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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Oeil pour oeil à Gaza

Par

Laila El-Haddad est une journaliste qui partage son temps entre vivre et travailler à Gaza et passer du temps aux Etats-Unis. Elle a également un blog, Raising Yousuf, unplugged: diary of a Palestinian mother.

Le 26 janvier 2006, Mahmoud Abbas, le président palestinien et chef du Fatah, a déclaré lors d'une conférence de presse au Forum Economique Mondial de Davos que les négociations avec le Hamas, le parti au pouvoir, sur la formation d'un gouvernement d'unité nationale devraient se conclure d'ici trois semaines.
Il a réitéré son appel pour des élections présidentielles et parlementaires si les discussions échouaient.

Oeil pour oeil à Gaza


Photo : Sameeh al-Madhoon, Forces de Sécurité préventives; commandant de la région Nord, Brigades des Martyrs Al-Aqsa, également chef des Escadrons de la Mort

Le Hamas a refusé d'approuver de nouvelles élections. Il a suspendu les négociations sur le gouvernement d'unité nationale le jour du discours d'Abbas à Davos suite à la mort de plus d'une dizaine de personnes dans les combats inter-palestiniens.

Depuis mi-décembre, plus de 40 Palestiniens ont été tués et de nombreuses personnes ont été blessées dans ce qui a été décrit comme une lutte de pouvoir entre les partisans de Hamas et ceux du Fatah.

Les combats ont également englobé des querelles entre clans et des groupes d'autodéfense.

Laila El-Haddad a parlé à 4 hommes impliqués dans les combats et elle leur a demandé pourquoi ils y avaient participé et ce qu'ils pensaient du futur.




Ma tête est pleine des slogans et de propagande. C'est la fin d'une journée très longue. Mais ce qui m'a effrayé le plus, ce ne sont pas les armes et les propos durs, ou même la perspective très vraie d'être pris dans une flambée soudaine des combats, mais plutôt parce que je suis arrivée à un point où je peux comprendre comment et pourquoi une guerre civile palestinienne est possible.

Et pourquoi il est presque impossible d'extraire une nation de ses griffes quand les gens sont profondément et fidèlement retranchés derrière leurs positions.

C'est un monstre qui se nourrit de lui-même, et des récits également crédibles par lesquels les deux côtés vivent et meurent. D'après les participants, personne et tout le monde est à blâmer.




Alors que j'entre dans les bureaux de la Force Exécutive du Hamas dans la ville de Gaza, je suis accueillie par Islam Shahwan, son porte-parole exubérant et doux.

Il me raconte avec enthousiasme une récente opération – le démantèlement d'un réseau local de trafiquants de drogue bizarre qui agissait à l'extérieur d'un cimetière dans la ville de Khan Younis, au sud de Gaza - avant de me présenter à Isam Aqaylan.

Aqaylan, 22 ans, est un jeune homme trapu avec un visage d'enfant. Le jour, il est étudiant en Géographie à l'Université Islamique de Gaza. La nuit, c'est un militant de base des Forces Exécutives.

Il était posté près de l'hôpital Shifa dans la ville de Gaza quand les confrontations ont éclaté entre les membres du Fatah et les Forces Exécutives quelques jours après qu'Abbas ait appelé à de nouvelles élections lors d'un discours le mois dernier.


Comment la "confrontation" a-t'elle réellement commencé ? Comment cela a commencé ?

"Nous étions postés près de l'hôpital pour protéger le personnel et pour empêcher les crimes, et les médecins de l'hôpital peuvent le certifier. Il y avait un groupe de loyalistes du Fatah – des membres de Mukhabarat (les services de renseignements) qui circulaient en ambulance, en essayant de suivre les déplacements des membres des Forces Exécutives.

"Nous les avons arrêtés une fois puis nous les avons laissés partir. Comme ils ne partaient pas, nous les avons encore arrêtés, mais pour éviter des problèmes, nous avons appelé le chef de leur unité dans le secteur. Nous nous sommes alors coordonnés avec le mukhabarat pour qu'ils viennent les chercher.

