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ISM France - Archives 2001-2021

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Liban -

"Nous sommes opposés à tout compromis avec l'ennemi sioniste"

Par

Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a annoncé la nouvelle charte politique du Hezbollah : une charte dans laquelle il a défini les grandes lignes à suivre par le Hezbollah. Sayyed Hassan Nasrallah est apparu à travers un écran en présence d'une foule de journalistes, et de personnalités politiques, sans oublier la présence du président du parti politique du Conseil, Sayyed Ibrahim al Amin-Sayyed et le chef du bloc parlementaire de la Fidélité à la Résistance Hajj Mohammed Raad.

'Nous sommes opposés à tout compromis avec l'ennemi sioniste'


Voici les principaux extraits du contenu de la charte (par G. Houbballah, pour Al Manar) :

L'objectif de ce document est de faire connaître la vision politique du Hezbollah, qui porte sur nos perceptions et nos aspirations, et sur ce que nous avons comme espérances et préoccupations, c’est avant tout un produit de ce que nous avons expérimenté, de ce que nous avons défini être prioritaire par rapport à la primauté de l'acte du sacrifice.

Dans une période politique exceptionnelle, riche en évolutions, on ne peut pas avoir une approche sans noter la place particulière de la résistance, ou encore l’impact de ses exploits.

Il est donc nécessaire d'inclure ces changements dans le contexte de la comparaison entre deux voies contradictoires, de proportion inverse :

1 – la voie de la résistance et de l’opposition, une voie qui est basée sur des victoires militaires et des succès politiques au point d’instaurer un modèle de la résistance populaire et politique, de cohérence dans les positions et les positions politiques, malgré l'ampleur des défis… jusqu'à faire pencher la balance dans l'équation régionale au profit de la résistance et de ses partisans.

2 – la voie de l'hégémonie américaine et de l'arrogance américano-israélienne et de leurs alliés dans ses différentes dimensions et ses prolongements directs et indirects, cette voie qui est en train de subir des défaites militaires et des échecs , dévoilant par la même occasion l’échec stratégique des États-Unis et l’effondrement de leurs projets, l’un après l’autre, ce qui les a plongés dans la confusion, la retraite, l’incapacité à contrôler le cours des évolutions et des événements dans le monde arabe et le monde islamique.

Ces données se révèlent dans le contexte international plus large, qui à son tour, contribue à dévoiler l'impasse voire le recul de l'hégémonie unipolaire des États-Unis en faveur d’un système multipolaire dont les lignes ne sont pas encore clairement définies.

Et ce qui approfondit la crise du monde hégémonique, c’est la crise qui a frappé les marchés financiers américains, l'économie mondiale et donc les États-Unis sont entrés dans un état de confusion et d'impuissance, frappant de plein fouet la structure même du modèle capitaliste arrogant.

Nous pouvons donc dire : nous sommes dans un contexte de changements historiques qui menacent les États-Unis de perdre leur place de puissance dominante, et l’extinction du système de domination unipolaire.

En face, les mouvements de résistance se sont présentés comme étant un facteur stratégique-clé sur la scène internationale après avoir joué un rôle central dans la production ou la stimulation de changements liés à notre région.

Ainsi, la résistance au Liban, en particulier la résistance islamique, a été la première à faire face à l'hégémonie et à l'occupation depuis plus de deux décennies et demi, et ce choix a résisté malgré toutes les tentatives à montrer l'option de la résistance comme étant une imprudence, ou une tendance politique qui s’opposent aux règles de la rationalité et du réalisme.

Or le cours des victoires enregistrées par la résistance a prouvé la véracité de cette option : depuis l’expulsion de l'occupation israélienne de Beyrouth et de la Montagne puis sa retraite de Saida, Nabatiyeh et Tyr, en passant par les agressions israéliennes de juillet 1993 et avril 1996, sans oublier le retrait israélien en mai 2000, et terminer par la guerre israélienne contre le Liban en 2006, tout cela n’a fait que renforcer la crédibilité et la légitimité de cette résistance…

La Résistance a ainsi réussi à évoluer de mouvement de libération, en mouvement de résistance, puis en force de dissuasion et de défense, en plus de son rôle en tant que pierre angulaire au sein du pouvoir politique pour l’élaboration d’un Etat fort et juste.

Parallèlement à cela, la résistance a réussi à évoluer sur les plan politique et humanitaire, ainsi elle a acquis en plus de sa valeur patriotique libanaise une valeur arabe et islamique lumineuse, elle est devenue aujourd'hui une valeur universelle et humaine auxquels s'inspirent tous ceux qui sont amoureux de la liberté et de l'indépendance dans diverses parties du globe.

