Bilin - 24 mai 2006

Les fermiers de Bil’in ont pu labourer leur terre derrière le Mur

Par Sunbula

Aujourd’hui, la terre a pu être labourée autour de Bil’in et, comme toujours, il a fallu la présence des militants internationaux pour empêcher que les soldats n’attaquent les fermiers palestiniens (le Comité populaire du village avait décidé de construire ce petit bâtiment extérieur à la fin de l’année dernière pour contrer l’action des colons qui volaient les terres du village).

Essayer de traverser la grille pour atteindre ce poste est bien plus difficile que lorsque j’étais là en janvier dernier. Il y a maintenant une tour de guet sur la route de « sécurité » gardée par des soldats.

Ils ne peuvent pas vraiment empêcher les Palestiniens ou nous-mêmes de rejoindre ce bâtiment parce qu’un ordre de la Cour autorise les habitants à s’y rendre, mais ils peuvent leur rendre le passage très pénible, et ils ne s’en privent pas.

Les villageois n’ont toujours pas reçu de réponse à leur pétition exigeant l’arrêt de la construction du mur illégal. En plus de l’armée, il y a aussi la police des frontières et les milices civiles pour la sécurité des colons.

Un autre ISMer et moi-même étions chargés de nous rendre à ce poste extérieur avec un des jeunes du village et nous avons été arrêtés par une des voitures de patrouille israélienne ; devant leur incapacité à parler anglais, mon pauvre dialectal et le peu d’hébreu d’Ashraf, la communication était difficile, ce qui a certainement énervé le soldat et l’a poussé à nous dire de ficher le camp.

J’étais amère de voir ce qui s’est passé depuis mon dernier séjour. Le bâtiment est un petit peu agrandi et il y a quelques places de plus pour y dormir. Toutefois, mon ami m’a dit qu’il est habituellement le seul du village à y aller régulièrement, parce que les autres jeunes ont peur. La police a dévasté leurs maisons et soit en a arrêté certains, soit a confisqué leurs papiers d’identité en prétextant qu’ils avaient jeté des pierres lors des manifestations contre le mur des vendredis. Son frère fait partie de ceux qui ont été arrêtés et il est juste sorti de prison depuis 2 mois.

C’est pourquoi les internationaux sont plus que jamais nécessaires, de façon permanente, à ce poste extérieur. Il n’y a eu qu’une seule visite de l’armée cette nuit-la, sans aucune autre raison que celle, habituelle, de terroriser les Palestiniens. J’ai plus été dérangée par les moustiques.

Mardi, les Palestiniens ont pu labourer et semer : un groupe de militants pour la paix israéliens et d’autres internationaux nous ont rejoints. Quelques leaders du Comité populaire ont pu également venir avec les jeunes et les fermiers.

Une partie de la terre a donc pu être labourée, et quelques brebis brouter. Nous avons commencé à creuser un trou pour une éventuelle salle de bains, chacun s’y est mis les uns après les autres. Quelque chose donne une texture particulière à la terre palestinienne, qui est pleine de cailloux et si fertile.

Il n’y eut qu’une visite de la jeep de l’armée, par curiosité sur ce que nous faisions, semble-t-il.

C’est quand même affligeant de penser qu’aller cultiver sa terre doive être une action « planifiée » avec présence internationale et en dépit d’un ordre de la Cour du pays occupant exprimant que c’est votre droit de le faire.

Source : ISM

Traduction : MR pour ISM