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Liban -

Une vie en suspens : à l’intérieur des camps de réfugiés du Liban

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Imaginez que vous vivez dans un container de 6m de long sur 2m de large. Puis imaginez que vous êtes une famille de huit personnes. Vous devez manger, dormir et aller aux toilettes dans le même espace – en plein été au Moyen-Orient. Ce qui reste d’intimité à l’intérieur de ces « maisons » est encore restreint par le fait qu’elles sont parquées par rangées de 10 maisons à 2 niveaux, mettant littéralement chaque famille soit dessus, dessous ou la porte à côté les unes des autres.

Une vie en suspens : à l’intérieur des camps de réfugiés du Liban


Nahr al-Bared, 1948 (photo Unrwa)

Ce sont ça, les conditions de vie de 31.000 réfugiés palestiniens dans le camp de Nahr al-Bared, au Liban, à une heure de route au nord de Beyrouth.

« Il fait si chaud ici l’été qu’on n’arrive pas à penser, » dit Ahmad al-Haj, 26 ans, dont la femme attend leur deuxième enfant.

Assis pour dîner sur le sol de l’unique pièce de sa maison, les seuls biens d’el-Haj sont les vêtements suspendus sur un fil à l’extérieur, le matelas sur lequel lui et sa femme dorment et la vaisselle empilée dans le placard derrière lui. « On entend tout ce que font les voisins, on voit tout, et ça ne finit jamais. »

Quand le camp a été démoli par l’armée libanaise en mai 2007, après une confrontation avec des insurgés islamiques, ces constructions de style container devaient être provisoires.

Deux ans après, les habitants du camp attendent toujours l’accord final du gouvernement libanais pour commencer la reconstruction de leurs maisons.

« Je suis deux fois réfugiés. C’est la deuxième fois de ma vie que je perds ma maison, » dit Rasmia Yehia, qui avait 17 ans lorsque la guerre de 1948 l’a chassée de ce qui est maintenant le nord d’Israël.

Pendant le week-end, les Palestiniens du monde entier ont commémoré le 61ème anniversaire de al-Nakba, la « catastrophe », la création de l’Etat d’Israël et le début de la vie en exil pour des millions d’entre eux.

Pour Yehia, ce deuxième épisode en tant que réfugiée « est plus difficile parce que je n’ai vécu en Palestine que pendant 17 ans, mais je vis ici [au Liban] depuis soixante ans. »

Ce n’est pas que la vie était bien meilleure dans l’ancien camp de Nahr el-Bared. Comme les 11 autres camps de réfugiés au Liban, Nahr el-Bared était un morceau condensé et délabré de conditions de vie sordides.

Des 4,6 millions de réfugiés palestiniens éparpillés dans 58 camps en cinq endroits – le Liban, la Syrie, la Jordanie, la Cisjordanie et la Bande de Gaza – la situation des 422.000 qui vivent dans les camps libanais est considérée comme la pire.

Les Palestiniens vivant au Liban n’ont pas droit à la citoyenneté, pas le droit de vote et interdits, explicitement, d’acheter des propriétés privées. Pour aller d’un camp à l’autre, les Palestiniens ont besoin d’un permis spécial.

A part des tâches subalternes et quelques boulots de bureau, les Palestiniens sont interdits d’accès à une liste de 74 professions, dont le droit, la médecine, l’ingénierie, l’enseignement et le journalisme.

Une libanaise qui épouse un Palestinien perd le droit de transmettre la citoyenneté libanaise à ses enfants.

Pour les services de base comme la santé ou l’éducation, les Palestiniens au Liban dépendent de l’Agence des Nations Unis pour les Réfugiés, l’UNRWA. « Nous sommes comme un petit gouvernement, » dit Hoda Elturk, directrice de l’agence d’information publique au Liban. « Prévus pour un ou deux ans, nous sommes encore là 60 ans après. »

En partie à cause du système démocratique libanais à l’équilibre précaire, et en partie parce que beaucoup de Libanais accusent les Palestiniens d’avoir entraîné le pays dans 15 ans d’une guerre civile amère en 1975, le sort tragique des réfugiés palestiniens et de leurs descendants ne provoque que peu de sympathie de la part du Libanais ordinaire.

Le plus grand camp de réfugiés au Liban est Ain al-Hilweh, avec une population de 80.000 entassés dans quelques kilomètres².

Situé près de la frontière israélienne, Ain al-Hilweh a aussi la réputation d’être le camp le plus dur et le plus misérable, et d’être « armé jusqu’aux dents. »

« C’est une existence très dure, » dit Mohammed Fadi, 44 ans, professeur d’histoire et de mathématiques qui a passé les 31 premières années de sa vie à Ain al-Hilweh et qui y enseigne maintenant dans une des écoles. « Mais ce n’est pas tragique. La vie y a du goût. Quand vous vivez si près de votre famille et de vos voisins pendant si longtemps, cela devient une part de vie étrangement réconfortante. »

Mais selon Fadi, c’est dans des endroits comme Ain al-Hiweh que la résistance armée est née.

« Quand on demande pourquoi les Palestiniens pourraient recourir à la violence, c’est parce que pour beaucoup d’entre eux, il n’y a pas autre chose vers quoi se tourner. »

Vidéo de la manifestation de protestation du 15 mai contre leurs barraquements, organisée par les habitants de Nahr-el-Bared (en arabe)


Pas de greffon vidéo disponible...

Source : The Sydney Morning Herald

Traduction : MR pour ISM

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