Or le Hezbollah, malgré ces changements prometteurs , estime que même si l'ennemi est dans l'impasse et dans l'incapacité d'avoir une stratégie de guerre ou d'imposer des ajustements selon ses propres conditions, ne sous-estime pas l'ampleur des défis et des risques qui subsistent, il ne banalise pas la voie difficile de la lutte et la taille des sacrifices requis par la résistance pour la restitution des terres.

Toutefois, le Hezbollah est devenu plus clair plus déterminé dans ses choix plus, plus confiant en Dieu, en lui-même et en son peuple.
Dans ce contexte le Hezbollah définit les grandes lignes de sa politique :

L’hégémonie américaine

Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont imposés en tant que projet central de domination, un projet fondé sur un développement dans les mécanismes de domination et d'asservissement sans précédent, renforcé par des réalisations à tous les niveaux de la connaissance scientifique, culturelle, technologique, économique et militaire.

Un projet politique et économique qui ne conçoit le monde que comme une ouverture à des marchés qui doivent être régis par leurs propres lois.

La chose la plus dangereuse dans la logique de l'hégémonie de l'Occident, et plus particulièrement les États-Unis, est de considérer que le droit de dominer le monde est naturel, et donc la stratégie économique capitaliste du projet est de nature globale, sans limites dans ses ambitions avides.

Les facteurs de contrôle du capitalisme sauvage, qui se composent d'un président et de réseaux internationaux soutenus par des sociétés transnationales, des institutions internationales, notamment financières appuyées par la force militaire supérieure, ont provoqué des conflits : conflits d'identités, de cultures et de modes de civilisations, contradictions entre riches et pauvres, etc.

Le capitalisme sauvage a transformé la mondialisation en un mécanisme de domination, de désunion, de discorde et de destruction des identités voire de l'aliénation culturelle, économique et sociale.

Cette mondialisation a atteint son paroxysme quand elle s’est transformée en militaire : dont les exemples au Moyen-Orient ne manquent comme l'Afghanistan, l'Irak, la Palestine, le Liban, avec la guerre globale de Juillet de 2006, exécutée par les Israéliens.

L'hégémonie et la domination des États-Unis ont atteint des niveaux dangereux récemment, surtout depuis la dernière décennie du XXe siècle et aujourd'hui encore, de façon ascendante après la chute de l'Union soviétique, une opportunité historique pour l'hégémonie américaine de conduire le monde au nom de la responsabilité historique et d’imposer l’idée qu'il n'y a pas de distinction entre les intérêts du monde et les intérêts américains.

Cette hégémonie a atteint son apogée avec l'administration Bush, qui a exprimé sa vision dans un document "Project for the New American Century" (1), écrit avant les élections américaines en l’an 2000.

Rien d'étrange ni de surprenant que ce document insiste sur la question du renforcement des capacités des USA à travers le monde, à travers une politique stratégique fondée sur le renforcement des capacités militaires. Ces dernières ne sont plus une force de dissuasion, mais aussi une force d’intervention, à la fois pour effectuer des frappes «préventives» à des fins « thérapeutiques » pour traiter des crises après qu'elles se produisent.

L'administration Bush a considéré les événements du 11 Septembre 2001 comme une occasion de réaliser cette vision, à travers le slogan de la « guerre mondiale contre le terrorisme » et cette administration a travaillé comme suit :

1 - militarisation de la politique étrangère et de ses relations diplomatiques,

2 - éviter de dépendre des cadres multilatéraux, et monopoliser la prise de décision stratégique, et la coordination en cas de besoin, avec les alliés qui peuvent être convoqués,

3 - résoudre la guerre en Afghanistan rapidement pour se préparer à la prochaine étape, à savoir : contrôle de l'Irak, qui servira de pont principal pour l'établissement d'un nouveau Moyen-Orient en rapport avec les exigences du monde après le 11 Septembre. Cette administration n'a pas hésité à recourir à toutes les méthodes de camouflage, de tromperie et les mensonges éhontés pour justifier les guerres, particulièrement la guerre en Irak, contre tous ceux qui résistent à ses projets néocoloniaux.

