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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Est-ce que l’Espagne est à l’intérieur ou à l’extérieur du checkpoint de Naplouse?

Par

Le groupe d'internationaux avec qui je suis arrivé dans la ville de Naplouse, au nord de la Cisjordanie, a décidé de garer notre voiture juste derrière le checkpoint d’Huwwara, où des soldats israéliens contrôlent l’entrée et la sortie des Palestiniens dans et hors de la ville.
Dès le départ, j'ai commencé à prendre des photos d'un poste militaire israélien encombré de chars et de véhicules blindés – tous pointant en direction de la ville assiégée - comme j'ai documenté l'occupation israélienne tout au long de mes déplacements à travers la Cisjordanie.

Est-ce que l’Espagne est à l’intérieur ou à l’extérieur du checkpoint de Naplouse?


Photo Eddie Vassallo : Une femme descend l'une des rues étroites et se dirige vers la rue principale du camp de Balata

Toutefois, alors que j’avais mon appareil photo en bandoulière et que je me dirigeais avec mes compagnons de voyage vers le checkpoint, une jeep de l'armée israélienne est soudain apparue à côté de moi.

A travers la fenêtre du véhicule de transport militaire, j'ai vu deux doigts agressifs pointer dans ma direction. Alors que je me demandais pourquoi, mon appareil-photo était rapidement confisqué et j'étais tiré à l'intérieur du véhicule où j'ai été soumis à un déluge de menaces.

C’était du harcèlement pour l’amour du harcèlement. Et c’était la première fois que j’expérimentais - à un degré très faible - ce que subissent les Palestiniens en réalité.

Après avoir effacé toutes les photos choquantes et soumis à quelques menaces supplémentaires pour la route, je suis sorti du véhicule avec mon appareil photo encore intact et après quelques respirations difficiles, nous avons continué vers Naplouse.

Situé dans les environs de Naplouse, le camp de réfugiés de Balata a été créé entre 1950 et 1952 sur une superficie d'un kilomètre carré. Initialement conçu pour accueillir 5000 réfugiés palestiniens qui ont été forcés de quitter leur patrie par les forces sionistes en 1948 et après, la même zone contient aujourd'hui une population de plus de 26.000 personnes.

A Balata, où la surpopulation est un euphémisme, l'espace vital moyen n’est que de quelques mètres carré par personne - par rapport aux plus de 1300 mètres carré par personne en Israël. En considérant la réalité psychologique d’une vie privée réduite à zéro, le peu de lumière du soleil, des incursions militaires israéliennes presque chaque nuit et un dangereux manque de ventilation, il est facile de voir comment ces conditions ne sont pas seulement intolérables mais désastreuses.

Encore ébranlé par mon incident au checkpoint seulement une heure plus tôt, j'ai eu du mal à m'adapter à la situation dans le camp que nous commencions le tour claustrophobe d’une espace de vie d’un kilomètre carré. Alors que l’on nous montrait les rues de Balata, nous marchions de côté afin de nous déplacer entre les bâtiments, puisque la plupart des rues font un peu plus d'un mètre de large. L'exiguïté des conditions sont encore aggravées par le fait qu’il n’y a presque pas de ventilation dans les rues ou dans les bâtiments. Les problèmes respiratoires sont très répandus à Balata, et les enfants sont particulièrement vulnérables à l'asthme.

La situation des enfants, qui représentent la majorité de la population du camp, est particulièrement sombre. Presque tous les enfants de moins de 12 ans souffrent de problèmes psychologiques, dont l'insomnie, le pipi au lit, les cauchemars et la dépression. Dans presque tous les cas, leurs problèmes sont symptomatiques de stress post-traumatique, une conséquence de leurs conditions de vie et de la poursuite de la violence là-bas.

La plupart des enfants que j'ai rencontrés dans le camp n'avaient jamais quitté Balata et beaucoup ne connaissent pas le monde qui existe au-delà des checkpoints israéliens qui entourent Naplouse. Quand une organisation non gouvernementale espagnole a invité 20 enfants du camp à visiter l'Espagne en 2006, un enfant a demandé à la délégation si l'Espagne était à l'intérieur ou à l'extérieur du checkpoint de Naplouse.

Quand ils ont dit qu’en effet, ils allaient voyager au-delà du checkpoint, le groupe d'enfants a brûlé d’excitation, alors que leurs parents pleuraient tout simplement en réalisant l'importance d'une telle occasion.

Avec seulement trois écoles dans Balata - qui doivent collectivement se débrouiller avec plus de 6000 étudiants - le taux d'analphabétisme est passé de 22% en 1988 à 27% en 1997. Le taux de chômage est presque total (estimé actuellement à plus de 75%), puisque les travailleurs trouvaient auparavant du travail saisonnier à l'intérieur d'Israël. La plupart des travailleurs ont perdu leur emploi en raison des couvre-feux, des bouclages et laissez-passer limités imposés par Israël.

Les conditions de santé ont également aggravées dans le camp avec un seul clinique de santé des Nations Unies pour l'ensemble de la zone. Il y a plus de 500 réfugiés par médecin et le financement international que reçoit l'ONU est insuffisant pour faire face à la dégradation de la situation.

Le manque de logements adéquats est un autre problème majeur; les bâtiments sont construits sur des fondations de mauvaise qualité et sont incapables de faire face à la croissance de la population.

Nous sommes repartis lentement vers le checkpoint d’Huwwara, le coucher du soleil imminent menaçait de faire obstacle à notre sortie à la veille du Yom Kippour, puisqu’Israël impose de dures restrictions à la circulation pendant les fêtes juives.

Au checkpoint, j'ai été immédiatement plongé dans le chaos dont l’origine est l'occupation, goûtant ainsi pour la deuxième fois de la journée à ce que subissent régulièrement les Palestiniens.

Huwwara était crispé désordonné et je me suis retrouvé à l'arrière d'une rangée massive de centaines de Palestiniens qui tentaient désespérément de le franchir avant le coucher du soleil, les soldats israéliens affichant à la vue de tous leurs mitrailleurs M-16. Je me suis senti exposé, impuissant et vulnérable - ce que les Palestiniens doivent ressentir chaque jour.

En regardant le soleil lentement se coucher, j'ai commencé à être confronté à la très réelle perspective de rater mon vol de retour vers le Royaume-Uni et peut-être encore de rester à Naplouse pendant plusieurs jours jusqu'à la fin de la fête juive.

En désespoir de cause, nous avons commencé à agiter nos passeports, en espérant que les soldats nous permettraient de sortir avant la fermeture de la zone.

Finalement, notre privilège d’Occidentaux nous a accordés le passage jusqu’à nos voitures, de l'autre côté du checkpoint, et en nous dirigeant à toute vitesse vers Jérusalem, nous sommes sortis de justesse de Cisjordanie - un voyage impensable pour la plupart des Palestiniens.

En revenant sur cette journée, et en me souvenant des visages que j’ai rencontrés – aussi bien à l'intérieur du camp de Balata qu’au checkpoint d’Huwwara - je suis toujours étonné de la dignité et de la détermination qui restent chez ces gens qui sont forcés de vivre dans des conditions étouffantes du contrôle militaire. Ce n'était pas une journée exceptionnelle en Cisjordanie . C'est tous les jours comme ça.

Source : http://electronicintifada.net/v2/

Traduction : MG pour ISM

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