine pouvait disparaître en négligeant de la mentionner, encore une fois.

En fait, à ce jour (en mars 2008), la Palestine est vivante et même bien vivante, même si elle extrêmement maltraitée et assiégée, juste sous la surface d'Israël, elle est en train d’apparaître un peu partout, à travers les fissures des trottoirs, de la façon la plus irrésistible que l’on puisse imaginer.

La Palestine ne disparaitra pas. Que nous soyons pour ou contre, la Palestine ne peut pas disparaître. Que l’identité palestinienne soit récente ou non, que le nom soit d’origine ou non, la Palestine est un fait, et les Palestiniens aussi.

Nous, les Juifs, ne sommes pas les seuls ici. Que nous soyons là depuis longtemps, en petit ou en grand nombre, nous n'avons jamais été seuls ici !

Il faut s’y habituer ! Je gère ce problème en appelant ce pays Israël/Palestine, pour l'instant. Parfois (pour la parité), je l'appelle "Palestine/Israël. Ce n’est pas une solution parfaite, mais elle n’est pas mauvaise.


Aliya/Yerida

De façon incroyable, les juifs du monde entier décident encore parfois de «faire leur alya en Israël." Une "alya" est littéralement une ascension, le même mot est utilisé quand un juif a l’honneur de lire à haute voix, devant la congrégation réunie dans une synagogue, un texte de la Torah.

Pour un croyant juif, immigrer en Israël est aussi considéré comme une ascension spirituelle.

Pendant ce temps, l’ensemble de la terre israélienne est en train de s’enfoncer progressivement sous le poids de ses propres dilemmes moraux grotesques, de ces lourds engins, les bulldozers géants raseurs de maisons, sous le poids de la macabre Barrière de Séparation en plaques de béton de 8 mètres de haut et du désespoir à Gaza, un fardeau trop lourd à porter même pour la géologie.

Pour venir ici, ces temps-ci, de Boston, de Cincinnati ou de Buenos Aires, cela implique certainement une certaine descente plutôt qu’une ascension.

La "Yerida» (descente), qui jusque-là en Israël signifiait "l'émigration d'Israël", c'est bien ainsi que nous devrions appeler l’immigration en Israël de nos jours, et "faire une alya" (partir pour des terres plus élevées) ne devrait faire référence à l'intention des nouveaux arrivants en Israël mais aux dizaines de milliers d'Israéliens qui décampent, chaque année, pour des cieux plus sensés à l'étranger.

Si nous ne nous secouons pas rapidement, le pays tout entier va finir par s’enfoncer sous le niveau de la mer comme la Vallée du Jourdain, et nous devrons faire venir des experts néerlandais pour nous aider à construire des digues le long de la côte méditerranéenne. (Les entreprises important de la main-d'œuvre étrangère ne s’en donneront pas à cœur joie ce jour-là !)

Les Juifs fervents insisteront sans doute sur le fait qu'émigrer vers Israël est encore une ascension dans le sens spirituel, mais - et pour le dire de la façon la plus courtoise possible - ils ont totalement et absolument tort. Ici, les valeurs juives de base sont soumises à une attaque forte et continue des puissances obscures, et à l’heure où j’écris ces lignes, les puissances obscures ont beaucoup d’avance.

Vous devez chercher héroïquement pour trouver une personnalité publique qui n’est pas accusée, ou mise en examen ou sur le point d'être mis en examen pour des actes de corruption énormes et sordides ou de turpitude morale (attention, jeunes lecteurs : cela signifie qui vous avez été accuser de voler l’argent des contribuables ou de violer votre secrétaire, ou peut-être de se lancer dans une guerre cruelle et inutile avec les voisins, tout en gardant un poste important dans la fonction publique).

La mauvaise gestion des scandaleux pouvoirs de l’armée dans ce pays a récemment engendré la création d’une organisation appelée "Les combattants pour la Paix», un groupe d'anciens soldats et commandos israéliens (et palestiniens) qui ont compris que la force n'est jamais une solution permanente. Ils savent que les deux peuples vont devoir vivre ensemble ici et que répandre encore plus de sang ici ne leur enseignera pas comment le faire.

Je ne serais pas surpris d’apprendre un beau jour que les généraux et amiraux sensés aux Etats-Unis qui sont scandalisés par les scénarios pour l'Iran dignes du Dr. Folamour de la cabale de Bush, invitent les combattants pour la paix pour leur apprendre à se rebeller contre leur propre bande de politiciens fous de pouvoir, ivres de fantasmes de domination impériale par l'aventurisme militaire.



Juif/Israélien

Lorsque je suis arrivé en Israël en 1966, en tant qu’un adolescent juif américain à la recherche de ses racines ethniques, j'ai remarqué une chose étrange sur le langage ici. Les Juifs israéliens, parlant hébreu, utilisaient souvent les mots "Israël" et "Juif" de façon interchangeable. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'interroger sur ce point.

Je savais, assez vaguement, que certains Israéliens n'étaient pas juifs, mais je n'avais pas encore entendu parler de l'importance de la population des citoyens arabes d'Israël qui avait été soumise à une administration militaire dans leurs propres communautés au sein de l'État d'Israël jusque dans les années 1960, cette communauté compte aujourd'hui environ 1,1 millions de personnes.

Pendant ce temps, j'étais là, certainement Juif mais pas Israélien (j'ai acquis la citoyenneté israélienne bien plus tard, en 1984).

Bien qu’à l’époque j’étais inexpérimenté et manquant de contexte, je pouvais quand même comprendre que cette confusion basique d’identité n’augurait probablement rien de bon et en effet, rien de bon ne s’est produit au cours des quarante ans et plus qui se sont écoulées depuis.