Dans ce contexte, l’administration a tenu à établir un lien entre le terrorisme et la résistance pour lui soutirer toute légitimité reconnue dans les droits de l'homme et ainsi justifier la lutte contre les guerres de toutes sortes, et donc réduire à néant les derniers bastions de la défense des peuples et de leur droit de vivre dans la liberté, la dignité et la fierté, à vivre leur propre expérience, à assumer leurs rôles dans le mouvement de l'histoire humaine, culturellement et intellectuellement.

Le « terrorisme » a servi d’argument à la domination américaine à travers divers moyens : poursuites judiciaires, saisie et détention arbitraire, absence des éléments les plus fondamentaux d'un procès équitable, tel que constaté dans les lieux de détention de "Guantanamo", intervention directe dans la souveraineté des États, déclenchement de guerres destructrices et dévastatrices sans distinguer l'innocent du coupable, ni entre les enfants et les hommes, les femmes et les jeunes...

Le prix humain des guerres américaines contre le terrorisme a dépassé le nombre de millions de personnes sans compter la destruction des infrastructures, mais aussi la structure et les composantes des communautés elles-mêmes, démantelées…

Il ne fait aucun doute que le terrorisme américain est à l'origine de tout le terrorisme dans le monde, et l'administration Bush a fait des États-Unis une menace pour le monde entier à tous les niveaux. Si, aujourd'hui, on fait un sondage de l'opinion mondiale, les Etats-Unis apparaîtront comme le pays le plus haï dans le monde.

L'échec subi par la guerre en Irak et la situation évolutive de la résistance, l'échec de la soi-disant « guerre contre le terrorisme », notamment en Afghanistan, où l’on assiste à un retour en force du mouvement des Talibans et la reconnaissance de leur rôle en cherchant à faire des compromis avec eux, ainsi que l'échec de la guerre américaine contre la résistance au Liban et en Palestine, via l’occupation israélienne, tout cela a frappé de plein fouet le prestige américain au niveau international lui causant un repli stratégique dans sa capacité à agir.

Toutefois, cela ne signifie pas que les Etats-Unis se retireraient de la scène facilement, ils feront tout le nécessaire pour protéger ce qu'ils appellent leurs « intérêts stratégiques », parce que les politiques visant à promouvoir l'hégémonie américaine, les projets idéologiques, alimentés par des tendances extrémistes alliés avec la composante militaire ne connaissent pas de limites à la cupidité et leurs ambitions.

Notre région et l’hégémonie américaine

Les mondes arabe et musulman ont été soumis pendant des siècles à des guerres coloniales brutales et sans fin, à commencer par l’implantation de l'entité sioniste dans la région, dans le cadre d'une fragmentation de la région en entités contradictoires.

Nous avons atteint l'apogée de cette phase, avec les États-Unis qui ont hérité de l'ancien colonialisme dans la région.

L'objectif central du contrôle américain des peuples dans toutes ses formes est politique, économique, culturel et piller ses ressources, notamment le pillage des richesses pétrolières, un moyen de contrôle par le Président de l'économie mondiale.

Pour atteindre leurs objectifs politiques, les Etats-Unis ont mis au point des stratégies d'action, notamment :

1 - fournir tous les moyens pour assurer la stabilité de l'entité sioniste, qui est la base avancée du projet impérial américain dans la région, et pour soutenir cette entité totalement, lui fournir un réseau de sécurité pour son existence, pour qu’elle puisse remplir son rôle de thyroïde cancérogène dans la région.

2 - miner les droits culturels de nos peuples et travailler à affaiblir leur moral via les médias sans oublier la guerre psychologique pour affecter les valeurs et les symboles de la résistance.

3 – soutien aux régimes dépendant des Etats-Unis et tyranniques dans la région.

4 - déploiement de bases militaires qui sont des articulations nécessaires à l'appui des guerres.

5 - empêcher toute rébellion dans la région permettant l’accès au pouvoir et au progrès, ou de jouer un rôle historique dans le monde.

6 - semer la discorde et les divisions de toutes sortes, en particulier les conflits sectaires entre musulmans, pour la production de conflits civils internes interminables.

Il est clair qu’on ne peut lire n'importe quel conflit dans n'importe quelle région du monde qu’à travers la perspective d'une stratégie globale, et donc la menace américaine ne se réduit pas dans un espace précis, la ligne de front de cette menace doit être mondiale aussi.

Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une confrontation difficile et délicate, une bataille de générations… Notre expérience au Liban a prouvé que difficulté ne signifie pas impossibilité.

Cela est vrai verticalement à travers l'histoire et tout autant horizontalement à travers nos extensions géographiques et géo - politiques.

