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Naplouse -

Meurtre à Huwwara

Par

Cette fois, nous sommes venus au checkpoint spécialement pour recueillir des témoignages sur l'assassinat du jeune de 15 ans, Fahmi al Jawaad Abd al Darduk (فهمي عبد الجواد الدردوك), qui a été tué par les soldats sur ce checkpoint le lundi 19 Mai 2008.
Après l’avoir tué, l'armée a affirmé que des bombes avaient été détectées dans sa ceinture. Que des fils pendaient de sous ses vêtements. Qu’ils avaient trouvé trois bombes. Plus tard, ils ont dit qu’il y en avait cinq. L'un des auteurs de ce crime a été cité pour l’excellence.

Meurtre à Huwwara


Photo : le jeune Fahmi al Jawaad Abd al Darduk, assassiné au checkpoint d'Huwwarra, près de Naplouse

Une ambulance palestinienne de Naplouse est arrivée vingt minutes plus tard au plus et n'a pas été autorisée à s’approcher du jeune garçon en sang jusqu'à 23h:30.

Pendant deux heures et demi, il est resté allongé sur le sol en béton du checkpoint et personne n'a été autorisé à s'en approcher, sauf les forces d'occupation. Pendant ce temps, tous les Palestiniens dans le secteur ont été violemment repoussés et le sang a été lavé avec jets d'eau.

Dans son habituelle réaction, Israël a immédiatement diffusé l'annonce par le bureau des relations publiques des Forces de l’Occupation, alias le porte-parole de l'armée, qu’un jeune de 21 ans était arrivé au checkpoint d’Huwara avec trois bombes et qu’il avait été abattu de façon tout à fait légitime.

Au bout d’un certain temps, les rapports parlaient d'un jeune de seize ans portant cinq bombes. Puis à nouveau de trois. Et de beaucoup de fils visibles.

Aucune des quatre à six balles qui lui ont touché divers endroits du corps et tirées d’une très courte distance n’a fait exploser les bombes.

Nous avons parlé avec les gens là-bas et ils nous ont dit:

"Nous étions ici, à côté de l’étal (l’un des étals des nombreux vendeurs dans la parking à taxis juste à côté du checkpoint), nous étions entre 20 et 30, je suis allé à l'étal le plus proche du checkpoint pour prendre une tasse de café. C'est à ce moment-là que j'ai entendu crier à l'intérieur du checkpoint.
Tout d'abord, les soldats ont crié quelque chose comme «il a des explosifs sur lui!"
Et les gens criaient aux soldats que ce n'était pas vrai, qu'il avait un téléphone portable sur lui, puis il y a eu des tirs. Six ou sept coups de feu."


«Je suis allé jeter un coup d'oeil, moi et quelques autres, et les soldats nous ont crié de repartir. Mais les gens ne repartaient pas. Des gens à l'intérieur ont crié "Il est mort! Il est mort! Le garçon est mort! ".
Et ils ont crié qu'il devait être transporté à l'hôpital. Ensuite, les soldats nous ont lancé du gaz lacrymogène. Et ils ont fermé l’ensemble du checkpoint.
Et ils nous ont fait quitter les stands et ils nous ont dit d’aller au checkpoint d’Awarta."


"Alors, nous avons laissé les stands en l’état, juste comme ça. Les chauffeurs de taxi ont dû sortir de leur voiture, tout le monde. Environ 100 à 120 personnes. Tous ceux qui se trouvaient au checkpoint. Et les chauffeurs. Nous avons été chassés."

"Ils sont venus vers nous en courrant et ils nous ont donné l’ordre de partir, vite. Beaucoup de soldats. Ils ont continué à nous chasser, en courrant et en jetant des grenades à concussion et du gaz lacrymogène. Quatre à cinq grenades."

"Nous nous sommes sauvés. Ils nous éloignaient comme si nous étions des chèvres. Jusqu’au checkpoint d’Awarta, en face de la base militaire voisine. Et ils nous ont détenus jusqu'à 1 heure et demi du matin."

"De là, nous pouvions voir tout ce qui se passait au checkpoint de Huwwara."

«Quand nous étions poussés de la route en direction d’Awarta, il y avait les colons qui attendaient à l'arrêt de bus, et ils ont commencé à nous jeter des pierres."

“Les soldats ont regardé…… Les soldats ont regardé.”

"Nous avons été détenus à Awarta jusqu'à 1h30 du matin. Et nous avons perdu tous nos produits restés sur les étals sans surveillance. J'ai dû payer 50 NIS juste pour prendre un taxi. Sinon, comment serais-je rentré à la maison au beau milieu de la nuit. Tout ce que j'avais sur mon stand, j'ai dû le jeter. J’ai perdu tout l'argent. "

"Pourquoi n'ont-ils pas laissé l'ambulance s’approcher et lui sauver la vie. L'ambulance est arrivée très rapidement, dans les 10 à 20 minutes. L'une des nôtres, de Naplouse. Mais ils ne voulaient pas la laisser passer. Une ambulance des Juifs est arrivée aussi et l’équipe médicale a dit qu'il était mort."

