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Israël -

L’Union européenne refuse de condamner un projet israélien de génocide

Par

14.09.2017 – Un parti dont des membres sont dans le gouvernement israélien vient d’adopter un projet visant à forcer les Palestiniens à quitter leur patrie. Un spécialiste éminent sur l’holocauste avait auparavant qualifié le projet de potentiellement génocidaire et avait comparé les valeurs de son chef à celles des nazis. Pourtant l’Union européenne, qui revendique une mission morale de combat contre l’extrémisme, le racisme et la xénophobie, refuse de le condamner.

L’Union européenne refuse de condamner un projet israélien de génocide

Hébron/Al-Khalil, 18.09.2017 – Dans le cadre du nouvel an juif, des centaines de colons ont profané la mosquée Ibrahimi et l’ont illuminée aux couleurs du drapeau de l’entité sioniste. Elle restera interdite aux fidèles musulmans pendant toute la durée des fêtes de l’occupant.
Vidéo des provocations de la nuit dernière ici.

La faction Union Nationale, dont certains membres siègent au parlement d’Israël au sein du parti Le Foyer Juif [Jewish Home], a approuvé le projet lors d’une conférence cette semaine. Il appelle à annexer la Cisjordanie occupée dans un Plus grand Israël et à obliger de fait les Palestiniens à quitter leur patrie sous la menace de violences s’ils refusent les conditions d’Israël.

Selon le quotidien de Tel Aviv Ha’aretz, le projet promu depuis longtemps par Bezalel Smotrich, avocat du Foyer Juif, est un « ultimatum de capitulation ou de transfert pour les Palestiniens. » Le choix proposé aux Palestiniens est sinistre : « Quiconque veut et peut renoncer à la réalisation de ses aspirations nationales pourra rester ici et vivre comme individu dans l’Etat juif, » déclare le plan.

Sinon, « Quiconque refuse ou ne peut renoncer à ses aspirations nationales recevra notre aide pour émigrer dans un des pays arabes. »

Mais si le Palestiniens ne choisissent pas de se soumettre à « l’Etat juif » ou de partir, ils auront à affronter une « force encore plus grande » que la brutalité qu’Israël utilise déjà pour réprimer les droits de millions de personnes sous occupation militaire.

« Le sceau d’approbation » de Netanyahou

Le projet a été approuvé à l’unanimité par les délégués présents à la conférence, dont Uri Ariel, ministre de l’Agriculture dans le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Ariel et Smotrich sont des personnalités importantes parmi les extrémistes israéliens qui prônent le remplacement de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem par un temple juif.

Netanyahou n’a pas encore explicitement approuvé le plan mais lui a donné ce que Haaretz nomme un « sceau d’approbation » en envoyant un message d’accueil enregistré à la conférence.

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« J’ai été heureux d’apprendre que vous alliez consacrer les discussions de la conférence au thème de l’avenir de la Terre d’Israël, » a dit Netanyahou. « Jusqu’à il y a peu, ce pays était désert et abandonné, mais depuis que nous sommes revenus à Sion, après des générations d’exil, la Terre d’Israël fleurit. »

L’affirmation de Netanyahou, selon laquelle la Palestine était « déserte et abandonnée » avant la colonisation sioniste n’est pas seulement une falsification de l’histoire mais une justification potentielle pour des actions futures visant à éliminer par la force les Palestiniens.

Génocide

Le projet adopté par la conférence répond très probablement à la définition légale du génocide. Il affirme que son objectif est de « démanteler le collectif national palestinien. »

La Convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide définit le génocide comme l’un des actes commis « dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel. »

Bien que dans la compréhension populaire le génocide soit assimilé à l’extermination physique d’un groupe d’êtres humains, sa définition légale inclut un nombre plus large d’actes. La question-clé dans la définition d’un acte comme génocidaire est dans l’intention de son auteur.

Les partisans du projet indiquent explicitement que l’existence des Palestiniens en tant que peuple est un obstacle à la domination ethno-religieuse juive, et que leur intention est de cibler les Palestiniens parce qu’ils sont membres d’un groupe national particulier.

« Nous ne présumons pas qu’il y a ici deux récits égaux, » a expliqué Smotrich. « Il y a un côté correct, et l’autre qui nuit au droit d’Israël à exister en tant qu’Etat juif. »

Les valeurs des SS allemands

Daniel Blatman, professeur des études sur l’Holocauste à l’Université hébraïque, a écrit en mai que Smotrich s’est inspiré pour son projet du livre biblique de Josuah, qui décrit le massacre systématique d’un peuple par les « enfants d’Israël ».