L’arrogance américaine n’a laissé à nos peuples que le choix de la résistance, le choix pour une vie meilleure, pour l'avenir de l'Homme, un avenir régi par des relations de fraternité et de solidarité dans la diversité, un monde de paix et d'harmonie, comme prévu par le mouvement de nos prophètes et des réformateurs à travers l'histoire.

Le Liban

Le Liban est notre patrie, celle de nos parents et nos grands-parents, il est aussi la patrie de leurs enfants et petits-enfants et toutes les générations qui suivent.

Nous rejetons toute forme de partition ou de « fédéralisation » explicite ou déguisée. Nous voulons une patrie libre, souveraine et indépendante, généreuse, puissante, capable, présente dans les équations de la région, et un contributeur-clé dans le présent et l'avenir, comme il l’a toujours été dans la fabrication de l'histoire.

a) La résistance

"Israël" représente une menace constante pour le Liban, ce modèle de coexistence entre les fidèles des religions divines, et qui se contredit avec la présence d’une entité raciste : l'entité sioniste. En outre, l'existence du Liban à la frontière de la Palestine occupée, impose sur ce pays d'assumer des responsabilités nationales et patriotiques.

La menace israélienne a commencé à se faire ressentir dans ce pays depuis que l’entité sioniste a été implantée en Palestine, cette entité n'a pas hésité à divulguer ses ambitions de rattacher le Liban à ses parties, de s’emparer de ses richesses, en particulier minérales, et a essayé de réaliser ces ambitions progressivement.

Cette entité a déclenché une série meurtrière d’agressions contre le pays depuis 1948 : le massacre de Houla en 1949, l'agression sur l'aéroport international de Beyrouth en 1968, l’occupation de 1982, etc.

Tout cela a été pleinement soutenu par les États-Unis d'Amérique, et dans une certaine mesure, ignoré par la « communauté internationale » et les institutions internationales, les rendant de facto complices de l’agresseur, sans oublier le silence des Arabes, l'absence d’une autorité libanaise réelle au Liban, qui a abandonné le pays et le peuple à des massacres et des pillages perpétrés par l'occupation israélienne.

En vertu de cette tragédie nationale, les souffrances de la population et le sentiment d’abandon par le monde ont poussé des Libanais fidèles à leur patrie à recourir à leur droit de résistance, qui est un devoir national moral et religieux : la résistance populaire armée est donc née pour affronter le danger sioniste qui menace leur vie et leurs moyens de subsistance et leur avenir.

Dans des circonstances aussi difficiles, l'État libanais a commencé à récupérer sa souveraineté à travers la résistance armée, à retrouver son pouvoir de décider politiquement, un pouvoir que l'occupation israélienne à tenter de le lui voler, la résistance a servi de prélude à la restauration de l’État et de ses institutions et, surtout au rétablissement des valeurs nationales : la souveraineté de la patrie et la dignité, rendant à la liberté sa véritable dimension.

Désormais ces valeurs ne sont plus un slogan, mais elles sont consacrées par la résistance pour libérer nos terres et récupérer nos droits et sont la pierre angulaire pour un Liban moderne, qui a retrouvé sa place sur la carte du monde en tant que pays respecté et fier de ses fils appartenant à une patrie qui lutte pour la liberté, la culture, la science, la diversité et le dynamisme, une patrie de dignité, de sacrifice et d'héroïsme.

Le retrait des forces d’occupations israéliennes en l’an 2000 et la victoire historique dans la guerre de Juillet 2006, ont offert un modèle de défense et de résistance de la patrie, l'expérience s’est transformée en une école au profit des peuples et des nations opprimées.

La résistance nationale a réussi avec le soutien du peuple et de l'armée nationale, à infliger une défaite historique à « Israël », les trois réunis ont offert une base pour une nouvelle phase dans la région, désormais ils jouent un rôle pivot dans la fonction de dissuasion de l'ennemi en assurant la protection de l'indépendance nationale, la souveraineté et la défense de son peuple.

Or, en raison de l'absence d’un Etat fort, en raison du déséquilibre des forces entre l'Etat et l'ennemi, en raison de la menace permanente des forces israéliennes, le Liban doit consacrer une formule mixte basée sur un mariage entre une résistance populaire qui participe dans la défense du pays contre toute invasion israélienne, et l'armée nationale qui se doit de protéger la patrie et de lui garantir sa sécurité et sa stabilité.

Cette formule, doit être développée au sein d’une stratégie de défense nationale, qui servira de parapluie de sécurité pour le Liban, après l'échec des autres propositions internationales ou arabes.