Le garçon se trouvait à l'intérieur du checkpoint, nous ne l'avons pas vu. Les gens qui se trouvaient avec lui dans la file d’attente nous ont raconté ce que les soldats ont fait.

Quelqu'un qui se tenait juste derrière lui nous a raconté comment il a été tué. Comment les soldats l'ont tué.

"Il venait de quitter son domicile. Il est arrivé vers 19h30-19h40. Il venait d'arriver au checkpoint et il attendait le contrôle, rien de spécial, et il avait deux téléphones portables. Et un écouteur. Le fil de l’écouteur passait sous sa chemise, et non par-dessus. Dessous et non dessus."

"Quand il est passé par le tourniquet, il a reçu l'ordre de lever sa chemise, de montrer son ventre. Il a levé sa chemise. Quand ils ont vu le fil des écouteurs, et le téléphone portable, ils lui ont tiré dans la tête, immédiatement.
Avant même de traverser, il avait reçu une balle dans la tête.
La femme-soldat a tiré. Oui, la femme-soldat. Mais elle n'était pas la seule.

Pas un seul coup de feu. Six coups de feu. C'est ce que disent les gens qui l’ont vu. L'homme qui attendait derrière dans la file d’attente."

"Jusqu'à 23h30, le garçon est resté allongé au sol. Personne n'a été autorisé à s’en approcher. D'où nous étions au checkpoint d’Awarta, nous pouvions voir le checkpoint. Nous avons vu que l'ambulance de Naplouse n'a pas été autorisée à s'approcher. Ni les médecins, personne. Tout était fermé.

Vers 23h30 seulement, peut-être vers minuit, alors leurs pièces d'identité ont été vérifiées et ils ont été autorisés à s’approcher de lui.

"Mais avant cela, le sang avait été lavé. Avec de l'eau. Ils avaient fait venir un camion de pompiers avec des jets d'eau.
Nous connaissons le conducteur du camion de pompiers et il nous a dit que le lendemain matin, il avait dû revenir et laver encore. Pour nettoyer le sang."
"Ils ont tué le garçon et sa famille. Toute une famille détruite."

"Ses parents ne savaient pas que c’était lui, il n'avait pas de pièces d’identité. Peut-être que les soldats lui ont pris ou peut-être était-il trop jeune pour avoir une carte d’identité. Son corps a été gardé à l'hôpital. Seulement le lendemain, ses parents ont découvert que c’était lui. "

"Ce jour-là, ce qui est arrivé fût absolument horrible. Totalement horrible."

Le père du garçon, interrogé sur les différentes chaines de télévision palestinienne, a déclaré que Fahmi était en 4ème à l’Ecole Abd al Hamid al Saeh School, le seul frère de ses sept sœurs, et il se rendait à Ramallah pour faire une visite de famille.

Il n'avait pas l’habitude de quitter la maison sans autorisation, et sur le chemin du checkpoint, il était resté en contact par téléphone, parce que les parents ont tendance à s'inquiéter, c'est comme ça. Le père a dit, avec tristesse que le garçon lui avait dit qu'il avait déjà franchi le checkpoint même si ce n'était pas vrai, sans doute pour calmer son père.

Il a dit que le garçon avait un téléphone portable avec un écouteur, comme la plupart des jeunes maintenant. Et que tout ce que l'armée a indiqué, ce sont des fausses accusations.

Le lendemain du meurtre, les soldats sont venus voir les vendeurs qui avaient été témoins de ce qui s'était passé, et ils leur ont demandé des choses comme : «Vous manque-t’il quoi que ce soit sur votre étals?"
Comme s’ils tentaient d’être gentils avec les gens. «Vous manque-t’il quelque chose. Une bouteille de coca?
C'est ce que les soldats de l’occupation ont demandé à quelqu'un, charmant, non ?
Si quelque chose vous a été volée, il vous suffit de nous le dire, a déclaré l'officier à un autre.

Surprenant que les mêmes autorités qui, normalement, jettent les marchandises et dispersent la nourriture des vendeurs sur le sol et les chassent en leur refusant de gagner leur vie encore et encore, en suivant les mêmes lois et standards, envoient tout à coup des émissaires pour demander «gentiment» s’ils ne leur manquent pas des bouteilles de coca.

Et juste le lendemain du jour où ils ont été témoins du meurtre d'un garçon par les soldats au checkpoint.

«Des gens ont dit qu’ils avaient entendu sur une chaîne israélienne que la fusillade était accidentelle… C'est ce qu’ils disent."

