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Gaza - 7 septembre 2013
Par Ali Abunimah
Ces tweets (1) du blogger Omar Ghraieb illustrent parfaitement le désespoir que ressentent les presque 1,7 million de Palestiniens résidant à Gaza, tandis que le blocus israélien, exacerbé par la répression qui s’intensifie côté égyptien, conduit une fois de plus leur territoire au bord de la catastrophe.
Gaza-ville, 1er septembre 2013 - Des Palestiniens attendent à une station d'essence tandis que le blocus agrave la crise du carburant (Ashraf Amra/APA images)
Depuis le coup d’État militaire du 3 juillet contre le président élu Mohammed Morsi, le régime militaire a détruit presque tous les tunnels souterrains qui passent sous la frontière entre l’Égypte et Gaza, et qui sont d’une importance vitale pour l’approvisionnement de cette dernière. Cette semaine, l’Égypte a commencé à démolir des maisons situées le long de sa frontière avec Gaza, selon une méthode criminelle et vaine typique d’Israël, un geste interprété comme le prélude de la future mise en place d’une "zone tampon" appelée à isoler encore plus Gaza.
Conséquences de cette mesure et d’autres également prises par l’Égypte, la fourniture en médicaments de première nécessité est proche de zéro, le secteur de la construction s’est écroulé, et la frontière de Rafah, seule porte d’entrée et de sortie de Gaza pour la plupart des Gazaouis, est fréquemment fermée. La population de Gaza continue à faire face à des coupures de courant de 12 heures par jour, dues à la destruction par Israël des infrastructures électriques, mais désormais, même le soulagement qu’apportaient les bruyants et souvent dangereux générateurs électriques portables laisse place à l’obscurité avec l’épuisement de l’approvisionnement en essence.
Mort lente
Un nouveau rapport, « Mort lente ; la punition collective de Gaza a atteint un seuil critique », publié par le groupe de veille des Droits de l’homme Euro-Mid Observer, met en lumière la crise aigüe qui accentue les effets de l'interminable blocus israélien.
Dix faits au sujet du blocus de Gaza
Le rapport est intéressant à lire dans sa totalité, mais ces dix faits concernant l’impact du blocus reflètent la montée graduelle de la catastrophe et souligne le besoin urgent de faire pression sur Israël pour qu’il y mette fin, et sur l’Égypte pour qu’elle cesse d’en être sa complice.
- D’après le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), 57% des ménages de Gaza sont en situation d’insécurité alimentaire (données de juillet 2013). Toutefois, si les mesures actuelles prises par Israël et l’Egypte restent telles, ce sont 65% des ménages qui se trouveront en situation d’insécurité alimentaire.
- En août 2013, plus d’un tiers (35,5%) des personnes capables et volontaires pour travailler sont sans emploi (Bureau Central Palestinien des Statistiques) – l’un des taux de chômage les plus élevés au monde. Les économistes s’attendent à ce que la fermeture permanente des tunnels conduise à une montée conséquente du niveau du chômage (43% fin 2013 en comparaison des 32% de juin 2013).
- La fermeture continue des tunnels aboutira à une baisse de la croissance à 3% fin 2013, par rapport à 15% en juin 2013.
- Le secteur de la construction tourne à moins de 15% de sa capacité antérieure, ce qui se traduit par une perte de plus de 30.000 emplois depuis juillet 2013.
- Le déficit en électricité vécu de longue date, accentué par les pénuries en essence, alors qu’elle est nécessaire à l’alimentation des usines de Gaza fournissant de l’énergie, conduit à des coupures du courant de plus de 12 heures par jour (UN OCHA, juillet 2013).
- Seulement un quart des ménages a accès à l’eau courante chaque jour, et seulement durant quelques heures.
- Plus de 90% de l’eau pompée dans la nappe aquifère de Gaza est impropre à la consommation humaine.
- Environ 90 millions de litres d’eaux usées, traitées partiellement ou pas, finissent chaque jour dans la mer au large de la côte de Gaza, créant des dangers pour la santé publique.
- Plus de 12 000 personnes sont couramment déplacées en raison de l’impossibilité de reconstruire leurs domiciles, détruits durant les hostilités (UN OCHA, juillet 2013).
- L’économie a essuyé des pertes sévères représentant 460 millions de dollars, tous secteurs économiques confondus, ces deux derniers mois.
Punition collective, crime collectif
Bien qu’il demeure la puissance occupante, Israël a déclaré en 2007 que Gaza est une "entité hostile" et son Premier Ministre de l’époque, Ehud Olmert, de dire : « Nous n’autoriserons pas l’ouverture des frontières permettant d’entrer et de sortir de Gaza dans la mesure où cela les aiderait à revenir à une vie complètement normale. » Cette citation et d’autres déclarations officielles israéliennes citées dans le rapport de Euro-Mid mettent en relief le fait que la catastrophe en cours à Gaza est un effet calculé et délibéré du siège, ce qui en fait un crime de guerre et une punition collective au regard du Droit international.
Complicité
Euro-Mid appelle la "communauté internationale" à faire pression sur Israël pour qu’il mette fin au blocus. Cet appel est juste, mais il ne fait aucun doute que le siège n’aurait pas pu durer sept longues années sans la complicité et le soutien de la "communauté internationale", à savoir les États-Unis et ses alliés, dont notamment l’Union Européenne et les régimes arabes à sa dévotion.
Le siège est une punition collective pour les Palestiniens de Gaza, mais c’est aussi un crime collectif.
(1)
Omar Ghraieb
@Omar_Gaza
Pas de fuel à Gaza tue les transports et paralyse la fuel ! Davantage d'obscurité à maudire, plus de générateurs, juste le vide tout autour !
5 septembre 2013 - 14h55
_________________________
Omar Ghraieb
@Omar_Gaza
Ici le commerce diminue, l'économie est à son dernier soufle (si pas déjà morte), pénurie d'eau et bientôt pénurie de nourriture & marchandises !
5 septembre 2013 - 14h56
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Source : Electronic Intifada
Traduction : CR pour ISM
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Ali Abunimah
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