Le choix de la résistance a permis la libéralisation de la terre du Liban, le rétablissement des institutions étatiques, la protection de la souveraineté et la réalisation d'une indépendance véritable.

Le succès de l'expérience de la résistance, l'échec de toutes les guerres pour l’éliminer et la poursuite de la menace israélienne au Liban - et non pas la disparition de la menace - poussent la résistance à poursuivre sans relâche sa mission, à renforcer ses capacités militaires, pour lui permettre de participer à la tâche de libérer ce qui reste de nos terres encore occupées et à récupérer les détenus restants, les personnes disparues et les corps des martyrs, et de participer à la mission de la défense et de la protection de notre pays.

b) L’Etat et le système politique

Le principal problème dans le système politique libanais, ce qui empêche la réforme et le développement et qui est constamment remis à l’ordre du jour, c’est le confessionnalisme politique. Le système a été établi sur une base confessionnelle, ce qui est un obstacle à la réalisation de la démocratie véritable, celle qui ouvre la porte à une bonne répartition des pouvoirs politiques. Par conséquent, la condition de l'application d'une véritable démocratie de ce genre est l'abolition du confessionnalisme politique dans le système, qui est inscrite dans le texte des « Accords de Taëf », et la nécessité de former une commission nationale pour ce faire.

Or, tant que les Libanais n’auront pas atteint cet objectif à travers le dialogue national - nous voulons dire l'abolition du confessionnalisme politique - et aussi longtemps que le système politique fondé sur des lignes sectaires subsiste, la démocratie consensuelle demeure la base fondamentale pour la gouvernance au Liban, car elle est l'incarnation réelle de l'esprit de la constitution et l'essence de la Charte de la coexistence.

De là, toute approche des questions nationales par la majorité et la minorité doit être réalisée selon les conditions historiques et sociales de l'exercice de la démocratie effective, dans laquelle le citoyen devient une valeur en soi.

La démocratie consensuelle est une formule politique qui exige une réelle participation de tous, le facteur de confiance est primordial parmi les composantes du pays.

L'Etat que nous voulons et que nous demandons se résument en :

1 - un Etat qui permet de préserver les libertés publiques, et de fournir toute l'atmosphère appropriée pour leur exercice.

2 – un Etat fondé sur l'unité et la cohésion nationales.

3 – un Etat capable de protéger la terre et le peuple et la souveraineté et l'indépendance, et qui dispose d'une armée nationale forte, capable, équipée, avec des institutions de sécurité efficaces, et qui tient sur la sécurité des personnes et des intérêts.

4 – un Etat aux institutions modernes avec des acteurs et collaborateurs, aux pouvoirs et fonctions claires et précises.

5 – un Etat qui applique les lois sur tout le monde dans le cadre du respect des libertés publiques et de la justice dans les droits et les devoirs des citoyens, indépendamment de leurs sectes et régions.

6 – un Etat jouissant d’une représentation adéquate, et qui ne peut être correctement réalisée que par une loi électorale moderne permettant aux électeurs de choisir leurs représentants libanais échappant au contrôle de l'argent, et aux différentes pressions afin d’obtenir la plus large représentation possible des différents segments du peuple libanais.

7 – un Etat qui s'appuie sur les compétences scientifiques hautement qualifiées de son peuple, qui place des mécanismes solides et efficaces pour nettoyer la corruption de l'administration.

8 – un Etat où il y a une autorité judiciaire forte, indépendante et libre de tout contrôle politique, exercée par des juges réputés impartiales.

9 – un Etat qui jouit d’une économie fondée sur ses secteurs productifs, les secteurs de l'agriculture et de l'industrie, renforcée par des plans et des programmes de soutien de premier plan pour améliorer la production et offrir des possibilités d'emploi, en particulier dans les zones rurales.

10 – un Etat qui applique le principe du développement équilibré entre les régions, en s'efforçant de combler le fossé entre les politiques économiques et sociales.

11 – un Etat qui se soucie de l'intérêt de ses citoyens, et qui se doit de fournir les services appropriés pour leur éducation, leurs soins médicaux et leur logement pour avoir une vie décente, un Etat qui doit s'attaquer au problème de la pauvreté et fournir des possibilités d'emploi.

12 – un Etat qui prendra soin des jeunes générations, qui aidera à développer leurs talents et leurs énergies et les orienter vers les objectifs de l'aide humanitaire au niveau national, et les protéger de la déviance et du vice.

