Hébron - 4 novembre 2003

Patrouille scolaire à Hébron

Par Chris Brown

Il y a deux semaines, la patrouille scolaire a rencontré des difficultés. L'armée a lancé à cinq reprises des gaz lacrymogènes sur un directeur, sur plusieurs centaines d'enfants et sur moi- même. Comme j'essayais d'aider les enfants à s'en sortir je me suis rappelé avoir vu un jeune garçon qui n'avait sans doute pas plus de six ans, courir en passant devant moi en hurlant et en pleurant.

Un aperçu d'Hébron : la prochaine fois le feu.

Mardi dernier quand j'étais en patrouille scolaire, j'ai rencontré une amie de l'équipe. Elle m'a demandé si la patrouille était bien arrivée et j¹ai dit « parfait, aucun problème ». C'est ce qui est drôle quand on vit ici. Vous vous habituez à regarder les choses, vous finissez par les trouver normales.

Pendant le temps passé dans l'équipe d'Hébron, j'ai été désigné coordinateur d'un groupe scolaire. Vraiment, ce n'est pas cela qui est difficile. Chaque nuit, je demande à trois autres membres du groupe de venir avec moi pour accompagner les enfants qui vont à l'école. Une reporter qui a visité l'équipe en mars m'a demandé à quoi ressemble un bon jour dans un groupe scolaire. « 45 minutes aller et retour de notre porte d'entrée » ai-je répondu avec confiance « Et un mauvais jour ? A-t-elle demandé ? « Cinq heures ». La reporter a demandé à d'autres membres de l'équipe ce qu'on faisait d'autre. Puis, au moment où elle allait partir, elle s'est tournée vers moi et a dit « Vous faites du bon travail » - « Merci ».

Pourtant, que je fasse ou non du bon travail, là n'est pas la question. Je déteste ce rôle de coordinateur de groupe scolaire. Cela ne veux pas dire que je ne me sens pas honoré de le faire. Je prends ce travail très sérieusement. Non, en fait je n'aime pas faire ce que je ne devrais pas avoir à faire. Les enfants que mes coéquipiers et moi-même accompagnons, ne devraient avoir à ne s'occuper que de savoir s'ils ont fait leurs devoirs et pas s'ils vont rentrer à la maison vivants.

Quand nous sommes en patrouille scolaire les enfants que nous voyons nous accueillent très chaleureusement. J'ai fait connaissance de quelques uns d'entre eux et de leurs familles. L'accueil que je reçois est une vraie bénédiction. Je me demande combien de temps cela va durer.

Il y a deux semaines, la patrouille scolaire a rencontré des difficultés. L'armée a lancé à cinq reprises des gaz lacrymogènes sur un directeur et sur plusieurs centaines d'enfants et sur moi- même. Comme j'essayais d'aider les enfants à s'en sortir je me suis rappelé avoir vu un jeune garçon qui n'avait sans doute pas plus de six ans, courir en passant devant moi en hurlant et en pleurant.

Je pense à lui en ce moment. Je me demande ce qu'il a pensé après avoir séché ses larmes, après ce terrible jour. Pourra-t-il encore bien m'accueillir quand il me verra ? Alors j'ai pensé à l'occupation. Que fait-elle à ce jeune garçon ? Aux autres jeunes enfants ? Que fait-elle aux israéliens et aux palestiniens ? Que me fait-elle ?
Plus l'occupation continue moins il y a de chance pour la justice, la paix et la réconciliation. Et sans ces éléments vitaux que restera-t-il d¹Israël/Palestine ?

Je me souviens d'un vieil air de négro spirituel qui dit « Dieu a envoyé l'arc-en-ciel à Noé. Plus d'eau, mais la prochaine fois le feu ». Je prie tous les jours que le feu n'arrive pas jusqu'ici.

Source : www.cpt.org

Traduction : CS