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ISM France - Archives 2001-2021

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Turquie -

Les relations Turquie-Israël

Par

> lendmanstephen@sbcglobal.net

En mai 2010, l'attaque israélienne du Mavi Marmara, le vaisseau-mère de la Flottille de la Liberté pour Gaza, qui a tué neuf citoyens turcs, a attisé les tensions entre les deux pays. A l'époque, la Turquie a prévenu qu'elle pourrait rompre les relations diplomatiques si Israël ne présentait pas ses excuses, ne consentait pas à une enquête internationale indépendante et ne mettait pas fin à son siège de Gaza. Israël a refusé et a fait de l'obstruction. S'en sont suivis des liens effilochés qui en fait avaient commencé à se défaire au début du nouveau millénaire, malgré des années de relations étroites militaires, économiques, politiques, technologiques, culturelles, universitaires et pratiques.

Les relations Turquie-Israël

Victoire de l'AKP, juin 2011. "Avec la victoire de l'AKP, Gaza, la Palestine et Jérusalem ont aussi gagné", a déclaré Recep T. Erdogan.
Les Accords d'Oslo de 1993, basés sur des notions (fausses) qu'Israël cherchait la paix, avaient facilité ces relations. Elles étaient quand même tout sauf entièrement cordiales. Des tensions sous-jacentes persistaient qui ont grandi au fur et à mesure que la paix s'avérait illusoire, Israël choisissant la confrontation qui a éclaté pendant l'Intifada Al-Aqsa (la seconde) de septembre 2000.

A l'époque, le premier ministre turc d'alors Bulent Ecevit avait fustigé Israël. La guerre en Irak de 2003 a aussi provoqué des frictions, les deux pays ayant des positions opposées. Israël était favorable à l'élimination d'un rival régional et Lla Turquie voulait le statu quo, était opposée à la partition de l'Irak et à l'établissement de fait d'un Kurdistan à sa frontière.

La guerre d'Israël au Liban en 2006 a exacerbé les tensions, de même que Plomb Durci, du 27 septembre 2008 au 18 janvier 2009, qui a tué et détruit en masse. Le Premier ministre Recep Erdogan a accusé Israël de crimes de guerre et d'usage d'armes terroristes illégales comme le phosphore, disant :

"Personne ne peut affirmer que les bombes au phosphore ne sont pas des armes de destruction de masse."

Il a également condamné les survols aériens d'Israël du Liban, parfois à basse altitude, les qualifiant de "actions inacceptables qui menace la paix mondiale." De plus, il dénonce les attaques aériennes et les incursions terrestres régulières sur Gaza, interrogeant il y a peu, "Le gouvernement israélien est-il ou non favorable à la paix ? Gaza a encore une fois été bombardée hier. Pourquoi ? Il n'y avait pas eu d'attaques de roquettes. Israël a des capacités et une puissance disproportionnés et il en use. Il ne se conforme pas aux résolutions de l'ONU. Ils disent qu'ils feront ce qu'ils veulent. Nous ne pouvons en aucun cas approuver une telle attitude."

En 2009, au Forum économique mondial, Erdogan avait quitté la tribune après un échange animé avec le président israélien Shimon Peres au cours duquel il avait condamné l'opération Plomb Durci. Le conflit a perturbé les efforts de médiation israélo-syriens de la Turquie à l'époque, selon sa politique de "zéro problème" avec les Etats voisins, dans l'espoir de faire avancer son rôle régional et de se positionner comme un acteur principal pour faciliter, entre autres objectifs, l'adhésion à l'Union européenne.

Erdogan avait déclaré :

"La Turquie veut partager le fardeau de l'Union européenne plutôt qu'être un fardeau pour elle. Pour être une puissance mondiale, il faut avoir une vision globale et des relations avec les différentes régions (...). La Turquie sera la porte de l'Union européenne vers l'Asie, le Moyen-Orient et le monde islamique (...). La sécurité totale de l'Union européenne passe par l'adhésion pleine et entière de la Turquie."

En d'autres termes, la Turquie veut se positionner comme la puissance régionale incontournable, médiatrice et partenaire de la paix, tout en maintenant des liens avec l'Est et l'Ouest. Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a dit :

"Le nouvel ordre mondial doit être plus intégratif et participatif. (...) La Turquie sera parmi ces acteurs actifs et influents qui s’assoient autour de la table pour résoudre les problèmes plutôt que de les regarder s'envenimer."

Néanmoins, parce que les tensions en cours ont perduré, la Turquie a annulé la participation d'Israël à l'exercice militaire Aigle d'Anatolie en octobre 2009, ce qui a ulcéré les officiels israéliens bien qu'ils aient estimé que les problèmes étaient temporaires.

Vint ensuite mai 2010 et l'incident du Mavi Marmara, qui a provoqué des frictions considérables et des commentaires officiels hostiles. En janvier dernier, par exemple, Erdogan a dit que l'enquête sur le massacre de la Flottille par la Commission israélienne Turkel manquait de crédibilité ou de valeur pour conclure qu'il n'y avait eu aucune violation du droit international alors qu'en fait, les commandos israéliens avaient perpétré des meurtres de sang froid.

