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Cisjordanie occupée -

Un maire palestinien explique le nombre élevé de morts dans son petit village : "La pression engendre l'explosion"

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20.08.2016 - Il y a un an, les dates inscrites sur les tombes du cimetière des Martyrs de Sair remontaient à une dizaine d'années ou plus. Aujourd'hui, plus de la moitié des tombes portent des dates des huit derniers mois. Des couronnes fraîches de fleurs colorées sont posées sur chacune des rangées de pierres - quatorze dalles qui ont pris presque tout l'espace disponible du cimetière. "Nous cherchons les moyens d'agrandir le cimetière," dit Jamaal Faroukh, chef du Bureau des Affaires religieuses à Sair, à Mondoweiss.

Un maire palestinien explique le nombre élevé de morts dans son petit village : 'La pression engendre l'explosion'

Le chef des Affaires religieuses de Sair dit que la mairie cherche les moyens d'agrandir le cimetière pour enterrer ceux qui seront tués par les forces israéliennes à l'avenir (Photo: Sheren Khalel)
"Il reste de la place pour une, deux, peut-être trois autres tombes, mais nous nous attendons à manquer de place bientôt," explique-t-il, faisant allusion aux prévisions que d'autres jeunes de Sair soient tués par les forces israéliennes. "Actuellement, nous travaillons à l'expansion du cimetière."

Le village de Sair, situé dans le district d'Hébron/Al-Khalil, au sud de la Cisjordanie occupée, est un des épicentres de la violence depuis le début du soulèvement en octobre dernier. Les résidents disent qu'à cause des forces israéliennes, le village a été plus souvent fermé qu'ouvert.

Les blocus ont souvent eu lieu après que des jeunes palestiniens ont été abattus au cours d'attaques alléguées, tentées ou réelles contre des Israéliens, mais d'autres fois les fermetures sont aléatoires, expliquent les habitants, sans aucun lien avec une action dont quelqu'un aurait connaissance dans le village.

"Quelquefois, nous sortons pour aller quelque part, le matin, et nous trouvons toutes les issues du village fermées, sans raison, c'est complètement imprévisible," dit un villageois à Mondoweiss.

Les forces israéliennes ont aussi, par punition, démoli plusieurs maisons appartenant à des membres des familles de ceux qui étaient accusés d'attaques avant d'être tués. Des milliers d'autres ont vu leur permis de travail confisqué par les autorités israéliennes.

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Depuis octobre, quand l'armée israélienne ouvre certaines entrées du village, elle laisse derrière elle des gravats et des blocs de ciment qui facilitent et rendent plus efficace le prochain blocage (Photo: Sheren Khalel)


Le maire de Sair, Kayyed Jaradat, a dit à Mondoweiss que les actions d'Israël contre le village n'ont fait qu'attiser les flammes de la violence.

"La pression engendre des explosions," dit Jaradat. "Ces punitions collectives n'ont fait qu'empirer les choses ; plus Israël durcit ses actions, plus le peuple palestinien résiste."

Il dit que les assassinats de jeunes palestiniens ont eu un effet domino sur les attaques contre des Israéliens, et un cycle de mort de jeunes palestiniens.

"Si vous regardez ceux qui ont été tués, la plupart d'entre eux sont liés d'une manière ou d'une autre, ou bien ils étaient amis avec un autre qui a été tué. C'est une petite communauté, et quand un jeune homme est tué, vous voyez que son frère ou son cousin ou son ami est alors tué en tentant de venger sa mort, et ainsi de suite," dit Jaradat.

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Le maire de Sair dit que les punitions collectives d'Israël contre le village n'ont fait qu'inciter à davantage d'attaques contre les Israéliens (Photo: Sheren Khalel)


Le 6 janvier, trois cousins habitant Sair ont été tués le même jour. Ahmad Salim Abd al-Majid Kawazba, Alaa Abed Muhammad Kawazba et Muhannad Ziyad Kawazba ont été abattus lors d'une tentative d'attaque commune contre des soldats israéliens à une intersection avec une colonie voisine. Aucun Israélien n'a été blessé, mais les trois cousins ont été tués. Leurs tombes sont maintenant dans la même rangée, presque identiques.

Plus tard cette nuit-là, un jeune de 16 ans de Sair, Khalil Muhammad al-Shalaldah, a été abattu pendant une autre attaque contre des soldats israéliens stationnés en face d'un village palestinien voisin. Sa tombe se trouve près de celle de son frère, Mahmoud al-Shalaldah, qui a été tué deux mois avant pendant des affrontements avec les forces israéliennes à Sair.

