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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Une adolescente de 14 ans blessée, découverte 60 heures après la mort des membres de sa famille

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Plus de 60 heures après le début de son supplice, Amira a finalement été découverte lorsque le propriétaire de la maison, est revenu chez lui et l’a trouvée allongée dans la chambre.
Lorsque le journaliste a demandé à Amira comment elle était arrivée chez lui, elle a répondu : "Je suis blessée, mon oncle. Je suis désolée. Je suis entrée dans votre maison sans votre permission. J'ai hésité à le faire, mais je ne connaissais aucun autre endroit où aller. S'il vous plaît pardonnez-moi. "

Une adolescente de 14 ans blessée, découverte 60 heures après la mort des membres de sa famille


Photo : Amira, 14 ans, ou l'incroyable désir de survie d'une jeune Palestinienne à Gaza

Le 7 février 2009, DCI-Palestine a confirmé la mort de 304 enfants et enquête sur la mort de 96 autres. Cela signifie qu’au moins 400 enfants ont été tués pendant l’opération Plomb Durci.

Le mercredi 14 janvier 2009 vers 17h, Amira, 14 ans, se trouvait chez elle dans le quartier de Tal Al Hawa au sud-ouest de la ville de Gaza. Elle était avec son père, son frère de 13 ans Ala, et sa soeur de 15 ans, Ismat, lorsque les chars israéliens ont fait irruption dans le secteur. "Nous avions très peur", raconte Amira.

Vers environ 18h30, le père d’Amira qui est le muezzin (la personne qui fait l’appel à la prière) de la mosquée voisine a quitté la maison pour appeler à la prière d’Isha (nuit). Il est rapidement revenu à la maison et peu de temps après, il a mis ses enfants au lit malgré le bruit des missiles et des tirs.

Amira se souvient que son père est allé à la porte d’entrée pour voir ce qui se passait. «Dormez et n’ayez pas peur» leur a-t’il dit. Les enfants se sont endormis mais se sont réveillés en hurlant au bruit d’une forte explosion juste à l’extérieur de leur maison.

Ils ont sauté du lit et ont couru vers la porte d’entrée de la maison. Amira est sortie la première et alors qu’elle courait sur plusieurs mètres devant la maison, elle se souvient avoir senti qu'elle avait marché sur une personne et s’est arrêtée net.
Elle a regardé derrière elle et a vu son père étendu au sol et saignant abondamment à côté de leur porte d’entrée. Amira, son frère et sa sœur, Ala et Ismat, se sont agenouillés auprès de leur père, en criant et en pleurant de peur. "S'il vous plaît Dieu, ne laissez pas mourir mon père". Amira le répétait alors qu’elle était assise par terre à côté de lui.

Le frère et la sœur d’Amira lui ont dit de rester avec leur père, pendant qu’ils allaient chercher une ambulance.

Son frère et sa sœur avait déjà fait plusieurs mètres lorsque Amira a entendu le bruit d'une autre explosion. À ce moment-là, elle a eu le sentiment que sa jambe droite se divisait en deux parties. Amira a crié de douleur et son frère et sa soeur sont revenus pour l'aider. Le frère d’Amira a essayé de bouger sa jambe, en vain. Alors Ala et Ismat sont repartis à la recherche d’une ambulance, en disant à Amira de ne pas avoir peur. Amira les a regardés descendre la rue en courant jusqu'à ce qu’ils tournent dans un angle et qu’ils soient hors de portée de vue.

Elle ne pouvait plus voir ses frères et soeurs, mais elle pouvait les entendre crier, "Ambulance ! Ambulance ! S'il vous plaît, aidez-nous." Quelques instants plus tard, Amira a entendu le bruit d'une autre explosion et a vu une épaisse fumée qui s’élevait de l’endroit son frère et sa sœur avaient disparu. Elle n’entendait plus leurs voix.

Amira s’est assise près de son père, en le suppliant de se réveiller, mais il n'a pas bougé. Elle a commencé à avoir peur quand elle a entendu le bruit des tanks se rapprocher et s’est trainée à l'intérieur de sa maison en passant par la porte d’entrée. Elle s’est convaincue que son père allait se réveiller et qu’il la suivrait, elle a délibérément laissé la porte ouverte pour lui.

À l'intérieur de la maison, elle a rampé sur le balcon surplombant la rue. Quelques instants plus tard, elle a entendu une autre explosion et a vu de la fumée qui s’élevait de l’endroit où son père était allongé. Lorsque la fumée s’est dégagée, elle a vu que les jambes de son père avaient été arrachées de son corps.
"À ce moment-là", dit-elle, "j’ai su qu'il était mort." Epuisée et engourdie par la douleur de sa jambe droite, Amira s'est endormie sur le balcon et s’est réveillée à la lumière du jour le lendemain matin (jeudi).

Ayant froid et soif, Amira s’est démenée dans la cuisine pour boire de l'eau. Alors qu’elle s’était hissée pour tenir debout sur la jambe gauche, elle a perdu connaissance et est tombée. Amira a repris connaissance quelque temps plus tard et elle a ensuite pu se relever à côté de l'évier de la cuisine pour boire de l'eau du robinet.

Ensuite, elle est sortie en rampant jusqu’à l'endroit où se trouvait le corps de son père pour récupérer son téléphone portable dans sa poche. Elle voulait donner le téléphone au père de sa cousine qui habitait à environ 500 mètres pour qu'il puisse informer les contacts de son père qu'il avait été tué. Elle s’est trainée jusqu’à sa maison et a frappé à la porte, mais personne n’a répondu.

