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Ramallah -

Rapport de B'Tselem et Bimkom : Le bloc de colonies de Modi'in Illit

Par

Extrait du rapport de B'Tselem et Bimkom, intitulé "Sous prétexte de la sécurité : Le Parcours de la barrière de Séparation permet l'expansion coloniale israélienne en Cisjordanie" étudie quatre secteurs : les colonies de Tzofin et d'Alfei Menashe près de Qalqilia, de Modi'in Illit et la barrière de Séparation autour du quartier de Neveh Yaakov au nord de Jérusalem. Nous présentons ici l'étude concernant le bloc de colonies de Modi'in Illit

Cette étude concerne un groupe de quatre colonies qui ont été établies en tant que bloc urbain à l'ouest de Ramallah et proche de Modi’in, une ville à l'intérieur d'Israel.
La plus grande du groupe est Modi'in Illit, qui est située au milieu du bloc. Les autres colonies du bloc – Hashmonaim, Matityahu, et Menorah – se situent à l'ouest et au sud de Modi'in Illit.
L'accès au bloc se fait par la route 446, une section de la route 443 en direction du nord.
Fin 2004, le bloc de Modi'in Illit avait 32.000 résidants.

Rapport de B'Tselem et Bimkom : Le bloc de colonies de Modi'in Illit


Carte ARIJ de la région du bloc de Modi'in Illit - agrandir la carte


À l'ouest du bloc, il y a une bande de terre qui va jusqu'à la périphérie de Jérusalem et est connue en tant que " no-man's land " parce que, jusqu'en 1967, elle n'était pas sous contrôle de la Jordanie ni d'Israël.

Après l'occupation israélienne de la Cisjordanie , Israël a annexé cette bande de terre et y a plus tard établi quatre communautés dont trois d'entre elles - Shilat, Lapid, et Kfar Ruth – sont en contiguité territoriale avec le bloc de Modi'in Illit.

La colonie de Modi'in Illita été établie en 1993 en tant que communauté urbaine afin de combler le manque de logements pour les Juifs Ultra-Orthodoxes de Bnai Brak et de Jérusalem.

Avec ses 28.000 habitants, c'est la deuxième plus grande colonie en Cisjordanie (en dehors de Jérusalem-Est). En raison d'un taux de natalité élevé et de l'arrivée en grand nombre de familles dans la communauté, la colonie s'est développée de 350% en huit ans.

En 1996, Modi'in Illit a été déclaré conseil local. Sa juridiction couvre 5.800 dunams (580 ha), dont la moitié est construite.

La colonie a deux principaux voisins : Kiryat Sefer, au centre de la colonie, et Ahuzat Brechfeld, au nord.

En 1996, Ganei Modi'in, un "quartier" à l'ouest de Hashmonaim qui n'est pas contigu avec Modi'in Illit, est devenu une partie de la colonie.


Les trois autres colonies du bloc appartiennent au Conseil régional de Mateh Binyamin.

Hashmonaim, qui se trouve à l'ouest de Modi'in Illit, a été établie en 1988 et 2.200 résidants vivent dans 500 logements. Sa juridiction couvre 500 dunams (50 ha).

Matityahu, qui est situé entre Modi'in Illit et Hashmonaim, a été établie en 1981 et a 400 habitants.

Sa juridiction couvre 900 dunams (90 ha). La plupart des habitants de ces deux colonies, comme ceux de Modi'in Illit, sont des Ultra-Orthodoxes.

La colonie de Menorah (également connue sous le nom de Kfar Haoranim) se trouve au sud de Modi'in Illit et a 1.700 résidants. C'est la seule colonie du bloc de Modi'in Illit qui est laique.

Elle a été fondée en 1998 avec une entière contiguité territoriale avec Lapid, une des communautés à l'intérieur du "no-man's land". L'accès à Menorah est possible seulement en passant par Lapid.

Beaucoup soulignent que les projets du bloc de Modi'in Illit sont maintenant à des étapes avancées de développement. Nous étudierons seulement les projets qui ont affecté de manière significative la détermination du tracé de la barrière de Séparation.

