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Gaza -

Retour sur la scène d’un crime de guerre à Gaza

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article paru sur The Electronic Intifada, 19 mai 2009 http://electronicintifada.net/v2/article10538.shtml

Khuzaa est un petit village agricole perché sur le versant d’une colline, à l’est de Khan Younis. Sa terre fertile produisait jadis des fruits et des légumes exportés en Israël, dont les plaines luxuriantes sont à à peine500 mètres du centre de Khuzaa et visibles depuis les rues étroites de la ville.

Retour sur la scène d’un crime de guerre à Gaza


Reconstruire Khuzaa (photo Erin Cunningham)

Mais le calme relatif de cette ville rurale frontalière, à 25km au sud-est de Gaza ville, a été brisé le 10 janvier lorsque les forces israéliennes ont lancé trois jours d’attaques tout azimut qui ont tué 16 civils et détruit la plupart des maisons de Khuzaa et ses terres agricoles.

Dangereusement proche de la frontière avec Israël, Khuzaa fut le seul endroit, en dehors des villes du nord de Gaza – qui ont été coupées de fait du centre et du sud de Gaza par les troupes israéliennes le 5 janvier – à subir une invasion au sol totale pendant les trois semaines d’attaques d’Israël qui se sont terminées le 19 janvier.

Quatre mois plus tard, les organisations internationales pour les droits de l’homme accusent Israël de crimes de guerre à Khuzaa.

Ses habitants continuent de vivre des incursions militaires fréquentes et la menace quotidienne des tirs depuis les tours de contrôle israélienne à la frontière.

« Cette attaque a été la pire chose qui nous soit jamais arrivée, » dit le maire de Khuzaa, Aby Ayman. « C’est pire que quand le village a été divisé en 1948. »

Il y a eu peu de combats à Khuzaa pendant les deux premières semaines des attaques. Mais le 10 janvier, un barrage de bombes au phosphore blanc a atteint profondément les zones résidentielles, disent les résidents et Human Right Watch dans un rapport du mois de mars.

Les deux jours suivants ont vu un assaut de roquettes et de missiles tirés depuis les avions de combat, les drones et les hélicoptères Apache – signe précurseur d’une invasion au sol par les chars, les bulldozers et les soldats le 13 janvier à minuit.

Les hommes et les garçons du village ont eu les yeux bandés et ont été détenus dans un énorme trou creusé par les bulldozers israéliens, racontent les habitants. Les résidents terrifiés, dont les maisons ont été détruites au bulldozer ou occupées par l’armée israélienne, ont fui vers une cour à ciel ouvert au centre de Khuzaa.

« Beaucoup des villageois qui s’étaient réfugiés dans la cour venaient de la périphérie de Khuzaa à cause des attaques précédentes, » dit Donatella Rovera, directrice de recherche d’Amnesty International pour Israël et les Territoires Palestiniens Occupés, à IPS par téléphone depuis Londres.

« Ces attaques ont eu lieu à l’endroit où ils pensaient être en sécurité, » dit Rovera.

Quand la cour où les villageois s’étaient réfugiés s’est trouvée elle aussi sous attaque – un bulldozer israélien a commencé à démolir un des murs de la cour, disent les résidents - Rawhiyya al-Najjar, une habitante de Khuzaa, a décidé qu’ils n’avaient pas d’autre choix que partir.

Brandissant un drapeau blanc, Rawhiyya est sortie de l’immeuble à la tête d'un groupe de femmes et d’enfants, aux premières heures du 13 janvier. Des témoignages indépendants confirment qu’elle a été tuée d’une seule balle dans la tête et a agonisé pendant 12 heures après qu’un secouriste qui essayait de l’atteindre se soit retrouvé lui aussi sous le feu des forces israéliennes.

Rovera dit que l’assassinat de Rawhiyya, l’utilisation de phosphore blanc et la destruction systématique des maisons par l’armée israélienne à Khuzaa constitue un crime de guerre.

« Le type d’attaque tel que survenu à Khuzaa est cohérent avec les modèles plus larges pendant la guerre, et ils constituent des violations graves du droit international, dont des crimes de guerre, » dit Rovera à IPS.

Le frère de Rawhiyya et chef local des services d’aide sociale, Yusuf al-Najjar, dit que quelques 130 maisons et des milliers d’arbres ont été détruits pendant les trois jours d’assaut.

« La destruction au bulldozer des maisons et de la terre agricole suggère très fortement un type de punition collective contre les habitants de Khuzaa, » dit Rovera.

Parce que des affrontements de faible intensité ont eu lieu entre les combattants palestiniens et les troupes israéliennes aux alentours de Khuzaa, dit Rovera, la destruction des maisons par l’armée israélienne semble être « un règlement de comptes. »

« Ce n’est pas le type d’action entrepris par nécessité militaire, » dit Rovera. « Les affrontements étaient terminés. »

L’article 33 de la Quatrième Convention de Genève interdit la punition d’une population non directement impliquée dans l’action agressive originale.

Les responsables militaires israéliens n’ont toujours pas donné d’explication sur la nature des opérations entreprises à Khuzaa, dit Rovera.

Depuis qu’Israël s’est retiré du village et a déclaré un cessez-le-feu unilatéral le 18 janvier, les habitants de Khuzaa continuent de vivre sous la menace de tirs constants et d’incursions militaires à l’intérieur de leur territoire.

Au moins deux personnes sont mortes sous les tirs israéliens à Khuzaa depuis la fin officielle des opérations, et sept ont été blessées.

Le 13 mai, les médias locaux ont rapporté que les troupes et les véhicules militaires israéliens se sont approchés du village, mais il n’y a pas eu de victimes.

« Dès que nous avons soupé, nous allons dormir, » dit Yusuf al-Najjar, tandis qu’un drone israélien bourdonne au dessus du village. « Personne n’ose sortir quand il fait nuit. Les soldats israéliens continuent à entrer dans notre village chaque nuit, et nous ne pouvons rien faire, sinon avoir peur. »

Beaucoup de ceux qui ont été déplacés pendant l’attaque refusent de revenir sur leur terre près de la frontière israélienne, après qu’Israël ait unilatéralement déclaré « zone tampon » la terre arable de Khuzaa entre la frontière et le territoire côtier.

Avant la guerre, les fermiers disaient que la zone tampon représentait environ 200m de terre à l’intérieur de Khuzaa. Aujourd’hui, il apparaît que l’armée israélienne a bouclé jusqu’à 700m de terre de Khuzaa, interdisant aux fermiers de s’occuper de leurs cultures et de les récolter. Les habitants ne découvrent qu’une zone est « fermée » qu’après que l’armée leur tire dessus quand ils s’y rendent.

Parce que Khuzaa, comme le reste de Gaza, n’a reçu aucune aide pour la reconstruction, Yusuf al-Najjar se sert de son propre argent pour persuader les résidents de revenir dans le village et récupérer leur terre.

Jaber Khalil Ghadeyah, un fermier dont les champs de pêchers et de pommiers vont jusqu’à la frontière israélienne, est le seul à avoir accepté l’offre jusqu’à présent – et Yusuf paie pour son nouveau système d’irrigation.

Ghadeyah dit qu’il est certain que Khuzaa verra une autre guerre, mais qu’il ne quittera jamais la terre sur laquelle il vit depuis 30 ans.

« Si les Israéliens viennent détruire notre village, nous reconstruirons, » dit Yusuf. « Et si ils reviennent à nouveau, nous reconstruirons à nouveau. »



Source : IPS

Traduction : MR pour ISM

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