13 - un Etat qui s'emploie à renforcer le rôle des femmes et à renforcer leur participation dans tous les domaines.

14 – un Etat qui accorde de l'importance à l’éducation nationale, en renforçant les écoles publiques et l'Université libanaise à tous les niveaux, et aussi l'application de l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous.

15 – un Etat qui instaurera un système administratif décentralisé afin de promouvoir les possibilités de développement et de faciliter les affaires et les transactions des citoyens, sans permettre à la décentralisation administrative de se transformer plus tard en « fédéralisation ».

16 – un Etat qui freine l'exode de la patrie, la migration des jeunes et des familles et la fuite des cerveaux.

17 - un État qui parraine les citoyens expatriés dans tous les coins du monde, les défend et les protège, et bénéficie de leur emplacement pour servir les questions nationales.

La création d’un tel l'État est l'objectif de chaque Libanais honnête et sincère, et nous sommes prêts, au Hezbollah, à déployer tous nos efforts en coopération avec les forces politiques et le peuple pour atteindre cet objectif national noble.

c) Le Liban et les relations palestiniennes

L'une des tragiques conséquences de l’implantation de l'entité sioniste sur la terre de Palestine est le déplacement de ses habitants, le problème des réfugiés palestiniens, qui se sont réfugiés au Liban et qui attendent le retour dans leurs foyers d’où ils ont été expulsés.

Les souffrances des réfugiés palestiniens au Liban ne sont pas limitées à la douleur des migrations forcées, mais aussi aux agressions et aux massacres israéliens, comme cela est arrivé dans le camp de Nabatiyeh ; leurs souffrances découlent aussi de la situation économique et sociale catastrophique des camps, où le minimum d’une vie décente n’est pas assuré, où ils sont privés de droits civils et sociaux et ce à cause de l’indifférence des gouvernements libanais successifs à remplir leurs obligations envers eux.

Ce fait n'est pas normal et il est aujourd'hui impératif que les autorités libanaises assument leur responsabilités ; il faut établir des relations libano-palestiniennes solides et prendre en compte les intérêts communs des deux peuples, et ne pas garder cette relation régie par les caprices et les humeurs et les calculs politiques internes ou les ingérences internationales.

Cela peut se réaliser à travers notamment :

1. un dialogue direct libano-palestinien,

2. les Palestiniens au Liban doivent s’accorder sur un standard de référence pour les représenter dans ce dialogue, et contourner les divergences dans la situation palestinienne en général,

3. donner aux Palestiniens leurs droits civils et sociaux et préserver leur personnalité, leur identité et leur cause,

4. défendre leur droit de retour et refuser toute naturalisation.

d) le Liban et les relations arabes

L'identité arabe du Liban et son appartenance arabe sont inhérentes à la composition de la communauté libanaise.

La géopolitique régionale et les politiques stratégiques régionales, les intérêts nationaux, ces déterminants de la stratégie politique du Liban, lui imputent la nécessité de respecter les justes causes arabes, notamment la question de la Palestine et le conflit avec l'ennemi israélien.

Le développement de l'école fondée sur la lutte contre les conflits politiques, sur la prévention de toute forme de zizanie, est une option qui devrait être adoptée dans le traitement des questions arabes, ainsi que la recherche de points communs afin de réaliser une solidarité réelle pour résoudre nos questions.

Ici, le choix de la résistance est un besoin fondamental pour repositionner la position arabe et affaiblir l'ennemi, quelle que soit la nature des stratégies politiques ou les partis-pris.

Dans ce contexte, la Syrie a enregistré une attitude historique et inébranlable dans la lutte contre l'ennemi israélien, elle a soutenu les mouvements de résistance dans la région, elle est restée à nos côtés malgré des circonstances très difficiles, elle a cherché à unifier les efforts arabes afin de garantir les intérêts de la région et affronter les défis.

Nous soulignons la nécessité de respecter les relations exceptionnelles entre le Liban et la Syrie en tant que nécessité politique, sécuritaire et économique dictée par les intérêts des deux pays et des deux peuples, aussi par les impératifs de la géopolitique et les exigences à la stabilité du Liban, voire pour affronter les défis communs. Nous appelons à mettre fin à tous les sentiments négatifs qui ont entaché les relations bilatérales au cours des dernières années et le retour à des relations normales dès que possible.

Le Liban et les relations islamiques

Notre monde arabe et musulman est confronté à des défis qui affectent la composition diversifiée de nos sociétés ce qui exige une tolérance zéro à cet égard.