Amira s’est ensuite couverte d’un sac nylon qu’elle avait trouvé par terre et avec des feuilles qu’elle avait arrachées d’un arbre à proximité afin de rester au chaud. Elle est restée dans cette position jusqu'au lendemain matin, en perdant de temps en temps conscience au cours de la nuit. Elle se souvient avoir eu peur du bruit des chiens qui aboyaient, des chars et des obus. Elle se disait : "Mon père va me protéger", à chaque fois qu'elle avait peur.

Au lever du soleil (vendredi), Amira a vu qu'il y avait un trou dans le mur qui entoure la maison voisine d'un journaliste qu’elle connaissait bien parce que sa sœur aînée s'était liée d'amitié avec sa fille.

Faible et déshydratée, Amira s’est glissée à travers le trou dans le jardin et à l'intérieur de la maison à la recherche d'eau. Elle a trouvé une chambre avec de nombreux matelas et couvertures et une bouteille d'eau, ce qui lui a permis de boire.

«J'ai rampé et j’ai attrapé la bouteille d'eau et j’ai commencé à boire rapidement. L'eau était délicieuse. Je me suis alors couchée sur un matelas et j’ai pris une couverture parce que j'avais très froid. J'ai pu voir un hélicoptère de la fenêtre cassée de la chambre" .

"Je me suis endormie et réveillée à plusieurs reprises. [...] A un moment donné, j'ai rampé jusqu’à la salle de bains et j’ai rempli la bouteille d’eau du robinet. En revenant dans la chambre, j'ai vu un pot plein d'olives marinées sur le sol de la cuisine. C'est sûr qu’elles étaient destinées à être stockées. Nous avons l’habitude de stocker des olives marinées jusqu'à ce qu'elles deviennent comestibles l'année suivante.

J'ai attrapé le pot et j’ai essayé de l'ouvrir parce que j'avais faim mais je n’ai pas réussi. Je l'ai laissé là-bas et je suis retournée en rampant jusqu’à la chambre. Je me suis allongée sur le matelas en me couvrant de couvertures.

Je crois que c'était samedi. J’ai commencé à boire lentement à la bouteille. Je ne voulais pas gaspiller l'eau parce que je ne me sentais pas capable de retourner pour la remplir"


Plus de 60 heures après le début de son supplice, Amira a finalement été découverte lorsque le journaliste qui est propriétaire de la maison, est revenu chez lui et l’a trouvée allongée dans la chambre. Il avait évacué sa famille par peur de l'arrivée imminente des forces israéliennes dans le quartier.

Lorsque le journaliste a demandé à Amira comment elle était arrivée chez lui, elle a répondu : "Je suis blessée, mon oncle. Je suis désolée. Je suis entrée dans votre maison sans votre permission. J'ai hésité à le faire, mais je ne connaissais aucun autre endroit où aller. S'il vous plaît pardonnez-moi. "

Amira a été transportée d'urgence à l'hôpital Shifa où elle a subi immédiatement une intervention chirurgicale pour ressouder l'os cassé de sa jambe droite. Elle a subi une importante perte de sang et a du être transfusée afin de lui sauver la vie. Quatre jours plus tard, Amira a subi plus d'une intervention chirurgicale pour remettre sa jambe en état.

Amira a été placée sous la surveillance d'un groupe de médecins français qui a voulu l'envoyer en France pour compléter son traitement et lui offrir une réadaptation pour sa jambe.

Le 22 Janvier, et à nouveau le 23 Janvier, Amira, accompagnée de sa tante, a été emmenée en ambulance jusqu’au point de passage de Rafah pour entrer en Egypte. A chaque fois, elles ont été refoulées par les responsables égyptiens qui les ont insultées, en les accusant de mentir sur l'étendue des blessures d’Amira.

Le 5 Février 2009, Amira attendait toujours dans la bande de Gaza une autorisation d'entrer en Égypte par le passage de Rafah afin de continuer à recevoir des soins médicaux à l'étranger. Les efforts déployés par les délégations de médecins internationaux continuent pour coordonner et obtenir les autorisations requises pour sa sortie.

Amira présente des signes de stress psychologique en raison du traumatisme qu'elle a connu et les nouveaux retards dans son traitement et sa réadaptation ne font que retarder son rétablissement.


L'utilisation aveugle de la force dans des zones civiles densément peuplées est une violation du droit international.

Toutes les parties sont liées par les obligations juridiques internationales de faire la distinction entre combattants et civils et de prendre toutes les précautions nécessaires pour minimiser les pertes civiles lors des hostilités.

Toutes les parties doivent respecter le principe de proportionnalité et de nécessité lors de la conduite et la planification des opérations militaires. Dans le contexte d’une forte densité de population de Gaza, les commandants militaires doivent prendre encore plus de précautions pour minimiser les dommages aux civils.

L’utilisation par Israël de l'artillerie lourde et des tanks dans les quartiers de la ville de Gaza est une violation du droit international, puisque par nature, ces armes frappent de façon aveugle, des objets militaires et civils, sans distinction, comme dans le cas de cette famille.

Alors que les victimes qui ont survécu à l'opération Plomb Durci luttent pour faire face à ses conséquences, DCI-Palestine continue d'appeler à :

• Un accès sans entrave pour la fourniture d’une aide humanitaire et médicale d’urgence à la bande de Gaza ;

• La levée immédiate et permanente du siège de la Bande de Gaza imposé par Israël afin de permettre la libre circulation des personnes, des biens et des services dans et hors du territoire ;

• Une enquête indépendante sur les incidents impliquant des victimes civiles lors de l'opération Plomb Durci, et des poursuites judiciaires rapides, conformément au droit international, contre les responsables qui ont ordonné, planifié et exécuté des crimes de guerre ;

• L'annulation de rehaussement des relations bilatérales entre l’UE-Israël approuvé par le Conseil d'Association le 16 Juin 2008.

Source : http://www.dci-pal.org

Traduction : MG pour ISM

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