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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Passer le checkpoint d'Erez

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Le fait que j'aie la carte de visite du "Centre palestinien pour les Droits de l'Homme" dans ma poche, parmi beaucoup, beaucoup d'autres cartes des endroits où j'étais allé, a entrainé un véritable état d'alerte. Je ne peux pas vous dire à quel point cela m'a mis en colère.
Dans quel type de société, l'observation de la politique et des pratiques des Droits de l'Homme est-elle un crime?
Je dois dire que cela m'a navré pour l'état de choses dans le psyche israélien collectif.

Je viens juste de rentrer ce soir à Jérusalem en provenance de Gaza et ce fut si dur de faire une chose simple comme traverser un checkpoint – quitter la zone contrôlée par l'Autorité Palestinienne pour revenir sur le territoire contrôlé par les Israéliens – que je pense que toute ma paranoïa sur la sécurité n'est peut-être pas aussi paranoïaque que cela.


Quoi qu'il en soit mon passeport a été de nouveau épluché comme si j'étais un agitateur et j'ai été interrogé pendant un bon moment. On m'avait dit qu'il fallait en général environ une heure pour passer la "frontière" (qui ressemble à une frontière internationale, mais en fait, ne l'est pas), mais cela m'a pris presque 5 heures en tout.

Le résultat est qu'ils m'ont laissé passer sans essayer de m'expulser parce que j'ai pu produire une connection valide avec un Israélien, le camarade de l'université qui m'héberge en Israël.

Je ne pense pas que ce que je leur ai raconté au sujet de l'église les aient impressionnés, bien que j'aurais pu présenter toutes sortes de preuves sur ce que j'avait fait réellement à Gaza : rendre visite à des organisations chrétiennes, des lieux et des chrétiens.

Le fait que j'aie la carte de visite du "Centre palestinien pour les Droits de l'Homme" dans ma poche, parmi beaucoup, beaucoup d'autres cartes des endroits où j'étais allé, a entrainé un véritable état d'alerte.
Je ne peux pas vous dire à quel point cela m'a mis en colère.
Dans quel type de société, l'observation de la politique et des pratiques des Droits de l'Homme est-elle un crime?
Je dois dire que cela m'a navré pour l'état de choses dans le psyche israélien collectif.


Quoi qu'il en soit, je peste maintenant et j'en suis désolé. Naturellement, il y avait également des Palestiniens qui se démenaient pour passer aussi le checkpoint - et ils ont été chanceux. Les Palestiniens n'ont presque aucune chance de sortir ou d'entrer dans Gaza depuis 4 ou 5 ans.

J'ai vu quelques ouvriers qui avaient la chance d'avoir des permis de travail quotidiens pour Israël qui rentraient chez eux pour la soirée. Ils étaient peut-être 30 au plus.

Avant, ils étaient des milliers à aller travailler tous les jours dans des endroits comme Tel Aviv – en général, ils occupaient des postes de travail manuel et tout autre travail de service. En fait, le directeur de l'hôtel de la ville de Gaza où j'étais m'a dit qu'il était à l'époque sauveteur sur la plage de Tel Aviv.
Le premier Palestinien à occuper un tel poste. Il n'a pas été autorisé à y travailler ou à sortir de Gaza depuis 5 ans.


Aujourd'hui, une vieille femme était aussi retenue comme moi pour interrogatoire. Elle avait de gros problèmes de santé (du diabète) au point qu'elle ne pouvait pas voir les numéros sur le téléphone que je lui ai prêtée pour appeler sa famille et leur dire ce qui lui arrivait et où elle était.

Elle pouvait à peine marcher. Quand elle a été disculpée, la garde l'a escortée jusqu'au point d'entrée dans Gaza (elle essayait d'entrer alors que j'essayais de sortir).
Je ne sais pas comment elle allait traverser à pied le tunnel absurdement long jusqu'à l'autre bout.
Dieu merci, elle ne portait rien. J'avais eu moi-même des problèmes à me déplacer avec mes quelques valises.

Sans compter que le tunnel est un labyrinthe complexe de portes actionnées à distance et des tourniquets avec des détecteurs de métaux et un sorte de scanner qui balaye tout le corps que les professionnels de la santé à Gaza aimeraient posséder.

À un moment, alors que je traversais à pied le labyrinthe, un soldat israélien invisible qui nous observait derrière un écran m'a dit via un puissant haut-parleur de tenir le bébé qu'un très vieil homme portait devant moi, comme cela ils pourraient le scanner.

Je ne sais pas ce qui n'allait pas avec le bébé, mais l'enfant avait l'air très sérieusement malade. Manque de poids à la naissance peut-être. Apathique et amaigri.

Le manque d'humanité dans cette expérience fut une horreur. Les Israéliens doivent vraiment penser que tous les Palestiniens sont des monstres pour les traiter de cette façon. C'est si regrettable.

Et cette idée fausse engendre une telle souffrance - des deux côtés des barbelés.

Quand l'officier de sécurité a décidé qu'il ne pouvait trouver aucune raison pour continuer à me garder, il a dit : "Vous savez qu'ils ont tué une voiture d'Américains, il y a 2 ans". Et alors, quel sens cela doit-il avoir pour moi ?

Parce que une fois, dans un acte de désespoir, un acte de violence terrible a été commis par des Palestiniens contre des innocents, cela signifie qu'on ne doit plus faire confiance à personne dans Gaza, qu'ils sont des intouchables ?

Bien sûr, je sais que ce n'est pas le seul acte de violence qui a été commis contre des innocents par des Palestiniens, mais quoi dire de la violence systématique et ordinaire que commettent les militaires israéliens contre les civils palestiniens chaque jour?

Quoi dire des enfants à Rafah qui ont été tués la semaine dernière tués par des Israéliens alors qu'ils jouaient au football ?

J'aurais aimé pouvoir lui dire cela et nous aurions pu avoir une véritable discussion. Il y a plein de choses à dire.

Mais je savais que si je disais quelque chose dans le genre, j'allais être emprisonné et je ne reviendrais pas à Jérusalem.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM

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