Nous verrons que la route choisie a causé un préjudice bien plus grand aux fermiers palestiniens vivant dans les villages voisins que si le tracé avait été déterminé seulement dans l'intention de protéger le bloc tel qu'il existe aujourd'hui.

Nos résultats montrent également que le but d'Israël est de prendre le contrôle de la terre appartenant à des propriétaires privés palestiniens située du côté israélien de la barrière et pour permettre ainsi de construire sur cette terre.



Les grandes lignes des projets

Plan D'Ensemble n° 210/8/1 (Matityahu Est)

L'emplacement du plan d'ensemble 210/8/1, connu sous le nom de Matityahu Est et Nahalat Hephziba, est également situé dans la juridiction de Modi'in Illit et se trouve au Sud--Est de la zone construite de la colonie.

La terre appartient à l'Administrateur (ndt : Administrateur des Biens des Absents) et à l'organisation à but non lucratif Keren L'geulat Hakarka (Fondation pour le Rachat de la Terre).

L'organisation est le promoteur du projet et la partie qui a déposé le projet.

Le plan couvre 872 dunams (87,2 ha) dont un quart est réservé à la construction de 3.008 logements.

Le plan désigne également la terre prévue pour des bâtiments publics (135 dunams – 13,5 ha), une réserve nanurelle (30 dunams – 3 ha), des routes (126 dunams – 12,6 ha), le futur plan d'aménagement (100 dunams – 10 ha), et d'autres utilisations.

Le plan est une révision d'un plan précédent pour l'emplacement (plan d'ensemble 210/8), qui a été approuvé en novembre 1998, et a permis la construction de "seulement" 1.500 logements.

Le Conseil Suprême de l'Aménagement a discuté du plan en 2004 et a recommandé qu'il soit déposé pour le dépôt des objections.

Cependant, l'approbation du plan par les planificateurs de la barrière a été stoppée en raison de l'incertitude concernant le tracé de la barrière de Séparation dans le secteur.

Dix-huit mois plus tard, en septembre 2005, le sous-comité au Conseil Suprême de l'Aménagement pour la colonie a approuvé le plan.

Cependant, suite au dépôt d'une pétition devant la Cour Suprême contre le tracé de la barrière dans ce secteur, le bureau du Procureur d'Etat a ordonné aux planificateurs ne pas publier le plan, c.-à-d., de ne pas prendre les mesures nécessaires pour obtenir l'approbation du plan.

Cependant, début 2004, la construction a commencé sur le site, avant que le plan ait été approuvé et sans permis de construire. Treize bâtiments de huit ou neuf-étages, comportant environ 280 logements, ont déjà été construits..

En outre, la construction de vingt bâtiments supplémentaires a commencé. Environ un quart de la terre désignée pour l'usage résidentiel est en construction.

En réponse à la question de Bimkom à l'Administration Civile qui s'enquérait de la construction illégale qui avait lieu sur le site, l'Administration Civile a déclaré qu'elle avait émis des ordres d'arrêt du travail.

Lors d'une visite sur le site en septembre 2005, Bimkom et B'Tselem ont constaté que le travail avançait rapidement


Plan D'Ensemble 210/4/2 (Ohr Someyach)

Ce plan, également connu sous le nom d'Ohr Someyach et Naot Hapisga, se trouve aux confins de Modi'in Illit, à l'est du secteur construit.

La terre appartient en partie à l'Administrateur des Biens des Absents et en partie à l'entreprise Hareut.

Le plan a été lancé par le Comité Spécial pour l'Aménagement et la Construction de Modi'in Illit, et a été soumis par les "institutions Ohr Someyach" et "Kiryat Ohr," qui sont basées à Jérusalem.

En juillet 2002, le Conseil Suprême de l'Aménagement a donné son approbation finale au plan, et les travaux de construction ont commencé en 2004.

Le site couvre 559 dunams (55,9 ha), dont 154 sont réservés à la construction de 2.748 logements.

Le plan prévoit 140 dunams (14 ha) pour les bâtiments publics, 85 dunams (8,5 ha) pour des espaces verts, 133 dunams (13,3 ha) pour des routes, et 14 dunams pour une zone commerciale.