`Soudain, comme si cela venait de nulle part, on nous a tiré dessus.

"Il n'y avait aucune raison - et les tirs avaient évidemment l'intention de nous blesser ou de nous tuer. En fait, plusieurs d'entre nous ont été blessés, et l'un de nous - Ismail Abu Khair - a été tué par un GPR (une grenade propulsée par roquette).

Les membres de mukhabarat ont pris position sur les toits entourant l'hôpital et ont tiré sur lui. Son corps a été déchiqueté. Après ça, nous faisions très attention. `

Shahwan s'interrompt pour me remettre un communiqué de presse officiel que son bureau a publié sur l'incident.


Mais pourquoi avez-vous été personnellement impliqué dans les confrontations ?

"J'étais là pour faire mon travail qui est d'offrir la sécurité à la population de Gaza et la protéger, en tant que membre des Forces Exécutives. Je n'ai jamais visé quiconque.

"En général, ce qui se passe, c'est que nous sommes postés quelque part pour protéger les gens ordinaires, et alors on nous tire dessus, puis la rumeur se répand que nous les prenons pour cible (Fatah). Toutes ces rumeurs obscures déforment la vérité.

"Et alors - seulement après que nous ayons été visés - nous commençons à tirer en retour," dit Aqaylan, en reprenant son récit sur l'incident de l'hôpital Shifa là où il s'était arrêté.

"Nous n'avons jamais tiré sans justification. A de nombreuses reprises, quand nous nous sommes retrouvés sous les tirs, nous n'avons pas répondu parce qu'il y avait des civils autour.

"Il y a un objectif clair de déformer la vérité et salir la crédibilité de ce gouvernement.

Des armes lourdes à technologie de pointe ont été utilisées par l'autre côté : des armes que nous n'avions jamais vu auparavant sur le front palestinien.

Et elles étaient utilisées pour attaquer la Force Exécutive, et non pour protéger la population. On devrait se demander d'où provient le financement de ces armes."


Que dites-vous des reportages sur les mortiers qui ont été tirés sur les bastions du Fatah à Gaza, et en particulier au sujet de l'affirmation que des maisons de membres du Fatah ont été visées et parfois cernées ? `

Nous condamnons l'utilisation de mortiers et de tout ce qui mène à ce chaos - c'est clairement une entité indépendante avec beaucoup de gens qui fait cela.

`Nous n'avons aucun ennemi. Nous avons été créés pour aider et soutenir la force de police, pour offrir la sécurité à la société, et pour coordonner et compléter la garde présidentielle. Mais cela a été très mal évoqué, d'autant plus que certains organisent ce chaos.

Ce dernier commentaire fait référence à la méthode "d'anarchie organisée" soi-disant utilisée par Yasser Arafat et transmise à Mohammad Dahlan, un chef de sécurité du Fatah.

Aqaylan s'excuse pour aller prier alors qu'Abu al-Bara, 25 ans, un autre membre des Forces Exécutives, prend sa place et continue là où son collègue s'est arrêté.


`Un jour, nous nous trouvions à un feu de circulation pendant un cortège funèbre de la Force du Président Abbas. Ils nous lançaient des insultes et des provocations, en crachant et en nous maudissant, mais nous nous sommes retenus et nous nous sommes retirés.

Ils ont alors commencé à nous tirer dessus - et nous les avons filmés.
Et certains d'entre eux ont commencé à tirer. Et voilà.

"À l'hôpital, on nous a tiré dessus à l'intérieur de l'hôpital de façon intentionnelle.

"Certaines personnes ont répandu de fausses rumeurs en disant que nous avions tiré les premiers sur un cortège funèbre du Fatah, mais en réalité, ils avaient d'abord tiré sur l'une de nos maisons.

Bien qu'il existe un groupe qui veuille nous faire tomber, en tant que Hamas, et en tant que Forces Exécutives, nous avons survécu.


