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Cisjordanie occupée -

Abbas réprime ses adversaires sous les appels à démission des Palestiniens

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21.04.2016 - Tandis que la violence continue dans les territoires palestiniens occupés, des tensions au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) se font jour, le président palestinien Mahmoud Abbas étant accusé d'essayer d'affaiblir et de faire taire l'opposition. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), mouvement socialiste et la deuxième plus importante faction au sein de l'OLP est au cœur d'une controverse croissante.

Abbas réprime ses adversaires sous les appels à démission des Palestiniens

Manifestation du FPLP contre Mahmoud Abbas à Ramallah, avril 2016
Depuis octobre dernier et la reprise d'actions violentes, le FPLP est l'une des factions les plus virulentes dans la contestation de l'administration chancelante d'Abbas. Le groupe a été très critique envers le gouvernement et il lui reproche de ne pas soutenir le soulèvement populaire.

L'OLP englobe plusieurs factions palestiniennes, mais le mouvement Fatah d'Abbas est de loin la plus importante.

La semaine dernière, l'OLP a interrompu les versements légaux de fonds destinés à ses divers membres, aggravant les tensions qui couvaient depuis plusieurs mois. Le FPLP n'a pas tardé à passer à l'offensive, disant que la décision était une réponse à ses critiques d'Abbas.

Le lendemain de l'annonce, des membres du FPLP ont brûlé des photos d'Abbas pendant une manifestation à Gaza-ville. Hani al-Thawabta, leader du FPLP dans la Bande de Gaza et membre du comité central du FPLP, a déclaré Middle East Eye que les mesures prises d'Abbas visaient à transformer l'OLP en "une arme d'accession au pouvoir", en écartant tous ceux qui ne sont pas d'accord avec ses positions.

L'OLP coupe les financements des groupes affiliés

Alors que le FPLP est en mauvais termes avec l'establishment palestinien, qui a coupé les fonds au groupe plusieurs fois au cours des dernières années, al-Thawabta a dit que les relations entre le FPLP et Abbas se sont détériorées depuis bien avant le récent soulèvement.

Mohammad Brijiya, porte-parole du FPLP en Cisjordanie occupée, a déclaré que l'OLP a dit au FPLP que son financement était suspendu à cause de contraintes financières rencontrées par l'organisme, mais le groupe a rejeté ses excuses.

Des médias locaux ont rapporté depuis que l'OLP a également coupé les fonds du Front démocratique pour la Palestine (FDLP), un autre groupe de gauche qui a des liens avec le FPLP.

L'OLP a vigoureusement démenti ces affirmations, et un haut fonctionnaire de l'OLP a déclaré à MEE que la décision n'était pas politique et qu'elle serait rectifiée "bientôt" - mais la controverse perdure et les soutiens d'Abbas continuent de déserter, même dans les secteurs plus traditionnels.

L'impopularité d'Abbas

Selon un récent sondage du Palestinian Center for Policy and Survey Research (PCPSR), 64 pour cent de l'opinion publique palestinienne veut que Abbas démissionne.

La façon dont Abbas gère la crise actuelle est pour beaucoup dans son impopularité. Alors que le sondage du PCPSR montre que la majorité des Palestiniens soutient le soulèvement, Abbas et d'autres ministres de l'Autorité Palestinienne ont dit aux médias, à plusieurs reprises, que l'administration Abbas faisait son possible pour réprimer les troubles.

Au contraire, le FPLP, le FDLP, le Jihad Islamique, le mouvement Hamas ainsi que d'autres factions plus petites ont activement soutenu ce dernier soulèvement, auquel les groupes font référence en le nommant la "Troisième Intifada", unifiant des groupes qui ont peu de choses en commun, d'un point de vue idéologique, en dehors d'appeler à la fin de l'occupation israélienne.

Dans une déclaration récente qui aurait pu être à l'origine des décisions de l'OLP, le FPLP a accusé l'administration Abbas de "stigmatiser l'Intifada et la résistance comme 'terrorisme'".

Selon le sondage du PCPSR, l'appel à la démission d'Abbas est même encore plus retentissant parmi les enfants du millénaire [jeunes nés dans les années 80/90 devenant adultes au début du 21e siècle, ndt] qui sont les principaux participants au soulèvement, et qui sont pour la démission à 69 pour cent.