Plan D'Ensemble 210/6/3 (Matityahu Nord)

Matityahu Nord est le quartier nord du Conseil local de Modi'in Illit. Son plan comprend quatre étapes:

Les étapes 1 et 2, les parties Ouest (plan d'ensemble 210/6/1-2), ont été approuvées en 2000 et une grande partie de la construction a été achevée.

Ces deux étapes, qui comprennent 2.600 logements, ont reçu le nom d'Ahuzat Brechfeld.

Les étapes 3 et 4, les parties Ouest (plan d'ensemble 210/6/3), n'ont pas encore été déposées, ainsi seuls des détails partiels sont disponibles.

La majeure partie du site de Matityahu Nord est liée à Keren Keren L'geulat Hakarka et Zipha International Ltd, qui sont les propriétaires partiels de la terre, des promoteurs, et les parties qui ont soumis le plan.
L'emplacement couvre 334 dunams (33,4 ha), dont 108 dunams ont été affectés au logement. Selon le plan d'aménagement de Modi'in Illit, qui sera abordé ci-dessous, 4.460 logements (ce nombre n'est pas définitif) doivent être construits à Matityahu Nord.

Les parties Est, Etapes 3 et 4, évoquent la construction de 1.800 logements dont certaines se trouvent à l'extérieur des limites municipales de Modi'in Illit.


Plan D'Ensemble 208/3 (Ganei Modi'in 3)

Ce plan, connu sous le nom de Ganei Modi'in 3, est situé au nord de Ganei Modi'in, dans la juridiction de Modi'in Illit, mais n'est pas contigu avec le reste de la colonie.

Cet emplacement s'étale le long de la pente Est d'une colline de 238 mètres de haut, à 200 mètres du village voisin d'Al-Midya.

Le promoteur est l'entreprise Philodendron 12, une société immobilière qui prétend posséder la terre.

Le plan a été entendu par le Conseil Suprême de l'Aménagement en février 2004.
Puisque le tracé de la barrière de Séparation dans ce secteur n'avait pas été déterminé à ce moment-là, il a été décidé de remettre à plus tard le dépôt du plan.

L'emplacement couvre 200 dunams (20 ha), dont la majorité est réservée à la construction de 280 logements. Les bâtiments sont des structures pour deux familles de 220 mètres carrés chacun.
Le plan prévoit également un terrain pour des routes (50 dunams – 5 ha), des bâtiments publics (4-10 dunams), et une zone commerciale (moins d'un dunam).


Plan D'Ensemble 211/2 (Menorah)

Le site de ce plan se trouve à l'intérieur du la juridiction de Menorah (Kfar Haoranim), au sud-est de la zone construite de la colonie. L'Administrateur (des Biens des Absents) possède la terre. Le promoteur et partie qui a soumis le projet est l'entreprise Bar-Tura Ltd.

Le plan couvre 668 dunams (66,8 ha), dont 100 dunams sont destinés à un usage résidentiel.

Le reste de la terre est prévu pour un bois (84 dunams), et des espaces ouverts au public (129 dunams).

Il convient noter que le plan contient quelques îlots de terres appartenant à des Palestiniens qui ne sont pas inclus dans le plan.

Le Conseil Suprême de l'Aménagement a accordé l'approbation finale en 1999, mais la construction n'a pas encore commencé, apparemment en raison des difficultés pour trouver un itinéraire pour une voie d'accès au nouveau quartier.



Le Plan d'Aménagement de Modi'in Illit

Le plan d'Aménagement de Modi'in Illit, réalisé en 1998, relie les quatres colonies du bloc avec Lapid, Shilat, et Kfar Ruth, les communautés situées dans le "no-man's land."

Le plan a été lancé par le Ministère de la Construction et du Logement, avec la coopération du service d'Aménagement de l'Administration Civile, du Conseil local de Modi'in Illit, et du Conseil régional de Mateh Binyamin.

Un plan d'Aménagement n'a pas de statut statutaire et ne subit aucun processus d'approbation.

C'est un guide pour la politique d'aménagement pour un secteur spécifique, et forme la base pour la préparation des plans d'ensemble.

Un des "avantages" d'un plan d'Aménagement, en ce qui concerne les autorités, c'est que des objections ne peuvent pas être formulées à son encontre.