Mais en répondant aux tirs, n'engagez-vous pas le combat avec l'autre côté et ne commencez-vous pas un autre cycle de violence ?

`Nous avons reçu des ordres pour nous retirer des secteurs où il y a de vives confrontations.
"Mais les milices noires du Fatah sont au-dessus des lois : ils ne s'inquiètent pas des ordres ou de la sécurité des civils.

Juste pour me donner une idée sur la façon dont le cours réel des événements mène à une confrontation, Abur al-Bara` partage avec moi une anecdote.

"Habituellement, ce qui se passe ressemble à ça."

"Avant, les gens avaient placé leurs espoirs dans la Force Exécutive. Ils nous soutenaient et croyaient en ce que nous faisions, mais maintenant notre image a été détruite - intentionnellement `

"Quelqu'un envoyé par le Fatah arrive dans le secteur en voiture. Cette personne tire sur les Forces Exécutives dans une fusillade depuis une voiture en marche. Sa voiture se dirige alors vers des bâtiments de sécurité, comme le quatier général de la police par exemple.

"La police répond alors en tirant sur les Forces Exécutives, en pensant que c'était nous. Et alors les Forces Exécutives répondent en tirant sur eux : on n'a pas le temps de penser lors de ce genre de situations, vous vous défendez, c'est tout.

Et personne ne sait qui a commencé.

Nous avons commencé une enquête sur le sujet et nous avons constaté que ces individus avaient été envoyés par certaines personnes du Fatah - pour respecter leurs ordres et nous empêtrer dans les combats.

"Nous avons toujours fait très attention quand nous tirons à ne jamais tirer directement sur quelqu'un.

"Un autre incident de ce genre s'est produit quand nous avons été dépassés par des hommes armés d'allégeance inconnue. Ils ont commencé à nous tirer dessus, et ils nous ont demandé de leur trouver un convoi officiel pour les emmener en sécurité.

"Ceux que nous avons attrapé nous ont dit qu'on leur avait promis du travail et des grades plus élevés s'ils visaient des membres du Hamas ; et toutes ces actions sont effectuées avec la complicité de hauts responsables du Fatah. Ils ne devraient pas leur promettre de telles choses.

Ils noircissent la vérité.

Leur véritable objectif est de créer suffisamment de chaos pour renverser le gouvernement par tous les moyens possibles ; ils ont même essayé de viser et de tirer sur des membres du gouvernement.

`C'est notre devoir que de répondre aux infractions.

Il y a une chose qui est sûre - il y a un groupe politisé qui tire un avantage personnel de tout cela.


Ahmed Madhoon (aka Abu Nabil), 22 ans, membre des "Escadrons de la Mort" du Fatah

Décrire Ahmed Madhoon comme un paranoïaque est un euphémisme.

L'homme qui se décrit lui-même comme un insomniaque ne passe pas une minute sans regarder par-dessus son épaule ou scruter à la fenêtre pour contrôler s'il n'y a pas des assassins potentiels - et ensuite il maudit le Hamas dans sa barbe.

Membre subalterne des "Escadrons de la Mort" de Mohammad Dahlan, Madhoon, qui se surnomme lui-même Abu Nabil, commence en m'avertissant qu'il est recherché par le Hamas.

Il me raconte également qu'il s'est fait tirer dessus devant son épouse par des hommes armés et masqués dans une "tentative d'assassinat ratée".
Depuis lors, il lui a appris à utiliser une arme semi-automatique.

Avec cette introduction, il donne sa version de certains des événements décrits par Aqaylan et Abu al-Bara`.


"Récemment, les Forces Exécutives ont pris l'hôpital Shifa comme base. Ils ont pris la sécurité là-bas tout comme ils le font dans les mosquées, parce que c'est un secteur civil. Ils justifient cette lâcheté en disant qu'ils protègent les gens. Mais, c'est juste une couverture.

Ils ont tiré sur au moins 15 personnes ce jour-là et les confrontations n'ont fait qu'augmenter.

"En général, ils tirent sur tous les membres des Forces de Sécurité. Ils ont même tiré sur un officier des renseignements malade.