Zionisme / Zayyinisme

Le fantasme fabriqué sur ce pays qui est vendu aux Juifs à l'étranger présente toujours le "Sionisme" comme quelque chose de particulièrement positif et inspirant. Les Juifs à l’extérieur d'Israël ne savent pas ou se moquent que pour plus d'un million de citoyens de l'État d'Israël, soit un sixième de la population, le sionisme est à peu près aussi positif et inspirant que le Jour de Christophe Colomb pour les nations autochtones américaines ( «les Indiens»).

Le yin du sionisme est "Hourrah pour nous, les Juifs !"
Mais le yang du sionisme est "Est-ce que tous ces (autochtones) Arabes ne pourraient pas trouver un autre endroit où vivre ?"


Sur une base purement logique, il n'y a pas de raison spéciale pour que les Sionistes ou le Sionisme soient populaires chez les Arabes palestiniens en Israël, dont beaucoup de grands-parents, même s'ils ne s’appelaient pas des Palestiniens, étaient déjà ici quand les Sionistes ont commencé à arriver.

Les immigrés sont toujours tout sauf populaires, peu importe l’endroit où ils arrivent dans le monde, et plus les immigrés sont nombreux quand ils arrivent, moins ils ont tendance à être populaires auprès de la population préexistante, et les nouveaux venus qui arrivent avec l'intention déclarée de faire valoir des droits souverains à la place des autorités locales existantes ne gagneront certainement jamais de concours de popularité.

En effet, quand le sionisme a dit : "Dégage, Rover, nous arrivons, et nous prenons la responsabilité", l’accueil froid que lui ont réservé les habitants locaux était à prévoir.

Lorsque j'ai appris l'hébreu, j'ai été amusé de découvrir que le mot sacré "Sionisme" était prononcé totalement différemment en hébreu : tsee-yo-NOOT. Le mot en hébreu le plus proche phonétiquement du mot anglais de "Sion" (qui désigne l'Israël biblique, le berceau du Judaïsme, etc) est le mot hébreu "zayyin" qui signifie deux choses : (a) la lettre «z» en hébreu et ( B) une arme, mais dans l'usage familier : le mot d’argot pour pénis.

Oui, en effet. En termes populaires, "zayyin" signifie "bite". Donc, "zayyinisme" peut plus ou moins être interprété comme une domination masculine agressive : mener quelqu’un avec sa bite ; arnaquer les gens, la contrainte comme moyen privilégié d'interaction ; la brutalité comme manière par défaut. C'est triste à dire, mais le "zayyinisme" dans ce sens est une description relativement précise de la façon de penser des juifs israéliens en 2008.

On le voit dans la façon dont les gens se poussent aux caisses des supermarchés, on le voit dans la façon arrogante dont de nombreux conducteurs mettent systématiquement en danger la vie des autres conducteurs sur les routes, on le voit dans la façon grossière dont parlent les soldats israéliens à leurs familles quand ils sont au repos, et on le voit dans la manière brutale dont beaucoup trop de soldats israéliens en service communiquent avec les Palestiniens, qu’ils soient jeunes ou vieux, estropiés, malades, enceintes, en sang, etc.

Aujourd'hui, les Zayyinistes israéliens en uniforme (ou encore plus tristement, les Zayyinistes israéliennes) pointent leurs armes à l’air phallique sur des civils sans défense et leur donnent des ordres. De façon agressive.

Oui, le Zayyinisme est vivant. Mais le sionisme ? Comme prévu à l'origine, en tant que noble mouvement de renaissance nationale, le Sionisme est effectivement mort. En fonction de votre milieu socio-culturel, vous trouverez peut-être cette déclaration très dure à accepter - honnêtement, j'ai parfois moi-même du mal à l’accepter -, mais nier la réalité ne changera rien. Au mieux, nous pourrions dire que le sionisme en 2008, est un rêve accompli, ou de toute façon un rêve dont le temps est venu pour sa disparition. Au pire, de l'autre côté du mur, c'est un cauchemar qui continue, un golem, une grotesque caricature de lui-même. C'est terriblement triste ; aucun doute sur ce sujet.



Un nouveau rêve à la recherche d'un nom

Un rêve partagé par des millions de personnes sur plusieurs générations fait des vagues très importantes quand il meurt.
Le modèle Kubler-Ross est pertinent : Premièrement, il y a le déni ("le sionisme est vivant !"), puis la colère ( "Comment osez-vous, vous un Juif, vous auto-haïr!"), puis le marchandage ( "Si les autres pays ignorent notre mauvaise situation des droits de l’homme, alors nous allons ignorer les leurs "), puis la dépression ("De toute façon, ils nous détestent tous, quel est l'intérêt de même essayer"), et enfin – l’acceptation.

Rien de bon ne peut pousser sur une tombe jusqu'à ce que le corps soit enterré. Quand le Sionisme s'est transformé en Zayyinisme, le noble mouvement pour la renaissance nationale juive sur la terre de nos ancêtres est effectivement mort.

Lorsque nous accepterons sa disparition et le fait de l'enterrer, un nouveau rêve extrêmement louable pourra pousser sur la tombe de l'ancien.

Et voici ce que le nouveau rêve pourrait être : Il s'agit de mettre en œuvre une nouvelle société civile commune, globale, originale sur cette terre où chaque être humain, et toutes leurs innombrables identités individuelles et de groupes - religieuses, nationales, ethniques, linguistiques, et autres - pourraient prospérer. (Plus jamais la guerre ! Avançons vers la synergie et le pluralisme !)

Si nous pouvions juste entrevoir une seule fois, chacun d'entre nous, même vaguement, un rêve partagé dans ces termes, nous pourrions commencer le véritable travail de co-création d’une patrie dont nous pourrions tous être fiers.

Source : http://www.amin.org/look/

Traduction : MG pour ISM

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