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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

27 janvier – à Al Wafa. Saja et le « cessez-le-feu »

Par

Hier E. et moi sommes retournées voir Amer chez lui à Zaitoun. Il nous a dit que son frère Abdullah est rentré de l’hôpital égyptien, et nous a montré ses souvenirs d'hôpital ; ses blessures (deux à l'abdomen, une au bras) cicatrisent bien. Pourtant, il était inquiet au sujet de Saja, sa fille de 6 ans, il semblait penser que la blessure à son bras ne cicatrisait pas correctement, et il n'était pas sûr d’avoir l'attention d'un médecin surchargé de travail dans les circonstances actuelles. E. a déjà quelques relations avec les médecins de l'hôpital Al Wafa à Shayjaiee, où la famille Al Helou est restée avec la famille de la sœur de Shireen, aussi elle a appelé le Dr Tariq et lui a demandé s'il pouvait voir Saja le lendemain.

27 janvier – à Al Wafa. Saja et le « cessez-le-feu »

Amer a beaucoup d'amis qui passent quand il est à la maison de Zaytoun, ils ne veulent pas qu'il reste seul. Un des jeunes hommes ici a perdu son frère comme Amer a perdu Mohammed. Amer nous a dit que la femme de Mohammed est enceinte de 4 mois.

Un des amis nous a fait un merveilleux makluba pour le déjeuner avec quasiment pas de provisions. E. nous a dit qu'elle pensait que c'était uniquement le nom de ce plat de riz et de poulet, et qu'elle n’arrivait pas à comprendre ce que cela veut dire quand quelqu'un dit que sa pièce est toute maklubah. Cela veut juste dire en réalité « sens dessus dessous ». Par bonheur pendant que nous mangions, le vent soufflait du bon côté. Quand il souffle du mauvais côté, tous ceux qui essaient encore de vivre dans une zone semi-rurale comme celle-ci doivent faire avec la puanteur des poulets, des vaches et des moutons en putréfaction, qui ont été tués ou qui sont morts de faim pendant les attaques.

Aujourd'hui E. et moi avons rencontré Amer et Saja au marché de Shayjaiee pour aller au centre de rééducation Al Wafa. Saja est une enfant aux os délicats avec un visage grave, qui est restée près de son père, s'asseyant même aussi loin que possible sur le siège arrière du taxi pour être près de lui sur le siège avant. Quand vous vous souvenez qu'elle a vu son grand-père et sa jeune sœur se faire tuer, cela n'est pas surprenant. Elle était en train de sucer une sucette et ne voulait pas ouvrir la bouche pour dire un mot.

Quand nous sommes revenus chez elle plus tard et qu'elle était avec sa famille et son petit frère Mohammed (son autre frère Fouad était au jardin d'enfants) elle s'est détendue et nous a fait des dessins.

Le Dr Tariq est un homme gentil, mais Saja était méfiante (photo ci-dessus), et elle avait raison, car l'examen inévitablement l'a fait crier de douleur. La blessure est cicatrisée en surface, mais il semble y avoir quelques problèmes internes, et une prochaine opération pourrait être nécessaire.

J'ai appris au cours de mes précédentes visites en Palestine à ne rien admirer de ce qu'ont les Palestiniens et qu'ils pourraient vous donner, parce qu'ils vont le faire. J'essaie de limiter mes compliments aux choses qui sont fixées au sol et aux enfants. Mais j'ai fait une gaffe aujourd'hui... quand Shireen est arrivée, E. et moi avons dit combien nous aimions ses vêtements, et que nous aimerions qu'elle nous montre où elle les trouve. Elle est immédiatement allée à l'arrière de sa maison et est revenue avec deux de ses chemises, une pour chacune de nous, pour laquelle elle n'accepta aucun refus.

