Naplouse - 17 novembre 2013

Une très mauvaise récolte des olives cette année en Palestine occupée

Par RL

L'auteur de ce témoignage est un militant français d'ISM.

Cette année, la récolte des olives est annoncée en baisse, à 15.000 tonnes, selon le Ministère palestinien de l'Agriculture, soit moitié moins qu'en 2012. Ceci est notamment dû aux multiples entraves que subissent les agriculteurs palestiniens : permis octroyés par les autorités israéliennes donnant l'autorisation à certaines familles palestiniennes de n'avoir accès à leurs terres que pendant 3 jours pour la récolte des olives ; proximité des colonies illegales et harcèlement des colons ; décisions unilatérales de l'armée d'occupation de déclarer certains secteurs « zones militaires fermées », etc.

Naplouse, octobre 2013 - des fermiers palestiniens découvrent leurs oliviers saccagés par les colons
Les colons brûlent des oliviers, parfois plusieurs centaines, à l'aide de produits chimiques. En plus de détruire ces arbres qui pour certains sont plusieurs fois centenaires, ces produits polluent les sols. Les colons s'attaquent également aux oliviers à la hache ou à la scie. En 2012, plus de 8.600 oliviers ont été brûlés, déracinés ou vandalisés par les colons israéliens. Cette année, ce chiffre sera probablement plus important au regard des récents événements.

Par ailleurs, il est très difficile voire impossible pour certains agriculteurs de planter de nouveaux arbres sur leurs propres terres en raison des restrictions que leur imposent l'occupation militaire et la violence des colons.

La plupart du temps, la présence d'internationaux dissuade les colons de harceler les Palestiniens qui viennent récolter les olives. Mais nous ne pouvons malheureusement pas empêcher l'occurrence d'événements tels que décrits ci-dessous.

Quelques sombres petites histoires de la récolte des olives, district de Naplouse, octobre-novembre 2013 :

A Qariut, alors que des agriculteurs palestiniens et des internationaux cueillaient les olives, des soldats de l'armée d'occupation ont surgit et ont donné 30 minutes aux personnes présentes pour quitter les lieux. Ces soldat brandissaient une carte écrite en hébreu (très probablement fausse) expliquant que cette zone était une « zone militaire fermée ». La famille et les internationaux n'ont eu d'autre choix que de quitter l'oliveraie qui bien entendu est la propriété de ladite famille.

A Kafr Qadum, un matin, un colon très agressif est arrivé dans une oliveraie et a fait fuir la famille qui avait commencé très tôt le travail. Cette famille a pu de nouveau rejoindre ses terres plus tard dans la journée, seulement grâce à la présence de l'armee israélienne, et pour quelques heures seulement.

A Einabus, une vingtaine de colons se sont rendu durant la nuit dans des oliveraies appartenant à des Palestiniens et ont détruit plus de 600 oliviers, à l'aide de produits chimiques, ils ont brûle plusieurs hectares. Les pompiers n'ont même pas pu intervenir, l'armee leur interdisant l'acces aux champs sous prétexte qu'ils avaient déclaré cette zone « zone militaire fermée ».

A As-Sawiya, le culot des colons les a amener à voler les olives à même les arbres ; ainsi, plusieurs familles ont découvert avec grande tristesse que les olives avaient déjà été cueillies sur plusieurs dizaines de leurs oliviers.

Il y a malheureusement des dizaines et des dizaines d'exemples comme ceux-ci chaque année, aux alentours de Naplouse et d'Hébron/Khalil, là où sont concentrées la majorite des oliveraies en Cisjordanie . Ces familles palestiniennes n'ont aucune voie de recours face à ces agissements des colons ou de l'armée d'occupation.

Le secteur de l’agriculture vient après celui des services dans la répartition des emplois dans les territoires occupés et il represente le deuxième contributeur du PIB palestinien derriere les services.

L'économie de la Cisjordanie est complètement exsangue et les agissements criminels des colons et de l'armée d'occupation empirent la situation qui devient de plus en plus critique année après année.