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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Vivre à Naplouse.

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En couvrant les événements tragiques vécus par le peuple palestinien sous occupation, les médias évitent souvent de s'arrêter, consciemment ou non, sur des crimes auxquels il faut accorder de l'importance.

Parmi ces crimes, la situation vécue par la population de la région de Naplouse, entre autres, et les agressions continues menées par l'occupant pour la briser et l'humilier, en violant toutes les lois et les traités internationaux, comme ceux relatifs aux déplacements, à l'habitat et à la protection de la vie.

Les agressions les plus répétées ces temps-ci, et depuis le début de l'Intifada, concernent les assauts contre les maisons des Palestiniens, et ceux de Naplouse en ont eu une part non négligeable.

Lors de toute invasion, des centaines de maisons sont prises d'assaut par les soldats de l'occupation qui "préfèrent" entrer dans les maisons à travers les murs, après les avoir dynamitées, ou par les portes, après les avoir dynamitées ou après les avoir démolies, sans prendre en compte l'intimité d'un foyer.

Les soldats prennent d'assaut la maison, rassemblent les membres de la famille dans une pièce, tout en leur refusant toute réclamation concernant leur vie quotidienne, comme le fait de préparer la nourriture pour les enfants, ou le fait de se rendre aux toilettes. Des situations qui créent la panique parmi les enfants et les femmes, qui craignent la répression ou les actes inattendus des soldats.

Pendant ce temps, les soldats dispersent les affaires de la maison, les retournent et les jettent, mêlent les divers denrées alimentaires les unes aux autres, mettent leurs saletés et les saletés de leurs chiens sur les biens des habitants. Des heures durant, les soldats épient, à partir de la maison investie, les allées et venues dans le quartier, et toute personne qui rentre dans la maison est frappée, interrogée à propos des gens du quartier.

La plupart du temps, l'assaut se termine par l'arrestation du père de famille et/ou du fils aîné, et dans certains cas, de sa mère et de ses frères, pour plusieurs jours, et personne ne peut connaître la durée, juste pour faire pression sur la famille, et parfois, cela se termine par le dynamitage de la maison, avec tous ses meubles, après avoir demandé aux habitants de sortir, qui n'ont désormais plus rien pour se couvrir. Il arrive aussi que la maison soit dynamitée sur ses occupants, comme cela est arrivé lors des invasions des villes de la Cisjordanie , dont Naplouse.

L'épreuve vécue par la famille Shaabi est un exemple clair de la violence de l'occupant lors de l'invasion de Naplouse en avril 2002. Cette famille a perdu 8 de ses membres, et il ne reste que Abdallah Shaabi (65 ans) et son épouse Shamsa Tahhan (57 ans), bien qu'ils aient passé une semaine entière sous les décombres de leur maison composée de trois étages, que les forces d'occupation a détruite le 5 avril, sur les habitants qui s'y trouvaient.

La famille était composée de dix membres : les deux personnes qui ont survécu, et les martyrs : son frère Omar (85 ans), les deux filles de Omar, Fatima (55 ans) et Abir (35 ans), son fils Samir (47 ans), son épouse Nabila (37 ans), leurs enfants, Abdallah (8 ans), Azzam (7 ans) et Anas (4 ans). La famille était rassemblée, unie et solidaire contre toute agression sur la maison. Les mères serraient fort leurs petits, essayant de les calmer, et les hommes essayaient d'assurer la sécurité autant qu'ils le pouvaient, mais les chars israéliens sont venus semer la destruction et la ruine, en détruisant la maison et plusieurs maisons à proximité.

Lors de la recherche des survivants sous les ruines des maisons, après la levée du couvre-feu le dixième jour de l'invasion, le vieillard et son épouse furent trouvés sous les décombres, sans eau, sans nourriture, ne pouvant distinguer le jour de la nuit, vivant dans une obscurité totale pendant toute cette période.