Un étudiant en médecine de 23 ans, de Bethléem, qui fait intervient bénévolement en première urgence lors des affrontements avec les forces israéliennes, a dit à MEE que les jeunes gens dans ses réseaux en ont assez des tentatives de l'AP de réprimer les troubles.

Au début d'Avril, les forces de l'AP ont commencé à réprimer les manifestants du vendredi à Bethléem, où les jeunes affrontent les forces israéliennes toutes les semaines depuis le début du soulèvement, en octobre.

"Le soutien des gens à Abbas a diminué à cause de ses déclarations dans les médias et de ses actions contre le soulèvement," dit l'étudiant en médecine à MEE. "Il veut que le gouvernement palestinien travaille pour l'appareil sécuritaire d'Israël et donne à Israël tout ce qu'il demande - ce n'est pas ce que veut le peuple."

Il dit également que les Palestiniens des différentes factions sont critiques envers l'administration d'Abbas parce qu'elle réprime les autres partis politiques palestiniens, en particulier ses rivaux principaux, le Hamas et le FPLP.

"Ses attaques contre le FPLP ne sont qu'une autre manière pour Abbas de transformer cette Intifada en problème entre les factions palestiniennes. Il veut que le soulèvement cesse parce que c'est mauvais pour sa 'compagnie de sécurité'", dit-il en référence à l'AP.

Abbas peu susceptible de démissionner

Ido Zelkovitz, chef du service de la Faculté d'Etudes moyen-orientales à l'Université d'Haifa, a dit à MEE qu'il était très sceptique sur le fait qu'Abbas choisisse de démissionner, mais il a dit que s'il quittait son poste, son remplaçant pourrait jouer un rôle très différent.

"Je ne crois pas qu'après Abbas nous verrons ce format d'un dirigeant fort comme président de l'OLP, président du Fatah et président de l'AP," dit Zelkovitz, se référant aux trois postes principaux d'Abbas. "Il sera le dernier à endosser ce type de rôle."

Zelkovitz dit que si Abbas est impopulaire pour la population palestinienne, il pense qu'il est bon pour l'avenir de l'Etat palestinien.

"La politique d'Abbas n'est pas populaire parmi les Palestiniens parce qu'ils ont une mémoire collective de lutte armée comme moyen de mettre fin à l'occupation, alors qu'Abbas est centré sur les négociations. Abbas a beaucoup aidé à maintenir la stabilité en Cisjordanie , et je pense que sans lui, il y aurait un vide."

Dans un discours devant l'Assemblée générale des Nations-Unies en septembre dernier, Abbas a menacé de mettre fin à la coordination sécuritaire avec Israël si ce dernier ne commençait pas à assumer ses responsabilités selon l'Accord d'Oslo - une prise de position populaire dans la population palestinienne.

Toutefois, dans une émission sur la chaîne d'information israélienne 2, le 31 mars dernier, Abbas a dit que la coordination sécuritaire de l'AP avec Israël était la seule chose qui empêchait la région de dégénérer en "intifada sanglante".

"Si nous abandonnons la coordination sécuritaire, il y aura le chaos. Il y aura des fusils et des explosions et des militants armés surgissant de partout et se précipitant sur Israël," a dit Abbas. "Sans la coordination, une Intifada sanglante éclatera. Je veux coopérer avec les Israéliens. Il y a un accord entre nous et je n'en ai pas honte."

Ses déclarations étaient en contradiction directe avec les résultats du sondage du PCPSR concernant l'opinion publique sur la coordination sécuritaire et l'utilité d'un soulèvement armé.

Selon le sondage, 65 pour cent de la population palestinienne est opposée à la coordination sécuritaire avec Israël, alors que 60 pour cent des Palestiniens soutiennent une Intifada armée, et croient que la lutte armée aiderait les Palestiniens à réaliser à leurs droits nationaux là où les négociations ont échoué.

Pendant l'entretien, Abbas a également mis en garde contre le fait que l'AP était "au bord de l'effondrement", un sentiment partagé par Al-Thawabta, bien que pour des raisons différentes.

"Le Président Abbas a provoqué une catastrophe pour les masses," a dit Thawabta à MEE depuis le Bande de Gaza. "Je crois qu'il faut s'attendre à tout, et qu'à tout moment les masses peuvent prendre l'initiative et exiger le limogeage du président et la réforme du gouvernement, parce qu'il est la principale cause de la situation désastreuse dans laquelle se trouve maintenant le peuple palestinien."


Source : Middle East Eye

Traduction : MR pour ISM

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