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ISM France - Archives 2001-2021

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Marseille -

BDS - Lettre ouverte à Monsieur le Directeur de l'Espace Julien, Marseille

Par

Vous allez accueillir le 29 janvier une soirée du KKL (Fond National Juif) ; savez-vous avec qui vous vous apprêtez à collaborer ?

Le KKL n'est pas un organisme neutre de développement, c'est un organisme qui travaille en liaison avec le gouvernement israélien pour coloniser les terres palestiniennes situées à l'intérieur de la ligne verte, et notamment en Galilée et surtout dans la région sinistrée du Naqab. Or, là où le KKL travaille, c'est là où les Palestiniens du Naqab ont été chassés, là où leurs terres ont été confisquées par l'armée israélienne sous prétexte de construction d'aéroports et de bases militaires. Les champs ont été occupés, la population expulsée vers une autre zone, qui est aujourd'hui menacée par la colonisation. Le bétail des Palestiniens a été décimé, les maisons sont démolies, les champs sont arrosés d'acide pour obliger les Palestiniens à partir, et laisser la place aux gens du KKL et autres organismes de colonisation.

Sur son site, le KKL se présente ainsi : "KKL est le bras exécutif du peuple juif pour la rédemption et le développement de la terre d'Israël. Depuis sa création au 5ème Congrès Sioniste à Bâle en 1901, la portée de ses activités s'est constamment étendue et diversifiée." (1)

À propos de rédemption et développement de la terre d’Israël, et des prétentions écologiques du KKL (Fond National Juif), nous vous recommandons la lecture du texte « Le buisson ardent » de Gilad Atzmon, sur les incendies qui se sont déroulés cet été (août 2010) dans le Nord d’Israël :

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est rendu précipitamment sur les lieux de l’incendie hier. Il a demandé l’aide des Etats-Unis, de la Grèce, de l’Italie, de la Russie et de Chypre, sollicités pour seconder les pompiers israéliens. Un pays normal aurait probablement sollicité l’assistance des pays voisins. Mais l’Etat juif n’a pas de voisins : de tous ses voisins, sans exception, il a fait des ennemis.
Mais c’est là où ce fait divers revêt une profonde signification. Cet incendie dans le nord d’Israël n’a rien d’un événement fortuit. Le paysage rural d’Israël est saturé de plantations de pins. Ces arbres sont totalement étrangers à la région. Il n’y avait aucun pin (en Palestine) avant les années Trente. Ces pins ont été introduits dans le paysage palestinien au début des années Trente par le Fonds National Juif (FNJ), qui tentait (prétendait-il) « réhabiliter les terres » (voire « les rédimer »). En 1935, le FNJ avait planté 1,7 million de pins sur une superficie totale de 1.750 acres (soit environ 700 hectares, ndt). Durant les cinquante années suivantes, le FNJ a planté plus de 260 millions d’arbres (pour la plupart, des pins) sur des terres très majoritairement confisquées à des propriétaires palestiniens. Le FNJ a fait cela dans une tentative – vaine - de dissimuler les ruines des villages palestiniens détruits et ethniquement « épurés » (par les sionistes), soucieux qu’ils étaient d’en faire effacer jusqu’à l’histoire. Au long de toutes ces années, le FNJ a déployé une tentative grossière d’éliminer la civilisation palestinienne et le passé des Palestiniens. En même temps, il s’est évertué à faire en sorte que la Palestine ressemble à l’Europe. La forêt primaire palestinienne a été éradiquée. Les oliviers ont été déracinés. Les pins ont pris leur place. Dans le sud du Mont Carmel, les Israéliens ont baptisé la région "la Petite Suisse"
» (2), etc.

Savez-vous qui est Gilad Atzmon, l’auteur de cet article ? C’est aussi un musicien israélien, que vous pourriez accueillir à l’Espace Julien. Voici comment il présente sa vocation de musicien.

Extraits :
« J'avais décidé de consacrer ma vie à faire du jazz, acceptant l'idée qu'en tant qu'Israélien et blanc, mes chances d'arriver au sommet étaient plutôt minces. Sans m'en rendre compte, à l'époque, ma passion naissante pour le jazz avait englouti mon sectarisme sioniste. Sans m'en rendre compte, je m'étais débarrassé de ce truc sur "le peuple élu". J'étais devenu un être humain ordinaire. Ce n'est que des années plus tard que j'ai compris que c'est le jazz qui m'avait permis d'échapper à tout ça.
Je dois admettre que quand j'étais en Israël, je ne m'étais pas du tout intéressé à la musique arabe. Un colon ne s'intéresse pas à la culture indigène. […]
J'ai toujours adoré la musique folklorique. En Europe, on me présentait comme un spécialiste de musique klezmer. Au fil des ans, je me suis mis à jouer de la musique turque et grecque. Mais, j'avais complètement occulté la musique arabe et, en particulier, la musique palestinienne.
Une fois à Londres, dans ces restaurants libanais, j'ai réalisé que je ne m'étais jamais véritablement intéressé à la musique de mes voisins. Plus inquiétant, je l'avais complètement ignorée, même si je l'entendais tout le temps. Elle était partout autour de moi, mais je ne l'avais jamais réellement entendue. Elle était là, à chaque recoin de mon existence. L'appel à la prière qui venait des mosquées sur les collines, Oum Kalthoum, Farid El Atrash , Abdel Halim Hafez , étaient présents à chaque recoin de ma vie, dans la rue, dans les petits cafés de la vieille ville à Jérusalem, dans les restaurants. Ils étaient partout mais je les avais, de façon grossière, totalement ignorés […].
» (3)