La montée des tensions sectaires, en particulier entre Sunnites et Chiites, la création de contradictions nationales entre les Kurdes, les Turkmènes et les Arabes et les Iraniens, l’immigration des minorités de notre région, en particulier les minorités chrétiennes en Palestine en Irak, au Liban, menacent la cohésion de nos sociétés, et empêchent le développement.

Or, au lieu que la diversité religieuse et ethnique ne devienne source de richesse, elle a été utilisée comme une arme pour déchirer la nation arabe.

Le Hezbollah confirme l'importance de la coopération entre les pays islamiques dans tous les domaines, ce qui leur offre la force de la solidarité face à des régimes arrogants, la protection de l'invasion culturelle de la communauté, et les encourage à tirer parti de ses ressources dans l'échange des différentes prestations entre ces pays.

Dans ce contexte, le Hezbollah estime que l'Iran islamique est un Etat important dans le monde musulman, sa révolution a réussi à déraciner le régime du Shah et à déjouer les projets du sionisme. L’Iran a soutenu les mouvements de résistance dans notre région, et soutient avec courage et détermination les questions arabes et islamiques et en particulier la question palestinienne.

La politique de la République islamique d'Iran est claire et cohérente en soutenant la question centrale des Arabes et des musulmans : la question palestinienne.

A l'annonce de la victoire de la Révolution islamique menée par l’Imam Khomeini (KDH), l’Iran a ouvert une ambassade palestinienne à la place de l’ambassade d'Israël, et a poursuivi ce soutien dans toutes ses formes jusqu’à ce jour sous la direction de l’Imam Khamenei, qui a remporté d'importantes victoires pour la première fois dans l'histoire du conflit avec les envahisseurs sionistes.

La fabrication de contradictions avec la République islamique d'Iran par certaines parties arabes est un défi en soi pour les arabes, et ces contradictions ne servent qu' «Israël» et les Etats-Unis d'Amérique.

L’Iran, qui a rédigé son idéologie politique et construit sa politique sur la « la centralité de la question palestinienne », la lutte contre "Israël “et l’hégémonie américaine, l'intégration avec le monde arabe et l'environnement islamique, doit être traité sur la base de la volonté de coopération et de fraternité, sur la reconnaissance qu’il est un centre de gravité stratégique, le modèle de l’indépendance du projet arabe ; l'indépendance islamique d'aujourd'hui est une force sur qui plusieurs pays et peuples peuvent compter.

Nous rappelons l'importance de l'unité entre musulmans, de se méfier de causer la distinction entre eux surtout les dissensions sectaires entre Sunnites et Chiites, nous comptons sur la conscience des peuples musulmans dans la lutte contre ce qui se trame contre eux.

La Palestine et les négociations de règlement

Premièrement : la question de la Palestine et l'entité sioniste

L’implantation de l'entité sioniste depuis l’agression de la Palestine et le déplacement de ses habitants en 1948, sous les auspices et le soutien des puissances internationales hégémoniques de l'époque, sont une menace directe et grave pour la région arabe tout entière, et une réelle menace pour sa sécurité et sa stabilité, tant que celle-ci ne réagit pas.

Le crime contre l'humanité commis par l'Occident c’est l’implantation de cette étrange entité au cœur du monde arabe et musulman, hostile, une base du contrôle et d'hégémonie sur la région en particulier.

Le mouvement sioniste est un mouvement raciste dans la pensée et la pratique.

En outre, l'entité a continué tout au long de l'occupation les massacres et le terrorisme, avec le soutien et les soins des puissances coloniales, en particulier les États-Unis d'Amérique, son véritable partenaire dans toutes ses guerres et massacres et pratiques du terrorisme.

Cette entité est une entité usurpatrice artificielle, elle n'est pas viable.

La responsabilité historique qui incombe à la nation est de ne pas la reconnaitre, quels que soient les pressions et les défis, et continuer à travailler pour la libération de toutes les terres usurpées et de rétablir les droits usurpés de tous, peu importe combien de temps et combien sont les sacrifices.

Deuxièmement : Jérusalem et la mosquée Al Aqsa

Le monde entier est au courant du caractère sacré de Jérusalem et de la mosquée Al Aqsa, la première Qibla et le troisième lieu saint, le point des prophètes et des apôtres (ils ont prié pour l'humanité de Dieu), personne ne nie la profondeur de sa relation avec l'Islam comme l'un des symboles islamiques les plus importants sur la terre.