Ceux qui cherchaient les victimes avaient trouvé auparavant les restes des dépouilles des femmes et des enfants, les femmes étaient mortes en serrant les enfants dans leurs bras, et les corps se décomposaient déjà.
Les deux survivants furent transportés à l'hôpital pour être soignés des traumatismes subis par ce qu'ils ont vécu.

Un autre exemple...
La famille Qadiri est une de ces familles palestiniennes comme les autres, souhaitant la sécurité et la tranquillité dans un temps où l'occupation a volé toute expression de joie. Au cours de l'invasion d'avril 2002, cette famille a vécu une expérience amère après que les forces d'occupation, lourdement armés, aient occupé leur immeuble.
M. Qadiri a raconté à la correspondante du centre de la presse internationale à Naplouse que les soldats ont rassemblé les membres de sa famille, près de 30 personnes, dans une seule pièce, en utilisant les autres pièces et appartements de l'immeuble comme une caserne militaire, rassemblant plusieurs Palestiniens arrêtés dans la vieille ville, à cette époque.

M.. Qadiri a précisé qu'ils ne pouvaient utiliser les toilettes pendant dix jours, et qu'ils ont dû se contenter de manger de la soupe, préparée par une des femmes de la famille, qui se faufilait en douceur jusqu'à la cuisine.
Elle raconte que les soldats ont quitté l'immeuble après la levée du couvre-feu, mais qu'ils sont revenus 15 heures plus tard.
Elle ajoute que les membres de la famille étaient étonnés qu'ils puissent rester en vie après cette souffrance, affirmant que les soldats tiraient des coups de feu dans tous les sens, à l'intérieur de l'immeuble ou à l'extérieur, et ils lançaient des bombes sonores ou des bombes à gaz de façon continue.
Après la levée du couvre-feu, ce que M... Qadiri a vu, elle a peine à le rapporter. L'immeuble était d'une saleté incroyable, les soldats avaient laissé leurs saletés partout, ils ont utilisé nos habits pour se nettoyer les chaussures et la cuisine. "Nous avions faim dans notre maison, et pendant ce temps, ils mangeaient nos réserves de nourriture, du fromage, de l'huile, des olives, et du pain..."
Elle poursuit, suffoquée : "Après cinq jours de leur occupation de l'immeuble, ils sont venus nous "offrir" quelques morceaux de fromage, nous avions refusé, craignant qu'ils ne les aient salis".

L'humiliation sur les routes et les barrages est une forme aussi dure, avec ses spécificités, mais toutes indiquent les violations des droits de l'homme, relatifs à la liberté de déplacement et de mouvement.
Sur les routes, les Palestiniens subissent les pires humiliations. Cependant, ce qui est arrivé avec l'un d'eux, au mois d'avril 2002, dépasse tout : les soldats israéliens l'ont obligé à se dévêtir entièrement, en plein froid, dans la zone de l'université an-Najah, dans la ville de Naplouse.
Ils l'ont ensuite obligé, sous la menace des armes, à imiter le chien, dans sa façon de marcher et d'aboyer, ce qui lui a causé un état de tétanisation et une crise nerveuse, nécessitant son transport immédiat à l'hôpital de la ville, après que les soldats aient accepté qu'un habitant d'un immeuble voisin le couvre d'une couverture. Les soldats ont expliqué leur comportement par le fait que cette personne avait enfreint l'ordre du couvre-feu dans la ville.

Quant aux histoires sur les barrages, elles sont innombrables, c'est sur les barrages que des personnes ont été marquées par des numéros sur leurs bras et leurs visages, et ces numéros ont été marqués par le fer rouge ou par les incisions.

C'est sur les barrages que les soldats ont inventé la politique de briser les membres humains, par "tirage au sort". Il faut choisir entre le bras cassé, la main cassée, ou l'épaule, ou la jambe...
C'est ce que raconte un jeune étudiant de l'université an-Najah, qui a subi, au barrage, l'incision sur le bras de l'étoile de David, au mois de juin dernier, parce que le soldat israélien voulait se venger de tout Palestinien pouvant penser mener une opération de résistance.