Blatman a appelé Smotrich, vice-président de la Knesset, le parlement israélien, « le plus haut personnage du gouvernement ayant dit à ce jour sans honte que l’option du génocide est sur la table si les Palestiniens n’acceptent pas nos conditions. »

« L’admiration de Smotrich pour le génocidaire biblique Joshua bin Nun le conduit à adopter des valeurs qui ressemblent à celles des SS allemands, » a ajouté Blatman, membre du Musée du mémorial de l’holocauste aux Etats-Unis.

Nombreuses sont les bourses d’études sur les droits de l’homme et les analyses juridiques qui affirment qu’Israël perpètre déjà un génocide.

Des hommes politiques israéliens ont depuis longtemps promu le transfert forcé des Palestiniens, et l’idée jouit d’un soutien large et constant dans l’opinion publique.

Le silence de l’Union européenne

Le mois dernier, Vera Jourova, commissaire à la justice de l’Union européenne, a rappelé sa visite au mémorial israélien de l’holocauste Yad Vashem.

« Nous devons être ceux qui transmettent le message contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme aux générations futures, » a-t-elle écrit sur Twitter.

« C’est l’Union européenne, » a ajouté Jourova, prenant la responsabilité morale de s’exprimer sur une valeur européenne essentielle.

Dans le même esprit, The Electronic Intifada a demandé au bureau du chef de la politique étrangère de l’Europe Federica Mogherini s’il exprimerait une condamnation claire, sans équivoque et spécifique du projet de transfert et de son aval par les ministres du gouvernement israélien, dont, implicitement, par Netanyahou.

Mais l’Union européenne a refusé de le faire. Au lieu de cela, un porte-parole a fourni une déclaration automatique et générale selon laquelle « l’Union européenne appuie la solution à deux Etats et a constamment affirmé que le respect du droit international, y compris le droit international relatif aux droits de l’homme, est la pierre angulaire de la paix et de la sécurité dans la région. »

Autant pour l’autorité morale.

Sans vergogne

Bien sûr, la réticence de l’Union européenne à condamner le plan n’est guère surprenante. Jourova elle-même a eu récemment des entretiens amicaux avec une autre membre éminente du parti Le Foyer Juif, la ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked.

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Vera Jourova (à dr.) tout sourire avec Ayelet Shaked, la partisane du génocide programmé des Palestiniens


En 2014, Shaked s’était fait remarquer pour avoir fait la promotion d’un appel au génocide des Palestiniens, sur Facebook.

Le post de Shaked déclarait que « le peuple palestinien tout entier est l’ennemi » et elle justifiait sa destruction, « y compris ses vieux et ses femmes, ses villes et ses villages, ses biens et ses infrastructures. »

Et en juillet, l’ambassade de l’Union européenne à Tel Aviv a engagé l’avocat israélien du génocide Avishai Ivri pour participer à une vidéo promotionnelle postée sur sa page Facebook.

L’ambassade a retiré la vidéo après que The Electronic Intifada ait attiré l’attention sur les appels d’Ivri à « effacer » Gaza et à assassiner systématiquement des milliers de Palestiniens.

Mais l’Union européenne n’a jamais condamné les déclarations d’Ivri, ni ne s’est excusée pour l’avoir embauché.

Honneur au criminel de guerre

Ignorant les appels à la destruction du peuple palestinien, les diplomates de l’Union européenne ont maintes fois honoré ceux qui ont commis des atrocités contre lui. Jeudi, Emanuele Giaufret, l’ambassadeur de l’UE installé depuis peu à Tel Aviv, a assisté à une cérémonie de commémoration en l’honneur de Shimon Peres, l’ancien président israélien mort il y a un an. Giaufret a affirmé que Peres était « une inspiration vivante pour beaucoup », qui a « travaillé toute sa vie » pour faire « avancer la paix. »

Peres a occupé de fait tous les postes principaux dans les gouvernements israéliens pendant sa longue carrière de plusieurs décennies.

« Dans tous ces postes, » a rappelé l’historien Ilan Pappe, « les décisions qu’il a prises et les politiques qu’il a poursuivies ont contribué à la destruction du peuple palestinien et n’ont rien fait pour faire avancer la cause de la paix et la réconciliation entre Palestiniens et Israéliens. »

Parmi tous ceux qui assistaient à la cérémonie, il y avait Henry Kissinger et Tony Blair, des personnalités parfaites pour rendre hommage à un homme dont les Palestiniens et les Libanais se souviendront toujours comme d’un raciste impénitent, un colonisateur et un criminel de guerre.



Source : The Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM

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