À l’Espace Julien, vous invitez -et travaillez avec- des musiciens : vous apprécierez sans doute ce qu’écrit celui-ci. « J'aimerais terminer cette réflexion en disant qu'il serait temps que nous apprenions à écouter les gens que nous aimons. Il serait temps que nous entendions les Palestiniens plutôt de que nous référer à de vieux manuels en lambeaux. Il serait temps. » (4)

Monsieur de Directeur, nombre d'entre nous à Marseille et dans la région, connaissons votre salle pour y avoir joué (théâtre ou musique), assisté à des spectacles (fêtes scolaires, associations culturelles) ou participé à des débats. Vous connaissez peut-être, vous, l'« Appel de la Société Civile Palestinienne, au Boycott, aux Sanctions et aux Retraits des Investissements contre Israël jusqu'à ce qu'il applique le Droit International et les Principes Universels des Droits de l'Homme. » (5)

Cette campagne ne cesse de s’étendre chez nous, en tous secteurs, et internationalement, avec des effets qui montrent à quel point les sociétés civiles dénoncent et s’opposent, dans leur vie quotidienne, à cet Etat colonial assassin.

À contre-courant de l'histoire engagerez-vous aujourd'hui l'Espace Julien dans une complicité avec une organisation qui expulse les habitants, décime leur bétail, arrache leurs oliviers en dénaturant et fragilisant une terre ? Organisation qui, ce faisant, contribue, aussi, activement, aux opérations d'agressions militaires israéliennes ("Plomb durci" en décembre 2008-janvier 2009) que le représentant de l'ONU (Rapport Goldstone) qualifie de crime de guerre et crime contre l'humanité ? Savez-vous que des actions en justice sont en cours, ici, en France et en Europe, pour dénoncer les complicités locales éventuelles (conscientes ou non) avec ces crimes, et qu'une plainte est déposée pour poursuivre les assassins de « Plomb durci » et leurs complices à la Cour Pénale Internationale de La Haye ?

Vous allez accueillir à l’Espace Julien, samedi prochain, David Broza, « artiste incontournable de la variété israélienne » (6) ; il y a d'autres musiciens, palestiniens, que vous pourriez accueillir à l’Espace Julien, qu’ils soient juifs comme Gilad, ou arabes comme le Trio Joubran, ou Marcel Khalifé, libanais mais « considéré comme Palestinien en Palestine » (7), ou Moneim Adwan (8), qui réside même actuellement dans notre région ! Et aussi des acteurs et danseurs comme les enfants et adolescents de la belle troupe Al-Rowwad (9) (du camp de réfugiés d'Aida, à Bethléem), qui prépare une tournée en France, organisée par Les Amis d'AlRowwad.

En tant que salle subventionnée par la Municipalité marseillaise (10), offrez-nous plutôt la possibilité d’écouter ceux qui luttent pour le droit de vivre dans l’égalité et la dignité sur la terre de Palestine qu’ils aiment, quelle que soit leur origine ou leur religion, en ayant, comme dit Atzmon, « réalisé que l'éthique intervient quand […] les échos de la conscience forment un air au plus profond de notre âme. » (11)

Bien cordialement, Monsieur le Directeur, dans l’attente que vous reconsidériez le bien-fondé de votre programmation du 29 janvier 2011,

International Solidarity Movement,
Section Marseille-Provence, 23 janvier 2011

Références :

(1) Lire : "Le KKL est un organisme de colonisation", par Palestine en Marche, ISM-France, 25.10.2004.
(2) Lire : "Le buisson ardent", par Gilad Atzmon, ISM-France, 03.12.2010.
(3) Lire : "Moi, Gilad Atzmon, musicien de jazz, israélien et humain du monde", par Gilad Atzmon, Tolérance, 14.11.2009
(4) Ibid.
(5) Voir : "Appel au Boycott, aux Sanctions et aux Retraits des Investissements contre Israël", par Société civile palestinienne, ISM-France, 10.07.2005.
(6) Voir : "Récital de David Broza", Espace Julien.
(7) Voir : "Marcel Khalifé", Wikipédia.
(8) Vidéo : "Moneim Adwan - Hommage à Mahmoud Darwich", Festival d’Aix-en-Provence 2010, DailyMotion.
(9) Voir : le site de l'Association Al-Rowwad, Bethléem, Palestine ; le site de l' Association des Amis d'Al-Rowwad, France.
(10) Salle en cours de restauration, « Maîtrise d'ouvrage : Ville de Marseille, Montant de l'investissement : estimation en cours »
(11) Ibid.

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