Le plan d'Aménagement fournit une prospective pour l'année 2020, d'ici là le bloc de Modi'in Illit aura 25.000 logements et 150.000 habitants.

L'ensemble de la surface du plan, y compris les routes, est de 17.302 dunams (1730,2 ha), dont 40% sont prévus pour un usage résidentiel, 15% pour les bâtiments publics et espaces verts, et 6% pour des routes.

Une des caractéristiques remarquables du plan d'Aménagement est qu'il ignore les limites des autorités locales. Une partie du plan s'applique à la terre se trouvant à l'extérieur de sa juridiction, dont une partie appartient à des Palestiniens.

Par exemple, dans le plan d'ensemble 210/8/1 (Matityahu Est), abordé ci-dessus, il y a 600 dunams (60 ha) de terre qui se trouvent maintenant à l'extérieur de la juridiction de Modi'in Illit, sur laquelle 1.200 logements doivent être construits, en supplément aux 3.000 logements du plan officiel.

La terre "concernée", qui contient beaucoup d'oliviers, appartient à des habitants du village palestinien voisin de Bil'in.

Le plan de Matityahu Nord dépasse les limites de la colonie et ajoute 1.800 logements aux 2.600 logements déterminés dans les plans approuvés, qui vont être construits sur les terres du village de Deir Qadis.

Le plan d'aménagement comprend également un quartier (Ramat Modi'in) au nord-est de la colonie de Hashmonaim.

Ce plan, qui couvre une surface de 400 dunams (40 ha), se trouve en dehors des limites de Hashmonaim.
La terre, sur laquelle des oliviers sont plantés, appartient à des habitants du village palestinien de Nil'in.

Le plan d'aménagement propose également pour la construction de grands secteurs de terre situés à côté de la zone construite, tout en indiquant que les réserves de terre à l'intérieur de la zone construite de Modi'in Illit n'ont pas été encore épuisées.



Le Tracé de la Barrière

Le tracé de la Barrière de Séparation autour du bloc de Modi'in Illit a été approuvé pour la première fois par le gouvernement en octobre 2003, en tant qu'élément de l'étape 3 de la Barrière.

Il est long de quinze kilomètres, et va du bord méridional d'Al-Midya au nord jusqu'à Saffa dans le sud, et se prolonge jusqu'à quatre kilomètres de la Ligne Verte.
Dans sa majeure partie, le tracé passe à côté des villages palestiniens voisins.

Après la décision de la Cour Suprême concernant Beit Sourik, en juin 2004, Israël a complètement revu le tracé de la barrière.

En février 2005, le gouvernement a approuvé le tracé révisé, ce qui a rapproché de quelques centaines de mètres de la Ligne Verte la majeure partie du tracé autour du bloc de Modi'in Illit, raccourcissant le tracé de deux kilomètres.
En conséquence, le secteur entre la Barrière et la Ligne Verte a été réduit de 2.000 dunams.

En dépit de cela, la majeure partie du tracé autour du bloc de Modi'in Illit est presque identique au tracé original qui a été conçu en septembre 2003, et ne se conforme pas au tracé revu et approuvé par le gouvernement en février 2005.

La seule exception est la section la plus méridionale, à l'ouest de Saffa, où la barrière a été établie selon le tracé révisé.

Dans la section nord (au sud de Deir Qadis, N'alin, et Al-Midya), le travail n'a pas commencé en raison des pétitions en suspens devant la Cour Suprême qui ont été déposées par des Palestiniens et par des colons.

Cependant, selon les récents ordres de réquisition concernant ces secteurs, qui sont actuellement effectifs, le tracé a été généralement basé sur la décision originale, et non sur le tracé revu.

La photo aérienne du bloc de Modi'in Illit montre que les plans d'ensemble décrits ci-dessus, qui agrandiront le bloc de Modi'in Illit dans toutes les directions, avaient une raison primordiale pour le positionnement du tracé de la barrière.

Dans la section méridionale, le tracé de la limite du secteur B autour de Saffa, à environ 1.200 mètres de la zone construite de Menorah, entoure complètement le site concerné par le Plan D'Ensemble 211/2.

Dans la partie orientale, le tracé suit les limites Est du plan d'ensemble 210/8/1 (Matityahu-Est) et du plan d'ensemble 210/4/2 (Ohr Someyach), et les limites qui ont été dessinées dans le plan d'aménagement.

