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USA-Israel - 28 avril 2013
Par Khaled Amayreh
Un nouveau contrat d'armement important entre les Etats-Unis et Israël va renforcer la capacité de l'Etat hébreu à frapper l'Iran, même sans implication étatsunienne opérationnelle directe. Le "package", d'un montant de plusieurs milliards de dollars, comprend des missiles anti-radar conçus pour trouver et détruire les systèmes de défense anti-aérienne ennemis, de nouveaux radars sophistiqués pour les avions de chasse, des avions ravitailleurs KC135 et des appareils de transport à rotors basculants Osprey V-22. Le contrat n'inclura cependant pas de bombes anti-bunker guidées par laser, d'après le New York Times.
Chuck Hagel et Benjamin Netanyahou à Jérusalem occupée le 23 avril 2013 (photo credit: Moshe Milner/GPO/Flash90)
L'accord a été annoncé cette semaine, pendant la visite en Israël du secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel. Ce dernier a rassuré les responsables israéliens sur l'engagement traditionnel des Etats-Unis pour la sécurité d'Israël et le maintien de sa suprématie militaire sur tous ses voisins.
Israël peut utiliser les pétroliers KC135 pour des opérations à longue portée contre l'Iran. La vente des V-22 inaugurerait également le départ de l'avion des Etats-Unis. L'accord sera mis en oeuvre dans plusieurs mois.
Cherchant à apaiser ses hôtes israéliens, Hagel a dit que le maintien de la supériorité militaire israélienne était une priorité pour l'administration Obama. "Le Président Obama a fait une priorité non seulement du maintien mais de l'amélioration de l'avantage miliraire d'Israël," a-t-il dit.
Hagel a réitéré des déclarations antérieures concernant l'Iran, disant que toutes les options pour traiter avec ce pays étaient sur la table. Le responsable étatsunien a également dit que son pays continuerait à aider Israël à développer son système de défense anti-missile Dôme d'Acier.
Selon des rapports des services du renseignement publiés par les médias israéliens, les performances du Dôme d'Acier ont été "bien pire que prévu" pendant la guerre de novembre dernier entre le Hamas et Israël. Des fonctionnaires israéliens ont affirmé alors que le coûteux système de défense avait eu un taux de succès de 80%, une affirmation fortement contestée par les médias hébreux.
Le fait que les Etats-Unis continuent de financer la recherche relative au système anti-missile suscite des articles sur ses piètres performances.
Il est prévu que l'accroissement militaire renforce les arguments de ceux, en Israël, qui préconisent de frapper unilatéralement les installations nucléaires de l'Iran, c'est-à-dire sans coopération ni coordination avec les Etats-Unis.
Après les pourparlers avec Hagel, Moshe Yaalon, ministre israélien de la Guerre a déclaré : "D'une manière ou d'une autre, le programme nucléaire de l'Iran sera interrompu".
Yaalon est un habitué de la guerre, étant donné son rôle dans le meurtre et la mutilation de milliers de civils palestiniens lorsqu'il était Chef d'Etat-Major de l'armée israélienne au milieu des années 1950.
La visite d'Hagel à Israël est la première étape d'une tournée qui l'amènera aussi en Egypte, en Arabie saoudite et dans les Emirats arabes unis. L'Arabie saoudite et les Emirats signeront eux aussi un contrat d'armement avec Washington, qui a toujours cherché à attiser les contradictions arabo-iraniennes au détriment du conflit arabo-israélien.
Selon des sources israéliennes informées, les armes que ces deux pays achèteront à Washington seront d'une qualité inférieure à celles vendues à Israël. De plus, Washington veillera à ce que les deux pays n'essaient pas de les transférer à un tiers, en particulier à un pays hostile à Israël.
Chuck Hagel accueillit à l'aéroport international de Riyadh par le vice-ministre de la Défense d'Arabie Saoudite, le Prince Fahd bin Abdullah, le 23 avril 2013 (Photo Jim Watson)
Une alliance à part entière contre l'Iran
On ne sait pas si l'alliance américano-israélienne si bien affichée contre l'Iran, ira jusqu'à son terme en lançant une attaque israélienne ou américano-israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.
Certains commentateurs en Israël soutiennent que les réticences américaines à fournir à l’État hébreu des armes plus stratégiques, comme les bombes anti-bunker, peuvent indiquer que les États-Unis tentent de brider Israël et de convaincre Tel Aviv de donner aux manœuvres diplomatiques une chance de réussir.
Cependant, l'un des objectifs principaux - sinon le principal objectif - de l'actuel gouvernement israélien est « de neutraliser le danger iranien ».
Israël, qui possède un très vaste arsenal d'armes nucléaires, avec leurs systèmes de lancement, n'est pas confronté à une véritable menace existentielle venant de l'Iran. Cela signifie en fait que le langage excessif et souvent phobique utilisé par les officiels et dirigeants israéliens pour mettre en évidence un « danger iranien », vise essentiellement à maintenir la suprématie militaire et l'hégémonie de l’État sioniste dans la région.
En outre, il est largement admis que si l'Iran possédait un jour des armes nucléaires, cela déclencherait une course aux armements nucléaires impliquant des pays comme l'Arabie saoudite et l’Égypte. Un responsable saoudien a été cité comme disant dans une interview à la presse, il y a quelques mois, que « si l'Iran a la bombe, nous en obtiendrons quelques semaines plus tard. »
Ainsi, si ce scénario cauchemardesque devenait réalité, Israël serait alors face non pas à un Iran mais à plusieurs, et la possession d'une dissuasion nucléaire par plusieurs pays du Moyen-Orient changerait les règles du jeu dans la région, au détriment d'Israël.
Plus tôt ce mois-ci, l'ancien chef du renseignement militaire israélien, Amos Yadlin, a déclaré que si une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes ne faisait que retarder la capacité nucléaire de l'Iran, « ce délai pourrait être important car nous pourrions assister à un changement de régime. »
Yadlin a ajouté : « Israël a défini ce qui sonnait pour nous l'alarme, ce qui était la ligne rouge. Et l'Iran y est déjà. »
Néanmoins, la plupart des observateurs et des experts doutent qu'un changement de régime en Iran conduirait à un diminution et encore moins à une disparition du programme nucléaire du pays. D'autres experts affirment que le programme nucléaire de l'Iran a déjà atteint le point de non retour.
Un dernier point : il est très probable que le nouveau contrat d'armement rendra Israël encore plus intransigeant sur la question palestinienne.
La semaine dernière, le secrétaire d’État américain John Kerry a averti que la solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien serait morte dans les deux années à venir si des mesures n'étaient pas prises dès maintenant.
« Je crois que la fenêtre de la solution à deux États est en train de se fermer, » a déclaré Kerry à la commission des affaires étrangères de la Chambre des Représentants. « Je pense que nous avons encore une certaine période devant nous, un an, un an et demi. Ou deux ans. Ou alors c'est fini. »
L'expérience a prouvé que le renforcement de l'armée israélienne au détriment des pays arabes et musulmans de la région, rendait Israël encore plus intransigeant et beaucoup moins enclin à vouloir la paix.
Traduction : CZ pour Info-Palestine.net et MR pour ISM-France.
Source : Al Ahram
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Khaled Amayreh
28 avril 2013