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Les tombes des trois cousins tués le même jour. La rangée touche presque la grille principale du cimetière des martyrs, où l'espace pourrait venir à manquer. (Photo: Sheren Khalel)


Des posters proclamant le martyr de tous ces jeunes sont suspendus dans tout le village. Les habitants du village peuvent nommer chacun des quatorze morts sans hésitation, pointant dans la direction de chacune de leurs maisons. Chaque mort fut une perte personnelle pour chaque villageois dans une région où la communauté est la vie.

Jaradat a dit que Sair est à l'avant-garde du soulèvement à cause des liens étroits du village à Jérusalem, et à la passion profonde des villageois pour leur religion.

"Sair est une lieu traditionnel, c'est une communauté religieuse et beaucoup de familles ici ont de la famille à Jérusalem, dont elles ont été séparées à cause du mur et de l'occupation d'Israël, mais nous avons des liens puissants avec Jérusalem et avec la Mosquée Al-Aqsa," dit Jaradat. "Alors quand ces Israéliens de droite ont commencé à causer des problèmes à Al-Aqsa, l'an dernier, cela a profondément affecté les gens de Sair, ils se sont dressés en défense d'Al-Aqsa - c'est comme ça que ça a commencé."

Il a également souligné que Sair n'est pas le seul point chaud de "résistance" dans le gouvernorat d'Hébron, d'où viennent au moins 62 des 219 Palestiniens tués par les forces israéliennes depuis octobre 2015.

"Çà s'est produit dans tous les territoires palestiniens, mais nous remarquons que c'est à Sair et à Hébron que nous avons le plus grand nombre de jeunes tués, comparé aux autres villages," dit-il.

Un vieil homme en habit palestinien traditionnel (photo ci-dessous/Sheren Khalel), rentrant chez lui après les prières de l'après-midi, dit qu'il a vécu toute sa vie à Sair, et qu'il ne se souvient pas d'une période plus difficile depuis la fin de la Deuxième Intifada il y a 15 ans.

"Depuis octobre, les choses sont même pires à Sair que pendant la Première Intifada," dit-il. "Quand les Israéliens ferment le village, quelquefois nous ne pouvons pas faire entrer des légumes ou d'autres nourritures, et nous devons attendre que les produits entrent à nouveau. Les gens ne peuvent pas venir et aller au travail, c'est un désastre ici."

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Mohammed, un jeune homme qui aide à gérer une entreprise de taille de pierres à Sair, dit que le village vit au ralenti depuis de début du soulèvement.

"Nous traversons toutes ces épreuves seuls, le gouvernement israélien a commencé, mais l'Autorité palestinienne n'a rien fait pour aider, et la communauté internationale ne change rien. Nous sommes seuls, de sorte que nous nous débrouillons et agissons par nos propres moyens," dit le jeune homme.

L'un de ces phénomènes a été la création d'un groupe d'intervention de première urgence composé de bénévoles qui consacrent leur temps et leur argent à essayer d'aider les résidents de Sair.

"Quand quelqu'un prend une balle ou inhale trop de gaz lacrymogènes, ou a un problème de santé, c'est le groupe d'intervenants de première urgence qui s'en occupe, c'est tout ce que nous avons," dit-il. "S'il y a le feu dans une maison, Israël ne vient pas, l'AP n'est pas autorisée à venir et la plupart du temps le Croissant Rouge non plus, ou alors ils n'arrivent pas à temps, donc ce fut notre seule option."

Mohammed dit que si la communauté n'était pas aussi soudée, la vie à Sair serait bien pire.

"Quand ça va mal, nous nous regroupons, c'est le seul moyen pour survivre ici, et ça rend même notre communauté plus forte," dit-il.

Jaradat, le maire du village, dit que la seule manière d'arrêter les attaques partant de la population de son village contre les Israéliens est de mettre fin à l'occupation israélienne.

"Tant que l'occupation continuera, cette violence continuera," dit-il. "Elle ne peut être brisée tant que l'occupation du peuple palestinien perdure."

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A l'intérieur de l'immeuble de la municipalité de Sair, une fresque illustre la centralité du droit au retour et de la Mosquée Al-Aqsa pour les Palestiniens. (Photo: Sheren Khalel)



Source : Mondoweiss

Traduction : MR pour ISM

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