Dans cette section, le tracé passe à 1.800 mètres de la zone construite de Modi'in Illit (le quartier de Kiryat Sefer), très près des maisons des villages palestiniens de Bil'in et de Kharbata. L'Etat a admis que ces deux plans avaient été pris en considération lors de l'établissement du tracé..

Concernant la section nord, en se basant sur les ordres de réquisition qui ont été publiés, le tracé laisse les sites des plans d'ensemble 210-/6/3 (Matityahu Nord) et 208/3 (Ganei Modi'in 3) qui n'ont pas été encore approuvés, du côté "israélien" de la barrière.

L'étude de ces projets d'expansion a, dans certains cas, contraint les planificateurs à choisir un tracé inférieur d'un point de vue topographique et technologique.

Par exemple, mettre le secteur couvert par le plan d'ensemble 208/3 (Ganei Modi'in 3) du côté "israélien" de la barrière exigeait que la barrière passe au nord de la colline sur laquelle le quartier est prévu, plaçant la barrière à une altitude plus basse que les maisons du côté ouest du village palestinien de Nil'in.

Le tracé revu que le gouvernement a approuvé en février 2005 passe à quelques centaines de mètres plus au sud, plus près de la zone construite de Hashmonaim et de Ganei Modi'in, sur une terre avec de meilleures caractéristiques topographiques.

À la lumière de l'inconvénient topographique, sept Généraux de Réserve ont alerté, dans un avis au nom du Conseil pour la Paix et la Sécurité, des conséquences sécuritaires si la barrière passait au nord de la colline sur laquelle Ganei Modi'in 3 est prévue.

Une situation similaire a été créée dans la section à l'ouest de Bil'in, là où Israël a voulu faire passer la barrière autour du site des plans d'ensemble de Matityahu Est et de Naot Hapisga.

Le tracé descend à une altitude de 260 mètres, au fond d'un lit profond d'un fleuve (Wadi a-Ralb), qui sépare les quartiers prévus. Dans la partie qui traverse le wadi, le tracé est plus bas que Bil'in, exigeant de ce fait une technologie complexe et chère.

Même si l'objectif de la barrière était de protéger Modi'in Illit telle qu'elle existe actuellement - dans ce secteur, seulement Kiryat Sefer - la barrière pouvait passer à quelques centaines de mètres à l'ouest, à 200 mètres de la zone construite et évitait de descendre jusqu'au wadi.



Effets du tracé de la Barrière sur la population palestinienne

La barrière de séparation qui est construite autour du bloc de Modi'in Illit passe à proximité des maisons de six villages palestiniens : Al-Midya, Nil'in, Deir Qadis, Kharbata, Bil'in, et Saffa.
Ces villages ont un total de 16.000 habitants.

Dans les années 80 et au début des années 90, des milliers de dunams de ces villages, dont certains appartiennent à des propriétaires privés, ont été déclarés Terre d'Etat et réservés à la construction et l'expansion du bloc de colonies de Modi'in Illit.

En raison du tracé de la barrière, des milliers d'autres dunams qui sont maintenant utilisés pour la culture et le paturage, qui sont prévus pour le futur développement, seront séparés du reste de la terre des villages.

Par exemple, 3.000 dunams (300 ha) appartenant à Saffa qui sont situés au sud-est de la colonie de Menorah construite sur un tiers des terres du village, demeurent du côté Ouest de la barrière (la construction de cette section de la barrière sera bientôt achevée).

De plus, 250 dunams (25 ha) des terres du village ont été prises pour construire la barrière, où des arbres ont été déracinés et la terre a été nivelée.

Sur la terre restante à l'ouest de la barrière, 2.100 dunams (210 ha) appartiennent à des propriétaires privés palestiniens et contiennent, entre autres, 3.000 vieux oliviers.

