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ISM France - Archives 2001-2021

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Ramallah -

Bush continue à avoir des hallucinations de paix

Par

> sbahour@palnet.com

Sam Bahour est consultant pour entreprises et peut être joint à l’adresse suivante : sbahour@palnet.com.

Même notre journal local a informé une campagne de la société civile avec qui je travaille que l’encart que nous avions demandé de publier dans le journal d'aujourd'hui, pour transmettre un message à Bush via un dessin, nécessiterait l'approbation spéciale de la direction du journal, compte tenu de la situation particulière de la visite de Bush (au moment où j'écris, on m’apprend que la publication de notre encart a été refusée !**)

Bush continue à avoir des hallucinations de paix


Photo : Dessin que le jounal Al Quds a refusé de publier pour la visite de Bush

Le président américain George Bush est arrivé hier en Israël pour son premier voyage présidentiel dans le pays. Il a participé à une conférence de presse à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert que les deux hommes ont qualifié d’occasion «historique» et «monumentale».

Après avoir écouté les deux soi-disant dirigeants faire leurs commentaires d’ouverture et répondre aux questions des journalistes, la seule révélation révolutionnaire que j'ai pu enregistrer, c'est que la naïveté du président Bush, qu’elle soit réelle ou feinte, n'a fait que servir l’agenda d’un parti dans la région : le Hamas.

Les Islamistes radicaux du Hamas n’auraient pas pu recruter un meilleur supporter de leur mouvement s’ils l’avaient voulu.

Mon opinion est peut être extrême, mais là encore, je vis dans une très grande violence sous occupation militaire israélienne, façonnée par une politique que les deux hommes continuent de refuser d'appeler par son vrai nom – le terrorisme d'État.

Encore une fois, mon avis est certainement subjectif - mais là encore, j'ai commencé ma journée par la lecture d'un communiqué du monde réel : un rapport publié par le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires, intitulé Rapport sur la situation humanitaire à Gaza : Pénuries d’électricité dans la Bande de Gaza (8 janvier 2008).

Le rapport indique l'historique de la question : le 28 juin 2006, les forces aériennes israéliennes ont bombardé la centrale électrique de la Bande de Gaza, détruisant les six transformateurs et réduisant de 43% la production d’énergie de Gaza.

Le rapport ajoute que "les ménages dans la bande de Gaza sont en train de vivre des coupures de courant régulières" et continue en notant que «la fourniture irrégulière [d'électricité] provoque des problèmes supplémentaires. L'eau courante à Gaza est seulement disponible pour la plupart des ménages à peu près huit heures par jour. S'il n'y a pas d’électricité lorsque l'eau est disponible, elle ne peut pas être pompé au-dessus du sol, réduisant la disponibilité de l'eau courante à entre quatre et six heures par jour.»

Le résultat de cette seule mesure punitive, comme indiqué dans ce rapport, c'est que si les Services Publics d’Eau Potable des municipalités côtières de Gaza "ne peuvent pas assurer leur propre alimentation en électricité d'urgence en raison de leurs pénuries de carburant, ils devront évacuer les eaux usées dans la mer ce qui endommagera le littoral de Gaza, du sud d'Israël et de l'Égypte."


Dans un autre rapport rendu public le même jour, le porte-parole du Programme Alimentaire Mondial, Kirstie Campbell, explique que 70% de la population de Gaza doit choisir entre mettre à manger sur la table ou un toit au-dessus de leurs têtes.


Pour le Président Bush et le Premier ministre Ehud Olmert, les retombées attendues de l'information contenue dans ces rapports inquiétants, publiés la veille de l’arrivée du président Bush en Israël, ne les ont même pas inquiétés.

En fait, la réalité dans laquelle Israël a réussi à plonger 1,5 million de Palestiniens de la bande de Gaza, dont plus de 50% sont des enfants, dans l'obscurité et sous un siège le plus draconien de l'histoire récente: n'a même pas fait l’objet de remarques dans les commentaires de l’un des deux dirigeants.

Au lieu de cela, des questions bien plus importantes étaient à l'ordre du jour de Bush. La nécessité de comprendre et de travailler sur une «vision» pour l'avenir était au premier plan de l’attention du Président Bush.

Selon le Président Bush, "les parties" devrait maintenant s'asseoir et "négocier une vision" - les parties étant Israël, la 4ème plus forte puissance militaire au monde et un occupant de plus de 40 ans, et les Palestiniens, le futur État d'un peuple occupé et déplacé qui a été dépossédé par l'Etat d'Israël depuis 60 ans et tout en écopant d’une occupation militaire brutale israélienne depuis plus de quatre décennies.

Bush et Olmert ont envoyé un message au monde. La solution à deux Etats fait encore l'objet de négociations. En lisant entre les lignes, nous pouvons en déduire que le spectre d'un État unique, de la Méditerranée au Jourdain, est la plus terrifiante des visions.

L'idée terrifiante de Palestiniens (musulmans et chrétiens) et d’Israéliens (juifs, musulmans et chrétiens) vivant côte à côte avec une égalité des droits civiques et nationaux, n'a jamais été aussi évidente depuis la lutte en Afrique du Sud pour mettre fin à la suprématie des Blancs racistes sous l'apartheid.

Pour s’assurer qu'une solution à un Etat ne se concrétise pas dans la Palestine historique, Israël et les États-Unis parlent d'une solution à deux États, mais les États-Unis financent Israël alors qu’il continue à créer des faits sur le terrain qui rendent impossible tout Etat palestinien viable.

