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ISM France - Archives 2001-2021

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Europe -

Science et guerre, pas de neutralité - Boycotter les universités d’Israël

Par

Angelo Baracca est enseignant de physique à l’Université de Florence.

La question posée par les étudiants de l’Université La Sapienza de Rome, sur le boycott universitaire d’Israël et la recherche militaire en général, concerne plus d’une question, que je voudrais aborder en apportant mon soutien à la proposition.

Science et guerre, pas de neutralité - Boycotter les universités d’Israël

Une première question concerne les aspects politiques contingents sur lesquels pèse le jugement sur Israël et le conflit israélo-palestinien : si en 42 années (60, NdT) la puissance incomparablement la plus forte de la région n’a pas trouvé le moyen de résoudre le problème du peuple et de l’Etat palestiniens, elle en porte sans aucun doute la responsabilité prépondérante.

Aux collègues qui refusent d’interrompre leurs collaborations scientifiques avec Israël, je voudrais demander s’ils auraient la même réponse s’il s’agissait de collaborations, mettons, avec l’Iran ; et je le dis non pas pour réitérer des accusations contre Téhéran, dont je n’ai aucune sympathie pour les dirigeants, mais parce que jusqu’aujourd’hui, l’Iran n’est inculpable d’aucune violation du droit international. Israël est en violation manifeste du droit international, au moins parce qu’il ne déclare pas son propre potentiel nucléaire et n’admet aucune vérification de l’Agence internationale pour l’énergie atomique.

On pourra répondre que cela n’a rien à voir directement avec les collaborations scientifiques de base. Je voudrais rappeler alors qu’en 1939, divers scientifiques proposèrent de ne pas publier les résultats des recherches sur l’uranium : ce ne fut accepté que plus tard, mais aucun scientifique n’aurait maintenu de collaborations avec l’Allemagne nazie. Que ce soit clair, je ne suis pas en train de comparer Israël à l’Allemagne nazie, je ne fais que me référer à des violations du droit international et aux risques d’escalade militaires, sur lesquels des personnes raisonnables ne devraient avoir aucun doute.

Il y a quelques années, l’Union Européenne lança de fortes sanctions contre Cuba, au motif d’avoir fusillé ou emprisonné des citoyens qui s’expatriaient clandestinement : ces dispositions compromirent la collaboration scientifique et universitaire que moi, avec d’autres, entretenions avec Cuba : y a t’il aujourd’hui quelque collègue concerné par Israël qui prenne la parole ?

Israël est un Etat « juif », dans lequel la minorité non juive a un statut social différent. Les collègues qui collaborent avec les universités et centres de recherche israéliens se sont-ils jamais préoccupés de demander à leurs collègues quel est le pourcentage d’arabes dans le corps universitaire et de recherche ? Et si ces instituts ont des collaborations avec des centres militaires ?

Le directeur du Département de Physique de Rome aurait répondu aux étudiants (je cite Il Manifesto) ne pas savoir quel avenir peuvent avoir ces applications, si dans des directions positives ou à des fins guerrières. Ces jours-ci (comme déjà en 2006), circulent avec insistance des accusations contre Israël sur l’usage ou l'expérimentation d’armes nouvelles et atroces. L’écrivain israélien Shamuel Amir dénonçait dimanche le caractère « colonial de la guerre développée par le sionisme », avec la supériorité écrasante de ses armements. Face à ces risques, les scientifiques ne peuvent pas se donner bonne conscience : qu’ils essaient seulement de prendre position contre les armes utilisées par Israël et nous verrons si leurs collaborations continueront !

Mais je n’en veux pas particulièrement au Directeur du Département, parce que derrière sa réponse, on trouve une question plus générale : l’idéologie selon laquelle la science a une valeur universelle au dessus des questions sociales et n’est pas responsable des applications –bonnes ou mauvaises– de ses résultats. Je n’entre pas dans la discussion. Je me souviens de l’exclamation d’Enrico Fermi : « Laissez moi tranquille avec vos scrupules, c’est une physique tellement belle ! ».

La science est un produit de l’activité des hommes, elle participe et se ressent de leurs finalités, et ceux-ci ne peuvent pas se laver les mains de son usage. On ne se souvient jamais qu’une tranche non négligeable de la communauté scientifique travaille dans des centres de recherche militaire, qui ont toutes les ramifications possibles, et peut-être impensables. Je partage les réserves à collaborer avec l’université de Californie, qui collabore avec le laboratoire Livermore où se conçoivent les projets d’armes nucléaires. Aujourd’hui, face aux défis auxquels l’humanité doit faire face (et le premier est peut-être le risque d’un holocauste nucléaire), les scientifiques doivent assumer de plus grandes responsabilités en ce qui concerne leur travail et leurs choix.

Source : Il Manifesto

Traduction : Marie-Ange Patrizio

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