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Bethléem -

Semer la détermination, récolter l'espoir

Par

Claire Thomas est une photographe indépendante originaire du Royaume-Uni dont le travail se concentre sur les questions sociales, politiques et humanitaires au Moyen-Orient, en Europe et en Afrique. On peut la suivre sur Twitter et Facebook. Cet article en anglais a été publié sur EI le 19 mai 2016.

La vue depuis la ferme de Daher Nassar, au sud-ouest de Bethléem, en Cisjordanie occupée, est très différente de ce qu'elle était quand il était enfant. Désignant les cinq colonies israéliennes qui encerclent la ferme, il constate, "Des gens viennent de l'étranger et peuvent acheter des maisons et ici, je n'ai pas l'autorisation d'en construire une seule."

Semer la détermination, récolter l'espoir

Daher assis à côté de sa mère Milad, à la ferme de la famille Nassar
La famille de Daher exploite et vit sur sa propriété de 40 hectares depuis que son grand-père l'a achetée il y a cent ans ce mois-ci. Les Nassar ont fêté le centenaire par une semaine de célébrations.

"Lorsque mon grand-père a acheté la terre en 1916, la transaction a été enregistrée, donc nous avons les documents émis par les Ottomans, puis nous avons continué l'enregistrement avec les Britanniques, puis ls Jordaniens et finalement les Israéliens," a expliqué Daoud, le frère de Daher.

Malgré les titres de propriété, la famille Nassar a dû mener une longue bataille juridique pour garder sa ferme, depuis qu'elle a été classée comme "terre appartenant à l'Etat israélien" en 1991.

Pendant ce temps, la famille fait face au harcèlement et aux attaques des colons, qui ont culminé entre 1991 et 2002, a précisé Daoud.

"Ils sont venus à la ferme, ils ont coupé nos arbres, ils ont détérioré notre réservoir d'eau, ils nous ont menacé avec des fusils et ils ont essayé trois fois de construire une route sur notre propriété," explique-t-il. "Ils sont venus avec les bulldozers et ils ont commencé à creuser une route, mais nous avons réussi à arrêter toute construction de route en allant devant les tribunaux."

Les colons ont détruit 250 oliviers sur leur ferme en 2002.

"Pour les Palestiniens, un olivier est comme un membre de la famille ; c'est comme un arbre sacré," dit Daoud. Trois semaines après, la famille Nassar a planté de nouveaux arbres avec le soutien du groupe de solidarité anglais Jews for Justice for Palestine.

"Ce fut un petit signe d'espoir," dit Daoud.

En mai 2014, deux semaines avant la récolte des abricots, des bulldozers israéliens ont rasé 1.500 arbres fruitiers sur leur terre, prétendant qu'ils étaient planté sur une terre d'Etat.

"Nous nous sommes à nouveau mobilisés," dit Daoud. "Nous avons réparé les terrasses... et l'an dernier nous avons pu planter 4.000 arbres fruitiers."

Un autre outil de l'arsenal israélien pour voler la terre palestinienne et faire partir ses habitants est de restreindre fortement l'accès aux ressources et d'interdire la construction.

"Nous ne sommes pas autorisés à construire quoi que ce soit ; jusqu'à maintenant, nous avons 20 ordonnances de démolition, 47 ordonnances "d'arrêt de culture" [émis par les autorités israéliennes]. Nous ne sommes pas autorisés à avoir l'eau courante ou l'électricité. Ce qui signifie aucun développement. C'est un exemple de ce qui arrive généralement en Palestine," explique Daoud.

La famille a transformé sa ferme en ce qu'elle appelle "La Tente des Nations" - un centre pour la résistance non violente. "Nous voulions ouvrir la ferme pour que les gens viennent voir. C'est la meilleure éducation. Venez voir, repartez et racontez. Nous demandons aux gens de raconter non seulement ce qu'ils ont entendu mais ce qu'ils ont vu," dit Daoud.

La famille organise des activités et des projets éducatifs visant à rapprocher les gens pour qu'ils se sentent davantage connectés à la terre et à l'environnement, et à promouvoir une plus grande compréhension des luttes quotidiennes que mènent les Palestiniens vivant sous occupation militaire israélienne.

Un de nos principaux projets est la campagne de plantation d'arbres. "Nous invitons les gens à planter des arbres parce que quand on plante un arbre, on croit en l'avenir," dit Daoud.

La famille organise aussi un camp d'été pour enfants.

"Nous invitons des enfants de la région de Bethléem et des camps de réfugiés, et nous faisons des ateliers créatifs avec eux, comme la peinture, la musique, la mosaïque, le théâtre," dit Daoud. "Nous voulons que les enfants découvrent leurs talents parce que nos enfants sont traumatisés et vivent dans une réalité politique difficile."

Les Nassar organisent également des camps de récolte et un certain nombre de volontaires à long terme les aident à gérer la ferme toute l'année. Leur présence dissuade également les attaques des colons, et les stoppent complètement, dit Daoud.

La famille envisage de créer une école à la ferme et de mettre l'accent sur le développement durable, l'agriculture biologique et le recyclage. Mais ce rêve reste lointain car il dépendrait de permis accordés par Israël.

"Nous avançons par petites étapes," dit Daoud. "Même si nous tombons, nous nous relevons, nous continuons le voyage avec foi, amour et espoir dans l'action."


Voir les magnifiques photos prises par Claire Thomas pour illustrer son témoignage.



Source : Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM

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