Le nombre de femmes enceintes accouchant leurs bébés aux barrages ont augmenté. A Naplouse, plusieurs cas d'accouchement ont eu lieu. Roula al-Ghoul (32 ans) du village de Salim, a accouché le 18/8 dernier au barrage de Beit Fourik, après qu'elle ait été empêché de circuler. Le bébé est mort, au cours de l'accouchement, qui s'est déroulé sur le sable et les pierres, avec l'aide de son époux, Daoud Mahmoud Ishtiyé.

Le frère du mari raconte que Daoud s'est dirigé vers le barrage avec son épouse, après avoir contacté une ambulance du Croissant Rouge Palestinien, et lorsque les premiers signes de l'accouchement ont commencé à se faire sentir, il a supplié les soldats présents au barrage de les laisser passer, mais ils ont catégoriquement refusé. Ayant perdu espoir, il a commencé à aider sa femme à accoucher, mais le bébé s'est éteint quelques secondes après sa naissance.

Au même barrage, les forces de l'occupation ont gardé Fatiha Sadiq (44 ans) et ses deux enfants Amjad (12 ans) et Ahmad Yahya Malitat (9 ans), de trois heures du matin jusqu'à midi, le 13 août dernier, après avoir pris d'assaut sa maison, dans le but d'arrêter son fils, que les soldats de l'occupation recherchent, et qu'ils avaient arrêté ce même matin.

Pendant que Adnan Hafiz Salahat conduisait sa voiture le 25 mai dernier, sur la route du village Wadi Badhân, transportant une vieille femme, malade du coeur, à l'hôpital de la ville, il fut arrêté par les soldats de l'occupation, qui ont pris sa voiture, l'ont incendiée et l'ont cassée, sans prendre en compte l'état de la personne dans la voiture. Après avoir attendu des heures, la Croix-Rouge est intervenue et a transportée la femme malade, dont l'état de santé s'était gravement détérioré.

Des boucliers humains
Au début du mois de mai dernier, les soldats de l'occupation ont utilisé la famille Istaytiyé comme boucliers humains après avoir pris d'assaut leur maison, à l'aube. Ils ont obligé les membres de la famille à les accompagner à une maison abandonnée, appartenant à Al Najjar, à l'ouest de la vieille ville, et qu'utilisaient les soldats comme caserne. Ils voulaient que les membres de la famille "protègent" les soldats.
Ils ont obligé le père, la mère et leurs trois enfants, dont un nourrisson de huit mois, à se trouver avec les soldats pendant neuf heures, sans qu'ils ne prennent rien avec eux, même pas le lait pour les enfants.

La famille a réussi, quelques heures plus tard, à contacter des voisins qui ont vite appelé les comités de secours et la Croix-Rouge qui sont venus les délivrer, les enfants étaient affamés alors que les soldats se gavaient, dans une maison inhabitée, où il n'y avait aucun confort.

Le 21 janvier, les soldats de l'occupation ont utilisé deux jeunes comme boucliers humains dans la ville de Naplouse, les posant sur le devant de leurs véhicules militaires, sous prétexte de protéger les soldats de toute attaque.

Alors que les photographes Jafar Ishtiyé, de l'associated Press et Nasir Ishtiyé de France Presse, essayaient de prendre en photos ce crime, les soldats ont agressé les photographes en les frappant sauvagement, causant des traumatismes dans tout le corps, et ils ont été menacés de mort.

Deux mois auparavant, le 26/11/2002, le journaliste Alaa Badarina, correpondant du journal al-Quds al-Arabi, de Londres, a été touché par une pierre, ayant été utilisé comme bouclier humain par les soldats de l'occupation, avec d'autres journalistes, pour faire face à des jeunes qui lançaient des pierres sur les soldats, dans la ville.

Source : Centre de Presse International

Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

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