Et la ville de Jérusalem, berceau des sites saints islamiques et chrétiens, jouit d'un grand prestige parmi les Musulmans et les Chrétiens.

L'occupation israélienne continue de judaïser la ville sainte à travers l'expulsion de son peuple, la confiscation de leurs maisons, de leurs biens, la construction de colonies juives et le mur de l'apartheid.

Les attaques graves, incessantes et répétées sur Al-Aqsa font partie du plan de sa destruction, elles sont une menace grave et réelle à son existence, sa survie risque de provoquer des répercussions dans toute la région.

Notre devoir est de soutenir la libération de Jérusalem et de défendre Al-Aqsa, c’est un devoir religieux, une responsabilité éthique pour tous les peuples libres du monde entier.

Nous invitons et appelons les Arabes et les Musulmans, et tous les pays désireux de paix et de stabilité dans le monde, à déployer des efforts pour libérer Jérusalem de l'occupation sioniste, et de maintenir leur véritable identité et les lieux saints islamiques et chrétiens.

Troisièmement : la résistance palestinienne

Le peuple palestinien mène une bataille d'auto-défense pour rétablir ses droits nationaux légitimes en Palestine, il exerce un droit légitime reconnu par les messages célestes, les lois internationales et les valeurs de l'humanité.

Ce droit inclut toutes les formes de résistance - d'abord et avant tout la lutte armée - et tous les moyens qui permettent aux factions de la résistance palestinienne leur utilisation, compte tenu du déséquilibre des forces en faveur de l'ennemi sioniste qui possède les armes de destruction les plus modernes.

L'expérience a montré l'importance et l’efficacité de l'option de la résistance et de la lutte armée face à l'agression en vue de la libération des terres pour restaurer les droits et parvenir à instaurer un nouvel équilibre des forces.

La guerre de juillet 2006 et la guerre de Gaza en sont de preuves réelles.

Si tel est le point de résistance au Liban et en Palestine, quelle est la faisabilité des négociations ? Quels sont les résultats, les intérêts et les gains réalisés par les négociations à tous les stades et dans tous les accords obtenus ? N’est-ce pas davantage d'arrogance, et d’hégémonie et d'intransigeance israélienne, et davantage des gains des intérêts et conditions israéliennes ?

Alors que nous affirmons notre ferme soutien et appui à la question palestinienne et au peuple palestinien et aux mouvements de résistance palestinienne et leur lutte face au projet israélien.

Quatrièmement : les négociations de règlement

Notre position pour ce qui est du processus de règlement depuis les accords de Madrid aux Accords d'Oslo, et avant eux, Camp David et ses annexes, est le rejet absolu de l'option d'un règlement avec l'entité sioniste, basé sur la base de la reconnaissance de la légitimité de son existence, et sur l’abandon de la terre de Palestine.

Cette position est fixe, permanente et définitive, non négociable, même si le monde entier reconnait « Israël ».

De ce point de vue, d'une position de fraternité et de responsabilité, nous appelons les dirigeants arabes à reconsidérer la possibilité des négociations et réexaminer les résultats des accords signés avec l'ennemi sioniste.

L'entité sioniste leur a montré durant toutes les étapes des négociations qu’elle ne demande pas la paix, elle utilise les négociations pour imposer des conditions et protéger ses intérêts.

Par conséquent, nous invitons et attendons et espérons que tous les Arabes et les Musulmans se réunissent autour de la Palestine et Jérusalem pour la libérer de la souillure de l'occupation sioniste, fournissent tous les besoins de soutien nécessaires pour renforcer la résistance du peuple palestinien et lui permettre de poursuivre la résistance, et rejettent tous les projets de normalisation avec l'ennemi sioniste, fassent respecter le droit au retour de tous les réfugiés palestiniens sur leurs terres et dans leurs maisons d’où ils ont été expulsés.

Conclusion

Telle est notre vision, nous nous sommes efforcés en l’élaborant de garder à l’esprit que nous sommes les élèves de la Justice.

Notre engagement est de défendre le droit et la justice, quitte à se sacrifier pour les défendre.

Nous demandons la satisfaction de notre Créateur, le Seigneur des cieux et de la terre, et nous espérons pour notre peuple et notre nation le bien-être et le bonheur dans ce monde et dans l'au-delà…

Nous vous avions promis, Ô Seigneur, et à tous les opprimés, de rester honnêtes au Pacte, d’attendre la Promesse, et d’être les inébranlables qu’on ne peut pas remplacer.


(1) Project for the New American Century

En français ICI.



Source : Al Manar

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