Le chef du conseil de village estime que les revenus de la vente d'huile d'olive de ces arbres s'élèvent à un demi million de shekels par an, et constituent la majeure partie des revenus de nombreuses familles


Terre palestinienne affectée par le tracé de la Barrière de Séparation autour du bloc de Modi'in Illit (en dunams)

Village - Nbre habitants - Surface - Terre prise pour la construction de la barrière - Terre du côté israélien - Surface touchée en %
al-Midya - 1,200 - 900 - 120 - 270 - 43%
Nil'in - 4,600 - 13,300 - 200 - 5,200 - 41%
Dir Qadis - 1,900 - 8,200 - 200 - 2,600 - 34%
Kharbata - 2,800 - 7,000 - 150 - 600 - 11%
Bil'in - 1,700 - 4,000 - 150 - 1,900 - 51%
Saffa - 3,900 - 9,700 - 250 - 3,000 - 33%
Total - 16,100 - 43,100 - 1,070 - 13,570 - 34%
Source : Les données sur la quantité de terre affectée ont été obtenues en croisant des données de diverses sources palestiniennes, parmi elles, celles des conseils locaux et d'organisations non gouvernementales.


Après l'achèvement des travaux de construction sur la barrière, on s'attend à ce qu'Israël déclare le secteur entre lui et la Ligne Verte: "Zone Militaire Fermée", comme il l'a fait dans le cas des sections de la barrière construites en tant qu'élément de l'étape 1 du projet.

A compter de ce moment-là, les Palestiniens seront autorisés à accéder à leur terres situées à l'ouest de la barrière seulement s'ils ont une autorisation délivrée par l'Administration Civile, qui dépend d'une recherche GSS pour savoir s'il n'y a aucune raison de sécurité pour refuser d'accorder le permis, et de la présentation de documents prouvant leur propriété de la terre située dans le secteur fermé.

En se basant sur les précédentes expériences, certains Palestiniens seront totalement interdits d''accès à leurs terres. Ceux qui obtiendront des permis pourront seulement accéder à leurs terres pendant les heures d'ouverture des portes qui seront installées.

Israël affirme que l'installation des portes réduit le préjudice imposé à la population palestinienne suite à la construction de la barrière et qu'elle est proportionnée à l'avantage fourni par la barrière.

Cet argument suppose que le préjudice est causé par le besoin de sécurité militaire.

Comme nous l'avons vu ci-dessus, les principales raisons du positionnement du tracé autour du bloc de Modi'in Illit ne sont pas liées aux besoins de sécurité militaire, mais elles sont politiques et économiques (c.-à-d., ont pour but de bénéficier aux promoteurs immobiliers). Ceci étant le cas, la question de la proportionnalité est inappropriée.

De plus, le régime de permis proposé par Israël ne résoudra pas les deux problèmes significatifs qui découlent de la séparation des villageois de leur terre.

D'abord, une partie des terres situées à l'ouest de la barrière comporte la petite, et parfois la seule, réserve de terres disponibles pour la construction du village.

Dans leurs témoignages à B'Tselem, les chefs des villages ont fait remarquer que le manque de possibilité de construction était l'une des principales raisons qui poussait la jeune génération à partir.

En second lieu, l'une des sources de revenu des villageois est l'élèvage des moutons et des chèvres. La barrière les sépare de la terre qu'ils utilisaient précédemment pour le pâturage.

Israël n'accorde pas de permis aux habitants pour traverser la barrière avec leurs moutons et chèvres, donc les villageois devront acheter de plus en plus de fourrage pour leurs troupeaux.
Ces dépenses accrues forceront les villages à envisager de ne plus élever d'animaux pour survivre.


Encore pire, il y a une preuve concrète que des projets existent pour agrandir le bloc de Modi'in Illit sur la terre appartenant à des propriétaires privés palestiniens du côté "israélien" de la barrière. Comme noté ci-dessus, des centaines de dunams de champs appartenant à des propriétaires privés à l'extérieur du bloc de Modi'in Illit et également en dehors de ses plans d'ensemble officiels, sont prévus, selon le plan d'aménagement de Modi'in Illit, pour l'expansion des colonies.

Par exemple, 600 dunams situés à proximité du plan d'ensemble 210/8/1 (Matityahu-Est), appartenant à quelques familles de Bil'in, et sur lesquels sont plantés des centaines de vieux oliviers, sont réservés comme emplacement pour 1.200 logements. .