Non, nous l’avons corrigé. Ce n'est pas ce qu'ils ont dit. En Israël, ils ont dit que le garçon portait des explosifs. Et c'est la raison pour laquelle ils l'ont tué.

"Vraiment, c'est ce qu'ils ont dit? Ils n'ont pas dit que c'était une erreur? "

Tous les témoins nous ont donné les mêmes témoignages de la fusillade, les cris, les supplications des Palestiniens de ne pas tirer, l'ambulance empêchée d'accès, comment le garçon est resté seul allongé sur le béton pendant des heures avant que quiconque soit autorisé à s’approcher, que ce n’était qu’un fil d’écouteur, que c'était seulement un garçon, et que la famille avait été anéantie.

"Vous voulez savoir ce qui s'est passé, mais même si vous le saviez, que pourriez-vous faire avec ces soldats? Vous ne pouvez rien faire. Ils l'ont tué. Il est déjà mort. Que peut-on faire pour ses parents? Rien ne peut les aider. Rien."

"Je veux dire… Un être humain est mort. Un enfant».

"Tout le monde dit quelque chose sur ce qui s'est passé, mais ce type qui se tenait derrière lui, il l’a dit. Nous avons entendu. Il a été abattu et il est mort.

"Vous ne pouvez rien faire. Je vous ai vu, pauvres femmes. Je vous ai vue un fois, les soldats vous ont poussé et je vous ai dit alors : Je me demande de quelle sorte de décharge publique viennent ces soldats, souvenez-vous? "

«Je vous dis la vérité."

"Et si un soldat vient, je lui dirai que ce garçon n’avait rien."

"Pourquoi? Ecoutez : Ils ont tiré sur lui, non? Pourquoi il n’a pas explosé? Je veux parler à la télévision. S'il avait eu quelque chose sur lui, comment se fait il qu’il n’a pas explosé? "

"Et s'il voulait tuer des soldats, il voulait également tuer tous les Palestiniens qui se trouvaient là? S'il avait voulu tuer qui que ce soit, ce serait seulement les soldats, de toute façon s'il avait eu quoi que ce soit sur lui, il aurait explosé quand il a été abattu. "

"Nous ne voudrions pas que quelqu’un vienne pour tuer qui que se soit. Nous voulons la paix. Nous ne voulons pas que des gars viennent et posent des problèmes. Mais s'il avait eu des explosifs quand ils lui ont tiré dessus, pourquoi le garçon n’a-t-il pas explosé? C'est ce que je dis."

"Nous ne voulons pas de sang, je tiens à le répéter. Pas de sang. C'est ce que je veux dire. Ni juifs, ni arabes. Nous voulons la paix. Au début, les Juifs et les Arabes vivaient ensemble. Il y a assez de terres. Pourquoi ne pas vivre en paix ensemble. C'est ce que nous voulons.

"Vous savez à qui appartient cette terre ici? Le village de Burin. Ce type qui est vendeur ici, c'est la sienne. Notre terre. Mais ne pense pas que nous ne voulons pas vivre ensemble. Nous ne voulons pas qu’il arrive quoi que ce soit à un soldat. Et aux Arabes non plus."

"Mais je vous demande, si j'avais des armes sur moi et que je voulais franchir le checkpoint, je veux dire, je sais que je serai contrôlé. Je le sais. Donc, c’est pour ça que je ne viendrais pas. Qui viendrait dans ces conditions?

Je n'ai peur de personne. Je ne veux pas que des Arabes ou des Juifs meurent. Je veux que vos enfants et tous les Arabes et tous les Juifs ne fassent qu’un."

"Et si des missiles étaient tirés sur nous, nous serions solidaires."

Le corps de Fahmi a été touché à divers endroits. Nul ne sait s'il a expiré sur place ou s’il a lentement saigné à mort. S'il était conscient avant de mourir. Et s'il a demandé de l'aide ou parlé.
Seuls les soldats qui l’ont assassiné et ceux qui sont venus dissimuler ce qui s'est passé connaissent la réponse.


Annonce du porte-parole de l'armée, lundi 19 Mai 2008, 21:58
"Une tentative d'attentat contre le checkpoint d’Huwara a été déjouée"


Il y a peu de temps, un suspect palestinien est arrivé au checkpoint de Huwara au sud de Naplouse.

Ses va-et-vient ont suscité les soupçons des soldats des FOI. Ils l’ont appelé et ont remarqué qu’il ne tenait pas en place et qu’il portait une ceinture. Ils ont soupçonné que sa ceinture était un engin explosif.

Comme il n'arrêtait pas de bouger et que soudain il a baissé ses mains vers la ceinture, ils lui ont tiré dessus.

Sur le Palestinien mort, ils ont trouvé trois bombes.




Vidéo montrant le checkpoint d'Huwarra, un jour ordinaire


A lire également le reportage de l'ISM sur l'assassinat de Fahmi

Pas de greffon vidéo disponible...

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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