"Personne ne peut tirer dans un hôpital. Ils sont recherchés par le public donc ils se cachent à l'intérieur, pas dehors.


Ainsi pourquoi participez-vous aux hostilités ? Pourquoi ne restez-vous pas tout simplement à l'écart pour empêcher les confrontations ?

"J'y participe parce que c'est mon travail et mon allégeance au Fatah. Ils estiment que tous ceux qui ne sont pas avec eux, sont contre eux, et des infidèles.

Il dit cela avec mépris, en se précipitant de temps en temps aux fenêtres de la salle de séjour pour regarder attentivement entre les stores.

"On n'est jamais trop prudent. Ils pourraient m'attendre maintenant."

"… dans la culture à Gaza, nous avons ce qu'on appelle le "tar" - oeil pour oeil. Attaques et représailles. C'est devenue une question de qui est le plus fort, qui peut survivre à l'autre - une démonstration de force, si vous voulez. Et tout le monde veut se venger"

De toutes façons, mon travail est de protéger les agences de sécurité. Donc, vous devez vous demander : Comment les choses sont-elles devenues aussi mauvaises si nous faisons tous seulement notre travail, n'est-ce pas ?"

Cela va des représailles à la préemption. Nous commençons par tirer d'abord pour ne pas être visés les premiers.

Dans 70% des cas, le Hamas dit à ses cadres que s'ils tuent quelqu'un du Fatah, alors ils sont sur une mission jihadiste. Ils les courtisent avec de l'argent.
400 ont été tués jusqu'ici dans des combats internes et le Fatah doit encore répondre et lâcher sa véritable puissance. Les groupes travaillant indépendamment avec des allégeances individuelles ne comptent pas.

"Les groupes travaillant indépendamment" est une référence aux luttes de clans.

"Nous recevons des ordres d'auto-défense. Nous tirons pour nous défendre."

Il écarte les allégations que des tiers mystérieux alimentent les tensions.


"Je blâme le Hamas en général, pas seulement leurs Forces Exécutives. Ce sont des terroristes fous… Le Hamas devraient utiliser des carottes et des bâtons. En ce moment, ils ne comptent que sur les bâtons. `


Qui exactement combat du côté du Fatah ?

"Certains d'entre eux font partie des Brigades des Martyrs Al-Aqsa, certains sont des membres des forces de sécurité, mais le plus souvent, ce sont les mêmes.


Qu'en est-il des allégations que les Etats-Unis vous fournissent des armes ?

"Nous recevons nos armes seulement de l''OLP.
Nous devrions être clairs au sujet d'une chose : c'est purement une offensive du Hamas. Pour le Fatah, il s'agit seulement de représailles et d'auto-défense.

Ahmed interrompt notre conversation pour prendre un appel "très important".

"Vous avez de la chance." dit-il.
"Je viens de parler au membre le plus important des Escadrons de la Mort - un homme qui a joué un rôle très significatif dans les confrontations qui ont eu lieu la semaine dernière. Et vous êtes sur le point de le rencontrer."


Sameeh al-Madhoon, Forces de Sécurité préventives; commandant de la région Nord, Brigades des Martyrs Al-Aqsa.

On m'emmène jusqu'à la maison de Sameeh al-Madhoon, au nord de Gaza, dans une Toyota blanche nouvellement importée – le genre de voitures que vous voyez souvent en mille morceaux après un assassinat israélien. Nous nous arrêtons à mi-chemin pour prendre un garde du corps supplémentaire.

>Ahmed présente l'aîné des Madhoon comme "celui qui a organisé" les heurts en décembre, un genre de Monsieur Loyal.

L'homme que je rencontre au coeur du camp de réfugiés de Jabaliya, est soi-disant l'un des hommes les plus recherchés par le Hamas. Il a une stature totalement en désaccord avec le portrait qu'on se fait de lui.

