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Cisjordanie -

Seul un modus vivendi est maintenant possible entre le Fatah et le Hamas

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25.02.2013 - Comme l'on s'y attendait, tous les efforts de réconciliation entrepris récemment pour mettre fin à 6 ans de scission entre le Hamas et le Fatah n'ont abouti à aucune réelle avancée. Certains experts craignent même que les deux bords ne se retrouvent une fois de plus à la case départ, étant donné la méfiance mutuelle et les désaccords politiques sur les sujets stratégiques relatifs à la question palestinienne.

Seul un modus vivendi est maintenant possible entre le Fatah et le Hamas

Ramallah, 15 mars 2011 : des manifestants palestiniens demandent la fin des divisions internes (Photo : Abbas Momani/AFP/Getty Images)
L'un des problèmes fondamentaux qui empêchent toute entente entre les deux groupes est l'élément isrélien. Israël, que cela nous plaise ou non, a le dernier mot sur la tenue des élections palestiniennes, ainsi que sur l'autorisation ou l'interdiction de participation des islamistes et autres éléments anti-israéliens au processus électoral. C'est particulièrement vrai en Cisjordanie , où l'armée israélienne d'occupation continue de patrouiller le moindre coin et recoin.

Ce qui signifie que l'Autorité palestinienne (AP) soi-disant autonome n'est ni suffisamment indépendante ni suffisamment libre pour prendre les décisions nationales qui restaureraient l'unité nationale.

De fait, l'assujettissement financier, sécuritaire et politique de l'AP vis-à-vis d'Israël rend la notion d'unité nationale avec le Hamas très lointaine, et c'est un euphémisme. C'est la principale raison pour laquelle la réconciliation n'a pas eu lieu, bien que plus de 6 ans soient passés depuis les événements malheureux de 2007.

Pour Israël, l'AP n'existe que pour remplir indirectement les fonctions de l'occupation. Les services de sécurité de l'AP arrêtent régulièrement des Palestiniens après en avoir reçu la demande, ou plus exactement l'ordre, de la part d'Israël par l'intermédiaire du bureau de liaison qui coordonne les activités entre les deux côtés.

L'AP protège aussi efficacement les colons juifs et autres cibles israéliennes contre de possibles actes de résistance palestiniens.

Pourtant, lorsque des colons juifs fanatiques attaquent, brutalisent et tirent sur d'innocents villageois et agriculteurs palestiniens sans défense, les services de sécurité de l'AP se contentent du rôle de spectateurs passifs.

Les victimes palestiniennes sans défense appellent souvent à l'aide, mais aucune aide ne vient, parce que les forces de sécurité de l'AP ne peuvent pas intervenir dans ces cas-là, en vertu des scandaleux et humiliants Accords d'Oslo avec Israël.

En fait, le pacte de coordination sécuritaire entre Israël et le régime de l'AP est dirigé en premier lieu contre le Hamas. Par conséquent, on est en droit de se demander comment diable le Hamas pourrait-il s'unir au Fatah pour constituer une seule entité quand le Fatah refuse de mettre fin à sa collusion et à sa connivence avec Israël contre le mouvement islamique ?

Le Hamas serait plus que naïf de se joindre au Fatah dans un projet d'unité nationale dans ces circonstances.

L'autre problème est l'insistance de l'AP à organiser des élections en Cisjordanie malgré les interférences israéliens. Encore une fois, comment pourrions-nous, nous Palestiniens, tenir des élections libres et justes alors qu'Israël déclare en permanence qu'il arrêtera tout membre du Hamas qui participera aux élections ? Le Hamas a-t-il besoin de gonfler davantage le nombre de ses prisonniers dans les geôles et donjons israéliens ? Et ce n'est pas qu'une hypothèse. Après les élections de 2006 dans les territoires occupés, l'armée d'occupation israélienne a raflé pratiquement tous les députés affiliés au Hamas. Aujourd'hui encore, plusieurs députés islamiques croupissent toujours dans les centres de détention et camps de concentration israéliens, pour l'unique raison de leur participation aux élections de 2006.

Quelqu'un se souvient-il de Sheikh Nayef Rajoub, de Dura, qui continue de souffrir dans les geôles sionistes depuis l'affaire Shalit, en 2007... et la raison déclarée de son interminable incarcération est de s'être associé au bloc électoral du Hamas, la liste Changement et Réforme. Rajoub n'a jamais commis le moindre acte délictueux, ni la moindre infraction à la loi. Son seul "crime" est son franc-parler contre l'oppression et le terrorisme israéliens. En clair, nous ne devons pas faire deux fois la même erreur. Le proghète Muhammed (PSL) a dit : "Le croyant ne doit pas être mordu deux fois par le même serpent."

De plus, il semble qu'il y ait dans l'air une odeur de coup tordu de la part du Fatah. Le Fatah sait très bien qu'Israël interfèrera lourdement dans toute élection à venir en Cisjordanie . Ceci, associé aux manipulations du processus par le régime de Ramallah, donnerait vraisemblablement au Fatah une victoire écrasante contre le Hamas puisque de nombreux Palestiniens, en particulier les partisans du Hamas, préfèreront rester chez eux le jour du scrutin de peur d'être arrêtés ou punis plus tard, soit pas Israël ou l'AP, soit par les deux.

Nous avons argumenté maintes fois contre la tenue d'élections en Cisjordanie dans les circonstances actuelles. Il est évident que pour avoir des élections vraiment libres et justes, les libertés civiles doivent être garanties. Aujourd'hui, elles sont pratiquement inexistantes.

Un autre point : de véritables élections nécessitent un haut degré de normalité, et si la normalité n'existe pas, et elle n'existe pas, nous devons la promouvoir, même si le processus prend du temps. Il faut que les gens soient libérés du fardeau de la peur et de l'intimidation, qu'ils ont acquis pendant six longues années de police d'Etat. Seule une période suffisante de désensibilisation pourra garantir le retour à la normale.

Pour conclure, de nombreux obstacles empêchent la réalisation d'une réconciliation complète entre le Fatah et le Hamas, étant donné les divergences fondamentales idéologiques et politiques entre les deux groupes, et il est imprudent et désastreux d'un point de vue politique de les ignorer.

L'alternative à une réconciliation politique totale n'est pas le conflit perpétuel et l'hostilité hargneuse. Il y a quelque chose qui s'appelle "modus vivendi" ou "cohabitation positive".

Nos juristes et sages musulmans ont trouvé, depuis longtemps, une maxime forte pour gérer les divergences : "Nous coopérons sur les points d'accord, et nous nous pardonnons les points de désaccord."

Le Fatah et le Hamas doivent arrêter de courir après cet objectif irréaliste d'une entente nationale totale. Nous avons essayé d'atteindre cet objectif depuis trop longtemps, en vain. Aujourd'hui, nous devons essayer une nouvelle stratégie : parvenir à un niveau respectable d'entente et de compréhension.

D'ailleurs, qui dit que le Hamas et le Fatah doivent être d'accord sur tout ? Les deux mouvements ne peuvent être identiques et voir tout d'un même oeil. S'ils se ressemblaient, il suffirait qu'un seul d'entre eux existe et qu'il absorbe l'autre.


Source : Palestine Info

Traduction : MR pour ISM

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