A la fin de notre visite, nous avons aussi reçu une écharpe commémorative de Palestine d’un des membres de sa sympathique famille, et quelques biscuits hautement énergétiques du Programme Alimentaire Mondial, qui étaient apparemment un don de la Norvège avant d'être un don de Shireen. J'ai eu le sentiment que je n'arrivais pas à garder le rythme avec le halva que je leur ai apporté, mais cela fait sourire Shireen, parce qu'Amer a plaisanté hier sur mon sac qui contient un supermarché, après que j'aie sorti des noix de cajou suivies par le maramaya pour le thé, hier. (Ces choses sont, en fait, financées par vous, mes gentils donateurs).

Nous avons interrogés Amer à propos de son travail, il a dit qu'avant les attaques il livrait le pain dans sa camionnette, mais que maintenant il ne peut plus le faire. Vous comprendrez pourquoi quand vous verrez la photo.

E. et moi avons dit que nous voulions faire savoir aux gens qui lisent nos blogs qu'ils peuvent faire des dons pour le traitement médical dont Saja pourrait avoir besoin, s'ils le souhaitent. Elle sera examinée jeudi et nous vous le ferons savoir, et nous essaierons de mettre en place un Paypal. Je pense que nous pouvons convaincre Amer et Shireen d'accepter cela ; après plusieurs batailles pendant plusieurs jours, j'ai réussi à payer notre taxi aujourd'hui en disant « ce n'est pas mon argent, mais c'est avec des dons des gens de l'étranger que je suis en train de payer. » (C'est en réalité un peu des deux. J'espère qu'Amer ne lira pas çà. Il a une manière sournoise de serrer la main du chauffeur et de lui passer en même temps des shekels quand nous ne regardons pas.)

Pendant que nous étions à Al Wafa, il y a eu des tirs environ toutes les 5 minutes. Apparemment les tirs permanents de l'armée à travers la frontière sont normaux ici. C'est un autre hôpital qui a été attaqué (voir la photo). Il y avait normalement trois patients dans cette pièce, mais heureusement ils avaient évacué ce côté du bâtiment et déménagé tout le monde de l'autre côté quand la roquette est entrée dans le mur, à travers la pièce, et est sortie par l'autre. Je crois qu'il y a aussi d'autres tirs.

Pendant que nous étions là, E. m'a emmenée voir Abd, dont elle s'est occupée quand elle était en Egypte. Il a 18 ans maintenant, et il a été blessé par un sniper lors de l'invasion de 2008. Il était monté sur le toit de la maison pour trouver pourquoi il n'y avait pas d'eau dans le réservoir (c'était aussi à cause des tirs de snipers qu'il s'était vidé). Il a été touché à la moelle épinière, un peu avant que sa famille réalise qu'il n’était pas là. Il a été envoyé en Egypte pour traitement, et allait vraiment mal quand E. l'a rencontré, émacié, avec des escarres, coupé de sa famille, et ayant changé 5 fois d'hôpital égyptien.

Le conseil qu'a reçu E. était d'essayer d’organiser son retour à Gaza, ce qui l'a surprise à cause de la situation de siège, mais ensuite elle a appris que des soins de longue durée et de bonne qualité étaient possibles à Wafa. Elle a été un élément clé du retour d'Abd chez lui, et il va maintenant beaucoup mieux physiquement et a eu quelques visites chez lui. Cependant les 3 docteurs pleins de sollicitude rassemblés autour de son lit nous ont dit qu'il est très démoralisé.

Il semble qu'il réalise qu’il ne pourra jamais marcher, et il pleure sur la vie qu'il n'aura pas. L'équipe d'Al Wafa fait de son mieux pour lui montrer la vie qu'il peut avoir. Combien y a-t-il de jeunes gens comme lui, après ces dernières semaines, et tellement de pertes. Nous nous sommes demandé si nous pouvions proposer à l'ami d'E., AK, de rendre visite à Abd. AK a perdu ses deux jambes, mais il est un homme très fort, positif et plein d'esprit.

Source : Tales to Tell

Traduction : MM pour ISM

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