Avec des yeux sombres tirés et une barbe bien coupée, Al-Madhoon nous salue, vêtu d'un survêtement et de pantoufles, et au début nous le confondons avec un membre de la maison
.

Sa salle de séjour est un étalage d'armes de basse qualité : il y a de tout : du lanceur de grenade propulsée par roquette à une kalachnikov de base et, la fierté de sa collection, un M-16.

Ce sont toutes des armes qu'il traite et dont il parle avec l'enthousiasme d'un père plein de fierté, en insistant sur le fait qu'elles ont été achetées avec sa propre épargne, et non "avec de l'argent américain corrompu".

"Vous savez, ce n'est pas nous qui avons commencé avec le Hamas", démarre-t'il tout à coup.
"Cela s'est aggravé depuis les élections en janvier dernier."

"Nous avons accepté la situation et puis, en tant que membres de la Force 17 affectée à la présidence, nous avons attendu nos salaires en pensant continuer une vie normale. Nous aurions pu prendre les Ministères par la force mais nous ne l'avons pas fait.
Et lentement, le Hamas a commencé à se noyer dans ses propres erreurs - et ils ont eu recours à des choses comme l'assassinat et le kidnapping de responsables du Fatah.

"Les hommes du Hamas, des membres des Brigades Izz-e-Din al-Qassam, m'ont tiré dessus sans précédent. Cela a commencé après le désengagement israélien."

"Abo Fadi (Mohammad Dahlan) nous a donné des jeeps en tant que marque de son appréciation, une récompense pour tous nos efforts. Maintenant, ce n'est pas trop? N'est-ce pas, les gars ?

"Je leur ai enseigné comment tirer avec des armes et le Hamas en a conclu que nous entrainions ce qui est maintenant connu commes "les escadrons de la mort"
Ce genre de groupe n'existe pas, comme nous le savons "

Il regarde autour de lui dans la salle pour confirmation. Il reçoit des signes d'approbation rapides et enthousiastes.

"Donc de toute façon, le Hamas a commencé à regarder ces jeeps avec mépris, comme des véhicules de mort – ce en quoi ils ont été transformés en raison de leurs provocations.

J'ai appris à certains Shabab du Fatah (des jeunes) comment tirer avec des armes. Je veux dire, juste une formation de base – encore une fois, rien de terrible, n'est-ce pas les gars ?

Il dit cela avec son regard d'acier, et le démenti est contraire aux affirmations du jeune Madhoon.

"Ils ont essayé de m'assassiner, je les ai même surpris sur ce talkie-walkie que j'ai confisqué lors de l'interrogatoire de l'un de leurs membres.

Il ouvre un petit tiroir en bois près de son lit. Il est rempli d'amphétamines, de somnifères, de grenades à main, et d'un grand talkie-walkie noir.

"On est toujours en négociations au sujet des grenades à main. S'ils nous rendent les nôtres, nous leur rendrons les leurs."

Il clique sur le talkie-walkie pour prouver son affirmation et, parmi des parasites, nous surprenons ce qui semble être des membres du Hamas se prévenant de la localisation de drones israéliens en approche qui les surveillent au-dessus de leurs têtes.

"Donc voilà, c'est à ce moment-là que mon problème avec le Hamas a commencé. Le lendemain, nous avons tiré sur deux membres des Brigades Qassam en représailles, et les choses ont commencé à s'aggraver. Les membres des Brigades Qassam ont cerné ma maison.

Après les élections, le Hamas est sorti dans un rassemblement à Jabaliya et une voiture de télévision s'est arrêtée devant ma maison et a dit : "Ici, nous sommes devant la maison de l'ignoble Sameeh Madhoon."

Puis, ils ont tiré sur une voiture du Fatah.

Le lendemain, sans aucune honte, ils ont tiré sur un rassemblement du Fatah et ils ont même blessé quelques enfants. Ils ne nous ont pas laissé donner notre opinion lors de ce rassemblement.

Personnellement, je me sentirais stupide de tirer sur un rassemblement où les gens expriment leurs opinions politiques, pas vous ? Mais c'est le Hamas pour vous.