Début novembre 2005, des habitants de Bil'in étaient étonnés de constater qu'une nouvelle route avait été construite entre Matityahu-Est et le secteur impliqué. Dans ce processus, plus de 100 oliviers ont été déracinés et volés.

Le 13 novembre, le Conseil de village de Bil'in a déposé une plainte auprès du Département de la police israélienne du District de Shai. La construction de la route renforce la controverse qu'Israël cherche à prendre le contrôle de la terre palestinienne.

De même, 1.000 dunams de terre cultivée appartenant à des habitants de Deir Qadis et de N'alin qui sont situés près du site du plan d'ensemble 210/6/3 (Matityahu Nord 3) ont été rattachés au plan d'aménagement de la terre concernée par ce plan d'ensemble.

Au début des années 70, Israël a pris le contrôle de centaines de milliers de dunams dans l'ensemble de la Cisjordanie en les déclarant "Terre d'Etat"..

Selon la législation en vigueur, une telle déclaration est légale, entre autres, si l'on prouve que la terre n'a pas été travaillée pendant au moins trois années consécutives.

À la lumière des objectifs qui sont évidents dans le plan d'aménagement, il y a une profonde inquiétude que l'objectif caché de la barrière est de faire cesser aux habitants palestiniens de travailler la terre qui est prévue pour l'expansion des colonies, et ainsi permettre à Israël de les déclarer "Terres d'Etat".




Suliman Yassin, 69 ans, un résidant de Bil'in, décrit dans son témoignage à B'Tselem le changement dramatique de sa vie suite à la construction de la barrière :

Il y a plus de vingt-cinq ans, j'ai acheté trente dunams de terre à la limite de mon village... Notre maison, qui est située au centre du village, est trop petite pour nous, et nous espérions construire des maisons pour nos enfants, quand ils grandiront, sur la terre que j'ai achetée.

J'ai travaillé la terre depuis que je l'ai achetée. J'ai creusé un puits pour arroser la terre. J'ai apporté des tonnes de terre pour planter et semer.
J'ai dû ajouter la terre parce qu'une grande partie de la terre était rocheuse.

Il y avait vingt-cinq anciens oliviers sur la terre quand je l'ai achetée. J'ai planté plus de cinquante oliviers, environ cinquante figuiers, et amandiers, et environ vingt vignes. Sur une autre partie de la terre, un secteur d'environ dix dunams, j'ai planté des graines, et sur sept dunams j'ai planté des légumes.
Quand j'ai acheté la terre, j'ai construit une maison de cinq-pièces et une salle de bains parce que j'ai douze enfants, le plus vieux a 43 ans et le plus jeune a 22 ans.

Tous mes enfants sont mariés, et j'ai environ trente petits-enfants. Nous gagnons tous notre vie de la terre, et nous partageons ensemble les récoltes... En outre, j'ai acheté plus de cent têtes de moutons et de chèvres, qui fournissent les produits laitiers et la viande pour la famille entière.

Avec les recettes, j'ai acheté une autre parcelle de terrain qui était située à côté de mes champs...

Il y a un an, l'armée israélienne a exproprié la majeure partie de mes champs pour construire la barrière de séparation. En février 2004, j'ai reçu un ordre prenant vingt-cinq dunams.

L'ordre fut une grande surprise. Dix dunams plantés d'arbres se retrouvent du côté ouest de la barrière, et dans quelques jours, je ne pourrai plus y accéder.

Tout que j'avais investi dans la terre, et la sécurité qu'elle m'apportait ainsi qu'à ma famille était en danger...

Bien qu'ils m'aient pris moins de terres qu'à d'autres [ dans le village ], j'étais le seul à perdre sa principale source de revenu et la majeure partie de sa terre. Il ne me reste que cinq dunams, ceux sur lesquels nous vivons : la maison de 120 mètres carrés, et trois bâtiments pour les troupeaux, et le puits...

J'ai essayé de replanter les oliviers déracinés sur la terre qui me reste, mais j'ai seulement réussi à en planter quinze. Maintenant, la barrière en est aux dernières étapes de construction.

De nombreuses manifestations ont lieu près de ma maison, qui se trouve à environ vingt mètres de la barrière.