Erdogan veut également que le siège de Gaza prenne fin, il a dit que le Hamas est le gouvernement légitime de Palestine et que le pire Israël est celui de Netanyahu, ajoutant que le ministre des Affaires étrangères/vice-premier ministre Avigdor Lieberman est "son plus grand problème."

La Turquie veut la sécurité au Moyen Orient. Israël la menace souvent. Les deux pays rivalisent aussi pour la domination régionale, alors qu'en même temps ils coopèrent sur l'armée, le renseignement et autres intérêts stratégiques mutuels.

Sous Erdogan, la Turquie cherche un rôle plus important au Moyen Orient, dont celui d'intermédiaire entre les côtés divergents tout en remplissant ses obligations en tant que membre de l'OTAN. En mars 2011, elle a envoyé cinq navires et un sous-marin sur les côtes de la Libye. Hurriet Daily News a cité Erdogan :

"La Turquie dit 'oui' à trois missions au sein de l'OTAN : la reprise de l'aéroport de Benghazi pour la livraison de l'aide humanitaire, le contrôle du couloir aérien et l'implication des forces navales turques dans le couloir entre Benghazi et la Crète."

Depuis avril, la gestion des opérations aériennes de l'OTAN sur la Libye est assurée depuis le quartier général du commandement air de l'OTAN pour le Sud-Europe, basé à Izmir. De plus, du 1er mai au 2 juin, la Turquie a accueilli une conférence des forces d'opposition "Changement en Syrie" sans faire pression pour un changement de régime. En fait, après que le conseiller du Président Abdallah Gül, Ersat Hurmuzlu, ait dit à la télévision Al-Arabya d'Arabie Saoudite qu'Assad avait moins d'une semaine pour répondre aux exigences des protestataires, il s'est rétracté et a dit :
"Nous ne redessinons pas les maisons des autres. C'est le problème de la Syrie," en net contraste avec les sources saoudiennes et états-uniennes qui appellent ouvertement à un changement de régime, et Obama qui exige qu'Assad "fasse des réformes ou qu'il s'en aille."

Par contre, la Turquie sait que si la Syrie s'enflamme, elle sera confrontée à des problèmes multiples, dont une crise des réfugiés bien plus importante qu'actuellement. Ses espoirs de devenir un des chefs de file de l'"Alliance Nord" s'éloigneront. En conséquence, elle veut conduire les changements pour faire avancer sa propre position et peut-être réussir l'impossible : satisfaire tous les bords et éviter une expansion du conflit régional.

Contre les intérêts occidentaux et israéliens, cependant, elle n'obtiendra pas grand chose, mais dans son propre voisinage, elle est déterminée à essayer, d'où des communiqués sur une réconciliation avec Israël. Voir plus bas.

En même temps, plus la Turquie s'affirme, plus elle est en désaccord avec Washington, son allié-clef OTAN/UE, et Israël. Le fait d'essayer de plaire à tous les côtés tout en se positionnant comme un acteur régional incontournable peut entraîner plus de problèmes que de succès, en particulier à cause de l'objectif de Washington qui consiste en un contrôle incontesté du Bassin méditerranéen, de l'Afrique du Nord aux frontières de la Russie et de la Chine, en passant par le Moyen-Orient et l'Asie Centrale, en se servant de la Turquie pour ses propres intérêts stratégiques.

Des négociations secrètes Turquie/Israël

Le 21 juin, le journaliste du Ha'aretz Barak Ravid a écrit un article intitulé : "Discussions directes secrètes Israël-Turquie pour réduire la rupture diplomatique" disant : "Des discussions directes et secrètes ont eu lieu entre les responsables israéliens et turcs pour essayer de résoudre la crise diplomatique entre les deux pays, a déclaré un responsable bien placé à Jérusalem. Les négociations ont le soutien des Américains. Une source du ministère turc des Affaires étrangères et un officiel US ont confirmé ces discussions, bien qu'en Israël, les conseillers du premier ministre et du ministre des Affaires étrangères n'aient pas souhaité faire de commentaires."

De plus, Washington a rencontré des responsables turcs de premier plan pour améliorer les relations avec Israël et obtenir d'Ankara l'abandon de sa participation à la Flottille II de fin juin, maintenant annulée sans que les questions du massacre sur le Mavi Marmara soit résolu.

En fait, un rapport d'enquête des Nations Unies doit sortir début juillet. Les deux parties qu'il représente "veulent utiliser cette publication comme une opportunité (...) pour mettre l'affaire en retrait et rétablir les liens."

La réélection d'Erdogan le laisse aussi plus libre d'être "pragmatique", à condition qu'il puisse négocier avec succès une solution syrienne pacifique. En même temps, Netanyahu a dit il y quelques temps qu'"Israël ne souhaite pas laisser perdurer une relation tendue et serait heureux d'avoir une occasion d'améliorer la situation," à condition bien sûr qu'il fasse quelques concessions pour en obtenir de nombreuses, comme lorsqu'il négocie avec Washington.



Source : Blog Stephen Lendman

Traduction : MR pour ISM

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