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France -

Lettre à Georges Ibrahim Abdallah

Par

Cher ami,
Tu trouveras dans ce pli quelques rimes qui effaceront peut-être au moins pour un instant le froid métal qui barre ta fenêtre. Tu dois ressentir à Lannemezan plus que nous ici à Paris les prémisses du printemps. Les primevères de début février ont vite sombré sous une neige éphémère certes mais qui a sans doute eu raison des coques dans lesquelles s’enferment les graines de blé, désormais éclatées pour lentement germer et blondir les champs cet été.

Lettre à Georges Ibrahim Abdallah

Sur le mur érigé par le régime sioniste, Bethléem, Palestine occupée.
Ton hiver est trop long.

Celui que les dirigeants de la France ont décidé de t’infliger.

Bientôt 35 ans.

Plus qu’une vie toute entière. Une peine pour des crimes que tu n’as pas commis mais une peine qu’ont imposée ceux qui déterminent la politique étrangère de la France.
Nous aimerions tous, ceux qu’habite et anime de manière irrévocable le sentiment de la justice, que tu ne figurasses pas dans un livre des records. Tu es le plus vieux prisonnier politique dans la forteresse européenne.

L’actuel occupant du palais de l’Elysée ne semble pas te connaître, en fait foi son étonnement lors de son interpellation à ton propos par un ami de la justice à Tunis.
Ses cris répétés, « Libérez Georges Abdallah » et repris par d’autres dans la foule compacte qui entourait le Président français lors de son bain de foule, résonnent encore à nos oreilles et font couler nos larmes. Il faut te libérer. Il est vrai qu’il n’avait que 4 ans lorsque tu fus incarcéré. Fort occupé, il a été vu aux funérailles d’un Johnny national, il ne fut pas informé de l’existence d’un Homme au masque de fer mis aux oubliettes depuis des décennies. Nous allons le lui rappeler d’autant qu’il annonce la nécessité de soulager les prisons de leur surcharge excessive en détenus.

Libérable depuis 1999, l’acharnement judiciaire à ton encontre a fait rejeter toutes les demandes de libération, ce qui témoigne de l’étroite dépendance de l’administration française, prompte à obtempérer aux injonctions des gouvernements des Usa et de l’entité sioniste. Ton emprisonnement incarne l’occultation de la cause palestinienne. Mais nous pouvons désormais entretenir quelque espoir que l’étau étroit qui t‘enserre et bride la souveraineté française ne s’entrouvre quelque peu.

L’hégémonie militaire et économique des Usa est en train de montrer qu’elle est un mythe bien mité aujourd’hui depuis que le rapport de forces s’inverse au Moyen Orient. Les échecs israéliens et étasuniens en Syrie en figurent la concrétisation indiscutable.

Il faut nous préparer à l’arrivée de ce printemps.

Construire l’après de l’effondrement en cours du capitalisme qui tente de se fuir lui-même comme un poulet sans tête, fuir ses empilements de dettes et ses monnaies de singe, dans des guerres sans fin et sans objet sinon alimenter l’un de ses plus puissants arguments, l’industrie de l’armement.

Il faudra que tu me dises ta taille pour ajuster au mieux la djellaba en soie végétale (sabra) que tes amis vont confectionner pour ta sortie prochaine et que tu nous feras l’honneur de porter lors de ton retour dans ton pays. Ainsi que ta couleur préférée.

Nous savons que tu tiens bon.

Badia Benjelloun

PS. Tu ne m’en voudras de rendre cette lettre publique, j’en adresse une copie au Président Macron.


Georges Ibrahim.

Le ciel s’appuie sur de telles âmes
Il dresse l’espace pour la fidélité.
Les hirondelles s’alignent sur ce drame
Pressent leurs vols, essaiment de ta loyauté.

Leurs ailes dessinent des idéogrammes
Avec la vigueur de la soie ébruitée
Disent de l’instinct solidaire la flamme
Le nécessaire parti de l’humanité.

Elles viennent à l’aube épousseter
La cellule où t’enferment les infâmes
Briser ses barreaux d’une joyeuse clarté

Sinon à ta fenêtre où jouerait ses gammes
Le gai rossignol ? Il allège la portée
De ta retraite indue, la rompt d’un sésame.

Badia Benjelloun
5 mars 2018

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