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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Nof Zion : manipulations pour effacer la réalité de Jebel Mukaber

Par

Traduit de l'Hébreu par Judith Green

Juste à côté de Jebel Mukaber, au bord du quartier de Talpiot Est, un luxueux projet de construction juif prend vie, qui couvrira par la suite 170 dunams, comprenant des logements, un centre sportif, un parc, un jardin d'enfants, une synagogue et un centre commercial.
Le projet qui est construit à Jebel Mukaber, "Nof Zion", est un projet privé, une pure entreprise commerciale sans aucun contexte politique.

Nof Zion : manipulations pour effacer la réalité de Jebel Mukaber


"Un peuple sans terre pour une terre sans peuple ?" (vieux slogan Sioniste)

Etant donné cela, l'attitude de l'entrepreneur du complexe reflète un comportement commun à l'establishment israélien pour instaurer sa juridiction sur les terres à Jérusalem-Est.

Le magnifique tract préparé pour commercialiser le projet à la population juive ciblée prête une attention particulière à la description du secteur entourant le nouveau quartier. Il inclut également un schéma du projet et une vue que l'on peut voir depuis le site.

Le schéma, dans un style oriental commun au début du siècle, montre une scène romantique, calme et champêtre. Le site est rempli de maisons juives, entourées par des bâtiments publics verts sur une grande échelle, beaucoup de couleurs pastel, légères et tranquilles.

À ses pieds, un secteur peu développé, aussi champêtre, où quelques petites maisons arabes sont dispersées : distantes et ne représentant aucune menace. Ce sont les maisons de Jebel Mukaber.

Le problème avec ce dessin, c'est qu'il est non seulement problématique, mais réellement faux, puisque la manipulation se situe non seulement dans la coloration, mais dans la déformation de la réalité.

Dans le dessin, le village n'existe pas, seulement un certain nombre de maisons isolées, loin du quartier juif, non menaçantes, mais la couleur dominante dans le dessin – des nuances de vert-bleu-or-marron – est différente du gris qui caractérise l'architecture locale.

Au moyen d'une brosse, le village disparaît, sa réalité est effacée, ses maisons disparaissent comme si elles n'avaient jamais existé, et la vue est entièrement nationalisée pour servir le quartier juif qui surgira.

Une autre sorte de manipulation apparaît sur la page suivante, où est dépeinte la vue depuis les maisons du quartier. Puisque c'est une photo, il n'est pas possible d'effacer les maisons du village, mais la manipulation est établie sur deux dimensions : la première est l'insertion d'une large bande de ciel bleu, et la seconde est la ligne d'horizon bucolique qui est composée presque entièrement de sites juifs.

Dans le fond on voit le Mont des Oliviers, le Mont Scopus, le Mont Moriah, le Mur des Lamentations, la ville de David, le Mont Zion, l'Hotel du Roi David, l'hôtel Sheraton, l'hôtel Plaza, la promenade de Talpiot-Est et les quartiers de Talbieh et de Rehavia.

Le seul site non-Juif apparaissant sur la photo est l'hôpital Augusta Victoria, qui est également indiqué de façon inexacte, car le bâtiment qui est indiqué est en réalité l'église Pater Noster, et non Augusta Victoria.

Cependant, si l'on regarde l'ensemble de la photo, on peut remarquer qu'un village arabe se trouve bien à côté du site juif, juste en dessous.

Le village de Jebel Mukaber est présent sur la photo, mais pas dans l'esprit de l'observateur. Non seulement cela, mais sur la crête même où apparaissent les site pour Juifs seulement, il y a réellement un certain nombre d'autres villages arabes, qui sont également remarquables par leur absence.

S'ils indiquent Talbieh et Rehavia, pourquoi oublier les quartiers d'A-Tur, Sawanah, cheik Jerrah, Wadi Joz, qui sont également situés sur la même ligne d'horizon ; ou Sur Bahar, vers la droite de l'image, qui est visible depuis le site.

La vue sur la photo indique clairement que le village vu au pied du quartier juif est une illusion optique, il n'existe pas réellement, on peut ignorer son existence, sa présence ennuyante, la voix du muezzin et les bruits de sa vie.

Le quartier à proximité est sans importance, mais la crête vue au loin en a. Le message de la photo est : "Remarquez que le Mur des lamentations n'est pas loin, même si vous pouvez bien le voir ; cependant, les voisins, de l'autre côté de la rue, n'existent pas même si vous les voyez."

Nof Zion est seulement un exemple du mode opératoire de la colonisation dans son ensemble face à la présence arabe, en Cisjordanie et en particulier à Jérusalem Est. Nous avons ici une version moderne de la déclaration classique des Sionistes : "Un peuple sans terre pour une terre sans peuple."

Cependant, si, au 19ème Siècle, cela était dit par ignorance, aujourd'hui c'est dit par perversité. C'est un effort pour effacer la présence arabe, pour prendre l'espace, avec la terre, la vue, pour judaizer Jérusalem-Est avec un ensemble de projets de construction juifs et annihiler la présence arabe. Une partie peut être physiquement effacée, c'est-à-dire, qu'il est possible de démolir les bâtiments arabes.

Qui se souvient que dans le secteur où ont été construits des quartiers juifs à Jérusalem-Est dans les années 70, il y avait des bâtiments arabes qui ont été effacés de la surface de la terre par des bulldozers ?

Une autre partie peut être effacée tout simplement en ignorant son existence, en la balayant de notre conscience et de notre attention. Ce sont des secteurs où non seulement aucun Juif n'y a jamais mis les pieds, mais ils ne les ont même pas vu, ni même entendu parler.

Le colon juif a appris à sauter par-dessus les villages arabes, pour regarder au-dessus d'eux plutôt que de les voir. Il ne les regarde pas directement puisque leur présence est une nuisance et que de toute façon, il les méprise, il les regarde du dessus et non au niveau de l'oeil - le regard d'un maître à ses domestiques.

Pour la colonisation, le village arabe est une gêne qui, si on ne peut pas l'annihiler, on peut au moins l'ignorer. La même approche s'applique non seulement aux bâtiments, mais également au paysage humain.

En rentrant chez lui, le colon juif passera à côté de nombreux Arabes qui vivent à proximité, mais il ne les verra pas, il ignorera leur existence parce que pour lui, ils n'existent pas.
Au mieux, ce sont des absents-présents, des ombres de créatures inférieures.

Un grand effort est fait pour effacer également l'histoire du secteur, l'histoire qui a précédé le quartier juif.

Le résidant juif ne montrera pas de curiosité sur la façon dont les terres sont arrivées en sa possession, qui vivait là avant, si les bâtiments juifs n'ont pas gêné quelqu'un.

Le résidant juif, qui montre généralement beaucoup d'intérêt pour l'histoire de sa ville, préfère dans ce cas ne pas poser trop de questions et ne pas comprendre le passé.

Le discours juif est toujours national, en constante stupéfaction devant la réalisation impressionnante de la construction d'un quartier juif luxueux, avec une grande fierté pour le rachat de la terre pour le peuple d'Israël.

Le seul problème dans cette situation est que la réalité a un moyen de relever la tête, tôt ou tard, et de réclamer des compensations pour l'insulte.


Source : http://www.kibush.co.il/

Traduction : MG pour ISM

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