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ISM France - Archives 2001-2021

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Salfit -

Yaacov, colon d'Itamar

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Yaacov est venu en Israel il y a 16 ans, il a voulu construire et planter en terre promise à son peuple par les anciens manuscrits
Yaacov n’a pas peur d’une escalade, la guerre est parfois nécessaire. Si la situation sur le terrain explose, ce sera parfait. Il applaudit : « Que cela explose, cela nous donnera une bonne occasion pour traiter le problème une fois pour toutes, pour finir ce que nous avons commencé. »

Un air de sérénité traverse ses yeux bleu profond, sa voix semble tranquille et assourdie par sa grande barbe grise. Son visage est sans expression.

Yaacov est venu en Israël il y a 16 ans, il a voulu construire et planter en terre promise à son peuple par les anciens manuscrits. Nous nous rencontrons dans une banlieue de Jérusalem pour une brève entrevue avant d’aller à la colonie d'Itamar où il réside.
Yaacov est parfaitement clair; il ne fait pas confiance aux journalistes.

Pour lui, il est cependant nécessaire de nous parler bien qu'il suspecte que nous pourrions déformer ses propos. Il se sent obligé d’éduquer les gens sur la vérité du conflit depuis que les médias ne le présentent pas de façon exacte.

« Les médias sont antisémites », dit-il. « Même les médias juifs. »

Yaacov explique ce phénomène comme quelque chose de normal, quand les gens ne peuvent pas attaquer Dieu, ils attaqueront ses représentants à la place.


- Ils parlent d’un Etat Palestinien, ce qui est purement de l’anti-sémitisme. Si les Juifs ont un droit sur cette terre, alors les Juifs ont droit à cette terre sans avoir à la morceler en plusieurs parties.

Yaacov fait des gestes avec désespoir et poursuit :
Ils mentionnent également les territoires occupés; dans un sens c'est vrai, ils sont occupés.
Par les Arabes.
Les Palestiniens sont comme des invités non-invités qui se sont installés dans notre maison et en revendiquent maintenant la moitié. S’ils ne veulent pas partir après leur avoir demandé poliment, la seule façon de traiter avec eux, c'est la force
”.

Yaacov explique que la plupart des Arabes ne veulent pas vivre en paix dans l'Etat Juif. « S’ils veulent un Etat Arabe indépendant, ils peuvent choisir 20% sur n'importe quelle autre partie ».

En faisant un grand effort, Yaacov prononce le terme Palestinien et poursuit : « Nous pouvons leur offrir le Plan de Paix de Bush, un Plan de Paix à l’extérieur d’Israël. »

Yaacov n’a pas peur d’une escalade, la guerre est parfois nécessaire. Si la situation sur le terrain explose, ce sera parfait. Il applaudit : « Que cela explose, cela nous donnera une bonne occasion pour traiter le problème une fois pour toutes, pour finir ce que nous avons commencé. »

Il promet que quand le moment viendra, tous les Arabes comprendront que ce n'est pas leur terre et ils partiront de leur plein gré. Bien évidemment, la force n’est pas exclue comme moyen de persuasion.

Deux Etats n'est pas une option, et la construction d'un mur de séparation n’est pas une solution viable. Yaacov ne voit qu’une seule solution; un pays Juif unifié.

La prochaine fois, dit-il, nous serons dans Ramallah, Hebron et Shechem libérés.


Comme nous voyageons par les routes de contournement à méandres de Jérusalem vers Itamar, la terre est toujours son propre maître.
À l'Est, les montagnes du Jourdain plongent dans la Mer Morte, Jericho s'étend calmement dans la vallée tout comme elle l’a fait depuis ces dix mille dernières années.

Interrompue, la route est flanquée de villages Palestiniens et de colonies juives.

Je me souviens de Yaacov Ein Yanoun, un village palestinien qui a expérimenté, il y a quelques mois, un harcèlement important des colons d'Itamar. Je lui demande de me raconter l'histoire et s'il y a eu des tentatives d'établir un dialogue.

Sa réponse est prompte : "la seule communication dont nous avons besoin, c'est de leur dire comment partir d'ici, ce sont des terroristes".


Contrarié, je me souviens d’Adnan qui a grandi parmi les oliviers d'Ein Yanoun. Les arbres qui subviennent maintenant aux besoins de sa famille se rappellent de lui comme d’un enfant qui montait en haut de ses branches et appréciait la vue sur la vallée.

Aux yeux de Yaacov, Adnan est un colon, un ennemi avec qui ils ne peuvent pas vivre. Étonnamment, Adnan ne hait pas les colons, il sait qu'ils ne partiront pas.

Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre ensemble, s’était-il demandé : « Ici, c’est ma terre, c’est la vôtre. »
Pour chaque balle tirée et chaque arbre déraciné, la voix d'Adnan devient cependant de plus en plus faible.

Le besoin politique des colonies a deux raisons : pour gêner toute possibilité pratique d'une solution de Deux-Etats, et pour radicaliser les Palestiniens et les Juifs à un point que toute que solution d'un Seul Etat soit impossible.

Comme Yaacov l’a expérimenté, les colons sont détestés un peu partout.

En dehors des politiciens et d'une importante partie de la Diaspora juive, il est difficile de trouver des fervents supporters des colons dans la communauté israélienne ou dans les médias, pourtant, ils sont la pierre angulaire de l’occupation militaire et au coeur du conflit.

Yaacov sait qu'il dépend du gouvernement. Il reçoit des privilèges économiques et une protection militaire, en échange desquels il se transforme en outil de subjugation et de nettoyage ethnique.

Grâce au pouvoir de l'élite politique, son amour de cette terre est canalisée en haine et en destruction d’un autre peuple, son gain est seulement une illusion clôturée.

La méfiance de Yaacov envers les journalistes s’est manifestée quand il a décidé de ne pas nous laisser entrer dans la colonie, vraisemblablement en raison de certaines questions mal formulées. Il nous laisse tomber au point de contrôle de Tapuach près de Naplouse.

Les soldats lui font signe d’un geste fatigué et dirigent leurs yeux sur nous. Sa voiture disparaît vers le haut de la montagne dans la forteresse entourée de barbelés.

À son pied, s’étend le village d'Ein Yanoun. L'histoire se répétera ce soir. Le colon de nouveau attaquera le village, déracinera ses arbres et marquera son sol rouge. Le ghetto grillagé d'Itamar sera un asile sûr seulement pour Yaacov.

Source : www.imemc.org

Traduction : MG pour ISM-France

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