Un bon nombre de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes ont été tirées dans ma cour, et les balles réelles et les balles en caoutchouc tirées sur les manifestants ont atterri sur les murs et les fenêtres de la maison.
Les pierres jetées par les manifestants ont atterri à l'intérieur de notre maison.

À de nombreuses occasions, ma famille a été gênée par le gaz lacrymogène qui était tiré contre les manifestants. Il y a deux mois et demi, mon fils Muhammad, qui a trente ans, a été blessé à la tête par une boîte métallique de gaz lacrymogène.

Mon troupeau, aussi, a été touché par les tirs de l'armée. Depuis mars dernier, trente de mes chèvres ont été tuées par les tirs. En novembre 2004, j'ai planté des pommes de terre, mais je ne les ai pas ramassées, pas une seule, parce que les soldats ont endommagé la récolte quand ils ont marché dessus. Ils ont également détruit plus de deux cents têtes de chou-fleur, un quart de dunam d'ail, la moitié d'un dunam d'oignons, et un dunam et demi d'haricots.

Depuis qu'ils ont pris ma terre, c'est comme si mes enfants et moi n'avions aucun futur. Je suis devenu pauvre, et je n'ai plus que trente moutons et chèvres. J'ai commencé à vendre mon troupeau pour subvenir aux besoins de ménage.

Dans le passé, le troupeau paissait sur de grandes bandes de terre, mais maintenant ils sont confinés, et je dois leur acheter du fourrage.

Je pense que je finirai sans aucun mouton, ce qui signifie que j'aurai perdu ma source de revenu et ma dernière source de nourriture, puisque j'ai perdu ma terre.

J'entends le troupeau gémir, et je comprends leur frustration, tout comme je comprends la frustration d'une personne qui est emprisonnée et qui ne peut pas sortir.

Quand vient le temps pour moi de les nourrir, je suis titalement abattu pour mon troupeau et pour la situation dans laquelle ils sont.

Ceux de mes enfants qui vivaient avec moi sont partis vivre dans le village. Certains d'entre eux étaient déjà partis avant que le travail sur la barrière ait commencé, parce qu'ils ne pouvaient pas construire des maisons sur notre terre, qui est située dans le secteur C.

D'autres comme mon fils Marzuq, qui vivait avec moi ainsi que sa famille, a quitté la maison en raison des nombreuses manifestations près de la maison, et par crainte du harcèlement des soldats.

Dans le passé, ma famille entière utilisait notre maison pour se rassembler, pour manger ensemble, et pour passer la plupart de notre temps ici, et les enfants jouaient sur notre grand bout de terre. Maintenant nous tous sommes dispersés.

Seul, mon fils Taysir et son épouse et l'un des petits-enfants et ma petite fille, qui se marieront bientôt, restent dans la maison. Dans le passé, à ce moment de l'année, je fertilisais la terre.

Deux mois après l'avoir fertilisée, je semais le blé et l'orge, et je fais paitre mon troupeau le matin. Cette année, je n'ai pas travaillé la terre et je ne l'ai pas fertilisée, et le troupeau restera dans l'enclos.

Non seulement la barrière a détérioré notre vie, mais elle a également détruit notre intimité. Ils [ l'armée ] ont installé des caméras pour surveiller la barrière. Ces caméras documentent chaque mouvement et tout qui se passe près de la barrière.

Ma maison se trouve très près de la barrière, ainsi ils documentent chacun de mes mouvements et ceux de ma famille.

Par exemple, si la nuit je veux aller dans la salle de bains, qui est à l'extérieur, une patrouille de l'armée vient à la maison pour vérifier ce qui se passe dans la cour.

Il y a à peu près un mois, j'ai oublié qu'un sac d'engrais appartenant à l'un de mes amis était à côté de la barrière.
Les jeeps de l'armée ont fait irruption dans notre maison à 20h30 et les soldats ont exigé que je sorte et que je les emmène vérifier ce qui était dans le sac...

C'est très effrayant, et je déteste penser ce qui m'arriverait si un jour quelqu'un plaçait à côté de la barrière un sac comme avec des explosifs à l'intérieur.

Notre vie est devenue un enfer. Je me sens humilié et harcelé à toute heure, et je ne sais pas quoi faire.

Source : http://www.btselem.org/

Traduction : MG pour ISM

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