Le Premier ministre Ehoud Olmert a été on ne peut plus clair : le président Bush a été une très, très bonne chose pour Israël. Olmert sautait presque de joie alors qu’il remerçiait le Président Bush pour l’augmentation de l'aide globale des États-Unis à Israël d'un montant énorme de 30 milliards de dollars.

La question de la construction des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, a été évoquée à de nombreuses reprises par des journalistes qui posaient des questions. Encore une fois, Olmert n’a fait aucune excuse. Jérusalem est différent, a-t’il dit, et personne ne devrait s'attendre à ce que les colonies s’arrêtent là. Comme pour les autres colonies, il a dit que c’était compliqué et a commencé à expliquer le lexique des «avant-postes», des «centres de population", etc…

Si seulement l’ensemble de cette entreprise de colonisation ne menaçait pas les propres citoyens et l'avenir d’Israël, les âneries d’Olmert auraient été excellents dans une comédie - sans parler des étranges expressions faciales du président Bush quand il a cherché à se soustraire à l'avalanche de questions demandant si les Etats-Unis étaient prêts à faire pression sur Israël pour qu’il applique le gel de la colonisation.

Le mieux que le président Bush a réussi à suggérer de façon improvisée, c’est de nous rappeler à tous qu’Israël avait promis depuis plus de quatre ans qu’il arrêterait les colonies mais qu’il devait encore le faire. Même qu'il l’a dit en riant, comme si la tragédie humaine qu’entrainent ces colonies avait un côté spectacle.

M. Bush a rarement donné de façon convaincante l'impression d'être détaché non seulement des faits, mais de toute sorte d'empathie pour les victimes de cette épouvantable situation.

Dans l'ensemble, il semble que le président Bush soit venu en Israël pour parler de l'Iran.

Non seulement M. Bush a semblé beaucoup plus enthousiaste au sujet des menaces d’Israël à l’égard de l'Iran ; mais son incapacité flagrante à articuler une compréhension de base de la question israélo-palestinienne a fait glousser d’incrédulité les journalistes israéliens chevronnés face aux réponses du président.

La presse locale a noté toutes les occasions saisies par Olmert pour intervenir à chacun des commentaires superficiels du Président Bush, en louant l'importance de la visite de Bush, l'attachement à la paix Bush et le courage de Bush à affronter les difficultés de la région.

Bon, bientôt le président Bush va arriver dans ma ville occupée par Israël d’Al-Bireh/Ramallah. Il a l’intention d’atterrir à deux pâtés de maisons de chez moi, sur un terrain de sport que je suis en train d’aménager comme un projet commercial pour les Amis (Quakers) de l'Ecole. Nous avons été informés aujourd'hui que notre rue serait l'une des nombreuses qui seront bloquées à 100%. Nous avons été avisés que nous risquerions nos vies si nous montions sur le toit pour regarder la parodie.

Des annonces publiques du chef de la police palestinienne ont prévenu qu’aucune manifestation ne serait tolérée. En bref, on nous a dit de rester chez nous.

Même notre journal local a informé une campagne de la société civile avec qui je travaille que l’encart que nous avions demandé de publier dans le journal d'aujourd'hui, pour transmettre un message à Bush via un dessin, nécessiterait l'approbation spéciale de la direction du journal, compte tenu de la situation particulière de la visite de Bush (au moment où j'écris, on m’apprend que la publication de notre encart a été refusée !**).

Voilà pour la gestion d'une entreprise, le développement économique, et la liberté de la presse. Voilà pour la démocratie palestinienne.

En tant qu’Américain et Palestinien, si je pouvais conseiller le Président palestinien Mahmoud Abbas sur la façon de saluer le Président Bush aujourd'hui, je voudrais lui demander de déclarer la fin de l'Autorité Palestinienne qu’Israël a délibérément et systématiquement détruit.

Je voudrais lui demander d'annoncer que les Palestiniens n'accepteront pas de diplomatie du genre Rambo mais de revenir au droit international comme seul point de référence pour régler le conflit.

Je voudrais demander au président Abbas qu’il sollicite le soutien de l'Amérique à la résistance non violente contre les 60 ans de dépossession et les 40 ans d'occupation militaire en appelant à une stratégie de boycott, de désinvestissement et de sanctions *** contre Israël jusqu'à ce qu'Israël se joigne à la communauté des nations respectueuses du droit.

Mais ce n'est pas tout. Si j'étais le président Abbas, je voudrais dire au monde que le peuple palestinien restera engagé dans la solution à deux Etats jusqu’à la fin 2008, et après cela, si la communauté internationale ne parvient pas encore une fois à mettre fin à ce cauchemar de l'occupation, le peuple palestinien reviendra à sa stratégie initiale d’appeler à un État démocratique, laïc, où les Palestiniens et les Israéliens de toutes religions puissent vivre dans la dignité et le respect mutuel comme des êtres égaux : une personne, une voix, avec des arrangements appropriés pour une autonomie culturelle pour tous.

Le Président Abbas pourrait aboutir maintenant, ou nous pourrions tous nous asseoir et attendre au milieu du nombre croissant de funérailles, jusqu'au paroxysme de la réalité imposée par la politique israélienne qui engendre un chemin violent vers la même solution d'un seul État que tant de gens craignent.


* Voir www.ochaopt.org

** L’encart refuse par le journal Al-Quds est la photo en haut de cet article.

*** Voir www.bds-palestine.net et www.bigcampaign.org

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