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Cisjordanie -

La démission de Fayyad et le prochain Premier ministre palestinien

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Il est largement admis que c'est une combinaison de problèmes politiques, personnels et de santé qui sont à l'origine de la démission du Premier ministre de l'Autorité palestinienne Salam Fayyad. Toutefois, l'alchimie de plus en plus mauvaise entre Fayyad et son patron, le président de l'AP Mahmoud Abbas, est considérée comme la principale raison de sa démission. Fayyad, qui a fait ses études supérieures aux Etats-Unis, est spécialisé en gestion financière. Abbas, quant à lui, est un cadre accompli de l'OLP, avec une manière de pensée différente.

La démission de Fayyad et le prochain Premier ministre palestinien

Le fait qu'ils aient été capables de travailler ensemble, en équipe, depuis 2007 n'est pas imputable à l'harmonie et la concorde, mais plutôt à des considérations extérieures découlant de la nécessité de satisfaire les bailleurs de fonds occidentaux et de maintenir le flot de l'aide étrangère. Inutile de dire que sans l'aide financière vitale venant de l'occident, l'AP ne peut survivre.

La semaine dernière, on a cité Abbas disant que Fayyad avait deux choix : soit présenter sa démission, soit réintégrer le ministre des Finances Nabil Qessis. Qessis, que Fayyad considérait comme "anticonformiste", avait auparavant présenté sa démission du gouvernement. Abbas l'avait refusée mais Fayyad s'était empressé de l'accepter. Les "remarques peu respecteuses" d'Abbas auraient convaincu Fayyad que "trop c'est trop" et que cette fois, il ne reviendrait pas sur sa démission.

L'homme de l'Amérique

Pendant des années, les caricatures ont représenté Fayyad comme l'homme de l'Amérique à Ramallah. La rumeur raconte que lors d'une réunion houleuse des dirigeants palestiniens, Fayyad avait déconseillé Abbas de l'admonester, lui disant, "Ce n'est pas toi qui m'a nommé à ce poste, c'est Georges Bush."

La semaine dernière, le Secrétaire d'Etat US John Kerry a téléphoné à Abbas pour l'exhorter à trouver un terrain d'entente avec Fayyad.

L'initiative américaine inadéquate fut probablement la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Selon des fonctionnaires palestiniens restés anonymes et cités par l'agence de presse pro-AP Ma'an News, l'appel de Kerry a exaspéré Abbas et certains responsables du Fatah, qui ont qualifié le Premier ministre de "agent ou marionnette américain".

Azzam al-Ahmad, responsable Fatah au franc-parler, a déclaré que l'appel de Kerry était "une ingérence humiliante et dégradante des Etats-Unis dans les affaires internes palestiniennes."

"Nous savons que les Etats-Unis interfèrent dans les affaires internes de nombreuses nations. Cependant, dans notre cas, l'ingérence américaine est particulièrement insultante, et inacceptable, pour ne pas dire plus. Les dirigeants palestiniens ne doivent avoir de comptes à rendre qu'au peuple palestinien, pas à une puissance étrangère."

Successeurs possibles

On ne sait pas qui sera le prochain Premier ministre palestinien. Deux noms ont circulé dans les médias palestiniens, dont Rami al-Hamdallah, recteur de l'Université al-Najah, souvent décrit comme un béni oui-oui entre les mains du Fatah.

L'autre candidat potentiel est Muhammed Mustafa, directeur du Fonds palestinien d'investissement. Il est depuis longtemps le conseiller économique d'Abbas et largement considéré comme un gestionnaire financier habile qui, contrairement à de nombreux autres fonctionnaires de l'OLP, n'est entaché d'aucun stigmate de corruption.

Cependant, ni l'expérience ni la proximité avec le Fatah ne seront des références suffisantes pour le nouveau Premier ministre.

Selon un commentateur palestinien, la référence la plus importante pour le nouveau Premier ministre est "le soutien israélien et américain." Cet appui, fait-il remarquer, n'a pas besoin d'être éhonté. "Mais nous devons être tout à fait honnête, aucun gouvernement ou Premier ministre palestinien ne peut fonctionner longtemps sans approbation israélienne et américain."

En plus de cette "approbation", le nouveau Premier ministre devra jouir du soutien populaire de la rue palestinienne, en particulier celui du mouvement Fatah et des autres factions de l'OLP. Sans parler d'un semblant de coexistence entre le nouveau Premier ministre et le Hamas, sans lequel aucun bon fonctionnement du gouvernement à venir ne peut être garanti.

Inutile de dire qu'il sera très difficile, sinon impossible, de trouver un candidat qui remplisse toutes ces conditions.

L'une des tâches principales du nouveau Premier ministre sera l'organisation d'élections en Cisjordanie .

Il n'est pas sûr cependant que des élections réellement représentatives puissent avoir lieu sans un rapprochement clair et durable entre le Fatah et le Hamas, et également sans coordination avec Israël, qui a déjà prévenu qu'il n'autoriserait pas de scrutins à Jérusalem-Est et qu'il raflerait les candidats islamiques affiliés au Hamas.

L'OLP et la classe politique palestinienne dans son ensemble sont impuissantes face à ces défis.

La partie irréelle du problème

Le Premier ministre palestinien sortant s'est défendu à maintes occasions contre des critiques désobligeantes, en particulier en ce qui concerne sa politique économique, soulignant qu'il ne faisait qu'exécuter les instructions de Mahmoud Abbas.

Fayyad a peut-être raison sur ce point, mais il est souvent perçu comme étant allé trop loin dans la prétention que l'AP est un Etat ou un quasi-Etat, alors qu'en réalité, l'armée israélienne d'occupation contrôle les moindres coins et recoins de Cisjordanie , rendant hautement impossible l'édification d'un Etat palestinien.

Fayyad est peut-être un gestionnaire économique ou financier brillant, mais il a fait preuve de beaucoup de naïveté s'il a cru qu'il pourrait bâtir une économie prospère sous une occupation militaire étrangère paralysante.

Sa mission était aussi impossible que celle qui consisterait à jeter un homme menotté et entravé dans une piscine et à lui demander non seulement de rester à la surface, mais aussi de ne pas se mouiller.

Source : Palestine Info

Traduction : MR pour ISM

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