"Je me demandais seulement….

Il s'arrête à mi-phrase pour tirer sur sa sheesha de chevet et demande rhétoriquement :

"Où le Hamas nous mène-t'il ?

`Je suis prêt à demander des comptes à toute personne qui bafoue le Hamas. La question est, sont-ils prêts à faire la même chose ?

"Regarde : s'ils tirent sur l'un de nous, nous tirons sur l'un d'eux. S'ils s'arrêtent, nous arrêtons. C'est simple."

Si le Hamas a un problème avec le Fatah, alors qu'Haniya et Abbas aillent boxer quelque part, mais qu'ils n'impliquent pas la rue.

"Nous attendons de voir quelle sera la prochaine action du Hamas : si les choses se passent bien, nous resterons tranquilles. Mais s'ils ne restent pas tranquilles, alors nous ne seront pas tranquilles."

"La situation toute entière est réduite à une vendetta de familles et des représailles, et c'est un jeu perdant.

"S'ils disent, ce n'est pas nous et si nous disons que ce n'est pas nous, alors nous devrions travailler ensemble pour trouver qui c'est réellement.

Il a fait cette dernière déclaration sur un ton qui est à la fois conciliant et sarcastique. Puis il déclare :
"En tant que commandant de la légion nord des Martyrs Al-Aqsa, je vous dis, ce n'est pas nous qui avons commencé, et je nie toute implication d'un tiers dans l'affaire.

"Nos actions sont purement défensives, et non offensives. Nous sommes également pragmatiques : nous savons qu'ils sont plus forts que nous et donc nous ne sommes pas assez stupides pour attaquer les premiers.


Finalement, de qui recevez-vous vos ordres ?

"C'est un Comité mixte qui nous donne nos ordres."

"Comment peut-on dialoguer quand il y a une bombe sous la table ?"


Et Dahlan?

"Tout le monde dans les Brigades et dans les forces de sécurité reçoit des ordres et nous suivons ces ordres. C'est tout que je vais dire."


Quels sont ces ordres ?

"Si on vous tire dessus, alors répondez. Si quelqu'un du Fatah est enlevé, alors enlevez quelqu'un du Hamas. Et s'ils se retirent, nous nous retirons."


Et vos armes ? Vous devez avoir entendu les derniers reportages au sujet du financement du Fatah par les Etats-Unis et de leur approvisionnement en armes et en formation ?

"Je refuse les armes des Etats-Unis. Nos armes ont été achetées avec notre propre argent.

"Chaque action a été commencée par le Hamas. Nos kidnappings sont une réponse à leurs kidnappings. Ils ont brûlé un magasin appartenant à mon frère, donc j'ai brûlé la maison de leur frère. Oeil pour oeil."


Et nous dirigeons-nous vers une guerre civile ?

Je blâme le Hamas pour toute nouvelle escalade. Mais quant à la guerre civile, nous ferons attention à nous assurer que cela n'arrive pas.

Nous réclamons l'unité par dessus tout, mais je dirais même plus : notre patience s'épuise, et si le Hamas nous appelle à sortir dans les rues pour nous battre encore, nous y irons de bon coeur - et cette fois, ce ne sera pas de façon défensive et nous ne nous retiendrons pas. Nous ne pouvons pas rester toujours sur la défensive.

"Tout le monde, y compris moi, a une certaine limite. Et encore une fois, cette limite est dépassée et je ne garantis plus rien.

"Pour l'instant, c'est entre les mains de la direction politique.

"Le Hamas crée des provocations. Le Fatah est vraiment innocent dans tout cela.
Le Hamas est celui qui essaye d'inculquer la haine du Fatah à la population.

Le Hamas dit que les fissures ne sont pas entre deux vérités, mais entre une vérité et une non-vérité : voilà comment ils traitent avec nous. Et c'est l'essence du problème - ils ne nous considèrent pas comme étant légitimes."





Source : http://english.aljazeera.net/

Traduction : MG pour ISM

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28 janvier 2007